Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Personne n'est au courant, mais il m'arrive de retourner encore sur ce quai d'où je vous ai vu partir à jamais et de m'y asseoir un moment, seule, à attendre, comme si je croyais que vous alliez revenir. Si vous le faisiez, vous constateriez qu'en dépit de tout ce qui s'est passé la librairie reste ouverte, que le terrain où s'élevait la maison de la tour est toujours vide, que tous les mensonges que l'on a racontés sur vous sont oubliés et que, dans ces rues, bien des gens ont l'âme tellement tachée de sang qu'ils n'osent même pas se souvenir et, quand ils le font, se mentent à eux-mêmes parce qu'ils ne peuvent pas se regarder dans la glace. À la librairie, nous continuons à vendre vos livres, mais sous le manteau, car ils ont été décrétés immoraux et le pays s'est rempli de plus de gens qui veulent détruire et brûler les livres que de gens qui veulent les lire. Nous vivons des temps terribles et il m'arrive souvent de croire que ceux qui viennent seront pires encore.

Mon mari et les médecins s'imaginent qu'ils me leurrent, mais je sais qu'il me reste peu de temps. Je sais que je mourrai bientôt et que, quand vous recevrez cette lettre, je ne serai déjà plus là. C'est pour cela que je voulais vous écrire, pour que vous sachiez que je n'ai pas peur, que mon unique souci est que je vais laisser un homme bon qui m'a donné une vie heureuse et mon Daniel seuls dans un monde qui, chaque jour davantage, me semble-t-il, est comme vous le disiez et non comme je croyais qu'il pouvait être.

Je voulais vous écrire pour que vous sachiez que, malgré tout, j'ai vécu, et que je vous suis reconnaissante pour le temps que j'ai passé ici, heureuse de vous avoir connu et d'avoir été votre amie. Je voulais vous écrire parce que j'aimerais que vous vous souveniez de moi et qu'un jour, s'il vous arrive de tenir à quelqu'un comme je tiens à mon petit Daniel, vous lui parli ez de moi et que, par vos paroles, vous me fassiez vivre pour toujours.

Je vous aime.

ISABELLA

Des jours après avoir reçu cette lettre, j'ai su que je n'étais pas seul sur cette plage. J'ai senti sa présence dans la brise de l'aube, mais je n'ai pas voulu ni pu recommencer à fuir. Cela s'est passé un après-midi où je m'étais assis pour écrire face à la fenêtre en attendant que le soleil plonge derrière l'horizon. J'ai entendu les pas sur les planches de bois qui forment la jetée et je l'ai vu.

Le patron, vêtu de blanc, marchait lentement sur la jetée et tenait à la main une petite fille de sept ou huit ans. J'ai tout de suite reconnu l'image, cette vieille photographie que Cristina avait gardée précieusement toute sa vie sans savoir d'où elle venait. Le patron est allé jusqu'au bout de la jetée et s'est agenouillé près de l'enfant. Tous deux ont contemplé le soleil qui se répandait sur l'océan dans une infinie lame d'or incandescent. Je suis sorti de la cabane et me suis avancé sur la jetée. Quand je suis arrivé à l'extrémité, le patron s'est retourné et m'a souri. Il n'y avait ni menace ni ressentiment sur son visage, à peine une ombre de mélancolie.

— Je vous ai regretté, mon ami. J'ai regretté nos conversations, y compris nos petites querelles.

— Vous êtes venu régler vos comptes ?

Le patron a souri et, lentement, a fait non de la tête.

— Nous commettons tous des erreurs, Martín. Moi le premier. Je vous ai volé ce qui vous était le plus cher au monde. Je ne l'ai pas fait pour vous blesser. Je l'ai fait par peur. Par peur qu'elle ne vous écarte de moi, de notre travail. Je me trompais. J'ai mis du temps à le reconnaître, mais s'il y a quelque chose dont je ne manque pas, c'est bien de temps.

Je l'ai observé attentivement. Le patron, tout comme moi, n'avait pas vieilli d'un seul jour.

— Pourquoi êtes-vous venu, alors ?

Le patron a haussé les épaules.

— Je suis venu vous faire mes adieux.

Son regard s'est concentré sur la petite fille qu'il tenait par la main et qui me dévisageait avec curiosité.

— Comment t'appelles-tu ? ai-je demandé.

— Elle s'appelle Cristina, a dit le patron.

Elle a acquiescé. J'ai senti mon sang se glacer. Ses traits étaient encore éloignés de ceux que je me rappelais, mais le regard était reconnaissable entre tous.

— Cristina, dis bonjour à mon ami David. À partir de maintenant, tu vas vivre avec lui.

J'ai échangé un coup d'œil muet avec le patron. L'enfant m'a tendu la main, comme si elle avait répété mille fois ce geste, et elle a ri en rougissant. Je me suis penché vers elle et l'ai serrée dans mes bras.

— Bonjour, a-t-elle chuchoté.

— Très bien, Cristina, a approuvé le patron. Et quoi d'autre encore ?

La petite fille s'est vite souvenue.

— On m'a dit que vous êtes un fabricant d'histoires et de contes.

— Et des meilleurs, a ajouté le patron.

— Vous en fabriquerez un pour moi ?

J'ai hésité quelques secondes. La petite fille, inquiète, a levé la tête vers le patron.

— Martín ? a-t-il murmuré.

— Bien sûr, ai-je finalement répondu. Je t'écrirai tous les contes que tu voudras.

La petite fille a souri et, se rapprochant de moi, m'a embrassé sur la joue.

— Pourquoi n'irais-tu pas sur la plage en attendant que j'aie fait mes adieux à mon ami, Cristina ? a demandé le patron.

Cristina s'est éloignée lentement en se retournant à chaque pas avec un sourire. Près de moi, le patron a chuchoté sa malédiction éternelle avec douceur :

— J'ai décidé de vous rendre ce que vous avez le plus aimé et que je vous ai volé. J'ai décidé que, pour une fois, vous chemineriez à ma place en éprouvant ce que j'éprouve, que vous ne vieilliriez pas d'un seul jour et que vous verriez Cristina grandir, que vous seriez de nouveau amoureux d'elle, que vous la verriez vieillir auprès de vous et, un jour, mourir dans vos bras. Tels sont mon cadeau et ma vengeance.

J'ai fermé les yeux, tout mon être se rebellant.

— C'est impossible. Elle ne sera jamais la même.

— Cela ne dépendra que de vous, Martín. Je vous livre une page en blanc. Cette histoire ne m'appartient plus.

J'ai entendu ses pas s'éloigner et, quand j'ai rouvert les yeux, le patron n'était plus là. Cristina, au pied de la jetée, m'observait attentivement. Je lui ai souri et elle est venue lentement vers moi, hésitante.

— Où est le monsieur ? a-t-elle demandé.

— Il est parti.

— Pour toujours ?

— Pour toujours.

Cristina a souri et s'est assise près de moi.

— J'ai rêvé que nous étions amis, a-t-elle dit.

J'ai confirmé.

— Nous sommes amis. Nous l'avons toujours été.

Elle a ri et m'a pris la main. Je lui ai montré, devant nous, le soleil qui s'enfonçait dans la mer, et Cristina l'a contemplé avec des larmes dans les yeux.

— Est-ce que, un jour, je m'en souviendrai ?

— Oui, un jour.

J'ai su alors que je consacrerais chaque minute vécue ensemble à la rendre heureuse, à réparer le mal que je lui avais infligé et à lui restituer ce que je n'avais jamais su lui donner. Ces pages seraient notre mémoire jusqu'à ce que son dernier souffle s'éteigne dans mes bras et que je l'accompagne jusqu'à la haute mer, là où se brise le courant, afin de m'y perdre pour toujours avec elle et pouvoir enfin fuir en un lieu où jamais le ciel ni l'enfer ne pourront jamais nous trouver.

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