Frédéric Dard - San-Antonio met le paquet

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San-Antonio met le paquet: краткое содержание, описание и аннотация

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C'est par un petit événement en marge de nos activités professionnelles que démarre cette fois-ci l'aventure.
Une aventure vraiment extraordinaire, vous pourrez en juger par la suite si vous avez la patience de poursuivre.
Une aventure comme, à dire vrai, il ne m'en était encore jamais arrivé.

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— Des tuyaux sur ce Ravioli ?

— Petit pedigree. Deux plombes en 45 pour abus de confiance. Trois ans de Centrouze en 49 pour attaque à main armée. Depuis plus rien… Il s’est lancé dans la limonade avec des capitaux mystérieux… Il passe pour être rangé des voitures.

— Marida ?

— Maqué avec une ancienne entraîneuse de chez Mémène.

J’enregistre tout cela avec une évidente satisfaction. Cet Ange Ravioli aurait joué Arsenic et Vieilles Dentelles dans la strasse de Magny que ça ne m’étonnerait pas.

— Beau boulot, Lavoine.

Il rosit de confusion.

— Il faut dire que j’ai eu un coup de vase : j’ai téléphoné aux agences de location de Magny-en-Vexin et je suis tombé sur un zig qui m’a affranchi.

— Bravo !

Comme il quitte mon territoire, le bigophone intérieur appelle au secours. C’est Mathias qui s’informe si je suis rentré.

— Amène-toi, fils !

Il ne se fait pas prier.

— Qu’est-ce que ça a donné, ta petite distribution de prospectus ?

— À vrai dire pas grand-chose ! Pourtant y aura peut-être du nouveau au sujet de l’homme du côté de l’Allemagne.

— Raconte !

— C’est l’histoire des pouces écrasés, ça a rappelé quelqu’un à un de nos collègues de Lille ; un trafiquant chleu qui aurait fait parler de lui y a quelques années à Hambourg. J’ai adressé un câble aux services de cette ville et j’attends la réponse.

— Très bien.

Je suis content de mes hommes, content de moi aussi. Je tends mon appareil photographique à Mathias.

— Porte ça au labo. Dedans y a deux photos à développer, elles ne doivent pas être fameuses car je les ai prises à l’intérieur d’un appartement et sans flash. Sans viser non plus. Qu’ils en tirent le maxi, hein ?

— Entendu…

— Pas de nouvelles de Pinaud et de Rigolier ?

— Pas encore… Dame, il n’est que six heures moins vingt et Magny c’est tout de même pas à côté !

Il s’en va. J’ai l’esprit en paix comme une cuisinière qui a mis son repas « en train ». Ça mijote sur le réchaud à gaz, y a qu’à attendre que le temps de cuisson soit révolu.

Je laisse la consigne au planton et je descends au café d’en face écluser un pastaga-tomate. Dans mon mixer, c’est plein de bouts d’idées bizarroïdes qui tourniquent pour chercher leur place. Elle viendra, j’ai confiance. Je roule les bobs avec le taulier en attendant de nouveaux résultats. Comme je suis dans une bonne passe, je lui colle deux tournanches dans le tiroir, ce qui cause un certain désagrément au cher homme. Obstiné, il me propose la revanche, mais la lourde s’ouvre sur Pinaucchio. Le vioque a un sourire flétri dans sa moustache mitée. Il semble si ravi que je ne doute pas un instant de le voir déposer dans la corbeille de mariage un élément de la plus grande valeur.

— Tu parais bien joyce ? dis-je en l’entraînant au fond de l’établissement.

— Y a de quoi !

— Vas-y, je t’écoute…

Son sourire béat disparaît et ses yeux de plâtre se mettent à faire des miettes.

— Ben quoi, je suis content qu’on ait débarrassé ma maison de ces… de ces personnes… Du coup, je m’y suis senti à l’aise.

— Tu as questionné les voisins ?

— Oui, pas mal.

— Alors ?

— Alors rien ! Il paraît que les locataires qui se sont installés là-bas après la mort de la mère Planqueblé amenaient des tas de zigs. Comment veux-tu qu’ils en aient remarqué un plus que d’autres ? Ces gens n’allaient à Magny que le dimanche et ils ne quittaient pas la propriété.

— Bref, tu reviens les mains vides, dis-le carrément.

— Les mains, mais pas les poches ! plaisante ce prêtre de l’humour.

Il inventorie ses profondes. Y a du suspense, je vous jure. Avec Pinuche, y a même du suspensoir. Il retire tour à tour un trousseau de clés, un paquet de tabac éventré, un paquet de Job gommé, un bout de ficelle artistiquement plié, une boîte d’hameçons numéro huit et enfin un morceau de papier de boucherie qu’il déplie savamment.

— J’ai trouvé ça à la cave, dit-il.

« Ça », c’est une douille de revolver calibre 7,65 tout écrasée et un morceau de billet de wagon-restaurant allemand.

Le fossile me regarde en continuant de battre des paupières.

— Ça t’intéresse, Tonio ?

Je lui frappe l’épaule.

— Je suis preneur, ma vieille poubelle. Montons au bureau.

— J’aimerais bien prendre un verre avant.

— D’accord, tu me rejoindras. Et Rigolier ?

— Il est là-haut.

— Il a du nouveau ?

— Absolument rien ! affirme Pinautchina avec un tremblement vaniteux dans la voix.

Deuxième partie

Qui vous indiquera comment on arrive à perdre son latin sans l’avoir jamais appris

CHAPITRE X

Dans lequel je pêche en eau trouble

Il est dix heures et des poussières lorsque je fais mon entrée au Raminagrobis. C’est une taule moyenne, assez coquette je dois dire, en tout cas fort bien achalandée. Y a peu de ploucs, la clientèle est essentiellement composée d’hommes d’affaires amenant ici leurs clients étrangers pour leur faire mater ce que c’est que le strip françouze.

Comme je suis seulâbre, je me réfugie au bar où je suis illico la proie d’une pétée de jouvencelles toutes plus décolletées les unes que les autres. Y en a une rousse, une brune, une blonde, une bleutée, une platinée, une orangée et même une arc-en-ciel qui doit aimer qu’on lui joue La Truite à la flûte.

J’ai du mal à me dégager de l’essaim de seins.

— Allons, caltez volailles, fais-je, jouant les affranchis, je ne viens pas aux provisions.

Elles renaudent pour la forme et me restituent mon taf d’oxygène. Je commande alors un whisky et je mate le spectacle, histoire de m’imprégner de l’ambiance.

Sur la piste, y a une fille en collant noir qui se contorsionne et parvient à se gratter l’oreille droite avec le petit doigt de son pied gauche. Ça ne déchaîne pas l’enthousiasme des foules, car elle manque de roberts.

Et dans le monde du spectacle, c’est rédhibitoire, l’absence de flotteurs. Les hommes sont ainsi. Pour eux y a trois sortes de bergères : les actrices, les femmes intelligentes et les autres. Notez que deux groupes suffiraient.

L’homme ne demande à la femme d’être intelligente que lorsqu’elle ne l’est pas. Quand elle l’est, il en prend une autre. Il ne demande pas non plus à l’actrice d’être intelligente, car il sait qu’à l’impossible nul n’est tenu ; toutefois il exige qu’elle ait des formes. Le talent, il s’en tamponne parce qu’il confond nichons et talent. Vous allez m’objecter qu’une contorsionniste n’est pas une actrice ? Eh ben, pour un mec, si ! À condition justement — nous y revenons — qu’elle ait un sérieux bagage dans le monte-charge.

Celle-ci a droit à quelques applaudissements polis, du genre maigrichon. Un petit projo rose balaie la scène, soulevant un nuage de poussière dorée ; et une aimable personne seulement vêtue d’un bonnet à poils, vient annoncer que le décarpillage va débuter.

Dans l’intervalle, je mate les azimuts. J’ai étudié la photo d’Ange Ravioli aux sommiers et je me détranche pour mieux essayer de l’apercevoir, mais sans succès. Peut-être que le patron du Raminagrobis est en vacances ? Qui sait ?

Je me tourne vers le barman. C’est un Corsico brun comme l’Andalousie qui prend son rade pour un contre-torpilleur et son shaker pour un lance-torpilles.

— Remettez-moi un scotch ! lui dis-je.

Ici la confiance n’est pas à l’ordre du jour car en versant le breuvage, le loufiat annonce la couleur :

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