Jean-Claude Mourlevat - Terrienne
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- Название:Terrienne
- Автор:
- Издательство:Gallimard Jeunesse
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:EPUB9782075018470
- Рейтинг книги:4.67 / 5. Голосов: 3
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– Elle s’appelait Madeleine.
Il se demanda pourquoi il commettait cette folie de continuer à répondre à cette inconnue. « Peut-être parce qu’elle ne me regarde pas, pensa-t-il, parce qu’elle pose ses questions sans aucune gêne, et aussi parce que tout ça semble un peu irréel, à vrai dire. »
– Madeleine, c’est joli, reprit-elle. C’est ancien, mais c’est joli.
– Vous trouvez ?
– Oui. En fait, je crois que j’aurais dit la même chose pour n’importe quel autre prénom : qu’il était joli. Il y a des moments, comme ça.
Virgil se troubla. Cette jeune fille avait une façon originale de raisonner. Il eut envie qu’elle l’interroge encore. Il eut peur qu’elle s’arrête.
– C’est bien, écrivain, reprit-elle. Moi, je ne fais rien d’intéressant. Je vends des chaises.
– Ah, fit-il, presque déçu qu’elle parle d’elle maintenant, et non plus de lui. Des chaises ?
– Oui. Et je cherche ma sœur.
– Pardon ?
– Je cherche ma sœur.
Il ne sut que répondre et, pour la première fois depuis que la jeune fille était dans sa voiture, il se demanda si en réalité elle n’avait pas un grain, comme on dit. Si ce qu’il avait pris pour une marque d’intelligence et un charme singulier n’était pas finalement une légère déficience mentale. Ce scarabée dans sa main, cette histoire de chaises, cette indiscrétion, ces coq-à-l’âne… Elle ne lui laissa pas le temps de s’interroger davantage.
– Qu’allez-vous faire à Montbrison ?
– J’ai rendez-vous chez mon dentiste. J’y vais tous les vendredis matin à la même heure, depuis deux mois. Et j’ai toujours aussi peur.
– Peur de quoi ?
– Qu’il me fasse mal.
– Mais les dentistes ne font pas mal.
– On voit que vous êtes jeune. Quand j’étais petit, ils faisaient mal, avec leur roulette. La roulette, c’est la fraise en réalité, mais on disait la roulette. Rien que le bruit, ça vous vrillait les nerfs. Et puis, c’est à cause de mon frère.
– De votre frère ?
– Oui, mon frère aîné. La première fois que je suis allé me faire soigner les dents, je devais avoir dix ans, il m’a dit que la dentiste était une ancienne SS et qu’on la surnommait la chienne de Buchenwald. Ça m’a terrorisé.
Elle sourit et secoua la tête. Il y eut un silence, puis elle reprit :
– Est-ce que dans vos romans, il vous arrive de parler du secret des gens ?
Le changement brutal de sujet ne l’étonna qu’à moitié cette fois-ci.
– Oui, oui, balbutia-il, bien sûr… C’est exactement ça. En fait, je ne parle que de ça, du secret des gens. C’est mon unique sujet.
– Ah. Et des disparitions ?
– Des disparitions ?
– Oui, des personnes qui disparaissent et qu’on ne revoit plus jamais.
– Il m’est arrivé de parler de personnes qui se cherchent longtemps, oui, et qui finissent par…
– Non, le coupa-t-elle, je veux dire des personnes qui disparaissent, comme si elles étaient tombées dans un trou.
– Non, dit-il, pas ça.
– Est-ce que…
Il s’attendit à une autre question indiscrète. Il l’espéra. Peut-être voudrait-elle savoir s’il avait des enfants, combien, leurs noms, s’il les aimait, s’il y en avait un qu’il préférait parmi les autres, et il aurait accepté de le dire. Mais ce n’était pas ça.
– Est-ce que vous pourriez me laisser là, au croisement ?
– Ah, je pensais que vous alliez jusqu’à Montbrison comme moi.
– Non, je vais à Campagne.
– Campagne ?
– Oui. C’est là. On y est.
Il mit son clignotant à droite et s’arrêta à quelques mètres du modeste panneau qui indiquait en effet : « Campagne 3,5 ».
La bruine s’était transformée en pluie fine et légère, comme vaporisée. On n’y voyait pas loin. La route, étroite et rectiligne, s’en allait à angle droit dans le vert profond de la prairie, où il se perdait. On aurait dit un dessin. Le talus et le fossé étaient encombrés d’herbes hautes.
– Il pleut, je ne vais pas vous laisser là.
– Si. Ne vous en faites pas. Je vous remercie.
– Ça ne me dérange pas. Je suis largement en avance à mon rendez-vous.
– Non, je préfère que vous me laissiez ici.
– Vraiment ?
– Vraiment. J’ai une capuche.
Elle fit glisser avec délicatesse le scarabée dans la poche droite de sa veste, attrapa son sac de voyage et descendit.
– Au revoir, monsieur. Merci beaucoup.
– Au revoir, mademoiselle.
Il la vit rabattre la capuche sur sa tête et s’engager sur la route. Il remit la radio en marche et continua.
Pendant toute la consultation, qu’il passa les deux mains crispées sur les accoudoirs de son siège, Virgil ne pensa pas une seconde à la jeune fille prise en auto-stop, mais lorsqu’il refit la route en sens inverse, moins d’une heure plus tard, il se la rappela et tâcha, par simple jeu, de retrouver le croisement où il l’avait laissée. Il ne le retrouva pas.
Campagne… Ce nom-là ne lui disait rien. Arrivé à la hauteur de Saint-Romain-le-Puy, il vit le prieuré sur son cône de basalte et se souvint d’être passé là avec la jeune fille à son bord. Il faillit faire demi-tour pour rouler dans le même sens qu’à l’aller et mieux repérer le fameux croisement. Il y renonça et rentra chez lui, dans sa maison de brique en bord de Loire.
La jeune fille ne quittait pas ses pensées. Elle lui avait parlé avec une familiarité déconcertante, et cependant sans une once d’effronterie. Il avait accepté d’elle des questions indiscrètes, comme on les accepte d’un petit enfant qui vous demande si vous allez mourir bientôt ou pourquoi vous avez un gros bouton, là. On ne lui en veut pas. Au contraire, on est attendri par sa candeur.
Il passa l’après-midi à essayer de travailler sur son PC, cadeau d’anniversaire de ses enfants à l’occasion de ses soixante-dix ans. Le bel ordinateur tout neuf l’avait contraint à remiser au grenier la vieille Remington sur le clavier de laquelle il avait tapé quatorze romans. Avec quatre doigts : les deux index et les deux majeurs. Le Saut de l’ange était le quinzième, écrit sur le PC tout neuf, et il était mauvais.
Il n’avança en rien, s’agaça et trouva cent raisons de s’interrompre : ranger son bureau, rassembler les feuilles mortes du jardin, fendre des planchettes pour en faire du petit bois. Mais vers dix-sept heures, sans l’avoir prémédité, il déplia sur son bureau la carte IGN numéro 50, abaissa sa lampe dessus et chercha le lieu-dit Campagne.
Au nord de la D8, en direction de Montbrison et en partant de Saint-Romain-le-Puy, il repéra plusieurs localités situées à trois kilomètres au minimum et cinq au maximum de la départementale. Elles s’appelaient La Vue, Les Bichaizons, Curraize, Le Bruchet, Garambaud… Il ne vit pas de Campagne.
Le lundi matin, il se rendit au Bricomarché de Saint-Cyprien pour quelques achats sans importance et, après les avoir expédiés, il continua sur la D8. Il roula jusqu’au rond-point de Montbrison. Il fit demi-tour, revint jusqu’à Saint-Romain-le-Puy et rebroussa chemin afin de parcourir une fois de plus les quelques kilomètres. Il réduisit tellement sa vitesse que plusieurs voitures klaxonnèrent. Mais, une fois revenu au rond-point, il se retrouva aussi bête qu’avant : la route de Campagne avait disparu.
Alors, il rangea sa voiture sur le côté, coupa le moteur et resta ainsi, dans le silence, une dizaine de minutes, parfaitement immobile, les mains sur le volant, à contempler les petites taches de rouille qui marquaient son âge dessus.
« J’ai dû mal entendre, songeait-il. Ou bien elle aura inventé un patelin qui n’existe pas. Seulement, il y a un détail très ennuyeux : j’ai vu le panneau. Je l’ai vu de mes yeux. Et j’ai vu cette jeune fille s’éloigner sur la route. »
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