Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles
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Il avait fini par déteindre sur Iris, qui avait rayé de son vocabulaire les mots : doute, angoisse, hésitation. Iris était devenue, elle aussi, enthousiaste et définitive. Un enfant obéissait et brillait à l’école, un mari gagnait de l’argent et entretenait sa famille, une femme tenait sa maison et faisait honneur à son mari. Iris demeurait belle, alerte et séduisante, alternait séances de massage et jogging, pétrissage du visage et tennis au Racing. Elle était oisive, certes, mais « il y a les femmes à l’oisiveté encombrée et celles à l’oisiveté maîtrisée. C’est tout un art », affirmait-elle. Il était évident qu’elle se rangeait dans la seconde catégorie et éprouvait le plus profond mépris pour les oisives débordées.
Je dois appartenir à un autre monde, pensait Joséphine en écoutant le bavardage mitraillette de sa sœur qui abordait maintenant le sujet de leur mère.
Un mardi sur deux, Iris recevait Madame mère à dîner et, ce soir-là, on se devait de choyer l’ancêtre. Bonheur et sourires étaient de règle pour ces dîners en famille. Inutile de dire qu’Antoine s’employait, avec une certaine réussite, à les éviter et trouvait toujours une bonne excuse pour s’absenter. Il ne supportait pas Philippe Dupin qui se croyait obligé de mettre des sous-titres quand il lui parlait – « la COB, la Commission des opérations de Bourse, Antoine » – ni Iris qui, lorsqu’elle s’adressait à lui, lui donnait l’impression d’être un vieux chewing-gum collé sous la semelle de ses escarpins. « Et quand elle me dit bonjour, se plaignait-il, j’ai l’impression qu’elle m’aspire dans son sourire pour me catapulter dans une autre dimension ! » Iris, il est vrai, tenait Antoine en piètre estime. « Rappelle-moi où en est ton mari ? » était sa phrase favorite, phrase qui faisait immanquablement bafouiller Joséphine : « Toujours rien, toujours rien. – Ah bon… Ça ne s’est donc pas arrangé ! soupirait Iris qui ajoutait : On se demande d’ailleurs comment ça pourrait s’arranger : tant de prétentions pour de si petits moyens ! » Tout est artificiel chez ma sœur, se dit Joséphine en coinçant le combiné contre son épaule, quand Iris éprouve un début de sympathie ou un élan envers quelqu’un, elle consulte le Vidal, redoutant une maladie.
— Ça va pas ? T’as une drôle de voix…, demanda Iris, ce matin-là.
— Je suis enrhumée…
— Dis donc, je me disais… Pour demain soir… Le dîner avec notre mère… Tu n’as pas oublié ?
— C’est demain soir ?
Elle avait complètement oublié.
— Enfin, ma chérie, où as-tu la tête ?
Si tu savais, pensa Joséphine, cherchant des yeux un Sopalin pour se moucher.
— Reviens dans ce siècle, lâche tes troubadours ! Tu es trop distraite. Tu viens avec ton mari ou il a encore trouvé le moyen de s’éclipser ?
Joséphine sourit tristement. Appelons ça comme ça, se dit-elle, s’éclipser, prendre l’air, s’évaporer, disparaître en fumée. Antoine était en train de se transformer en gaz volatil.
— Il ne viendra pas…
— Bon, il faudra trouver une nouvelle excuse pour notre mère. Tu sais qu’elle n’apprécie pas ses absences…
— Franchement, Iris, si tu savais ce que je m’en tape !
— Tu es bien trop bonne avec lui ! Moi, ça fait longtemps que je lui aurais claqué la porte au nez. Enfin… Tu es comme ça, on te changera pas, ma pauvre chérie.
La commisération, maintenant. Joséphine soupira. Depuis qu’elle était enfant, elle était Jo, la petite oie blanche, l’intellectuelle, un peu ingrate, à l’aise avec les thèses obscures, les mots compliqués, les longues recherches en bibliothèque parmi d’autres bas-bleus mal attifés et boutonneux. Celle qui réussissait ses examens, mais ne savait pas dessiner un trait d’eye-liner. Celle qui se foulait la cheville en descendant l’escalier parce qu’elle était en train de lire La Théorie des climats de Montesquieu ou branchait le toasteur sous le robinet d’eau en écoutant, sur France Culture, une émission traitant des cerisiers en fleur à Tokyo. Celle qui gardait la lumière allumée tard dans la nuit, penchée sur ses copies, pendant que sa sœur aînée sortait et réussissait et créait et ensorcelait. Iris par-ci, Iris par-là, je pourrais en faire un air d’opéra !
Quand Joséphine avait été reçue à l’agrégation de lettres classiques, sa mère lui avait demandé ce qu’elle comptait faire. « À quoi cela va-t-il te mener, ma pauvre chérie ? À servir de cible dans un lycée de banlieue parisienne ? À te faire violer sur le couvercle d’une poubelle ? » Et quand elle avait poursuivi, rédigeant sa thèse et des articles qui paraissaient dans des revues spécialisées, elle n’avait rencontré qu’interrogations et scepticisme. « “L’essor économique et le développement social de la France aux XI eet XII e siècles”, ma pauvre chérie, mais qui veux-tu que ça intéresse ? Tu ferais mieux d’écrire une biographie croustillante sur Richard Cœur de Lion ou Philippe Auguste, ça intéresserait les gens ! On pourrait en faire un film, un feuilleton ! Rentabiliser toutes ces longues années d’études que j’ai financées à la sueur de mon front ! » Puis elle sifflait telle une vipère énervée par la lente reptation de son rejeton, haussait les épaules et soupirait : « Comment ai-je pu mettre au monde une fille pareille ? » Madame mère s’était toujours posé la question. Depuis les premiers pas de Joséphine. Son mari, Lucien Plissonnier, avait l’habitude de répliquer : « C’est la cigogne qui s’est trompée de chou. » Devant le peu d’hilarité que déclenchaient ses interventions, il avait fini par se taire. Définitivement. Un soir de 13 juillet, il avait porté la main à sa poitrine et avait eu le temps de dire : « Il est un peu tôt pour faire péter les pé-tards » avant de s’éteindre. Joséphine et Iris avaient dix et quatorze ans. L’enterrement avait été magnifique, Madame mère, majestueuse. Elle avait tout orchestré au détail près : les fleurs blanches en grandes gerbes jetées sur le cercueil, une marche funèbre de Mozart, le choix des textes lus par chaque membre de la famille. Henriette Plissonnier avait recopié le voile noir de Jackie Kennedy et demandé aux fillettes de baiser le cercueil avant qu’il ne soit glissé en terre.
Joséphine, elle aussi, se demandait comment elle avait pu passer neuf mois dans le ventre de cette femme qu’on disait être sa mère.
Le jour où elle avait été recrutée au CNRS – trois candidats retenus sur cent vingt-trois qui se présentaient ! – et qu’elle s’était précipitée au téléphone pour l’annoncer à sa mère et à Iris, elle avait été obligée de répéter, de s’égosiller car ni l’une ni l’autre ne comprenait son emballement ! CNRS ? Mais qu’allait-elle faire dans cette galère ?
Il lui fallut se faire une raison : elle ne les intéressait pas. Il y avait un moment qu’elle s’en doutait mais, ce jour-là, elle en eut la confirmation. Seul son mariage avec Antoine les avait émoustillées. En se mariant, elle devenait enfin intelligible. Elle cessait d’être le petit génie maladroit pour devenir une femme comme les autres, avec un cœur à prendre, un ventre à ensemencer, un appartement à décorer.
Très vite, Madame mère et Iris avaient été déçues : Antoine ne ferait jamais l’affaire. Sa raie était trop nette – aucun charme –, ses chaussettes trop courtes – aucune classe –, son salaire insuffisant et de provenance douteuse – vendre des fusils, c’est infâmant ! – et surtout, surtout, il était si intimidé par sa belle-famille qu’il se mettait à transpirer abondamment en leur présence. Pas une sudation légère qui aurait dessiné de délicates auréoles sous les aisselles, mais une abondante suée qui trempait sa chemise et le forçait à s’éclipser pour aller s’essorer. Un handicap manifeste qui ne pouvait passer inaperçu et plongeait tout le monde dans l’embarras. Cela ne lui arrivait que dans sa belle-famille. Jamais, il n’avait transpiré chez Gunman and Co. Jamais. « Ce doit être parce que tu vis presque tout le temps au grand air, tentait d’expliquer Joséphine en lui tendant la chemise de rechange qu’elle emportait à chaque réunion familiale. Tu ne pourras jamais travailler dans un bureau ! »
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