Jean-Claude Mourlevat - Le chagrin du roi mort
Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Claude Mourlevat - Le chagrin du roi mort» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. ISBN: , Издательство: Gallimard Jeunesse, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Le chagrin du roi mort
- Автор:
- Издательство:Gallimard Jeunesse
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:9782070623877
- Рейтинг книги:4.33 / 5. Голосов: 3
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Le chagrin du roi mort: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le chagrin du roi mort»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Le chagrin du roi mort — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le chagrin du roi mort», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Et ton île est si petite que tu m’entendras ! Au pire, si tu ne viens pas, je demanderai où tu habites et, au lieu de te retrouver au bout de trois minutes, je devrai en patienter cinq !
Rien n’a pu me retenir, même pas ma mère dont j’étais le dernier enfant.
Ton île est jolie sous la neige, Aleks, et vraiment petite en effet. Où qu’on se trouve sur elle, on fait dix mètres et on voit la mer, quinze et on tombe dedans ! Ta mère est une personne très douce et rassurante. Ton père est beau comme toi. Quand ils ont compris que j’étais ton amie, ils m’ont considérée comme une apparition céleste. Ils m’ont prise dans leurs bras. En me caressant, c’est comme s’ils te caressaient, toi. Je suis devenue plus que leur fille. Ils ont écouté patiemment mon charabia, tu sais comment je m’y prends, je parle avec les mains et les pieds, tout est bon ! Je leur ai raconté comment on s’est enfui, tous les deux, et comment tu as été repris. Quand je leur ai montré le carnet et qu’ils ont reconnu ton écriture, nous avons pleuré dessus tous les trois.
Je suis restée quatre jours. J’ai dormi dans ta chambre, j’ai vu le petit lit de ton frère Brisco. Ils ne l’ont pas enlevé. Quand je suis repartie, je leur ai laissé mon adresse adress meyit, tu te souviens… Ils m’ont promis qu’ils m’écriraient si parfois tu revenais. Nous avons joué à croire que tu pouvais encore revenir. Mais pourquoi reviendrais-tu maintenant ? Tous ceux qui ne sont pas morts sont revenus… Pire : tous ceux qui ne sont pas revenus sont morts.
Ton île est belle, Aleks. Elle a juste un défaut : tu n’es pas dessus… Tu n’es pas là-bas et tu n’es pas ici. Tu n’es plus nulle part. Tu veux que je te dise ce que je crois ? Tu veux que je te le dise vraiment ? Eh bien, je crois qu’ils t’ont mis contre le mur, qu’ils t’ont bandé les yeux si tu l’as demandé, et qu’ils t’ont fusillé. Je crois que tu es mort. Et je suis très en colère.
Ne crois pas une seconde que j’accepte tes excuses à ce sujet. Je te déteste d’être mort ! Tu vas me le payer cher ! Je prendrai dès mon retour le premier garçon qui me tournera autour. J’aurai le choix. Il y en a des dizaines et ils te valent bien ! Et ils sont vivants, eux ! Le premier venu, je te dis, et je me marierai avec lui. Sans la moindre hésitation ni le moindre remords. Je lui ferai des enfants. Autant qu’il en voudra. Je me donne six mois pour t’oublier ! Même pas, quatre !
Non, pardonne-moi, je mens, ce n’est pas vrai.
Je ne suis pas en colère, je me fais seulement croire que je le suis pour que ça me tienne debout. La colère occupe l’esprit et empêche de sombrer.
En réalité, je suis triste, Aleks…
Rien ni personne ne pourra jamais me consoler de toi. Je ferai semblant, bien entendu. Je me forcerai. Je cacherai ma peine. Ça ne se verra presque pas. Mais je garderai ta blessure, silencieuse et profonde, toute ma vie.
Quand je serai une très vieille dame, je prendrai sur mes genoux ma petite-fille ou mon arrière-petite-fille, et je lui dirai mon secret, à l’oreille, en lui faisant promettre de le garder pour elle jusqu’à ce qu’elle soit vieille à son tour : j’ai aimé ton grand-père bien sûr, ne va pas croire le contraire, mais mon grand amour, c’était un petit fetsat de dix-huit ans, il s’appelait Aleks. Il a été le grand amour de ma vie, le premier et le dernier… Pourquoi tu ne t’es pas mariée avec lui, grand-mère, si tu l’aimais tellement ? Parce qu’on me l’a tué, ma petite-fille, on me l’a tué… Je suis triste, mon tendre petit ennemi… mon bel amour de froid et de neige… tellement triste de t’avoir perdu… triste jusqu’au fond de l’âme.
15
SOUS LA PIERRE
Fenris, qui était resté longtemps préservé de la guerre, en avait connu, à peine incorporé, les deux épisodes les plus terribles : la déroute contre les cosaques et la retraite.
Guerolf, son père, était mort, et dans le flot des soldats en débâcle, il n’était soudain plus le fils de personne. Il s’ajouta à leur nombre, sans dire qui il était, et il éprouva dans cet anonymat une sorte de soulagement. Il s’était battu contre les cosaques, bien sûr, sous les murs de la capitale, il n’avait pas reculé d’un pas, il avait fait par sa bravoure l’admiration de ses camarades de combat, mais cela ne lui suffisait pas. Il partagea avec eux la souffrance commune du retour. Il eut faim, froid et peur. Et plus cela durait, plus il semblait dire : « Alors, vous voyez qui je suis ? Vous le voyez, maintenant ? »
Il connut l’angoisse sans nom de devoir s’aventurer sur un pont branlant jeté au-dessus d’un fleuve et qui céda. Des grappes entières de soldats furent précipitées dans les eaux glacées. On fit demi-tour. Les pontonniers se remirent au travail, au péril de leur vie. On tenta de repasser le lendemain. Sans plus de succès. Quelques centaines de soldats seulement réussirent à passer avant que l’ouvrage ne s’effondre à nouveau.
La situation était la pire qu’on puisse imaginer. Derrière : les cosaques, prêts à surgir et à tuer. Devant : ce fleuve impossible à franchir. Entre les deux : le camp où régnaient la mort et la désespérance. Fenris passa le troisième jour. La plupart des chevaux, pressentant la fragilité du pont, refusèrent d’avancer. Fenris ne cessa de parler à Vent du Sud. « Va va, mon cheval, doucement, c’est bien… » En dessous d’eux, les eaux tumultueuses du printemps charriaient d’énormes blocs de glace qu’on entendait craquer, se fendre et se heurter. Lorsque Vent du Sud posa le pied sur l’autre rive, Fenris descendit, lui prit la tête dans ses bras et le remercia : « C’est bien, mon cheval, c’est bien, maintenant nous rentrons à la maison, viens. »
Les nouvelles tragiques du front étaient depuis longtemps parvenues sur Grande Terre quand Fenris y arriva, et la Louve savait déjà que son homme ne rentrerait pas. Elle savait aussi qu’en perdant son mari, elle perdait bien davantage. Du jour au lendemain, le château se vida de tout visiteur. Ceux qui avaient courtisé Guerolf, chassé avec lui depuis vingt ans, mangé cent fois à sa table, disparurent comme si ce lieu ne signifiait rien sans lui. Pas un seul ne vint s’enquérir de la Louve, pas un ne vint lui dire qu’il partageait un peu de sa peine.
— Ils pourraient au moins faire semblant ! rageait Fenris. Décidément, il n’y aura eu que Berg pour lui être fidèle !
— Oui, répondait la Louve, mais Berg est mort, mon fils…
La seule personne qui ne changea rien à son comportement vis-à-vis de la Louve fut Ottilia, la cuisinière et bonne à tout faire.
— Mes condoléances, madame, dit-elle sans y mettre aucune expression, par pure formalité, quand elle apprit la disparition du maître des lieux.
Et elle continua son service comme avant, silencieuse, sombre, ponctuelle et indifférente.
Les semaines passant, toutefois, Fenris remarqua qu’elle adoptait envers lui une attitude nouvelle et incompréhensible. Cela donnait des choses étranges. Elle se mit à l’appeler « monsieur », alors qu’elle ne lui adressait jamais la parole auparavant. Elle le regarda à la dérobée et se détourna dès que leurs regards menaçaient de se croiser. Elle inventa pour dresser sa serviette de table des figures sophistiquées, en pyramide, en tuyau, en oiseau, alors que celle de la Louve restait posée à plat sur l’assiette. Elle lui mit des couverts en argent. Elle cuisina plus souvent les plats qu’il aimait. Elle finit même par esquisser à son intention, au moment de se retirer, un imperceptible mouvement de révérence, nuque fléchie, genou ployé. La Louve et Fenris s’en amusèrent.
— Qu’est-ce qui lui prend ? demandait-il.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Le chagrin du roi mort»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le chagrin du roi mort» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Le chagrin du roi mort» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.