Jean-Claude Mourlevat - Terrienne

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Terrienne: краткое содержание, описание и аннотация

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– Je voudrais te demander quelque chose.

– Quoi ?

– Eh bien, si parfois ça tourne mal avec Jens, je voudrais que tu me préviennes. Je te promets de ne pas te dire : « Je te l’avais bien dit. » Tu le feras ?

– D’accord. Enfin, je ne le ferai pas puisqu’il n’arrivera rien.

Nous nous sommes embrassées et séparées sur le trottoir.

– Maintenant que tu en as parlé, je suis sûre que tu seras débarrassée de ce cauchemar, a-t-elle conclu.

Elle se trompait. J’ai dû l’affronter le soir même, plus violent que jamais. Malgré ma panique, j’ai résisté à l’envie de me réveiller, je me suis forcée à regarder jusqu’au bout, pour en savoir plus, pour connaître l’avant et l’après de cette scène. Mais tout ce que j’ai réussi à voir, c’est autre chose : le « méchant » n’était plus Jens. C’était un autre homme, inconnu. Il était grand et athlétique, il faisait penser à de l’acier. Même Keane n’y a rien fait. J’ai eu froid toute la nuit.

Le mariage a eu lieu le samedi 22 septembre à la mairie de Saint-Just. Quand ma sœur a dit oui dans la petite salle bourrée de monde et très joyeuse, je me suis mordu les lèvres et j’ai laissé échapper un gémissement que personne n’a entendu. Ensuite, nous sommes tous partis pour rejoindre un gîte que Jens et Gabrielle avaient loué dans le Pilat. On a klaxonné en traversant tous les villages, comme il se doit, ce truc idiot qui agace quand on est étranger au mariage, mais qu’on est content de faire quand on en fait partie.

Les deux familles étaient bien différentes. De notre côté, il y avait ce mélange hétéroclite et habituel de cousins, de cousines, d’oncles et de tantes venus de partout. Il y avait nos trois grands-parents restants, même mémé Chiara sur son fauteuil.

Du côté de Jens, rien de tout ça. Il n’avait de famille que sa mère, mais elle était malade et « trop faible pour faire le voyage de Bordeaux ». Il était donc venu avec des amis, rien que des hommes, une dizaine, et qui lui ressemblaient tous. Même âge que lui ou plus jeunes, même aisance, mêmes vêtements bien coupés, coûteux et chics. Tous dansaient étonnamment bien. Slow, rock, valse, tango, tous les genres leur convenaient. Ils déployaient souplesse et énergie, ils étaient infatigables et nous faisaient tourner sur la piste jusqu’au vertige. Parfois, quand je m’asseyais pour boire quelque chose ou bavarder avec mes cousins, je prenais le temps de les regarder et j’imaginais qu’ils étaient des invités de location, je veux dire des gens payés pour ça, des professionnels en quelque sorte.

Il était impossible d’entrer vraiment en conversation avec aucun d’entre eux. Ils se dérobaient aussitôt. J’ai tenté ma chance auprès de celui qui était le plus proche de moi en âge, un garçon vraiment mignon avec sa coiffure en pétard et sa chemise blanche ouverte sur le torse. Je me rappelle avoir été impressionnée par sa peau parfaite, une peau dorée et satinée, sans marque d’aucune sorte, ni cicatrices, ni taches. Je me rappelle aussi son sourire qui m’a semblé plus naturel que celui des autres, plus vrai.

– Tu es un ami de Jens ?

– De Jens ?

Il a eu cette hésitation, comme s’il n’avait jamais entendu ce nom-là, puis il s’est repris :

– Oui, bien sûr ! Et toi, tu es la sœur de Gabrielle ! Tu danses ?

C’était un rock. Je ne suis pas très douée d’ordinaire, mais là, avec lui, je me suis déchaînée. Il me faisait tourner, sauter, glisser. Il me rattrapait à pleins bras ou bien juste du bout des phalanges. J’avais l’impression d’être une autre fille, légère, très à l’aise et qui aurait eu le rythme dans la peau. Il m’a laissée tout étourdie, sous les applaudissements de mes cousins bluffés.

– Tu t’appelles comment ?

– Comment je m’appelle ? Ah, oui… Bran. Je m’appelle Bran.

Déjà il invitait une autre fille.

Nous nous sommes reparlé beaucoup plus tard dans la soirée, sur la terrasse. On avait improvisé un jeu stupide avec les cousins et ça riait très fort. Lui était adossé à la balustrade, les mains dans les poches, sans sa bande, et il nous regardait avec amusement. Quand tout le monde est rentré, je suis passée la dernière devant lui et il m’a interceptée.

– Pas trop secouée, tout à l’heure ?

– Non, ça va.

C’est amusant, le jeu de la séduction. Il y a une seconde précise où l’on sait que l’autre s’intéresse à vous. On se trahit sur un regard, une attitude, une inflexion de la voix. Et là, sur la terrasse de ce gîte, à la seconde précise où il m’a demandé si je n’avais pas été « trop secouée », j’ai su qu’il s’intéressait à moi. Il y avait cette évidence. Et moi aussi je m’intéressais à lui. Seulement, je sortais d’une aventure amoureuse assez compliquée et je n’avais aucune envie de me refourrer la tête dans le sac aussi vite.

Il m’a demandé mon prénom. J’ai dit que je m’appelais Anne. Il a hoché la tête en souriant.

Anne, ma sœur Anne … C’est joli.

Ça m’a plu de voir qu’il connaissait La Barbe bleue , ce n’est pas si commun pour un jeune de son âge.

Ensuite nous avons rejoint les autres et chacun de nous deux s’est replongé dans sa fête. Mais chaque fois que nos regards se croisaient, au hasard des jeux, des danses, il flottait entre nous ce petit air de regret, cet air qui dit : « Dommage… » Lui savait déjà l’impossibilité d’aller plus loin ensemble, moi j’attendrais un an avant de la comprendre.

Au bout de la nuit, il n’y avait plus que des moins de quarante ans dans le gîte. Jens et Gabrielle sont partis pour aller dormir dans un lieu tenu secret. Je les ai suivis sur le parking. Ma sœur tenait dans une main sa robe de mariée qu’elle avait ôtée pour danser, et dans l’autre ses chaussures qui lui faisaient mal. Elle portait le petit ensemble gris perle qui lui allait si bien. La nuit était douce, on entendait un ruisseau, un chien aboyait dans la ferme voisine. Jens attendait déjà dans la voiture, le coude à la portière.

– Tu viens ? lui a-t-il dit.

Elle a répondu qu’elle arrivait, elle m’a embrassée et elle s’est éloignée de quelques pas. Puis elle s’est arrêtée, s’est retournée, et elle a fait une chose inattendue : elle a lâché tout ce qu’elle tenait, son sac à main, sa robe, ses chaussures. Tout est tombé au sol et elle a couru vers moi. Elle m’a prise dans ses bras. La fatigue, les émotions de la journée, nous avons pleuré toutes les deux. Il était cinq heures du matin.

Le lendemain, nous n’avons pas pu la joindre, ni sur son portable ni sur son fixe. En fin d’après-midi, nous sommes retournés au gîte du Pilat. Il était fermé, vide, propre et désert, comme s’il n’y avait pas eu de fête la veille en cet endroit. Il ne restait que les traces des pneus sur le gravier du parking et sur l’herbe du pré voisin où de nombreuses voitures avaient stationné. Mes parents ont patienté jusqu’au lendemain matin, c’est-à-dire le lundi, avant d’alerter la police. Notre fille a disparu. Depuis quand ? Depuis hier matin, après la fête de mariage. Oh monsieur, c’est beaucoup trop tôt pour lancer des recherches, ils sont majeurs, ils auront fait une petite escapade en amoureux, repassez dans deux jours si elle n’a pas donné de nouvelles.

Ils y sont retournés deux jours plus tard. Notre fille n’est pas revenue.

– Bien, asseyez-vous, je vais prendre votre déposition.

Ma sœur a disparu. Je cherche ma sœur. Je l’ai dit comme cela au vieux monsieur qui m’a prise deux fois en auto-stop, et c’est la vérité. Un drôle de type avec un air de chien battu et des cheveux gris qui atteignent presque ses épaules. Mais très gentil. Je lui posais des questions que je n’aurais jamais osé poser avant, des questions très personnelles. Ça sortait de moi sans que je prenne le temps de me demander si j’en avais le droit. Et le plus curieux, c’est qu’il y répondait volontiers. Je crois même que ça lui plaisait. J’aurais pu aller beaucoup plus loin. J’allais lui demander s’il avait des enfants et lequel il préférait, quand on est arrivés au croisement.

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