Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles

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— Max Barthillet ? siffla Hortense. Tu la laisses aller chez lui ? Il a mon âge et il est dans la classe de Zoé ! Il n’arrête pas de redoubler, il finira garçon boucher ou plombier.

— Il n’y a pas de honte à être boucher ou plombier, protesta Joséphine. Et s’il n’est pas doué pour les études…

— Je ne voudrais pas qu’il devienne trop familier avec nous. J’aurais peur que ça se sache ! Il a vraiment mauvaise réputation avec ses pantalons trop larges, ses ceintures cloutées et ses cheveux trop longs.

— Oh, la trouillarde ! Oh, la trouillarde ! scanda Zoé. D’abord, c’est pas toi qui es invitée, c’est moi ! Hein que j’irai, hein, maman ! Parce que moi, je m’en fiche qu’il soit plombier ! Moi, même que je le trouve très beau, Max Barthillet ! On mange quoi ? Je meurs de faim.

— Des frites et des œufs au plat.

— Mmmm ! Je pourrai crever le jaune des œufs, dis, maman ? Je pourrai les écrabouillasser avec ma fourchette et mettre plein de ketchup dessus ?

Hortense haussa les épaules devant l’enthousiasme de sa petite sœur. À dix ans, Zoé avait encore des traits de bébé : des joues bien rondes, des bras potelés, des taches de rousseur sur le nez, des fossettes qui ponctuaient ses joues. Elle était ronde de partout, aimait donner des baisers vigoureux qu’elle claquait bruyamment après avoir pris son élan et plaqué l’heureux destinataire comme un pilier de rugby. Après quoi elle se blottissait contre lui et ronronnait en bouclant une mèche de cheveux châtain clair.

— Max Barthillet t’invite parce qu’il veut se rapprocher de moi, déclara Hortense en grignotant une frite du bout de ses dents blanches.

— Oh, la frimeuse ! Elle croit toujours qu’il n’y en a que pour elle. Il m’a invitée, moi et rien que moi ! Na, na, na ! Il ne t’a même pas regardée dans l’escalier ! Même pas calculée.

— La naïveté frôle parfois l’imbécillité, répliqua Hortense, toisant sa sœur.

— Ça veut dire quoi, maman, dis ?

— Ça veut dire que vous cessez de parler et que vous mangez en paix !

— Tu ne manges pas, toi ? demanda Hortense.

— Je n’ai pas faim, répondit Joséphine en s’asseyant à table avec ses filles.

— Max Barthillet, il peut toujours rêver, dit Hortense. Il n’a aucune chance. Moi, je veux un homme beau, fort, aussi sexe que Marlon Brando.

— C’est qui Marion Bardot, maman ?

— Un très grand acteur américain, chérie…

— Marlon Brando ! Il est beau, mais qu’est ce qu’il est beau ! Il a joué dans Un tramway nommé désir , c’est papa qui m’a emmenée voir le film… Papa dit que c’est un chef-d’œuvre du cinéma !

— Hmmm ! Elles sont délicieuses tes frites, maman chérie.

— Et au fait, papa n’est pas là ? Il est parti à un rendez-vous ? s’enquit Hortense en s’essuyant la bouche.

Le moment que Joséphine redoutait était arrivé. Elle posa les yeux sur le regard interrogateur de sa fille aînée, puis sur la tête penchée de Zoé, absorbée à tremper ses frites dans le jaune des œufs éclaboussés de ketchup. Elle allait devoir leur parler. Cela ne servait à rien de remettre à plus tard ou de mentir. Elles finiraient par apprendre la vérité. Il aurait fallu qu’elle les prenne l’une après l’autre. Hortense était si attachée à son père, elle le trouvait si « chic », si « classe », et lui se mettait en quatre pour lui plaire. Il n’avait jamais voulu qu’on évoque devant les filles le manque d’argent ni les angoisses d’un lendemain incertain. Ce n’était pas Zoé qu’il ménageait ainsi, mais sa fille aînée. Cet amour sans condition, c’était tout ce qu’il lui restait de sa splendeur passée. Hortense l’aidait à défaire ses valises quand il revenait de voyage, caressant l’étoffe des costumes, vantant la qualité des chemises, lissant de la main les cravates, les alignant une à une sur la tringle de la penderie. Tu es beau, mon papa ! Tu es beau ! Il se laissait aimer, il se laissait flatter, la prenant dans ses bras à son tour et lui glissant un petit cadeau rien que pour elle, un secret entre eux. Joséphine les avait surpris plusieurs fois dans leurs conciliabules de conspirateurs épris. Elle se sentait exclue de leur complicité. Dans leur famille, il y avait deux castes : les seigneurs, Antoine et Hortense, et les vassaux, Zoé et elle.

Elle ne pouvait plus reculer. Le regard d’Hortense s’était fait pesant, froid. Elle attendait une réponse à la question qu’elle venait de poser.

— Il est parti…

— Il revient à quelle heure ?

— Il ne revient pas… Enfin, pas ici.

Zoé avait levé la tête et, dans ses yeux, Joséphine lut qu’elle essayait de comprendre ce que sa mère avait dit mais n’y parvenait pas.

— Il est parti… pour toujours ? demanda Zoé, la bouche arrondie de stupeur.

— J’ai bien peur que oui.

— Il sera plus mon papa ?

— Mais si… bien sûr ! Mais il n’habitera plus ici, avec nous.

Joséphine avait peur, si peur. Elle aurait pu indiquer précisément où elle avait peur, mesurer la longueur, l’épaisseur, le diamètre de la barre qui lui écrasait le plexus et l’empêchait de respirer. Elle aurait aimé se nicher dans les bras de ses filles. Elle aurait aimé qu’elles s’enlacent toutes les trois et inventent une phrase magique comme celle du Grand Croc et du Grand Cric. Elle aurait aimé tant de choses, rembobiner le temps, rejouer l’air du bonheur, leur premier bébé, le retour de la maternité, le second bébé, les premières vacances à quatre, la première fêlure, la première réconciliation, le premier silence qui en dit long et qui installe le silence qui ne dit plus rien, qui fait semblant ; comprendre quand le ressort avait cassé, quand le garçon charmant qu’elle avait épousé était devenu Tonio Cortès, mari fatigué, irritable, au chômage, arrêter le temps et revenir en arrière, en arrière…

Zoé se mit à pleurer. Son visage se plissa, se tordit, devint cramoisi et des larmes jaillirent. Joséphine se pencha vers elle et la prit dans ses bras. Elle cacha son visage dans les cheveux bouclés et souples de la petite fille. Il ne fallait surtout pas qu’elle aussi se mette à pleurer. Il fallait qu’elle reste forte et déterminée. Qu’elle leur montre à toutes les deux qu’elle n’avait pas peur, qu’elle allait les protéger. Elle se mit à parler sans trembler. Elle leur répéta ce que tous les manuels de psychologie conseillent aux parents de dire quand il y a une séparation. Papa aime maman, Maman aime papa, Papa et Maman aiment Hortense et Zoé mais Papa et Maman n’arrivent plus à vivre ensemble, alors Papa et Maman se séparent. Mais Papa aimera toujours Hortense et Zoé et il sera toujours là pour elles, toujours. Elle avait l’impression qu’elle parlait de gens qu’elle ne connaissait pas.

— À mon avis, il n’est pas parti très loin, déclara Hortense d’une petite voix pincée. Quelle déchéance ! Faut-il qu’il soit perdu et qu’il ne sache plus quoi faire !

Elle soupira, reposa d’un air contrarié la frite qu’elle était sur le point de croquer et, regardant sa mère, elle ajouta :

— Ma pauvre maman, que vas-tu faire ?

Joséphine se sentit pitoyable, mais elle fut soulagée de recevoir une preuve de commisération de sa fille aînée. Elle aurait aimé qu’Hortense poursuive sa tirade et la console mais elle se reprit vite : c’était à elle de l’enlacer. Elle tendit un bras vers Hortense qui lui caressa la main à travers la table.

— Ma pauvre maman, ma pauvre maman…, soupira Hortense.

— Vous vous êtes pas disputés ? demanda Zoé, les yeux remplis d’effroi.

— Non, ma chérie, on a pris cette décision comme deux grandes personnes responsables. Papa a beaucoup de chagrin parce que papa vous aime beaucoup, beaucoup. Ce n’est pas de sa faute, tu sais… Un jour, quand tu seras plus grande, tu comprendras qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Parfois, au lieu de décider, on subit. Depuis quelque temps papa subissait beaucoup de choses désagréables et il a préféré partir, prendre l’air pour ne pas nous imposer ses états d’âme. Quand il aura retrouvé un travail, il vous expliquera ce par quoi il est passé…

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