Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles
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Katherine Pancol
Les yeux jaunes
des crocodiles
ROMAN
Albin Michel
Éditions Albin Michel, 2006
ISBN 978-2-226-16998-9
À Charlotte,
À Clément,
Mes amours…
Première partie
Joséphine poussa un cri et lâcha l’éplucheur. Le couteau avait dérapé sur la pomme de terre et entaillé largement la peau à la naissance du poignet. Du sang, du sang partout. Elle regarda les veines bleues, l’estafilade rouge, le blanc de la cuvette de l’évier, l’égouttoir en plastique jaune où reposaient, blanches et luisantes, les pommes de terre épluchées. Les gouttes de sang tombaient une à une, éclaboussant le revêtement blanc. Elle appuya ses mains de chaque côté de l’évier et se mit à pleurer.
Elle avait besoin de pleurer. Elle ne savait pas pourquoi. Elle avait trop de bonnes raisons. Celle-là ferait l’affaire. Elle chercha des yeux un torchon, s’en empara et l’appliqua en garrot sur la blessure. Je vais devenir fontaine, fontaine de larmes, fontaine de sang, fontaine de soupirs, je vais me laisser mourir.
C’était une solution. Se laisser mourir, sans rien dire. S’éteindre comme une lampe qui diminue.
Se laisser mourir toute droite au-dessus de l’évier. On ne meurt pas toute droite, rectifia-t-elle aussitôt, on meurt allongée ou agenouillée, la tête dans le four ou dans sa baignoire. Elle avait lu dans un journal que le suicide le plus commun chez les femmes était la défenestration. La pendaison, pour les hommes. Sauter par la fenêtre ? Elle ne pourrait jamais. Mais se vider de son sang en pleurant, ne plus savoir si le liquide qui coule hors de soi est rouge ou blanc. S’endormir lentement. Alors, lâche le torchon et plonge les poignets dans le bac de l’évier ! Et même, et même… il te faudra rester debout et on ne meurt pas debout.
Sauf au combat. Par temps de guerre…
Ce n’était pas encore la guerre.
Elle renifla, ajusta le torchon sur la blessure, bloqua ses larmes, fixa son reflet dans la fenêtre. Elle avait gardé son crayon dans les cheveux. Allez, se dit-elle, épluche les pommes de terre… Le reste, tu y penseras plus tard !
En cette matinée de fin mai, alors que le thermomètre affichait vingt-huit degrés à l’ombre, au cinquième étage, à l’abri sous l’auvent de son balcon, un homme jouait aux échecs. Seul. Il méditait devant un échiquier. Il poussait le souci de la vraisemblance jusqu’à changer de place quand il changeait de côté de jeu et s’emparait au passage d’une pipe qu’il suçotait. Il se penchait, soufflait, soulevait une pièce, la reposait, reculait, soufflait encore, reprenait la pièce, la déplaçait, hochait la tête puis déposait la pipe et gagnait l’autre chaise.
C’était un homme de taille moyenne, d’allure très soignée, les cheveux châtains, les yeux marron. Le pli de son pantalon tombait droit, ses chaussures brillaient comme juste sorties de la boîte d’origine, ses manches de chemise retroussées laissaient apparaître des avant-bras et des poignets fins et ses ongles avaient le poli et l’éclat que seule peut donner une manucure appliquée. Un léger hâle que l’on devinait perpétuel complétait l’impression de beige blond qui se dégageait de sa personne. Il ressemblait à ces figurines en carton que l’on vend en chaussettes et sous-vêtements dans les jeux d’enfants et que l’on peut vêtir de n’importe quel costume – pilote de l’air, chasseur, explorateur. C’était un homme à glisser dans le décor d’un catalogue pour inspirer confiance et souligner la qualité du mobilier exposé.
Soudain, un sourire illumina son visage. « Échec et mat, murmura-t-il à son partenaire imaginaire. Mon pauvre vieux ! T’es cuit ! Et je parie que t’as rien vu venir ! » Satisfait, il se serra la main à lui-même et modula sa voix pour s’accorder quelques félicitations. « Bien joué, Tonio ! Tu as été très fort. »
Il se leva, s’étira en se frottant la poitrine et décida de se servir un petit verre bien que ce ne soit pas l’heure. D’ordinaire, il prenait un apéritif vers six heures dix, le soir, en regardant « Questions pour un champion ». L’émission de Julien Lepers était devenue un rendez-vous qu’il attendait avec impatience. Il était contrarié s’il la manquait. Dès dix-sept heures trente, il attendait. Il avait hâte de se mesurer aux quatre champions qu’on lui proposerait. Il attendait aussi de savoir quelle veste le présentateur porterait, avec quelle chemise, quelle cravate il l’assortirait. Il se disait qu’il devrait tenter sa chance et s’inscrire. Il se le disait chaque soir, mais n’en faisait rien. Il aurait dû passer des épreuves éliminatoires et il y avait dans ces deux mots quelque chose qui le chagrinait.
Il souleva le couvercle d’un seau à glace, prit délicatement deux glaçons, les laissa tomber dans un verre, y versa du Martini blanc. Il se baissa pour ramasser un fil sur la moquette, se releva, trempa ses lèvres dans le verre, émit des petits bruits de lèvres mouillées pour exprimer sa satisfaction.
Chaque matin, il jouait aux échecs. Chaque matin, il suivait la même routine. Levé à sept heures en même temps que les enfants, petit-déjeuner avec toasts de pain complet, grillés thermostat quatre, confiture d’abricots sans sucre ajouté, beurre salé et jus d’orange fraîchement pressé à la main. Puis trente minutes de gymnastique, des exercices pour le dos, le ventre, les pectoraux, les cuisses. Lecture des journaux que les filles, chacune son tour, allaient lui chercher avant de partir pour l’école, étude attentive des petites annonces, envoi de CV quand une offre lui semblait intéressante, douche, rasage au rasoir mécanique, avec savon qui mousse sous le blaireau, choix des vêtements pour la journée et, enfin, partie d’échecs.
Le choix des vêtements était le moment le plus éprouvant de la matinée. Il ne savait plus comment s’habiller. En tenue de week-end, légèrement décontractée, ou en costume ? Un jour où il avait enfilé un jogging à la hâte, sa fille aînée, Hortense, lui avait dit : « Tu ne travailles pas, papa ? Tu es tout le temps en vacances ? Moi, j’aime quand tu es beau, avec une belle veste, une belle chemise et une cravate. Ne viens plus jamais me chercher à l’école habillé en survêtement » et puis, se radoucissant car ce matin-là, ce premier matin où elle lui avait parlé sur ce ton, il avait blêmi… elle avait ajouté : « C’est pour toi que je dis ça, mon papa chéri, pour que tu restes le plus beau papa du monde. »
Hortense avait raison, on le regardait différemment quand il était bien habillé.
La partie d’échecs terminée, il arrosait les plantes accrochées au rebord du balcon, arrachait les feuilles mortes, taillait les vieilles branches, vaporisait de l’eau sur les nouveaux bourgeons, retournait le terreau des pots à l’aide d’une cuillère et répandait de l’engrais quand il le fallait. Un camélia blanc lui donnait bien du souci. Il lui parlait, s’attardait à le soigner, essuyait chaque feuille.
Tous les matins, depuis un an, c’était la même routine.
Ce matin-là, cependant, il avait pris du retard sur son horaire habituel. La partie d’échecs avait été ardue, il devait faire attention à ne pas se laisser entraîner ; c’est difficile quand on n’a pas d’occupation. Ne pas perdre le sens du temps qui passe et se dépense sans qu’on y fasse attention. Fais gaffe, Tonio, se dit-il, fais gaffe. Ne te laisse pas aller, reprends-toi.
Il avait pris l’habitude de parler tout haut et fronça les sourcils en s’entendant s’apostropher. Pour rattraper le temps perdu, il décida de négliger les plantes.
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