Jean-Claude Mourlevat - Terrienne

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Terrienne: краткое содержание, описание и аннотация

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Cette nuit-là, il se réveilla vers quatre heures trente, comme souvent, et il sut qu’il ne retrouverait pas le sommeil de sitôt. Sans allumer sa lampe de chevet, il tendit le bras vers son radio-réveil et pressa la touche on . Une voix monocorde rompit le silence de la chambre :

– monte sur le trône en 1509, après la mort de son frère. Il est vraisemblable que le jeune roi était tombé amoureux de Catherine, qui était pourtant bien plus âgée que lui, n’est-ce pas. Une chose est certaine, c’est que le père de Catherine, le roi d’Aragon Ferdinand II, ambitionnait de contrôler l’Angleterre à travers elle, n’est-ce pas, et c’est la raison pour laquelle il appuya son remariage avec…

« Idéal pour m’endormir très vite, se dit Virgil, espérons qu’il va parler comme ça longtemps. Dommage seulement qu’il répète sans arrêt “n’est-ce pas”, c’est bien un universitaire celui-là… » Il se concentra sur la voix afin de ne pas céder à ses démons nocturnes : où en suis-je de ma vie ? À quoi suis-je encore bon ? Ai-je seulement été bon à quelque chose un jour ?

en tout cas, poursuivit l’historien, celui-ci fut célébré neuf semaines après son accession au trône, n’est-ce pas, le 11 juin 1509 à Greenwich, en dépit des inquiétudes du pape Jules II et de William Warham, l’archevêque de Canterbury, qui doutaient…

Dix minutes plus tard, Virgil sombrait lentement, et il se serait sans doute endormi sans le léger crachotement qui perturba le monologue :

de fait, chacun des deux souverains kch-ch-ch-ch… sa faveur, comme le montra de façon très spectac… kch-ch-ch… n’est-ce pas… kch-ch-ch-ch…

C’était très inhabituel. La réception était en principe excellente. Il tendit le bras et fit tourner très légèrement le bouton de recherche des stations, mais sans succès. Au contraire, la voix s’altéra jusqu’à devenir presque inaudible. Il allait renoncer et arrêter la radio quand il lui sembla distinguer une autre source sonore qui se mêlait à la première. Une voix.

Il tendit l’oreille. Du discours de l’historien, il ne percevait plus rien, à présent, sinon un chuintement confus :

Krsch-rch-rch… arb… krsh… de tel… krrrsch-sch-sch… n’est-ce pas…

Finalement, il y eut un silence parfait qui dura quelques secondes, puis une voix chuchotée, si faible qu’il se demanda s’il la rêvait, prononça ces mots :

Vous m’entendez, monsieur Virgil ? C’est Anne. Anne Collodi.

Dans sa vie, il avait connu des moments de grande peur, et cette sensation d’être pétrifié. Là, ce fut autre chose : il fut comme vidé de son sang.

Vous m’entendez, monsieur ? C’est Anne.

Il se fit violence pour parvenir à bouger, se redressa à demi, se pencha sur sa table de nuit, buta contre elle, renversa son verre d’eau, sa lampe et il colla son oreille au récepteur.

Je ne sais pas si vous m’entendez… j’ai besoin de vous… je suis…

Son cœur battait si fort qu’il l’empêcha d’entendre la suite. Il poussa le volume au maximum, plaqua de nouveau son oreille. Le récepteur émit un souffle puissant et continu, comme le vent dans les arbres, et au tréfonds de ce souffle, la voix :

Je suis…

– Où êtes-vous ? demanda-t-il comme si elle pouvait l’entendre.

Je suis à… gare centrale… besoin de…

– Parlez plus fort !

très atten… dange… resp…

Le vent se calma, la voix se perdit et l’appareil se remit à grésiller :

peu enclin… ksch-sch… idées réformatrices allemandes, n’est-ce pas… krrrsch-sch…

Il jura, prit la radio à deux mains, actionna les boutons au hasard, pesta, perdit la station, la retrouva :

de l’influence de Rome… ksch… se substituer au pape dans la direction des affaires de l’Église d’Angleterre, n’est-ce pas…

Il tâtonna au pied du lit, retrouva sa lampe, l’alluma, éteignit la radio.

Il resta une heure peut-être, les yeux fixés au plafond de sa chambre, puis il se leva avec calme et lenteur. Il ôta son pyjama, enfila ses vêtements de la veille, qui étaient posés sur le dos d’une chaise, ouvrit l’armoire et descendit de la plus haute étagère un sac de voyage en cuir. Il y mit un pantalon de rechange, deux chemises, un pullover, des sous-vêtements, sa radio, une boîte de boules Quies, un cahier, des stylos, enfin tout ce qu’il avait l’habitude d’emporter quand il s’en allait pour quelques jours.

Il fit une toilette de chat dans la salle de bains et ajouta la trousse au contenu du sac. Dans la cuisine, il se prépara un café noir. Il se força à avaler deux tartines beurrées. Avant de sortir, il attrapa encore sa veste suspendue au porte-manteau.

La Peugeot n’était pas dans le garage trop encombré, mais garée dans la rue, juste devant la maison. Quand il la démarra, une fumée grise jaillit du pot d’échappement. Il ferait la vidange dès son retour, se dit-il.

La nuit était limpide. La lune éclairait les grands peupliers d’Italie qui bordent la Loire. Il gagna la D8 en quelques minutes et roula vers l’ouest, en direction de Montbrison. Il dépassa Sury-le-Comtal, laissa sur sa gauche le pic de Saint-Romain en haut duquel le prieuré se détachait avec précision. Il ne croisa pas une seule voiture jusqu’au panneau indiquant « Campagne 3,5 ». Il ne s’étonna pas de le trouver. Il ralentit et s’engagea lentement sur la petite route. De chaque côté, les phares de la Peugeot faisaient briller les herbes hautes, immobiles sous la rosée du petit matin.

Au bout d’une centaine de mètres, il nota que la température avait fraîchi. Il boutonna sa veste d’une main et poussa le chauffage.

Étienne Virgil savait qu’il était en train de faire une chose tout à fait déraisonnable. Pendant l’heure passée à réfléchir en fixant le plafond de sa chambre, une tempête de force 8 s’était déchaînée dans son cerveau bouleversé.

« Depuis quarante ans, s’était-il dit, j’écris des romans, des fictions, et pour les écrire je fais semblant d’y croire. J’ai gagné ma vie, petitement, mais je l’ai gagnée, à inventer des histoires parfaitement invraisemblable : j’ai réveillé des morts, j’ai inventé des créatures mi-hommes mi-bêtes, j’ai fait léviter des personnes humaines, j’ai ouvert des portes sur d’autres mondes, des mondes qui n’existent pas.

Et ces folies m’ont nourri. Vraiment nourri, je veux dire : elles ont mis de la vraie nourriture dans mon assiette et dans celle de mes enfants.

Sauf que je n’y crois pas, bon sang, à ces histoires ! Je n’y crois pas !

Je suis un homme rationnel, même si je m’amuse parfois à prétendre le contraire. Je m’entends encore dans l’interview avec ce journaliste, le mois dernier :

– Étienne Virgil, dans votre dernier roman, vous exploitez une fois de plus la veine fantastique…

– Oh, fantastique, vous savez… Rien n’est fantastique, ou plutôt tout l’est. Est-ce qu’il n’est pas absolument fantastique que nous soyons là, vous et moi, à bavarder, tout de suite ? Le simple fait que nous existions est fantastique, non ? Le simple fait qu’il existe quelque chose plutôt que rien l’est aussi. Ce que j’invente dans mes fictions ne l’est pas davantage…

Oui, je m’entends encore le dire, mais je n’y crois pas, bien sûr ! C’est un jeu de paroles, un jeu d’interview, un simple jeu.

Et voilà que la porte de “l’ailleurs” s’entrouvre. Cette fille, Anne Collodi, ce village qui n’existe pas, cette voix dans la nuit… « Est-ce que je serais en train de perdre la tête ? »

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