Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles
Здесь есть возможность читать онлайн «Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Les yeux jaunes des crocodiles
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:3 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 60
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Les yeux jaunes des crocodiles: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les yeux jaunes des crocodiles»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Les yeux jaunes des crocodiles — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les yeux jaunes des crocodiles», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Son regard fit le tour de la petite pièce élégante, raffinée, aux boiseries claires où elle aimait se réfugier. La table basse Leleu à trois pieds à plateau rond en dalle de verre transparent, le vase perroquet Colotte à corps ovoïde galbé en cristal blanc à décor taillé au burin, le lustre Lalique en verre moulé soutenu par des cordelettes dorées, la paire de lampes en verre opalin torsadé. Chaque objet l’emplissait de beauté et elle n’aimait rien tant que rester enfermée dans son bureau et de les contempler en se déplaçant insensiblement dans la pièce. J’ai appris cette beauté avec Philippe, je ne peux plus m’en passer. Son regard tomba sur une photo qui les représentait, Philippe et elle, le jour de leur mariage, elle tout en blanc, lui en habit gris. Ils souriaient à l’objectif. Il avait posé son bras sur son épaule, en un geste de protection amoureuse, elle s’abandonnait comme si rien ne pouvait plus jamais lui arriver. On apercevait le chapeau de sa belle-mère dans un coin de la photo en haut à gauche : un grand abat-jour rose avec des nœuds de gaze fuchsia et mauve.
— Vous riez toute seule, maintenant ? demanda Carmen qui entrait dans le bureau, portant le plateau sur lequel se trouvaient un verre de whisky, un quart Perrier et un seau de glace.
— Ma chère Carmen… Fais-moi confiance, il vaut mieux que je rie.
— C’est si grave que vous pourriez en pleurer ?
— Si j’étais normale, oui… Carmencita.
— Mais vous n’êtes pas normale…
Iris soupira.
— Laisse-moi, Carmencita…
— Je mets la table pour ce soir ? J’ai préparé un gaspacho, une salade et un poulet basquaise. Il fait si chaud. Ils n’auront pas faim… Je n’ai pas prévu de dessert, des fruits, peut-être ?
Iris approuva et lui fit un signe de la main pour qu’elle la laisse seule.
Ses yeux se posèrent sur le tableau que lui avait offert Philippe pour la naissance d’Alexandre : Les Amoureux de Jules Breton. Elle était tombée en arrêt devant cette huile lors d’une vente au profit de la Fondation pour l’enfance et Philippe, coiffant toutes les enchères, le lui avait offert. Il représentait deux amoureux dans les champs. La femme passait les bras autour du cou de l’homme et lui, agenouillé, l’attirait vers lui. Gabor… La force de Gabor, les cheveux noirs et drus de Gabor, les dents éclatantes de Gabor, les reins de Gabor… Elle n’aurait laissé passer ce tableau pour rien au monde. Elle s’agitait sur sa chaise et la main de Philippe était venue se poser sur sa nuque. Il avait fait une légère pression pour lui dire : calme-toi, ma chérie, tu l’auras ce tableau.
Ils fréquentaient les salles de ventes. Ils achetaient tableaux, bijoux, livres, manuscrits et meubles. Ils communiaient dans la même fièvre de dénicher, de reconnaître et de mener les enchères. La Nature morte aux fleurs de Bram Van Velde, ils l’avaient achetée à Drouot, dix ans auparavant. Le Bouquet de fleurs de Slewinski, le Barcelo acquis après l’exposition à la fondation Maeght, les deux vases du même artiste, en terre cuite, tout cabossés qu’elle était allée chercher sur place dans son atelier à Majorque. Et la longue lettre manuscrite de Cocteau où il parle de sa liaison avec Nathalie Paley… Les propos de celle-ci vinrent résonner dans la mémoire d’Iris. « Il voulait un fils mais il était avec moi aussi efficace que peut l’être un homosexuel intégral et bourré d’opium… » Si elle quittait Philippe, elle serait privée de toute cette beauté. Si elle quittait Philippe, il lui faudrait tout recommencer.
Seule.
Ce simple mot la fit frissonner. Les femmes seules lui faisaient horreur. Elles étaient si nombreuses ! Toujours à courir, à se démener, la mine pâle, la moue avide. La vie des gens est terrifiante, aujourd’hui, se dit-elle en trempant les lèvres dans son whisky. Il flotte dans l’air une angoisse épouvantable. Et comment en serait-il autrement ? On les prend à la gorge, on les oblige à travailler du matin au soir, on les abrutit, on leur inflige des besoins qui ne leur ressemblent pas, qui les égarent, les pervertissent. On leur interdit de rêver, de traîner, de perdre leur temps. On les use à la tâche. Les gens ne vivent plus, ils s’usent. À petit feu. Grâce à Philippe, à l’argent de Philippe, elle jouissait de ce privilège incomparable : elle ne s’usait pas. Elle prenait son temps. Elle lisait, elle allait au cinéma, au théâtre, pas autant qu’elle aurait pu, mais elle s’entretenait. Depuis quelque temps, dans le plus grand secret, elle écrivait. Une page chaque jour. Personne ne le savait. Elle s’enfermait dans son cabinet de travail et griffonnait des mots, autour desquels, lorsque l’inspiration ne venait pas, elle dessinait des ailes, des pattes de mouche, des étoiles. Elle avançait péniblement. Recopiait les Fables de La Fontaine, relisait Les Caractères de La Bruyère ou Madame Bovary pour s’entraîner à trouver le mot exact. C’était devenu un jeu, parfois délicieux, parfois torturant, de repérer le sentiment et de l’habiller du mot juste qui allait l’envelopper, telle une redingote. Elle s’échinait entre les quatre murs de son cabinet. Et même si elle jetait nombre des feuillets qu’elle noircissait, elle devait reconnaître que ce travail minutieux donnait une certaine intensité à sa vie. Elle n’avait plus envie de la laisser passer en déjeuners insipides ou en après-midi de shopping.
Autrefois, elle avait écrit. Des scénarios qu’elle voulait tourner. Elle avait tout arrêté quand elle avait épousé Philippe.
Si je voulais, je pourrais me remettre à écrire… Si j’en avais le courage, bien sûr… Car il en faut du courage pour rester enfermée de longues heures à triturer les mots, à leur dessiner des petites pattes velues ou des ailes afin qu’ils marchent ou s’envolent.
Philippe… Philippe, répéta-t-elle en étirant une longue jambe hâlée et en faisant tinter les glaçons de son whisky-Perrier, pourquoi le quitter ?
Pour me mettre dans cette course imbécile ? Ressembler à cette pauvre Bérengère qui bâille après l’amour ? Pas question ! Ce n’est que pleurs et grincements de dents. Où sont les hommes ? crie la meute des femmes. Il n’y a plus d’hommes. On ne peut plus tomber amoureuse.
Iris connaissait leur complainte par cœur.
Ou bien ils sont beaux, virils et infidèles… et on pleure !
Ou bien ils sont vains, fats, impuissants… et on pleure !
Ou bien encore ils sont crétins, collants, débiles… et on les fait pleurer !
Et on pleure de rester seule à pleurer…
Mais toujours elles le cherchent, toujours elles l’attendent. Aujourd’hui ce sont les femmes qui traquent l’homme, les femmes qui le réclament à cor et à cri, les femmes qui sont en rut. Pas les hommes ! Elles appellent des agences ou pianotent sur Internet. C’est la dernière fureur. Je ne crois pas à Internet, je crois à la vie, à la chair de la vie, je crois au désir que la vie charrie, et si le désir se tarit, c’est que tu n’en es plus digne.
Autrefois elle avait aimé la vie. Avant d’épouser Philippe Dupin, elle avait follement aimé la vie.
Et dans cette vie d’avant, il y avait du désir, cette « mystérieuse puissance du dessous des choses ». Comme elle aimait ces mots d’Alfred de Musset ! Le désir qui fait que toute la surface de la peau s’éclaire et désire la surface d’une autre peau dont on ne connaît rien. On est intimes avant même de se connaître. On ne peut plus se passer du regard de l’autre, de son sourire, de sa main, de ses lèvres. On perd la boussole. On s’affole. On le suivrait au bout du monde, et la raison dit : Mais que sais-tu de lui ? Rien, rien, hier encore il portait un prénom inconnu. Quelle belle ruse inventée par la biologie pour l’homme qui se croit si fort ! Quel pied de nez de la peau au cerveau ! Le désir s’infiltre dans les neurones et les embrouille. On est enchaîné, privé de liberté. Au lit, en tous les cas…
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Les yeux jaunes des crocodiles»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les yeux jaunes des crocodiles» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Les yeux jaunes des crocodiles» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.