Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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— N'enterrons pas encore le pauvre Manuel, don Pedro.

— Tu as raison, c'est un propos de mauvais goût. Excusemoi.

— Et votre roman, don Pedro ?

— En bonne voie. Cristina a emporté le manuscrit définitif à Puigcerdà pour le réviser et le mettre en forme pendant qu'elle s'occupe de son père.

— Je suis content de vous voir satisfait.

Vidal eut un sourire triomphant.

— Je crois que ce sera une réussite. Après tant de mois que je croyais perdus, j'ai relu les cinquante premières pages que Cristina a mises au propre, et je me suis surpris moi-même. Je pense que, toi aussi, tu seras surpris. Tu verras : j'ai encore quelques trucs à t'enseigner.

— Je n'en ai jamais douté, don Pedro.

Ce soir-là, Vidal buvait plus que d'ordinaire. Les années m'avaient appris à déchiffrer chez lui toute la panoplie de ses inquiétudes et de ses arrière-pensées, et je songeai que cette visite-là n'était pas de simple courtoisie. Quand il eut liquidé mes réserves d'anis, je lui servis une généreuse rasade de cognac et j'attendis.

— David, toi et moi n'avons jamais parlé de certaines choses…

— De football, par exemple.

— Je suis sérieux.

— Alors dites-moi, don Pedro.

Il me dévisagea longuement, en hésitant.

— J'ai toujours essayé d'être un bon ami pour toi, David. Tu le sais, n'est-ce pas ?

— Vous avez été beaucoup plus que cela, don Pedro. Je le sais, et vous le savez.

— Je me demande parfois si je n'aurais pas dû être plus honnête avec toi.

— À quel propos ?

Vidal noya son regard dans son verre de cognac.

— Il y a des choses que je ne t'ai jamais racontées, David. Des choses dont, peut-être, j'aurais dû te parler depuis des années…

Je laissai s'écouler un instant qui parut éternel. Quelle que soit la confidence que Vidal voulait me faire, il était clair que même tout le cognac du monde ne suffirait pas à la lui arracher.

— Ne vous inquiétez pas, don Pedro. Si ça a attendu des années, ça peut sûrement attendre jusqu'à demain.

— Demain, je n'aurai peut-être pas le courage de te le dire.

Je ne l'avais jamais vu aussi angoissé. Quelque chose lui étreignait le cœur et je commençais à me sentir gêné de le voir dans cet état.

— Nous allons nous mettre d'accord, don Pedro. Quand vous publierez votre livre et moi le mien, nous fêterons ça ensemble et vous me raconterez ce que vous avez à me raconter. Vous m'inviterez dans un de ces endroits chers et raffinés où l'on ne me laisse pas entrer sans vous, et vous me ferez toutes les confidences que vous voudrez. Entendu ?

La nuit venue, je l'accompagnai jusqu'au Paseo del Born, où Pep l'attendait à côté de l'Hispano-Suiza, vêtu de l'uniforme de Manuel qui, tout comme l'automobile elle-même, était cinq fois trop grand pour lui. La carrosserie était criblée de rayures et de traces de chocs visiblement récents qui faisaient peine à voir.

— Au petit trot, hein, Pep ? conseillai-je. Pas de galop. Lentement mais sûrement, comme si c'était un percheron.

— Oui, monsieur Martín. Lentement mais sûrement.

Au moment des adieux, Vidal me serra avec force dans ses bras et, quand il monta dans la voiture, il me parut porter le poids du monde entier sur les épaules.

16.

Quelques jours après que j'eus mis un point final aux deux romans, celui de Vidal et le mien, Pep se présenta chez moi sans prévenir. Il portait toujours l'uniforme hérité de Manuel qui lui donnait l'allure d'un gosse déguisé en maréchal. Je crus d'abord qu'il m'apportait un message de Vidal, ou peut-être de Cristina, mais son visage sombre trahissait une appréhension qui me fit écarter cette éventualité.

— Mauvaises nouvelles, monsieur Martín.

— Qu'est-il arrivé ?

— C'est M. Manuel.

Pendant qu'il me narrait le triste événement, sa voix se brisa et, lorsque je lui demandai s'il voulait un verre d'eau, ce fut tout juste s'il n'éclata pas en sanglots. Manuel Sagnier était mort trois jours plus tôt au sanatorium de Puigcerdà après une longue agonie. Sur décision de sa fille, il avait été enterré la veille dans un petit cimetière au pied des Pyrénées.

— Mon Dieu ! murmurai-je.

Au lieu d'eau, je servis à Pep un verre de cognac bien tassé et l'installai dans un fauteuil de la galerie. Quand il fut un peu calmé, Pep m'expliqua que Vidal l'avait envoyé chercher Cristina qui arrivait ce jour par le train de cinq heures.

— Imaginez dans quel état doit être Mlle Cristina…, murmura-t-il, terrifié devant la perspective d'être celui qui devrait l'accueillir et la consoler en la ramenant à l'appartement au-dessus des remises de la villa Helius où elle avait vécu avec son père depuis son enfance.

— Pep, à mon avis, ce n'est pas une bonne idée que ce soit toi qui accueilles Mlle Sagnier.

— Ce sont les ordres de don Pedro…

— Dis à don Pedro que j'en assume la responsabilité.

À force d'alcool et de rhétorique, je parvins à le convaincre de repartir en me confiant l'affaire. J'irais moi-même la recevoir et la conduirais à la villa Helius en taxi.

— Je vous remercie, monsieur Martín. Vous saurez beaucoup mieux que moi ce qu'il faut dire à la pauvre demoiselle.

À cinq heures moins le quart, je pris le chemin de la toute nouvelle gare de France. L'Exposition universelle de cette année-là avait semé des prodiges dans la ville entière, mais, entre tous, cette voûte d'acier et de verre évoquant une cathédrale était mon préféré, peut-être parce qu'elle se dressait à peu de distance de chez moi et que je pouvais l'admirer depuis le bureau de la tour. Cet après-midi-là, le ciel était chevauché par des nuages noirs qui montaient de la mer et s'amoncelaient au-dessus de la ville. L'écho des éclairs à l'horizon et un vent chaud chargé d'une odeur de poudre et d'électricité laissaient présager l'approche d'un orage d'été de grande envergure. Lorsque j'arrivai à la gare, les premières gouttes, brillantes et lourdes comme des pièces de monnaie, commençaient à tomber du ciel. Au moment où je me dirigeai vers le quai, la pluie frappait déjà avec force la verrière de la gare et la nuit tomba d'un coup, à peine interrompue par de brefs flamboiements qui éclataient sur la ville et laissaient une traînée de bruit et de fureur.

Le train entra en gare avec presque une heure de retard, serpent de vapeur rampant sous la tourmente. J'attendis devant la locomotive de voir Cristina apparaître parmi les voyageurs descendant des wagons. Dix minutes plus tard, tous les passagers étaient passés et toujours pas trace d'elle. Croyant qu'elle n'avait finalement pas pris ce train, j'étais sur le point de retourner chez moi quand je décidai de parcourir le quai jusqu'au bout en inspectant attentivement les fenêtres des compartiments. Je la trouvai dans l'avant-dernier wagon, la tête appuyée contre la vitre et le regard perdu dans le vague. Je montai et m'arrêtai sur le seuil de son compartiment. En entendant mes pas, elle se retourna et me contempla sans surprise avec un faible sourire. Elle se leva et m'embrassa en silence.

— Bienvenue, lui dis-je.

Cristina n'avait pour tout bagage qu'une petite valise. Je lui tendis la main et nous descendîmes sur le quai. Nous fîmes le trajet jusqu'au hall de la gare sans desserrer les lèvres. En parvenant à la sortie, nous marquâmes un arrêt. L'averse était très violente et la file de taxis stationnée devant les portes de la gare s'était évaporée.

— Je ne veux pas retourner à la villa Helius cette nuit, David. Pas encore.

— Tu peux venir chez moi si tu veux, ou nous pouvons te chercher une chambre dans un hôtel.

— Je ne veux pas rester seule.

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