Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Je laissai sur la table les journaux et le café que j'avais commandé et descendis la Rambla vers les bureaux de Barrido & Escobillas. En chemin, je passai devant quatre ou cinq librairies qui affichaient toutes d'innombrables exemplaires du roman de Vidal. Dans aucune je ne trouvai un seul exemplaire du mien. Dans toutes, je reçus une réponse identique à celle du libraire de Catalonia.

— Écoutez, je ne sais pas ce qui a pu se passer, car je devais le recevoir avant-hier, mais l'éditeur dit que le stock est épuisé et qu'il ne sait pas quand il le réimprimera. Si vous voulez me laisser votre nom et votre téléphone, je peux vous prévenir si je le reçois… Vous avez demandé chez Catalonia ? S'ils ne l'ont pas non plus…

Les deux associés me reçurent d'un air funèbre et écœuré. Barrido, derrière sa table, caressait un stylo, et Escobillas, debout dans son dos, me fusillait du regard. La Poison se léchait les babines à l'avance, assise sur une chaise près de moi.

— Vous n'imaginez pas combien je suis désolé, mon cher Martín, expliquait Barrido. Le problème est le suivant : les libraires nous passent leurs commandes en se fondant sur les articles des journaux, ne me demandez pas pourquoi. Si vous allez à côté dans nos magasins, vous constaterez que trois mille exemplaires de votre roman y croupissent.

— Avec le coût et les pertes que cela implique, compléta Escobillas, d'un ton clairement hostile.

— Je suis passé dans vos magasins avant de venir ici et j'ai constaté qu'il y avait trois cents exemplaires. D'après le chef, vous n'en avez pas imprimé plus.

— C'est un mensonge ! proclama Escohillas.

Conciliateur, Barrido l'interrompit.

— Excusez mon associé, Martín. Comprenez que nous sommes aussi indignés que vous, voire plus, de la manière scandaleuse dont la presse locale a rendu compte d'un livre auquel nous sommes tous ici profondément attachés, mais je vous conjure de comprendre que, malgré notre foi enthousiaste en votre talent, nous nous trouvons en l'occurrence pieds et poings liés du fait de la confusion créée par ces comptes rendus malveillants. Pour autant, ne vous découragez pas : Rome ne s'est pas faite en un jour. Nous nous battons de toutes nos forces pour donner à votre œuvre le rayonnement que mérite votre talent littéraire, votre immense…

— Avec une édition à trois cents exemplaires !

Barrido soupira, peiné par mon refus de le croire.

— Le tirage était de cinq cents, précisa Escobillas. Barceló et Sempere en personne sont venus en prendre deux cents hier. Le reste sera distribué avec le prochain office, parce que des difficultés dues à l'accumulation des nouveautés nous ont empêchés de le faire tout de suite. Si vous vous donniez la peine de vous intéresser à nos problèmes au lieu de n'écouter que votre égoïsme, vous comprendriez parfaitement.

Incrédule, je les dévisageai tous les trois.

— Ne me dites pas que vous ne ferez rien de plus.

Barrido m'adressa un coup d'œil désolé.

— Et que voulez-vous que nous fassions, cher ami ? Nous nous plions en quatre pour vous. À vous de nous aider un peu.

— Si au moins vous aviez écrit un livre comme celui de votre ami Vidal ! lança Escobillas.

— Ça au moins, c'est un grand roman ! confirma Barrido. Même La Voz de la Industria est d'accord.

— Je savais que ça se passerait ainsi, poursuivit Escobillas. Vous êtes un ingrat.

Près de moi, la Poison m'observait d'un air compatissant. J'eus l'Impression qu'elle allait me prendre la main pour me consoler et je l'écartai rapidement. Barrido arbora son sourire huileux.

— C'est peut-être mieux ainsi, Martín. C'est peut-être un signe de Notre Seigneur qui, dans son infinie sagesse, veut vous montrer le chemin du retour au travail qui a procuré tant de bonheur à vos lecteurs de La Ville des maudits .

J'éclatai de rire. Barrido m'imita et, à ce signal, Escobillas et la Poison aussi. Je contemplai ce chœur de hyènes et songeai que, dans d'autres circonstances, ce moment m'aurait paru d'une exquise ironie.

— Je suis bien content que vous preniez la situation de façon si positive, proclama Barrido. Alors ? Quand aurons-nous la prochaine livraison d'Ignatius B. Samson ?

Trois visages emplis de sollicitude et d'espoir convergèrent sur moi. Je m'éclaircis la voix pour lui donner toute la netteté nécessaire et leur souris.

— Allez vous faire cuire un œuf.

18.

En sortant de là, j'errai au hasard pendant des heures dans les rues de Barcelone. J'avais du mal à respirer et un poids barrait ma poitrine. Une sueur froide couvrait mon front et mes mains. À la tombée de la nuit, ne sachant plus où me cacher, je pris la direction de chez moi. En passant devant la librairie Sempere & Fils, je constatai que le libraire avait rempli sa vitrine d'exemplaires de mon roman. Il était déjà tard et la boutique était fermée, mais de la lumière brillait à l'intérieur et, au moment où j'allais reprendre ma marche, je constatai que Sempere s'était aperçu de ma présence et me souriait avec une tristesse que je ne lui avais jamais vue depuis tant d'années que je le fréquentais. Il alla à la porte et m'ouvrit.

— Entre un instant, Martín.

— Une autre fois, monsieur Sempere.

— Fais-le pour moi.

Il me prit par le bras et m'entraîna à l'intérieur de la librairie. Je le suivis dans l'arrière-boutique et, là, il me désigna une chaise. Il remplit deux verres d'un liquide qui me parut plus épais que du goudron et me fit signe de le boire d'un coup. Il s'exécuta pareillement.

— J'ai feuilleté le livre de Vidal, dit-il.

— Le succès de la saison, complétai-je.

— Sait-il que c'est toi qui l'as écrit ?

Je haussai les épaules.

— Quelle importance ?

Sempere me lança le même regard que celui qu'il avait adressé au gamin de huit ans, un jour lointain où celui-ci s'était présenté chez lui tout meurtri et les dents cassées.

— Tu te sens bien, Martín ?

— Tout à fait.

Sempere hocha la tête, peu convaincu, et se leva pour saisir un ouvrage sur un rayon. Il s'agissait d'un exemplaire de mon roman. Il me le tendit en même temps qu'une plume et sourit.

— Sois assez aimable pour me le dédicacer.

Quand j'eus rédigé ma dédicace, Sempere reprit le livre et l'installa dans la vitrine d'honneur, derrière le comptoir, où il conservait des éditions princeps qui n'étaient pas en vente. C'était son sanctuaire particulier.

— Vous ne devriez pas faire ça, monsieur Sempere, murmurai-je.

— Je le fais parce que j'en ai envie et parce qu'il le mérite. Ce livre est un morceau de ton cœur, Martín. Et, en ce qui me concerne, du mien aussi. Je le place entre Le Père Goriot et L'Éducation sentimentale .

— C'est un sacrilège.

— Ne dis pas de bêtises. C'est un des meilleurs livres que j'aie vendus dans les dix dernières années, et j'en ai vendu beaucoup.

Les paroles aimables de Sempere ne parvinrent pas vraiment à entamer ce calme glacial et impénétrable qui m'envahissait. Je revins chez moi sans hâte, en faisant des détours. Arrivé dans la maison de la tour, je me servis un verre d'eau et, en le buvant dans l'obscurité de la cuisine, j'éclatai de nouveau de rire.

Le lendemain matin, je reçus deux visites de politesse. La première était celle de Pep. Il m'apportait un message de Vidal qui me convoquait à un déjeuner à la Maison dorée, sans doute le repas de fête qu'il m'avait promis quelque temps plus tôt. Pep semblait gêné et pressé de repartir. L'attitude complice qu'il prenait d'habitude avec moi s'était évaporée. Il ne voulut pas entrer et préféra rester sur le perron. Il me tendit le message écrit par Vidal sans oser me regarder en face et, dès que je lui eus confirmé que j'irais au rendez-vous, il fila sans un au revoir.

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