Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Je poursuivis mon voyage dans la mémoire du pauvre Manuel jusqu'au moment où j'arrivai à une page sur laquelle une photographie ne semblait pas s'accorder avec le reste. Elle représentait une fillette de huit ou neuf ans marchant sur une jetée en bois qui s'avançait dans une mer lisse et lumineuse. Elle tenait la main d'un adulte, un homme vêtu d'un costume blanc, dont le cadrage ne dévoilait que la moitié. Au bout de la jetée, on discernait un petit bateau à voiles et un horizon infini sur lequel le soleil se couchait. L'enfant, vue de dos, était Cristina.

— C'est celle que je préfère, murmura Cristina.

— Où a-t-elle été prise ?

— Je ne sais pas. Je ne me souviens ni du lieu ni du jour. Je ne suis pas sûre que cet homme soit mon père. C'est comme si ce moment n'avait jamais existé. Je l'ai trouvée voici des années dans l'album de mon père, et je n'ai jamais su ce qu'elle signifiait. C'est comme si elle voulait me révéler un secret.

Je continuai à feuilleter. De son côté, Cristina poursuivait son énumération.

— Celle-là, c'est moi à quatorze ans.

— Je sais.

Cristina me contempla avec tristesse.

— Je ne me rendais pas compte, n'est-ce pas ? demanda-t-elle.

Je haussai les épaules.

— Tu ne pourras jamais me pardonner.

Plutôt que de l'affronter, je préférai passer aux pages suivantes.

— Je n'ai rien à te pardonner.

— Regarde-moi, David.

Je fermai l'album et lui obéis.

— C'est faux, dit-elle. Bien sûr que je me rendais compte. Je me rendais compte tous les jours, mais je croyais que je n'avais pas le droit.

— Pourquoi ?

— Parce que nos vies ne nous appartiennent pas. Ni la mienne, ni celle de mon père, ni la tienne…

— Tout appartient à Vidal, objectai-je amèrement.

Lentement, elle me prit la main et la porta à ses lèvres.

— Non. Pas aujourd'hui, murmura-t-elle.

Je savais que j'allais la perdre dès que cette nuit serait passée, que la douleur et la solitude qui la dévoraient de l'intérieur iraient en s'amenuisant. Je savais qu'elle avait raison, non parce que ce qu'elle avait dit était vrai, mais parce que, au fond de nous-mêmes, tous les deux, nous le croyions, et qu'il en serait toujours ainsi. Nous nous cachâmes comme deux voleurs dans une des chambres sans oser prendre une bougie, sans même oser parler. Je la déshabillai lentement, parcourant sa peau de mes lèvres, conscient que je ne le referais plus jamais. Cristina se livra avec un mélange de rage et d'abandon, et quand nous fûmes vaincus par la fatigue, elle s'endormit dans mes bras sans que nous ayons besoin de prononcer un mot. Je résistai au sommeil en savourant la chaleur de son corps et en pensant que si demain la mort voulait venir à ma rencontre, je la recevrais en paix. Tandis que je caressais Cristina dans la pénombre, j'entendais à travers les murs l'orage s'éloigner de la ville, et je savais que j'allais la perdre mais que, pour quelques minutes, nous n'avions appartenu qu'à nous-mêmes et à personne d'autre.

Lorsque le premier souffle de l'aube effleura les fenêtres, j'ouvris les yeux et trouvai le lit déserté. J'allai dans la galerie. Cristina avait laissé l'album et emporté le roman de Vidal. Je parcourus la maison qui avait déjà l'odeur de son absence et éteignis une à une les bougies allumées la veille.

17.

Neuf semaines plus tard je me trouvais devant le numéro 17 de la place de Catalogne, où la librairie Catalonia avait ouvert ses portes deux années plus tôt, et je contemplais bouche bée une vitrine qui me parut immense, remplie d'exemplaires d'un roman ayant pour titre La Maison des cendres, par Pedro Vidal. Je souris intérieurement. Mon mentor était allé jusqu'à utiliser le titre que je lui avais suggéré jadis, quand je lui avais expliqué le début de l'histoire. Je me décidai à entrer et demandai un exemplaire. Je l'ouvris au hasard et commençai à relire des passages que je connaissais par cœur et que j'avais fini de polir à peine deux mois plus tôt. Je ne trouvai pas dans tout le livre un seul mot que je n'y avais mis moi-même, excepté la dédicace : « À Cristina Sagnier, sans qui… »

Lorsque je lui rendis l'ouvrage, l'employé me conseilla de ne pas hésiter.

— Il nous est arrivé il y a quelques jours et je viens de le terminer, ajouta-t-il. Un grand roman. Faites-moi confiance et prenez-le. Je sais que tous les journaux le portent déjà aux nues et que c'est presque toujours mauvais signe, mais, pour celui-là, l'exception confirme la règle. S'il ne vous plaît pas, vous me le rapporterez et je vous rembourserai.

— Merci, répondis-je, pour le conseil et surtout pour le reste. Mais moi aussi je l'ai lu.

— Dans cas, seriez-vous intéressé par autre chose ?

— Vous n'avez pas un roman intitulé Les Pas dans le ciel ?

Le libraire réfléchit quelques instants.

— Vous voulez parler du livre de Martín, n'est-ce pas, celui de La Ville… ?

J'acquiesçai.

— Je l'avais commandé, mais la maison d'édition ne nous a pas livrés. Laissez-moi vérifier.

Je le suivis vers un comptoir ou il consulta un collègue, qui hocha négativement la tête.

— Nous devions le recevoir hier, mais l'éditeur n'en a pas en stock. Je regrette. Si vous voulez, je vous en réserve un quand il arrivera…

— Ce n'est pas la peine. Je repasserai. Et merci beaucoup.

— Je suis désolé, monsieur. Je ne comprends pas ce qui s'est passé, parce que, comme je vous l'ai dit, je devrais l'avoir…

Au sortir de la librairie, je me dirigeai vers un kiosque situé à l'entrée de la Rambla. J'y achetai presque tous les journaux du jour, de La Vanguardia à La Voz de la Industria . Je m'assis au café Canaletas et me plongeai dans leur lecture. Tous publiaient un article sur le roman que j'avais écrit pour Vidal, en pleine page avec des gros titres et une photo de don Pedro méditatif et mystérieux dans un superbe costume neuf et fumant la pipe avec une nonchalance étudiée. Je commençai à lire les différents titres ainsi que le premier et le dernier paragraphe des articles.

Le premier compte rendu débutait ainsi : « La Maison des cendres est une œuvre achevée, riche et d'une grande élévation qui nous réconcilie avec ce que la littérature contemporaine peut offrir de meilleur. » Un autre journal informait le lecteur que « personne en Espagne n'écrit mieux que Pedro Vidal, notre romancier le plus confirmé et le plus respecté », et un troisième affirmait qu'il s'agissait « d'un roman capital, écrit de main de maître et d'une rare qualité ». Un quatrième glosait sur le succès international de Vidal et de son œuvre : « L'Europe s'incline devant le maître » (alors que le roman n'était paru en Espagne que depuis deux jours et que, même s'il devait être traduit, il lui faudrait au moins un an pour être publié dans un autre pays). L'article s'étendait longuement sur la vaste renommée de Vidal et l'immense respect que son nom suscitait chez « les plus célèbres experts du monde entier », bien qu'à ma connaissance aucun de ses livres n'eût jamais été traduit dans une langue quelconque, sauf un roman dont la traduction en français avait été financée par don Pedro lui-même et dont il s'était vendu cent vingt-six exemplaires. Ces miracles mis à part, la presse unanime proclamait qu'« un classique était né » et que le roman marquait « le retour d'un grand écrivain, la meilleure plume de notre temps : Vidal, un maître indiscutable ».

À la page suivante de quelques-uns de ces journaux, sur un espace plus modeste d'une ou deux colonnes, je trouvai également un compte rendu du roman d'un certain David Martín. Le plus favorable commençait ainsi : « Premier roman, d'une grande platitude de style, Les Pas dans le ciel , du jeune David Martín, révèle dès la première page l'absence de moyens et de talent de son auteur. » Un deuxième estimait que « le débutant Martín essayait d'imiter le maître Vidal sans y parvenir ». Le dernier que je fus capable de lire, publié dans La Voz de la Industria , était précédé d'un bref chapeau en caractères gras qui affirmait : « David Martín, un parfait inconnu, rédacteur de textes de réclames, nous surprend avec ce qui est probablement le pire début littéraire de l'année. »

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