Pancol,Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles

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— Marcel, tu m’écoutes ?

— Mais oui, Choupette.

— Fini le temps des spécialistes ! Les entreprises en débordent. Il nous faut à nouveau des généralistes, des généralistes géniaux. Et ce Chaval est un généraliste génial !

Marcel Grobz sourit.

— Je suis moi-même un généraliste génial, je te rappelle.

— C’est pour ça que je t’aime, Marcel !

— Parle-moi de lui…

Et pendant que Josiane déroulait la vie et la carrière de cet employé qu’il avait à peine remarqué, Marcel Grobz revivait la sienne. Des parents juifs, émigrés polonais, qui s’installent à Paris dans le quartier de la Bastille, le père tailleur, la mère blanchisseuse. Huit enfants. Dans deux pièces. Peu de câlins, beaucoup de baffes. Peu de douceurs, beaucoup de pain sec. Marcel avait grandi tout seul. Il s’était inscrit dans une obscure école de chimie, pour obtenir un diplôme, et avait trouvé son premier emploi dans une entreprise de bougies.

C’est là qu’il avait tout appris. Le patron sans enfants l’avait pris en sympathie. Il lui avait avancé de l’argent pour qu’il rachète une première entreprise en difficulté. Puis une deuxième… Ils en parlaient tous les deux, le soir, quand la boutique était fermée. Il le conseillait, l’encourageait. C’est ainsi que Marcel était devenu « liquidateur d’entreprises ». Il n’aimait pas beaucoup ce mot, mais il aimait racheter des affaires moribondes qu’il redressait avec son savoir-faire et sa puissance de travail. Il racontait qu’il s’endormait souvent à la bougie et se réveillait avant qu’elle ne soit consumée. Il racontait aussi que toutes ses idées, il les avait eues en marchant. Il arpentait les rues de Paris, observait les petits commerçants derrière leur caisse, les devantures, les marchandises qui débordaient sur les trottoirs. Il écoutait les gens parler, grogner, gémir et il en déduisait leurs rêves, leurs besoins, leurs désirs. Longtemps avant tout le monde, il avait senti venir l’envie de se replier chez soi, la peur de l’extérieur, de l’étranger, « le monde devient trop dur, les gens ont envie de se recroqueviller chez eux, dans leur maison, autour d’accessoires comme une bougie, un set de table, une assiette ou un dessous-de-plat ». Il avait décidé de concentrer tous ses efforts sur le concept de la maison. Casamia. C’était le nom de la chaîne, comprenant des magasins à Paris et en province. Une puis deux, trois, cinq, six, neuf affaires s’étaient ainsi reconverties en magasins Casamia de bougies parfumées, de décorations de table, de lampes, de canapés, de cadres, de parfums d’intérieur, de stores et de rideaux, d’objets pour la salle de bains, la cuisine. Le tout, à petit prix. Fabriqué à l’étranger. Il avait été parmi les premiers à monter des usines en Pologne, en Hongrie, en Chine, au Vietnam, en Inde.

Mais un jour, un jour maudit, un gros fournisseur lui avait dit : « Ils sont très bien, vos articles, Marcel, mais dans vos boutiques, le décor manque un peu de classe ! Vous devriez engager une styliste qui donnerait une unité à vos produits, un petit je-ne-sais-quoi qui ajouterait une valeur à votre entreprise ! » Il avait mâché et remâché ces propos et, sur un coup de tête, avait engagé…

Henriette Plissonnier, veuve sèche mais racée, qui savait mieux que personne ordonner le drapé d’une étoffe ou créer un décor avec deux brins de paille, un morceau de satin et une céramique. Quelle classe ! s’était-il dit en la voyant quand elle s’était présentée à la suite de la petite annonce qu’il avait fait passer. Elle venait de perdre son mari et élevait seule ses deux gamines. Elle n’avait aucune expérience, « juste une excellente éducation et le sens inné de l’élégance, des formes et des couleurs, lui avait-elle dit en le balayant du regard. Voulez-vous que je vous le prouve, cher monsieur ? » et sans qu’il eût le temps de répondre, elle avait déplacé deux vases, déroulé un tapis, retroussé un rideau, changé trois babioles sur son bureau qui, soudain, avait eu l’air de trôner dans une revue de décoration. Puis elle s’était rassise et avait souri, satisfaite. Il l’avait engagée d’abord comme accessoiriste, puis l’avait promue décoratrice. Elle lui faisait ses vitrines, s’occupait de mettre en valeur la promotion du mois – flûtes à champagne, gants de cuisine, tabliers, lampes, abat-jour, photophores –, participait à la sélection des commandes, lançait la « note » de la saison, saison bleue, saison fauve, saison blanche, saison dorée… Il était tombé amoureux de cette femme qui représentait un monde inaccessible pour lui.

Au premier baiser, il crut effleurer une étoile.

Lors de leur première nuit ensemble, il la photographia avec un Polaroid pendant qu’elle dormait et glissa le cliché dans son portefeuille. Elle ne le sut jamais. Pour leur premier week-end, il l’emmena à Deauville, à l’hôtel Normandy. Elle ne voulut pas sortir de la chambre. Il prit cela pour de la pudeur, ils n’étaient pas encore mariés, il comprit, plus tard, qu’elle avait eu honte de s’afficher avec lui.

Il l’avait demandée en mariage. Elle avait répondu : « Il faut que je réfléchisse, je ne suis pas seule, j’ai deux petites filles, vous le savez. » Elle s’entêtait à le vouvoyer. Elle l’avait fait attendre six mois sans jamais une allusion à sa demande, ce qui le rendait fou. Un jour, sans qu’il sache pourquoi, elle avait dit : « Vous vous souvenez de la proposition que vous m’avez faite ? Eh bien, si cela tient toujours, c’est oui. »

En trente ans de mariage, il ne l’avait jamais amenée chez ses parents. Elle les avait rencontrés une seule fois, au restaurant. À la sortie, en remettant ses gants et en cherchant des yeux la voiture avec chauffeur qu’il avait mise à sa disposition, elle lui avait simplement dit : « Dorénavant, vous les verrez de votre côté si vous voulez, mais sans moi. Je ne crois pas que ce soit nécessaire que je poursuive cette relation… »

C’est elle qui l’avait baptisé Chef. Elle trouvait Marcel commun. À présent, tout le monde l’appelait Chef. Sauf Josiane.

Sinon il était Chef. Chef qui signait les chèques. Chef qu’on installait en bout de table lorsqu’il y avait des dîners. Chef qu’on interrompait quand il parlait. Chef qui dormait à part dans une toute petite chambre, dans un tout petit lit, dans un coin de l’immense appartement.

Pourtant, on l’avait prévenu. « Tu te fourvoies avec cette femme, lui avait dit René, son magasinier et son ami avec qui il buvait des verres en sortant du bureau. Elle doit pas être facile à traire ! » Il avait dû reconnaître que René avait raison. « C’est à peine si elle me laisse l’escalader. Et je te dis pas le mal que je dois me donner pour qu’elle s’incline jusqu’à Popaul, l’affamé ! Faut la tenir ferme et bien appuyer sur la nuque. Je dors souvent sur la béquille avec cette femme-là. Et Popaul, il se la met en berne la plupart du temps. Pas question qu’elle me tripote ou me suçote. Elle fait la mijaurée. – Ben alors… Laisse-la tomber », avait dit René. Pourtant, Chef hésitait : Henriette le posait en société. « J’ai qu’à la sortir à un dîner pour que les convives me regardent différemment… Et je te jure qu’il y a des contrats que j’aurais pas signés sans elle ! – Ben moi, je louerais une professionnelle si j’étais toi ! Une pute stylée, ça existe. T’as qu’à en trouver une qui te fera de l’effet à table et au lit. Au prix que tu la paies ta légitime ! »

Marcel Grobz se tapait les cuisses de rire.

Mais il restait marié avec Henriette. Il avait fini par la nommer présidente de son conseil d’administration. Bien obligé : sinon elle boudait. Et quand Henriette boudait, d’insupportable elle devenait détestable. Il avait donc cédé. Ils s’étaient mariés avec un contrat de séparation de biens et il avait rédigé une donation en son nom. Quand il mourrait, elle hériterait de tous ses biens. Il était fait aux pattes ! Plus elle le traitait mal, plus il lui était attaché. Il lui arrivait de se dire qu’il avait pris trop de baffes, petit, et qu’il y avait pris goût ; l’amour n’était pas une denrée faite pour lui. Ça lui allait bien, comme explication.

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