Jean-Claude Mourlevat - Terrienne
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- Название:Terrienne
- Автор:
- Издательство:Gallimard Jeunesse
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:EPUB9782075018470
- Рейтинг книги:4.67 / 5. Голосов: 3
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Il s’était dit tout cela, Étienne Virgil. Il s’était dit aussi qu’il ne pouvait pas abandonner à son sort cette jeune personne qui l’appelait au secours.
Puis il s’était levé, habillé, il avait bu son café et il était parti.
À présent, il roulait au ralenti sur cette étroite route bordée d’herbes hautes. Il évoluait comme dans un rêve dont on aurait réglé parfaitement la netteté de l’image et du son, ajusté les reliefs et la densité, jusqu’à lui donner l’apparence hallucinante de la réalité. Un rêve dont la durée n’aurait pas été distordue comme dans les vrais rêves, mais serait au contraire restée constante et réaliste.
Il en éprouvait à la fois la terreur et l’émerveillement.
4
Le premier passage
d’Anne Collodi
Les gens d’ici ne respirent pas. Je n’emploie pas ce mot au sens figuré, qui laisserait penser qu’ils courent sans cesse et partout sans prendre le temps de s’arrêter ni de souffler. Non, je veux dire qu’ils ne font pas entrer d’oxygène dans leur bouche ni dans leurs narines comme nous, les êtres humains, et comme tous les vertébrés. Ils n’inspirent pas, leurs poumons ne se gonflent pas, ils n’expirent pas ensuite pour rejeter le dioxyde de carbone. Leur poitrine est plate, presque creuse. Ils ne respirent pas.
C’est la chose la plus importante à savoir. J’ai eu de la chance. Je l’ai apprise de Mme Stormiwell, qui est une des réceptionnistes de l’hôtel Légende, le soir de mon premier passage, voilà tout juste deux semaines.
J’avais marché sans m’arrêter depuis le croisement. Le modeste panneau « Campagne 3,5 » annonçait un hameau, au mieux un village, mais plus j’avançais et plus il fallait me rendre à l’évidence : il s’agissait d’une ville, et même d’une grande ville. La petite route goudronnée s’est élargie et transformée en chaussée de verre, noire et lisse. Des maisons ont surgi des deux côtés, toutes semblables, sobres et sans élégance. J’ai regardé derrière moi et j’ai vu qu’il ne restait rien de la campagne que j’avais traversée. Le paysage avait été comme avalé et remplacé par un autre. Peu à peu, les maisons ont laissé la place à des immeubles de verre et de métal. Un bus silencieux m’a doublée. Il flottait à un mètre environ au-dessus du sol. Il n’avait pas de chauffeur. Les têtes des passagers se sont tournées vers moi en un joli mouvement synchronisé. Un homme m’a souri.
Au premier carrefour, j’ai vu cette indication sur ma droite : « Hôtel Légende 500 mètres ». La nuit tombait. Je m’y suis dirigée.
Sans Mme Stormiwell, je me serais trahie à peine arrivée. Elle m’a démasquée dès qu’elle m’a vue traverser le hall, mon sac de voyage à la main, et m’avancer vers elle. Ses yeux ont glissé une fraction de seconde sur ma bouche et sur ma poitrine, elle a regardé à droite et à gauche pour s’assurer qu’elle seule avait remarqué, puis elle a murmuré, presque sans bouger les lèvres, avant même que je lui adresse la parole :
– Taisez-vous. Voici votre clé. Vous êtes à la chambre 527, au cinquième étage. Prenez l’ascenseur qui est ici et attendez-moi là-haut. Je viendrai vous voir. Ne parlez à personne. Ne vous montrez pas.
– Pourquoi est-ce que je ne dois pas…?
– Taisez-vous. Prenez l’ascenseur.
Elle est la première personne de « là-bas » que j’ai entendue parler. Le timbre métallique de sa voix et son débit un peu saccadé m’ont surprise. Elle m’a rappelé, en femme, mon oncle Jean, de Roanne, qui a été opéré du larynx.
Elle s’est détournée de moi. J’ai obéi et je suis montée.
Tout de la chambre 527 m’a plu : la poignée de la porte, agréable au toucher et silencieuse, les draps du lit, très doux et propres, la lumière apaisante qui s’est déclenchée toute seule à mon entrée, les blancs et les mauves tendres du papier peint, le bureau et la chaise design. Des chaises comme ça, ils ne connaissent pas à 4 Pieds . L’ensemble avait une apparence de luxe qui m’a inquiétée : est-ce que je pourrais payer la nuit ? Je n’avais même pas eu le temps de demander ce qu’elle me coûterait. J’ai tiré le cordon du rideau et il s’est ouvert dans un froissement d’étoffe sur la grande baie vitrée.
La ville est apparue, géométrique.
Des immeubles de huit ou dix étages à perte de vue, la plupart éclairés. Une seule tour, au loin, qui montait haut dans le ciel nocturne. Des voitures ovales et des bus qui flottaient au-dessus des avenues et des échangeurs, sans jamais s’arrêter.
J’ai bu un verre d’eau de la bouteille en verre qui était sur la table basse. Cette eau ne ressemblait pas à l’eau de chez nous. Elle m’a paru plus légère, plus « rapide », je ne sais pas si on peut dire ça d’une eau, mais je ne trouve rien d’autre.
J’ai ôté mes chaussures, je me suis assise sur le lit, j’ai écouté un peu de musique sur mon iPod, puis je m’en suis lassée et j’ai attendu en silence l’arrivée de Mme Stormiwell. Elle n’est venue qu’au bout d’une heure, sans doute à la fin de son service. J’avais faim. Je pensais à Gabrielle. Est-ce qu’elle était descendue dans cet hôtel, elle aussi, le jour de son passage avec Jens ?
Est-ce qu’elle s’était défendue ? Révoltée ? Ou bien est-ce qu’elle était déjà ensorcelée au point d’accepter tout ce qui venait de lui ?
En tout cas, après plus d’un an de vide absolu et d’absence de tout indice, voilà que je venais de briser le mur. Je n’avais pas encore retrouvé la trace de ma sœur, bien sûr, mais j’étais de ce côté du monde où cela devenait possible.
Mme Stormiwell a frappé à ma porte. Quand je lui ai ouvert, elle s’est coulée à l’intérieur comme quelqu’un qui ne veut pas être vu. Nous sommes restées debout dans le couloir, à l’entrée de la salle de bains. C’était une personne plus petite que moi, portant les cheveux courts, massive dans son uniforme sombre, les yeux légèrement exorbités, mais il y avait de la bienveillance dans son regard.
– Vous venez de « là-bas », mademoiselle, de « l’autre côté » ?
– Oui.
– Si vous voulez éviter les ennuis, il ne faut pas montrer que vous respirez.
– Pardon ?
– Votre poitrine qui se soulève, votre bouche qui s’entrouvre, le bruit que vous faites…
– Je ne comprends pas.
Elle a levé les yeux au ciel.
– Je ne sais pas pourquoi vous êtes ici, et je ne veux pas le savoir. Je n’aurais pas dû vous accepter à l’hôtel. Je me suis mise en faute. Mais vous ne ferez pas long feu si vous continuez comme ça. Vous serez prise.
– Prise ? Par qui ?
Elle a secoué la tête.
– Vous savez à quoi vous me faites penser ? Pour vous aider à comprendre, je vais utiliser une image de chez vous, de votre monde. Vous me faites penser à un poussin qui serait entré dans la cage des serpents et qui se demanderait : « Où est le problème ? ».
Pour faire le poussin, elle a pris une petite voix qui m’a autant amusée qu’effrayée.
– Venez, lui ai-je dit. Venez vous asseoir et expliquez-moi, madame… j’ai déchiffré son nom sur le badge accroché à son uniforme, madame Stormiwell.
– Non, je n’ai pas le temps. Ni le droit. Je voulais seulement vous faire quelques recommandations, pour retarder un peu votre capture. D’abord, évitez autant que possible de parler. Votre timbre de voix vous trahit. Évitez aussi de demander ce que vous devez. Ici, rien ne coûte rien. Nous n’avons pas de… comment appelez-vous ça déjà ?
– D’argent ?
– Oui, d’argent. Et surtout écoutez bien ceci : respirez, puisque vous ne pouvez pas faire autrement, mais ne le montrez pas ! Inspirez par le nez. Gardez la bouche fermée. Portez des vêtements amples qui cacheront le mouvement de votre poitrine quand vos poumons se gonflent. N’éternuez pas. Ne vous mouchez pas. Ne toussez pas. Ne riez pas. Ne vous essoufflez jamais. Ne courez pas. Évitez de vous approcher des gens. De là où je suis, je sens que vous respirez et je me trouve à plus d’un mètre de vous.
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