Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles

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Il passa devant la cuisine où sa femme épluchait des pommes de terre. Il ne voyait que son dos et nota une nouvelle fois qu’elle s’alourdissait. Des bouées de gras s’accrochaient à ses hanches.

Quand ils avaient emménagé dans cet immeuble de banlieue proche de Paris, elle était longue et fine, sans bouées.

Quand ils avaient emménagé, les filles arrivaient à la hauteur de l’évier…

Quand ils avaient emménagé…

C’était un autre temps. Il soulevait son pull, plaçait ses mains sur ses seins et soupirait « chérie ! » jusqu’à ce qu’elle fléchisse et s’incline en tirant des deux mains sur le dessus-de-lit pour ne pas le froisser. Le dimanche, elle faisait la cuisine. Les filles réclamaient des couteaux « pour aider maman ! » ou le fond des casseroles pour les « nettoyer avec la langue ». Ils les regardaient avec attendrissement. Tous les deux ou trois mois, ils les mesuraient et inscrivaient la taille de chacune au crayon noir sur le mur ; il y avait plein de petits traits suivis des dates et des deux prénoms : Hortense et Zoé. Chaque fois qu’il s’appuyait au chambranle de la porte de la cuisine, il était envahi d’une immense tristesse. Le sentiment d’un gâchis irrémédiable, le souvenir d’un temps où la vie lui souriait. Cela ne lui arrivait jamais dans la chambre à coucher ou dans le salon, mais toujours dans cette pièce qui, autrefois, avait été une capsule de bonheur. Chaleureuse, tranquille, odorante. Les casseroles fumaient, les torchons séchaient sur la barre du four, le chocolat fondait au bain-marie et les filles décortiquaient des noix. Elles brandissaient un doigt couronné de chocolat, se dessinaient des moustaches qu’elles léchaient à coups de langue et la buée sur les vitres dessinait des festons nacrés qui lui donnaient l’impression d’être le papa d’une famille esquimaude dans un igloo au pôle Nord.

Autrefois… Le bonheur avait été là, solide, rassurant.

Sur la table, gisait, ouvert, un livre de Georges Duby. Il se pencha pour en apercevoir le titre Le Chevalier, la femme et le prêtre . Joséphine travaillait sur la table de la cuisine. Ce qui, autrefois, était un à-côté, les faisait vivre maintenant. Chercheuse au CNRS, spécialisée dans le domaine des femmes au XII e siècle ! Auparavant, il ne pouvait s’empêcher de se moquer de ses recherches, il en parlait avec condescendance, « ma femme qui est passionnée d’histoire, mais du XII e siècle uniquement ! Ah ! Ah ! Ah… » Il trouvait que cela faisait un peu bas-bleu. Pas très sexy, le XII e siècle, ma chérie, disait-il en lui pinçant les fesses. « Mais c’est à cette époque que la France a basculé dans la modernité, le commerce, la monnaie, l’indépendance des villes et… »

Il l’embrassait pour la faire taire.

Aujourd’hui, le XII e siècle les nourrissait. Il se racla la gorge afin qu’elle se tourne vers lui. Elle n’avait pas pris le temps de se coiffer, un crayon retenait ses cheveux sur le haut du crâne.

— Je vais faire un tour…

— Tu reviens déjeuner ?

— Je ne sais pas… Fais comme si je ne revenais pas.

— Pourquoi ne pas le dire tout de suite !

Il n’aimait pas les affrontements. Il aurait mieux valu qu’il sorte en criant « je m’en vais, à tout de suite ! » et hop ! il était dans l’escalier et hop ! elle restait avec ses questions dans le gosier et hop ! il n’avait plus qu’à inventer n’importe quoi quand il rentrait. Parce qu’il rentrait toujours.

— Tu as lu les petites annonces ?

— Oui… Rien d’intéressant aujourd’hui.

— Il y a toujours du travail pour un homme qui veut travailler !

Du travail, oui mais pas n’importe lequel, pensa-t-il sans le lui dire car il connaissait déjà la suite de leur dialogue. Il aurait dû partir, mais il restait aimanté au chambranle.

— Je sais ce que tu vas me dire, Joséphine, je le sais déjà.

— Tu le sais, mais tu ne fais rien pour que ça change. Tu pourrais faire n’importe quoi, juste pour mettre un peu de beurre dans les épinards…

Il pouvait continuer leur dialogue, il le connaissait par cœur, « gardien de piscine, jardinier dans un club de tennis, vigile de nuit, pompiste dans une station d’essence… » mais ne retint que le mot « épinards ». Cela sonnait drôle, ce mot, dans une recherche d’emploi.

— Tu peux sourire ! marmonna-t-elle en le piquant du regard. Je dois te paraître bien terre à terre à parler de gros sous ! Monsieur veut un tas d’or, monsieur ne veut pas se fatiguer pour rien, monsieur veut de l’estime et de la considération ! Et pour le moment, monsieur n’a qu’un seul moyen d’exister : aller rejoindre sa manucure !

— Tu parles de quoi, Joséphine ?

— Tu sais très bien de qui je parle !

Elle était maintenant complètement tournée vers lui, les épaules redressées, un torchon noué autour du poignet ; elle le défiait.

— Si tu fais allusion à Mylène…

— Oui, je fais allusion à Mylène… Tu ne sais pas encore si elle fait une pause pour le déjeuner ? C’est pour ça que tu ne peux pas me répondre ?

— Jo, arrête… Ça va mal finir !

C’était trop tard. Elle ne pensait plus qu’à Mylène et à lui. Qui donc l’avait mise au courant ? Un voisin, une voisine ? Ils ne connaissaient pas grand monde dans l’immeuble mais, quand il s’agit de médire, on se fait vite des copains. On avait dû l’apercevoir entrer dans l’immeuble de Mylène, deux rues plus loin.

— Vous allez déjeuner chez elle… Elle t’aura préparé une quiche avec une salade verte, un repas léger parce que, après, elle reprend le travail, elle…

Elle grinça des dents en appuyant sur le « elle ».

— Et puis vous ferez une petite sieste, elle tirera les rideaux, se déshabillera en jetant ses vêtements par terre et te rejoindra sous la couette en piqué blanc…

Il l’écoutait, stupéfait. Mylène avait une épaisse couette en piqué blanc sur son lit. Comment le savait-elle ?

— Tu es allée chez elle ?

Elle éclata d’un rire mauvais et resserra le nœud du torchon de sa main libre.

— Ah, j’avais raison. Le piqué blanc, ça va avec tout ! C’est beau, c’est pratique.

— Jo, arrête !

— Arrête quoi ?

— Arrête d’imaginer ce qui n’existe pas.

— Parce qu’elle n’a pas de couette en piqué blanc, peut-être ?

— Tu devrais écrire des romans, toi : tu as beaucoup d’imagination…

— Jure-moi qu’elle n’a pas de couette en piqué blanc.

La colère l’envahit soudain. Il ne la supportait plus. Il ne supportait plus son ton de maîtresse d’école, toujours à lui reprocher quelque chose, à lui dire quoi faire, comment faire, il ne supportait plus son dos arrondi, ses vêtements sans forme ni couleur, sa peau rougie par le manque de soins, ses cheveux châtains, fins et mous. Tout, chez elle, sentait l’effort et la parcimonie.

— Je préfère partir avant que cette discussion ne nous emmène trop loin !

— Tu vas la retrouver, hein ? Aie au moins le courage de dire la vérité puisque tu n’as plus celui de chercher du travail, fainéant !

Ce fut le mot en trop. Il sentit la colère lui bloquer le front et taper sur ses tempes. Il cracha les mots pour ne pas avoir à les reprendre :

— Eh bien, oui ! Je la retrouve chez elle, tous les jours à midi et demi. Elle me fait chauffer une pizza et on la mange, dans son lit sous la couette en piqué blanc ! Après, on écarte les miettes, je défais son soutien-gorge, en piqué blanc aussi, et je l’embrasse partout, partout ! T’es satisfaite ? Fallait pas me pousser, je t’avais prévenue !

— Moi non plus, faut pas me pousser ! Si tu pars la retrouver, inutile de revenir. Tu fais ta valise et tu disparais. Ce sera pas une grande perte.

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