Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles

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Les yeux jaunes des crocodiles: краткое содержание, описание и аннотация

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Il s’arracha au chambranle de la porte, tourna les talons et, tel un somnambule, gagna leur chambre. Il extirpa une valise de sous le lit, la posa sur le dessus-de-lit et commença à la remplir. Il vida ses trois étagères de chemises, ses trois tiroirs de tee-shirts, chaussettes et caleçons dans la grande valise rouge à roulettes intégrées, vestige de sa splendeur quand il travaillait chez Gunman & Co, le fabricant américain de fusils de chasse. Il était resté dix ans au poste de directeur commercial du secteur Europe, accompagnant ses riches clients qui allaient chasser en Afrique, en Asie, en Amérique, dans la brousse, la savane ou la pampa. Il y croyait alors, il croyait à l’image de cet homme blanc toujours bronzé, toujours en verve, qui trinquait avec ses clients, les hommes les plus riches de la planète. Il se faisait appeler Tonio. Tonio Cortès. C’était plus mâle, plus responsable qu’Antoine. Il n’avait jamais aimé son prénom qu’il trouvait doux, efféminé. Il fallait qu’il fasse le poids face à ces hommes-là : des industriels, des hommes politiques, des milliardaires oisifs, des fils de… Il faisait tinter ses glaçons en affichant un sourire débonnaire, écoutait leurs histoires, tendait une oreille attentive à leurs doléances, opinait, tempérait, observait le ballet des hommes et le ballet des femmes, le regard aigu des enfants, vieux avant d’avoir eu le temps de grandir. Il se félicitait de fréquenter ce monde sans en faire partie vraiment. « Ah ! l’argent ne fait pas le bonheur », répétait-il souvent.

Il avait un excellent salaire, un triple mois à la fin de l’année, une bonne mutuelle, des périodes de repos qui doublaient presque ses vacances. Il était heureux quand il rentrait à Courbevoie dans sa résidence, construite dans les années quatre-vingt-dix, pour une population de jeunes cadres comme lui, qui n’avaient pas encore les moyens d’habiter dans Paris mais attendaient, de l’autre côté de la Seine, de pouvoir entrer dans les beaux quartiers de la capitale dont ils apercevaient les lumières, le soir. Un gâteau de néon scintillant qui les narguait au loin. L’immeuble avait mal vieilli, d’imperceptibles traînées de rouille coulant des balcons maculaient la façade et l’orange éclatant des stores avait passé au soleil.

Il ne prévenait jamais quand il rentrait de voyage : il poussait la porte, marquait un temps dans l’entrée avant de s’annoncer par un court sifflement qui disait « Je suis là ! ». Joséphine était plongée dans ses livres d’histoire, Hortense courait vers lui et glissait sa petite main dans ses poches à la recherche de son cadeau, Zoé applaudissait. Les deux petites filles en robe de chambre, l’une en rose, l’autre en bleu, Hortense, la jolie, l’effrontée, qui le menait par le bout du nez et Zoé, ronde, lisse, gourmande. Alors il se penchait vers elles et les prenait dans ses bras en répétant : « Ah ! Mes chéries ! Ah ! Mes chéries ! » C’était un rite. Il lui arrivait parfois d’éprouver un pincement de remords quand le souvenir d’une autre étreinte, la veille… il les enlaçait plus fort, et le souvenir s’évanouissait. Il posait ses bagages et se consacrait à son rôle de héros. Il inventait des chasses et des traques, un lion blessé qu’il avait achevé au couteau, une antilope qu’il avait attrapée au lasso, un crocodile qu’il avait mis KO. Elles le regardaient, ébahies. Seule Hortense s’impatientait et demandait « et mon cadeau, papa ? Et mon cadeau ? ».

Un jour, Gunman and Co avait été racheté ; il avait été remercié. Du jour au lendemain. « C’est comme ça avec les Américains, avait-il expliqué à Joséphine. Le lundi tu es directeur commercial avec un bureau à trois fenêtres, le mardi tu t’inscris au chômage ! » Il avait donc été licencié. Avec une bonne indemnité de départ qui lui avait permis de continuer à payer pendant un certain temps les traites de l’appartement, l’école des enfants, les séjours linguistiques, l’entretien de la voiture, les vacances aux sports d’hiver. Il l’avait pris avec philosophie. Il n’était pas le premier à qui cela arrivait, il n’était pas n’importe qui, il allait vite retrouver un emploi. Pas n’importe quoi, c’est sûr, mais un emploi… Et puis, un à un ses anciens collègues s’étaient recasés, acceptant des salaires inférieurs, des postes à moindre responsabilité, des déménagements à l’étranger, et il demeurait le seul à consulter les offres d’emploi.

Aujourd’hui, arrivé au bout de ses économies, il sentait son bel optimisme vaciller. Surtout la nuit. Il se réveillait vers trois heures du matin, se levait sans bruit, allait se servir un whisky dans le salon en allumant la télé. Il s’allongeait sur le canapé, pianotait sur la télécommande, un verre à la main. Jusque-là, il s’était toujours senti très fort, très sage, doué d’une grande perspicacité. Quand il voyait des collègues commettre des erreurs, il ne disait rien mais pensait tout bas : Ah ! ce n’est pas à moi que ça arriverait ! Moi, je sais ! Lorsqu’il avait entendu parler de rachat et de possibles licenciements, il s’était dit que dix ans de présence chez Gunman and Co, c’était un vrai contrat, ils ne me vireront pas comme ça !

Il avait fait partie des premiers départs.

Il avait même été le premier à être remercié. Il enfonça un poing rageur dans la poche de son pantalon et la doublure céda dans un crissement aigu qui lui agaça les dents. Il grimaça, secoua la tête, se tourna vers la cuisine, vers sa femme, pour lui demander si elle pouvait réparer les dégâts, puis se rappela qu’il partait. Il était en train de faire sa valise. Il retourna ses poches : les deux doublures étaient trouées.

Il se laissa tomber sur le lit et fixa la pointe de ses chaussures.

Chercher du travail était décourageant ; il n’était qu’un numéro sous enveloppe avec un timbre dessus. Il y pensait dans les bras de Mylène. Il lui racontait ce qu’il ferait le jour où il serait son propre patron. « Avec mon expérience, expliquait-il, avec mon expérience… » Il connaissait le vaste monde, il parlait anglais et espagnol, il savait tenir un livre de comptes, il supportait le froid et le chaud, la poussière et les moussons, les moustiques et les reptiles. Elle écoutait. Elle avait confiance en lui. Elle possédait quelques économies qui lui venaient de ses parents. Il n’avait pas encore dit oui. Il ne perdait pas espoir de trouver un acolyte plus sûr avec qui partager l’aventure.

Il l’avait connue en accompagnant Hortense chez le coiffeur, le jour anniversaire de ses douze ans. Mylène avait été si impressionnée par l’aplomb de la petite fille qu’elle lui avait offert des soins de manucure. Hortense lui avait abandonné ses mains comme si elle lui accordait un privilège. « C’est une altesse royale, votre fille », lui avait-elle dit quand il était venu la chercher. Depuis, quand elle avait le temps, elle polissait les ongles de l’enfant et Hortense repartait, les doigts écartés, en se mirant dans ses ongles brillants.

Il se sentait bien avec Mylène. C’était une petite blonde vive, crémeuse à souhait. Avec de ces pudeurs, de ces timidités qui le mettaient à l’aise et lui donnaient de l’assurance.

Il décrocha ses costumes, tous de la meilleure coupe, tous de la plus belle étoffe. Oui, il avait eu de l’argent, pas mal d’argent. Il avait aimé le dépenser. « Et j’en aurai encore, dit-il tout haut. À quarante ans, mon vieux, ta vie n’est pas finie ! Pas finie du tout ! » Sa valise fut vite faite. Il fit cependant semblant de chercher des boutons de manchettes en râlant bruyamment dans l’espoir que Joséphine allait l’entendre et viendrait le supplier de rester.

Il avança dans le couloir et s’arrêta à l’entrée de la cuisine. Il attendit, espérant encore qu’elle allait faire un pas vers lui, esquisser une réconciliation… Puis comme elle ne bougeait pas et lui tournait le dos, il déclara :

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