Jean-Claude Mourlevat - Le chagrin du roi mort

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— Comment ça se fait ? Tu es sur le Continent depuis si longtemps ?

— Oui, je crois.

— Depuis combien de temps ?

— Depuis…

Il essaya visiblement de compter le nombre d’années mais il n’y arriva pas, et il s’y prit autrement :

— Depuis… la guerre.

— Depuis la guerre ? Tu étais soldat dans l’armée de Guerolf ?

— Oui.

— Tu as fait le siège de la capitale ?

— Oui. Enfin non… Je… c’était fini quand j’y suis arrivé…

— Et tu n’es pas rentré au pays ?

— Non.

— Tu étais prisonnier ?

— Non.

— Tu sais depuis combien de temps elle est finie, la guerre ?

— Non.

— Elle est finie depuis sept ans.

— Sept ans…, murmura le jeune homme, et il siffla doucement entre ses dents, l’air impressionné.

Le Chauve se rappela ces histoires de soldats blessés à la tête, traumatisés ou devenus fous, qui étaient restés sur le Continent, après la débâcle. La plupart erraient comme des fantômes, ignorant la langue, ne sachant plus où ils étaient ni d’où ils venaient, tout juste capables de dire leur nom. Les enfants, avec leur cruauté, les harcelaient et leur lançaient des boules de neige ou même des pierres au cri d e fetsatl fetsatl Les adultes montraient davantage de compassion, mais ils les chassaient tout de même, comme ces chiens divagants auxquels on jette un morceau de pain pour s’en débarrasser. On les appelait les « soldats perdus ». Celui-ci en faisait peut-être partie. Il eut pitié.

— Tu m’as dit que tu avais cherché une personne ?

— Oui.

— Tu l’as cherchée pendant sept ans ?

— Oui.

— Et tu ne l’as pas trouvée ?

— Non.

— C’était quel genre de personne ?

— Une personne.

Le capitaine sourit. Il avait l’impression de parler à un enfant, mais un enfant qui, au lieu de dire des choses farfelues pour s’amuser, les aurait faites. Ils se turent un moment, puis ce fut le jeune homme qui reprit, d’une voix hésitante :

— Je peux vous poser une question ?

— Je t’en prie.

— Est-ce vrai que Guerolf a été tué pendant la guerre ?

Le capitaine secoua la tête, incrédule.

— Ça alors ! Tu fais l’idiot, j’espère.

— Non.

— Bien sûr qu’il a été tué, tout le monde sait ça. Il s’est jeté dans la bataille quand tout était perdu, juste avec son épée, pour être bien sûr de ne pas en réchapper. Ce genre de type trop fier, qui ne peut pas survivre à la défaite. Un exalté. Ça n’a étonné personne, en tout cas pas moi.

— Et… son fils ?

— Quoi, son fils ?

— Il avait un fils… comment on dit… d’adoption.

— Ah oui, tu as raison, un fils adoptif. Mais il est revenu, le fils, et il est resté avec sa mère, je crois, enfin avec sa mère adoptive.

— La Louve ?

— Oh, mais tu en sais des choses, finalement ! Oui, la Louve, c’est ça. Ils vivent reclus dans leur repaire, là-bas, sur Grande Terre. Il paraît que c’est complètement délabré et qu’il n’y a plus grand monde pour aller les voir. La gloire et le succès, c’est comme le commerce, ça va ça vient…

Le jeune homme resta pensif un instant, puis il continua :

— Et… sur Petite Terre, vous y allez, parfois ?

— Ça m’arrive. Je suis de là-bas, comme toi. Tu veux des nouvelles de ce qui s’y est passé depuis que tu en es parti, c’est ça ?

Il sembla au capitaine que le jeune homme tressaillait.

— Oui, dites-moi.

— Eh bien, c’est facile. Le régime de Guerolf s’est effondré avec lui. De héros il est devenu maudit. Sa bande a quitté Petite Terre qui a retrouvé son indépendance. On est revenu dix ans en arrière. C’est beau, non ? Ça te fait plaisir ?

— Oui. Je le savais déjà, mais ça me fait plaisir.

— Tu le savais ?

— Je l’ai entendu dire, sur le Continent, mais je n’étais pas sûr que ce soit vrai.

— C’est vrai. Seulement il n’y a pas de nouveau roi. C’est une époque révolue, les rois. Il n’y en aura jamais plus. Le dernier, c’était ce bon Holund… J’ai l’impression que ça date d’un siècle.

— Je l’ai vu, Holund, l’interrompit le jeune homme. J’ai vu son corps sur la place. J’avais dix ans.

— Ça alors ! Tu y étais ?

— Oui. Avec mon frère jumeau.

— Ah bon. Moi aussi, j’y étais. Et je l’ai vu, le roi, sur son lit de pierre ! Je me souviens, il faisait un froid de canard, on a piétiné des heures. Il neigeait. Peut-être qu’on s’est rencontré là-bas, tous les deux !

— Peut-être. Vous dites qu’il n’y a plus de roi ?

— Non. Maintenant, il y a une assemblée et un président.

— Vous savez comment il s’appelle, le président ?

— Oui, c’est le même depuis sept ans. Il s’appelle Ketil.

Pour la première fois de la conversation, un léger sourire éclaira le visage du jeune homme.

— Qu’est-ce qui t’amuse ? demanda le Chauve. Tu le connais, ce Ketil ?

— C’est mon oncle.

— Ah, c’est ton oncle ! Eh bien, tu sauras qu’il est apprécié, là-bas.

Le Chauve hésita avant de continuer, mais sa curiosité était piquée maintenant.

— Tu as dit que tu étais sur la Grand-Place avec ton frère, pour les funérailles du roi ?

— Oui.

— Et qu’est-ce qu’il est devenu ton frère ?

— Mon frère… il… je ne sais pas.

Le Chauve hocha doucement la tête, presque certain d’avoir percé le secret de son étrange passager.

— Il était parti avec toi à la guerre, ton frère ?

— Oui.

— Et tu l’as perdu là-bas, hein ? C’est lui que tu as cherché, pendant sept ans, c’est ça ? Tu as cherché ton frère…

— Oh, non… non… pas mon frère, non… je cherchais… une jeune femme.

Dérouté, Haarinen se demanda à nouveau si le jeune homme avait toute sa tête. Il laissa un temps avant de poursuivre :

— Et… tes parents ? Tu as tes parents sur Petite Terre ?

— Oui.

— Et tu leur as donné des nouvelles pendant tout ce temps ? Ils savaient où tu étais ?

Le jeune homme se tut. Le ciel était devenu presque sombre. Le bateau tanguait doucement. Le pont était désert.

— Tu leur as donné des nouvelles ? répéta le Chauve.

Le jeune homme restait muet, et quand le capitaine se tourna vers lui, il vit que son visage se contractait et tremblotait comme celui de quelqu’un qui lutte contre l’émotion.

— Excuse-moi. Ça ne me regarde pas après tout… J’imagine que tu as fait de ton mieux, hein ? Allez, je te laisse. Bonne nuit.

Il se préparait à partir quand la voix douloureuse et à peine audible du jeune homme le retint.

— Vous croyez qu’ils me pardonneront ?

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Mes parents, vous croyez qu’ils me pardonneront de ne pas leur avoir donné de nouvelles ?

— Je ne sais pas.

— Vous pardonneriez, vous ?

Le capitaine prit le temps de réfléchir, puis il soupira.

— Difficile à dire. Je n’ai pas d’enfants. Mais si j’en avais un, il me semble… il me semble que oui. Je serais sans doute heureux de le revoir et je lui pardonnerais. Allez, bonne nuit, cette fois !

Le jeune homme attendit, seul sur le pont, que la nuit vienne, puis il regagna pour y dormir le coin de cale où il avait pris ses habitudes. Il s’adossa à un sac de grain et resta longtemps ainsi, immobile, les yeux grands ouverts dans l’obscurité. Le roulis, le battement de l’eau contre la coque, le passage furtif des rats, rien ne le détourna de ses pensées. Elles allaient bien sûr à Petite Terre, qu’il allait revoir, mais elles le ramenaient sans cesse, comme une obsession, à un autre lieu : un château qu’il imaginait délabré et glacial, quelque part sur Grande Terre, et à ses habitants : une femme blonde d’âge mûr et un jeune homme, qui l’auraient hanté, comme deux fantômes tristes et oubliés de tous.

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