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Frank Herbert: Les yeux d'Heisenberg

Здесь есть возможность читать онлайн «Frank Herbert: Les yeux d'Heisenberg» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1979, ISBN: 2-7024-0898-2, издательство: Librairie des Champs-Élysées, категория: Фантастика и фэнтези / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Frank Herbert Les yeux d'Heisenberg

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Les optimhommes. Hautains, inapprochables, sans bouger de leur sphère ils dirigent le monde. Avec l’insouciance que leur donne l’immortalité. Dans l’ombre, les mystérieux Cyborgs, mi-hommes, mi-robots, guettent l’instant favorable à la prise du pouvoir. Les « Ordinaires », enfin, ne sont guère que des esclaves soutenus par leur rêve permanent : triompher de la stérilité.

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Frank Herbert

Les yeux d’Heisenberg

CHAPITRE PREMIER

Ils ont dû programmer de la pluie pour ce matin, pensa le docteur Thei Svengaard. La pluie énerve toujours les parents… sans parler de l’effet qu’elle a sur les médecins eux-mêmes…

Une bourrasque d’humidité hivernale ébranla la fenêtre située derrière son bureau. Il se leva pour la calfeutrer, mais un silence anormal risquait d’inquiéter un peu plus les Durant, les parents qu’il devait recevoir ce matin.

Il s’approcha de la fenêtre et observa la circulation intense des passants : les équipes de jour, qui se rendaient à leur travail dans la mégalopole, croisaient les équipes de nuit aspirant à un repos bien gagné. En dépit de l’existence de troglodyte qui était la sienne, les allées et venues de cette foule dégageaient une impression de force et de puissance. La plupart de ces hommes et de ces femmes, Svengaard le savait, étaient des Stéri… Ils étaient stériles, archi-stériles. Ils s’agitaient inlassablement, tous numérotés, pourtant innombrables.

Il avait laissé l’intercom branché dans la salle d’attente et il pouvait entendre l’infirmière, Mrs Washington, qui faisait patienter les Durant en les accablant de questions et de formulaires.

La routine.

C’était la consigne. Tout devait paraître normal, rien ne devait déroger aux habitudes. Il fallait que les Durant, comme tous ceux qui avaient eu la chance d’être choisis pour parents, continuent d’ignorer la vérité.

Le docteur s’arracha à ses pensées. La culpabilité était interdite aux membres du corps médical, car la culpabilité conduisait immanquablement à la trahison et la trahison entraînait des conséquences pour le moins fâcheuses. Les Optimhommes se montraient très pointilleux lorsqu’il s’agissait de la programmation des naissances.

La nuance critique impliquée dans cette pensée suscita une crainte éphémère chez Svengaard, qui avala sa salive et se força à se concentrer sur le répons que la Masse adressait aux Optimhommes : Eux nous dirigent, eux nous aiment, eux prennent soin de nous.

Il s’éloigna de la fenêtre avec un soupir, contourna le bureau et franchit la porte qui menait au laboratoire par le vestiaire. Il s’arrêta dans cette dernière pièce pour vérifier son image dans une glace : il avait le cheveu gris, l’œil sombre, le menton fort, le front haut et la lèvre crispée sous un nez aquilin. Quoique la sévérité de son allure hautaine l’eût toujours empli de fierté, il avait appris à composer son visage selon les besoins ; ainsi, en cet instant, adoucit-il l’expression de sa bouche pour adopter un regard plein d’intérêt et de compassion.

Oui, cela conviendrait parfaitement aux Durant – à condition que leur profil psychologique fût juste.

Au moment précis où il entrait dans le laboratoire par sa porte privée, Mrs Washington introduisait les Durant. La pluie tambourinait et ruisselait sur la verrière au-dessus de leur tête, et le temps semblait s’accorder à l’atmosphère de la pièce : du verre, de l’acier, du plasmeld et de la brique… un ensemble anonyme. Il pleuvait sur tout le monde… et tout le monde devait passer par une pièce comme celle-ci… même les Optimhommes.

Svengaard les trouva tout de suite antipathiques. Harvey Durant mesurait un bon mètre quatre-vingts ; son allure était athlétique ; ses cheveux blonds bouclés, ses yeux bleu clair, son visage carré dégageaient une impression de jeunesse et d’innocence. Lizbeth, sa femme, avait presque les mêmes proportions ; elle affichait une égale blondeur, une égale jeunesse et les mêmes yeux bleus. Sa robustesse évoquait une Walkyrie. Elle portait au cou, suspendue à une chaîne d’argent, une de ces breloques de cuivre, si communes parmi la Masse, à l’image de la femelle optimhomme, Calipine. L’attachement mystique au culte de la fécondité qu’impliquait cette babiole n’échappa nullement au médecin qui retint un ricanement. Cependant les Durant étaient des parents, des parents parfaitement constitués, la preuve vivante de l’habileté du chirurgien qui les avait fabriqués. Svengaard se félicita d’appartenir à cette profession. Peu de gens pouvaient se vanter de compter au nombre des ingénieurs subcellulaires qui avaient pour tâche de maintenir les variétés de l’espèce à l’intérieur de limites bien définies.

— Docteur, voici Harvey et Lizbeth Durant, annonça l’infirmière en introduisant les visiteurs, et elle disparut sans attendre de remerciements. Mrs Washington faisait toujours preuve de la plus grande exactitude et de la plus grande discrétion.

— Je suis ravi de vous voir, enchaîna Svengaard. J’espère que l’infirmière ne vous a pas trop ennuyés avec tous ces formulaires, mais quand vous avez demandé à observer, vous saviez sans doute ce qui vous attendait.

— Nous comprenons très bien, répondit Harvey Durant, mais il se fit la réflexion : Demandé à observer, vraiment ! Ce vieux charlatan croit-il pouvoir nous bluffer ?

La voix de baryton chaude et impérative dérangea le médecin dont l’antipathie ne fit que croître.

— Nous ne voulons pas vous faire perdre plus de temps qu’il n’est nécessaire, ajouta Lizbeth. Elle étreignit la main de son mari et, utilisant leur code secret par pression de doigts, lui transmit :

— As-tu lu sa pensée ? Il ne nous aime pas.

Les doigts d’Harvey répondirent : C’est un Stéri vaniteux ; il est si fier de son rang qu’il en devient à moitié aveugle.

Le ton réfléchi de la jeune femme contraria Svengaard. Voilà que, déjà, elle examinait le laboratoire à coups d’œil rapides et inquisiteurs. Ici, je dois garder le contrôle de la situation. Il vint leur serrer la main. Leurs paumes étaient moites.

Nerveux. Fort bien.

Sur sa gauche la respiration bruyante d’une pompe lui redonna confiance. Rien de tel qu’une pompe pour angoisser les parents. C’est dans ce but qu’elle marchait si fort. Svengaard se tourna vers la source du bruit et désigna une éprouvette de cristal installée au milieu d’un champ de forces, presque au centre du laboratoire.

— Nous y voilà, annonça-t-il.

Lizbeth fixa son regard sur le contenu d’un blanc translucide et s’humecta les lèvres du bout de la langue.

— Là-dedans ?

— Sécurité garantie, précisa le médecin. Il entretenait encore l’espoir de les voir partir, rentrer chez eux pour y attendre la suite des événements.

Harvey, qui fixait aussi l’éprouvette, caressa la main de sa femme.

— Nous avons appris que vous aviez fait appel à un spécialiste, dit-il.

— Le docteur Potter, du Centre.

Svengaard jeta un rapide coup d’œil aux mains de Durant qui bougeaient sans cesse et il remarqua au passage les index tatoués indiquant leurs caractères génétiques et leur position sociale. Ils pouvaient maintenant ajouter le « v » de « viable », cette lettre si enviée, et il réprima une pointe de jalousie.

— Le docteur Potter, bien sûr, dit Harvey. Par le truchement de leurs mains, il transmit à Lizbeth : As-tu remarqué sur quel ton il a dit Centre ?

— Impossible de ne pas s’en apercevoir, répondit-elle.

Le Centre, pensa-t-elle ; cela fit surgir dans son esprit les Optimhommes aux allures de grands seigneurs auxquelles s’associèrent les Cyborgs, opposants secrets des premiers. Ces pensées la perturbèrent profondément. Dorénavant elle ne devait plus songer qu’à son fils.

— Potter est le plus grand, nous le savons, dit-elle. Nous ne voudrions pas que vous nous preniez pour des gens timorés et sentimentaux…

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