Frédéric Dard - San-Antonio polka

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San-Antonio polka: краткое содержание, описание и аннотация

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Sans vouloir me vanter, vous savez bien que je suis suffisamment sublime pour ne pas avoir besoin de me faire mousser, je suis un skieur de first quality. Selon Béru, je possède à fond la technique du « sale-homme géant », du « Juliénas léger » et du « rapage contrôlé ».
Et c'est peut-être grâce à ces qualités que j'ai pu éviter une catastrophe nationale !
Comment ?
Entrez dans la danse et vous le saurez. Et en avant la polka de San-Antonio.

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Une petite pluie gluante dégouline sur le pare-brise de la camionnette. Il fait froid. Engoncés dans nos lardeuss, nous avons la sensation déprimante, le Gros et moi, d'être transformés en statues de marbre.

Sa Majesté renifle puissamment et murmure : ;

— J'en ai plein les galoches de cette planque. Voilà plus de six heures qu'on se gèle les breloques dans cette saloperie de voiture. En plus de ça, j'ai contacté le torticolis à force de bigler les fenêtres de ton gars.

— Tu n'aurais pas fait un bon astronome, Béru. Si tu prends le tournis en regardant une croisée, qu'est-ce que ça serait si tu visionnais la planète Mars !

— Acré ! Il me désigne le troisième étage de l'immeuble modeste où demeure Belloise. Ce dernier est en train de fermer ses volets. Je branche le contact de mon poste radio et j'appelle les zigs du service d'écoute !

— Du nouveau ! monsieur le commissaire. On vient de téléphoner à Belloise. Une voix de femme. On lui a fixé rendez-vous porte de Saint-Cloud, au rond-point de la Reine. On lui a dit de se tenir devant le marchand de journaux dans vingt minutes et d'attendre.

— Envoyez deux inspecteurs sur les lieux.

— Bien, monsieur le commissaire !

— Plus une voiture-piège munie de l'équipement cinématographique. Je veux un film complet de l'arrivée de Belloise et de ses éventuelles conversations.

— Entendu.

Je coupe le jus au moment où Riri débouche de chez lui. Il se met en marche dans la rue. Puis, avisant un taxi qui survient, il lui fait signe. Le bahut stoppe à sa hauteur. Riri prend place dans le véhicule et fouette cocher !

Je décarre à" mon tour. J'espère que c'est pas Fangio qui pilote ce tréteau, car avec ma camionnette je ne suis pas équipé pour faire du slalom dans le flot de la circulation.

Nous roulons un bout de temps, peinards. Je me dis que tout est en ordre. Au cas où je perdrais le contact, je sais où va Riri, et puis mes hommes seront en place, prêts à intervenir.

— Dis donc, murmure Béru tout à coup, c'est pas par là, la porte de Saint-Cloud. M'est avis qu'il va plutôt du côté de Denfert-Rochereau !

Le Mastar a raison. Au début, j'ai cru que le chauffeur du bahut voulait éviter des sens uniques trop emmerdants, mais cette fois, y a pas d'erreur : il va carrément au sud au lieu de foncer à l'ouest.

— Qu'est-ce que çà signifie ! murmuré-je. Nos services d'écoute ne se seraient pas gourés par hasard !

Je remets le contact.

— Ici San-Antonio, voiture 24. Dites, les enfants, vous êtes certains que le rendez-vous a été fixé aux rond-point de la Reine ?

— Absolument certains, monsieur le Commissaire.

— Il n'y a pas eu d'astuces ?

— Non. La fille a été extrêmement brève et précise.

— Dites à une bagnole équipée de se mettre en liaison avec nous et d'essayer de nous joindre, nous filons sur Denfert-Rochereau ! Terminé !

— Appuie un peu, San-A, recommande la Seigneurie, le taxi a changé de développement !

Le Gros pousse un cri.

— Vise un peu !

— Quoi ?

— Le taxi ! Maintenant ils sont trois dedans ! Et pourtant personne est monté en route !

— Pigé, Gros. C'est un taxi piégé ! Il y avait un deuxième type caché près du chauffeur. Il tient sûrement Riri, sous la menace de sa seringue. Les gens de la bande se sont méfiés. Ils ont donné un rendez-vous-bidon par téléphone en prévision d'une table d'écoute éventuelle. Ce sont des malins !

Le taxi nous sème du poivre et je n'aime pas ça.

A ce moment, le grésillement de la radio retentit et la voiture 2 entre en liaison avec nous.

— Nous remontons le Boulevard Raspail ! annonce l'intéressé.

— Alors foncez jusqu'à la Place d'Italie, nous allons y arriver…

— Appuie ! hurle Béru. Ils nous moulent !

J'appuie, la rage au cœur. Il ne manquerait plus que Belloise se fasse mettre en l'air ! C'est pour le coup que je n'oserais plus reparaître devant le Vioque.

La poursuite continue.

— Tu crois qu'ils nous ont repérés ? demande le Gravos.

— Je l'ignore.

Je lance dans le micro :

— Nous piquons sur l'avenue de Choisy !

J'attends un instant et j'ajoute :

— Maintenant rue de Tolbiac, en direction de la Seine !

Le taxi nous est masqué par une grosse voiture de déménagement, jaune cocu. Lorsque nous doublons le lourd véhicule, nous poussons un cri de désespoir : le bahut a disparu.

Je roule comme un perdu jusqu'au quai de la Gare : rien ! Pas plus de taxi en vue que de beurre dans un restaurant espagnol.

— Et maintenant ? demande notre bagnole suiveuse.

Maintenant ils peuvent aller faire une belote.

— Le taxi a disparu,dis-je.

Et je coupe le contact.

— Tu sais ce que je pense ? murmure le Gros.

— Non.

— Le taxi n'a pas eu le temps de parcourir toute la rue jusqu'au quai. Ce p… de camion nous l'a caché quelques secondes seulement. C'était pas suffisant pour qu'ils arrivent au quai ; on les aurait vus.

— Alors quoi ?

— Alors ils se sont arrêtés en route !

— Mais on n'a vu aucun taxi en stationnement !

— T'as pas remarqué ? Il y avait un garage ; suppose que…

Je ne lui laisse pas le temps d'achever. En moins de temps qu'il n'en faut à un lapin pour perpétuer son espèce, je vire sur les chapeaux de roues, je contourne le paquet de maisons, comme dit le Béru, et je me retrouve dans Tolbiac Street . Le garage est là, à cent mètres sur la droite. C'est un établissement modeste, délabré. Un atelier de réparation plus qu'un garage. Une vieille pompe à essence maculée d'huile et crépie de poussière se trouve à l'intérieur.

— Je te parie un sandwich rillettes que c'est ici qu'il est entré, m'assure le Gravos.

Je fais un mignon virage et je me présente dans le garage : Je stoppe près de la pompe. On ne voit rien de suspect : pas de taxi.

Un type en combinaison bleue, brun et pas sympa, s'avance.

— Qu'est-ce vous désirez ?

— De la tisane, fais-je.

— Ici y a pas de super !

Je lui désigne ma fourgonnette.

— Vous savez, je la nourris pas à l'éther ! Je ne suis pas aussi volatil !

Il a un sourire aussi torve que le pied d'un fauteuil Louis VIII et opine. Je fais signe à Béru d'explorer les zabords. Tandis que le mécano décroche le tuyau of the pompe.

— Mande pardon, fait l'enflure Bérurienne, où c' qu'sont les lavoires taris, siouplaît ! demande-t-il au garagiste.

— Les quoi ? s'étrangle l'homme à la salopette salopée.

— Les gogues, rectifie le Gravos.

Et d'ajouter aimablement :

— L'anglais, c'est comme le cassoulet toulousain : ça vous échappe !

— Y’a pas de toilettes ici ! rétorque le pompiste.

A ce moment-là, il jure comme un perdu. Il a une vieille pompe à main, d'un modèle très vétuste. Elle ne débite le sirop que par traitche de cinq litres. Or, l'essence coule de mon réservoir que c'en est une malédiction !

— Mais il est plein, votre réservoir ! grogne le garagiste !

— Tu vois que ça venait pas de l'essence ! décrète le Mahousse avec une présence d'esprit dont il convient de le féliciter chaudement.

— C'est l'allumage, dis-je. Vous pouvez regardez mon delco, patron ?

Sans mot dire, mon zèbre va soulever le capot. Béru en profite pour gagner les profondeurs du garage. Il revient illico, surexcité comme trois chatons sur une plaque chauffante.

— Le bahut est ici, me souffle-t-il, derrière la grosse dépanneuse que t'aperçois !

Brave Béru ! Je lui roulerais une galoche, pour peu que la fée Marjolaine veuille bien le transformer en une ravissante pucelle de dix-huit ans (blonde de préférence).

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