Carlos Zafón - Le jeu de l'ange
Здесь есть возможность читать онлайн «Carlos Zafón - Le jeu de l'ange» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Le jeu de l'ange
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Le jeu de l'ange: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le jeu de l'ange»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Le jeu de l'ange — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le jeu de l'ange», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Épilogue
1945
Quinze longues années se sont écoulées depuis cette nuit qui me vit m'enfuir pour toujours de la ville des maudits. Longtemps, mon existence a été faite d'absences, sans autre nom ni personnalité que ceux d'un étranger de passage. J'ai eu cent noms et autant de métiers, aucun n'étant jamais le mien.
J'ai disparu dans des villes immenses et des bourgades si petites que personne n'y avait ni passé ni futur. Nulle part je ne me suis arrêté plus que le nécessaire. Très vite, je fuyais de nouveau, sans prévenir, laissant tout juste quelques vieux livres et des vêtements de seconde main dans des chambres lugubres où le temps était sans pitié et le souvenir brûlait. Je n'ai pas eu d'autre mémoire que l'incertitude. Les années m'ont appris à vivre dans le corps d'un inconnu qui ne savait pas s'il avait commis les crimes dont il pouvait encore sentir l'odeur sur ses mains, s'il avait perdu la raison et était condamné à errer dans le monde en flammes qu'il avait rêvé en échange d'une fortune et de la promesse de duper une mort qui lui paraissait maintenant la plus douce de toutes les récompenses. Bien des fois, je me suis demandé si la balle tirée par l'inspecteur Victor Grandes sur mon cœur avait traversé toutes les pages de ce livre, et si c'était moi qui étais mort dans cette cabine suspendue en plein ciel.
Dans mes années de pérégrinations, j'ai vu l'enfer promis dans les pages que j'avais écrites pour le patron prendre vie à mon passage. Mille fois j'ai fui mon ombre, épiant sans cesse derrière moi, espérant toujours la trouver au coin de la rue, sur le trottoir d'en face ou au pied de mon lit dans les heures interminables précédant l'aube. Je n'ai jamais permis à quiconque de me connaître assez longtemps pour me demander pourquoi je ne vieillissais jamais, pourquoi mon visage ne se creusait pas de rides, pourquoi mon reflet était le même que cette nuit où j'avais laissé Isabella sur le quai de Barcelone, pas plus vieux d'une minute.
Un temps est venu où j'ai cru avoir épuisé tous les lieux les plus reculés du monde. J'étais si las d'avoir peur, de vivre et de mourir de souvenirs, que je me suis arrêté là où finissait la terre et commençait un océan qui, comme moi, renaît au jour chaque matin semblable au précédent, et je m'y suis laissé choir.
Aujourd'hui, cela fait un an que je suis arrivé ici et que j'ai repris mon nom et mon métier. J'ai acheté cette vieille cabane sur la plage, à peine un abri que je partage avec les livres laissés par l'ancien propriétaire et une machine à écrire dont j'aime à croire qu'elle ressemble à celle sur laquelle j'ai écrit des centaines de pages dont je ne saurai jamais si quelqu'un se souvient. De ma fenêtre, je vois une petite jetée en bois qui avance dans la mer et, amarré au bout, le bateau compris dans le prix de la maison et sur lequel je vais parfois naviguer jusqu'aux récifs où se brisent les vagues, là où l'on perd la côte de vue.
Je n'avais plus jamais écrit jusqu'à mon arrivée ici. La première fois que j'ai glissé une feuille dans la machine et posé les mains sur le clavier, j'ai eu peur d'être incapable de rédiger une ligne. J'ai écrit le début de cette histoire pendant ma première nuit dans la cabane de la plage. J'ai écrit jusqu'au petit matin, comme je le faisais des années auparavant, sans savoir encore pour qui j'écrivais. Durant le jour, je marchais sur la plage ou m'asseyais sur la jetée de bois en face de la cabane – une passerelle entre le ciel et la mer –, pour lire les tas de vieux journaux que j'avais trouvés dans une armoire. Leurs pages racontaient des histoires de la guerre, du monde en flammes que j'avais rêvé pour le patron.
En lisant ces chroniques sur la guerre en Espagne, puis en Europe et dans le inonde, j'ai décidé que je n'avais désormais plus rien à perdre et que tout ce que je désirais était de savoir si Isabella allait bien et si, avec un peu de chance, elle se souvenait encore de moi. Ou peut-être voulais-je simplement savoir si elle était toujours vivante. J'ai écrit cette lettre adressée à la vieille librairie Sempere & Fils, rue Santa Ana à Barcelone, qui mettrait des semaines ou des mois à arriver, si jamais elle finissait par arriver. Sur le dos de l'enveloppe, j'ai signé Mr Rochester, sachant que si la lettre parvenait dans les mains d'Isabella, elle devinerait qui en était l'expéditeur et, si elle préférait ne pas l'ouvrir, elle pourrait m'oublier pour toujours.
Des mois durant, j'ai continué d'écrire cette histoire. J'ai revu le visage de mon père, j'ai parcouru de nouveau la rédaction de La Voz de la Industria , rêvant d'égaler un jour le grand Pedro Vidal. J'ai revécu ma première rencontre avec Cristina Sagnier et suis revenu dans la maison de la tour pour me plonger dans cette démence qui avait consumé Diego Marlasca. J'écrivais de minuit à l'aube sans me reposer, et je me sentais vivant pour la première fois depuis que j'avais fui la ville.
La lettre est arrivée un jour de juin. Le facteur avait glissé l'enveloppe sous la porte pendant mon sommeil. Elle était adressée à Mr Rochester et, au dos, on lisait simplement Librairie Sempere & Fils, Barcelone. Pendant plusieurs minutes, j'ai tourné en rond dans la cabane sans oser l'ouvrir. Finalement, je suis sorti et me suis assis au bord de la mer pour la lire. Elle contenait une feuille et une seconde enveloppe, plus petite. Cette seconde enveloppe, défraîchie, portait simplement mon nom, David, d'une écriture que je n'avais pas oubliée en dépit de toutes les années où je l'avais perdue de vue.
Sur la feuille, Sempere junior me racontait qu'Isabella et lui, après plusieurs années de fiançailles tourmentées et interrompues, s'étaient mariés le 18 janvier 1935 à l'église Santa Ana. Contre tout pronostic, le mariage avait été célébré par le curé nonagénaire qui avait prononcé l'homélie à l'enterrement de M. Sempere et qui, malgré toutes les tentatives et tous les efforts de l'évêché, ne voulait toujours pas mourir et continuait d'agir à sa guise. Un an plus tard, Isabella avait mis au monde un garçon qui portait le nom de Daniel Sempere. Les années terribles de la guerre civile avaient apporté avec elles toutes sortes d'épreuves et, peu après la fin du conflit, dans cette paix noire et maudite qui devait déverser son poison pour toujours sur la Terre et dans le ciel, Isabella avait contracté le choléra et était morte dans les bras de son mari, dans l'appartement qu'ils partageaient au-dessus de la librairie. Elle avait été enterrée à Montjuïc le jour du quatrième anniversaire de Daniel, sous une pluie qui avait duré deux jours et deux nuits, et quand l'enfant avait demandé à son père si le ciel pleurait, celui-ci était resté sans voix pour lui répondre.
L'enveloppe qui portait mon nom contenait une lettre qu'Isabella m'avait écrite aux derniers jours de sa vie et qu'elle avait fait jurer à son époux de m'expédier s'il arrivait un jour à savoir où j'étais.
Cher David,
Il me semble parfois que j'ai commencé à vous écrire cette lettre il y a des années et que je n'ai pas encore été capable de la terminer. Beaucoup de temps a passé depuis que nous nous sommes vus pour la dernière fois, bien des choses terribles et misérables aussi, et pourtant pas un jour ne s'écoule sans que je me souvienne de vous et me demande où vous êtes, si vous avez trouvé la paix, si vous écrivez, si vous êtes devenu un vieux grincheux, si vous êtes tombé amoureux ou si vous vous souvenez de nous, de la petite librairie Sempere & Fils et de la pire secrétaire que vous ayez jamais eue.
Je crains que vous ne soyez parti sans m'avoir appris à écrire et je ne sais par où commencer pour transformer en mots tout ce que je voudrais vous dire. J'aimerais que vous sachiez que j'ai été heureuse, que grâce à vous j'ai rencontré un homme que j'ai aimé et qui m'a aimée, et que nous avons eu ensemble un enfant, Daniel, auquel je parle toujours de vous et qui a donné à ma vie un sens que tous les livres du monde n'auraient pu donner, ni même un peu expliquer.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Le jeu de l'ange»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le jeu de l'ange» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Le jeu de l'ange» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.