Jean-Claude Mourlevat - Terrienne
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- Название:Terrienne
- Автор:
- Издательство:Gallimard Jeunesse
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:EPUB9782075018470
- Рейтинг книги:4.67 / 5. Голосов: 3
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J’en suis restée éberluée.
– Mais… mais, vous respirez bien, vous ?
– Non, je ne respire pas. Personne ici.
Et comme pour en faire la démonstration, elle s’est tue et figée. Je l’ai mieux observée et l’immobilité parfaite de tout le haut de son corps m’est apparue. C’était à la fois glaçant et beau. Aucune palpitation des narines, aucun frémissement d’aucune sorte. Son buste évoquait celui d’une statue de pierre.
– Voilà, a-t-elle conclu. Je vous laisse. Soyez prudente. Vous ne rencontrerez pas beaucoup de personnes comme moi.
– Attendez ! Pourquoi faites-vous ça ?
– Je ne sais pas.
Elle s’est tournée pour repartir, puis elle s’est ravisée.
– Est-ce que je peux vous demander quelque chose, en échange ?
– Oui, bien sûr.
Elle est revenue vers moi, saisie d’une timidité inattendue, et elle a levé une main hésitante.
– Je peux ?
Comme je ne savais pas ce qu’elle comptait faire, je n’ai pas réagi. Alors elle a appliqué la paume de sa main droite sur le haut de ma poitrine, le gras de son pouce s’est logé dans la petite cavité de mon cou.
– Allez-y… Respirez…
J’ai inspiré puis expiré quatre ou cinq fois, posément, profondément, comme on fait chez le médecin. Je sentais la pression de sa main sur moi, et mes poumons qui la repoussaient à chaque respiration.
– Encore un peu, s’il vous plaît…
J’ai continué. Le visage impassible de Mme Stormiwell était maintenant traversé par des vagues d’émotion. Ses lèvres tremblaient. Ses yeux se sont fermés.
– Encore un peu.
J’ai continué.
– Merci, mademoiselle.
Elle a ôté sa main, lentement. Je croyais qu’elle allait se contenter de ça, mais non.
– S’il vous plaît, soufflez. Montrez-moi comme vous faites.
J’ai soufflé devant moi. Elle a mis le dos de sa main dans la petite colonne d’air et fait bouger ses doigts dedans.
– Dans mes cheveux, s’il vous plaît. Ensuite, je vous laisserai.
Elle a baissé la tête et attendu. Je n’ai pas pu faire autrement que souffler dans ses cheveux courts qui ne bougèrent presque pas. J’ai recommencé plusieurs fois, avec délicatesse.
Cette fois elle n’a pas remercié, mais l’expression de ses yeux valait mieux que des remerciements.
– C’est pour ça que je le fais, a-t-elle seulement dit, et elle s’en est allée.
J’ai mis du temps à me remettre de cette visite déroutante. Un mot prononcé par Mme Stormiwell m’avait heurtée. Elle avait dit d’abord que je serais « prise », bon, mais ensuite elle avait parlé de ma probable « capture », que je ne pourrais sans doute que retarder. Capture, pour moi, ça concerne les animaux, comme ces deux autres mots qui m’étaient venus au cours de la scène avec Jens, dans le restaurant de Saint-Étienne : chasseur, gibier.
J’avais faim. J’ai imaginé d’aller dîner en bas, mais on m’aurait remarquée aussitôt. Je manquais de l’entraînement nécessaire pour cacher ma provenance. Et, pour dire la vérité, c’était la première fois que je me trouvais seule dans un hôtel, comme une adulte. Il m’était arrivé d’y aller avec mes parents sur la route des vacances en Bretagne. Nous faisions étape à Tours, je crois. Gabrielle et moi adorions ça quand nous étions petites. Une chambre d’hôtel ! Le restaurant ! Le buffet du restaurant ! Qu’est-ce qu’on a le droit de prendre, papa ? Tout, mes filles, tout ce que vous voulez, faites juste en sorte de ne pas vous rendre malades. Nous étions tellement fières de notre liberté et de la confiance qu’il nous faisait, qu’au bout du compte nous prenions un repas plus que raisonnable. Je revois Gabrielle choisir une assiette de carottes râpées !
J’avais faim. Rien ne coûtait rien selon Mme Stormiwell, alors j’ai eu le culot d’appeler la réception, comme dans les films.
– Je suis la chambre 527. Est-ce que vous servez des repas dans les chambres ?
L’employé avait la même voix que Mme Stormiwell, sans rondeur, comme reconstituée.
– Bien sûr, mademoiselle. Que désirez-vous ?
C’était tellement simple que ça m’a prise au dépourvu.
– Oh, je ne sais pas. Apportez-moi le plat du jour, s’il y en a un.
– Le plat de quoi…?
– Le plat du… Non, excusez-moi, apportez-moi ce que vous voulez, avec un dessert.
– Oui. Et comme boisson ?
– De l’eau.
Moins d’un quart d’heure plus tard, on a frappé à la porte. Je l’ai entrouverte, je me suis réfugiée dans la salle de bains d’où j’ai crié d’entrer. J’ai entendu rouler le chariot dans le couloir, et l’employé m’a souhaité bon appétit avant de repartir.
Je me suis installée devant la baie vitrée et j’ai dîné en regardant la ville. Les lumières étaient devenues plus intenses avec l’avancée de la nuit.
Je ne sais pas ce que j’ai mangé, mais c’était parfaitement insipide. Cela se présentait sous la forme d’une brique, mi-gâteau mi-fromage, empaquetée dans un film transparent. J’en ai coupé des tranches avec le couteau et je les ai avalées en buvant mon eau « rapide ». Il y avait aussi un cube compact, tout blanc, qui fondait dans la bouche, sans doute le dessert. Je n’ai pas réussi à identifier le parfum. Peut-être une idée de réglisse. Ou peut-être pas. Peut-être que je l’imaginais seulement.
L’eau du robinet de la salle de bains était la même que celle que j’avais bue, vive et légère. J’ai enfilé le peignoir suspendu derrière la porte, je suis revenue dans la chambre et, assise sur le lit, je me suis résolue à faire ce que je n’avais pas osé depuis mon arrivée : essayer mon téléphone portable.
Mon pouce a fait glisser l’écran. Il s’est éclairé d’une pitoyable lumière agonisante malgré la batterie chargée et s’est éteint presque aussitôt. J’ai essayé de nouveau. Cette fois, l’appareil n’a donné aucun signe de vie. Je m’en doutais : en passant, on laisse derrière soi le monde d’où l’on vient, complètement. J’avais l’impression de tenir un jouet d’enfant dans ma main, l’imitation d’un vrai téléphone. La rupture du lien avec les miens m’a projetée en quelques secondes dans un état de solitude jamais éprouvé jusqu’alors. Les larmes m’en sont venues aux yeux. Si Mme Stormiwell avait été de service, je crois que je l’aurais appelée pour entendre une voix, n’importe laquelle. J’ai fermé le portable et je l’ai jeté au fond de mon sac.
Dehors, la ville était paisible. Beaucoup de lumières s’étaient éteintes. Je me suis endormie en écoutant le bruit familier que faisait l’air dans ma gorge, son sifflement dans mes narines. En éprouvant la tiédeur de mon souffle sur ma main.
Avant de descendre, le lendemain matin, je me suis placée, tout habillée, devant le miroir de la salle de bains et je me suis posé cette question objective : est-ce qu’on peut deviner que je respire ? La réponse était oui. Même en suivant les recommandations de Mme Stormiwell, inspirer par le nez et garder la bouche fermée, j’étais trahie par le mouvement régulier de mon thorax et celui des épaules. Je me suis souvenue d’une technique apprise au cours d’un stage de théâtre, la respiration par le ventre. Il suffit de bien relâcher le haut du corps, et de laisser l’abdomen se gonfler. J’ai essayé. C’était beaucoup mieux, il me manquait juste un vêtement plus ample que mon pull et ma veste.
Je me suis répété mentalement les consignes de survie : ne pas éternuer, ne pas se moucher, ne pas tousser, ne pas courir. Cela faisait beaucoup. Sans oublier celle qui serait peut-être la plus difficile à observer : ne pas rire.
Ainsi prête à affronter ce nouveau monde, je suis sortie de ma chambre.
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