Jean-Claude Mourlevat - Le chagrin du roi mort

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Je me suis dit : « D’accord, d’accord… je te cherche une vie encore, Lia… une vie seulement… pas davantage… et je rentre à Petite Terre. »

14

OÙ ES-TU ?

Où es-tu, Aleks ? Kiét fetsat meyit… mon petit ennemi… Je te cherche depuis si longtemps.

Tu n’es nulle part. On dirait que l’univers t’a englouti. C’est comme si tu n’avais existé que dans un long rêve incroyable que j’aurais fait, où il y aurait eu une marche épuisante dans le froid, un orchestre symphonique dans le ciel, des baisers glacés et brûlants, la mort qui nous appelle, une étable, un vieux fou dans sa tombe éclairée par la lune, un cheval, des pièges, un lapin des neiges…

Où es-tu, mon amour ? Est-ce que tu sais que je serais très en colère contre toi si tu étais mort ?

Ils m’ont battue pour que je me taise. Je te criais de t’enfuir. L’un des deux me bâillonnait de sa main, et comme je criais encore, l’autre m’a tellement bourrée de coups de poing que je me suis trouvée mal. Quand je suis revenue à moi, j’étais seule. J’ai avancé sur le chemin jusqu’à ce tournant d’où on découvre la plaine et j’ai vu disparaître la troupe. Cela faisait quelques points noirs sur la neige, au loin. J’ai appelé mais tu ne pouvais plus m’entendre.

J’ai couru à l’étable. Ils m’avaient laissé Faxi. Je lui ai attelé le traîneau que tu avais préparé et je suis partie aussitôt à votre poursuite, sans prendre le temps de fermer les portes ni rien, en oubliant tout. Sauf notre carnet, j’ai eu le réflexe de le prendre ! Au fait, il y avait un lapin dans le piège, bien dodu. Je l’ai jeté aux renards. Dommage.

Mon projet n’était pas de vous rattraper. Faxi était bien trop lent pour ça avec son gros derrière, et puis qu’est-ce que j’aurais fait ? Je n’allais pas t’arracher à eux avec mes griffes ! Quoi que…

Non, mon obsession était de ne pas te perdre de vue, de savoir où ils t’emmenaient. J’étais affolée à l’idée de ne jamais pouvoir te retrouver. Comme j’avais raison…

Pauvre Faxi, je l’ai fouetté, injurié, je ne lui ai pas laissé de répit. Je lui hurlais : « Galope ! » Mais il ne sait pas le faire, tu te souviens. À sa pleine vitesse, on dirait qu’il revient tranquillement de la foire. J’ai suivi vos traces vers le sud en me crevant les yeux à l’horizon. Puis le soir est venu, le jour a baissé et je me suis perdue. Faxi n’en pouvait plus. Je me suis arrêtée. Je lui ai donné à boire et à manger. Autour de nous le silence s’est fait. J’ai eu l’illusion que la plaine me parlait : « Tiens, te revoilà, toi… on se connaît, il me semble… est-ce que tu me remets ? Je suis blanche et froide et mortelle, tu te souviens ? » L’angoisse m’a prise.

C’est alors qu’ils sont arrivés par l’est. Une dizaine de cavaliers sur leurs petits chevaux à la crinière pendante, des cosaques, avec leur tunique, leur moustache noire, leur bonnet de fourrure sur la tête et leur longue lance à la main. Ils m’ont demandé où j’allais comme ça. Je ne pouvais pas leur avouer que j’étais avec un fetsat. Ce ne sont pas des gens très compréhensifs. Ils l’auraient très mal pris. Je leur ai dit que j’étais cantinière dans un camp et que je m’étais enfuie. C’était vrai, d’ailleurs. Tu t’es enfuie avec un cheval de trait ? Oui, c’est un cheval qui servait à tirer les chariots de ravitaillement. Et tu as emporté toutes ces provisions ? Oui, je les ai volées. Bravo, petite, bravo ! Ils ont ri et m’ont félicitée. J’étais un bon petit soldat.

J’ai résisté autant que j’ai pu, mais ils m’ont obligée à faire demi-tour. Tu vas te perdre dans la nuit, et puis ça va devenir très dangereux là-bas, du côté de la capitale. Pourquoi ? Parce que.

J’ai donc rebroussé chemin et je les ai suivis jusqu’à un village, de l’autre côté de la forêt. Je pense que c’était celui d’où Rodione avait rapporté toutes ses victuailles. Il était envahi de soldats, l’avant-garde de notre armée de cosaques. J’ai appris par eux qu’une grande offensive se préparait pour les jours à venir, qu’ils allaient tomber par milliers sur l’armée de Guerolf, la décimer, la mettre en pièces et libérer la capitale. Alors l’espoir m’est revenu. Peut-être que s’ils étaient assaillis, les tiens n’auraient pas la tête à te fusiller… Ou pas le temps.

Te fusiller… Comment peut-on mettre ces deux mots ensemble ! Comment imaginer cette chose monstrueuse : faire entrer des morceaux de métal dans ton corps pour te faire mourir. Toi si doux et paisible. Je l’ai vu dans tes yeux dès la première fois, quand je t’ai servi ta soupe et qu’il y a eu cette bagarre. Sans elle, je n’aurais certainement pas levé le nez de la marmite. C’était une règle chez nous : ne jamais regarder ceux qu’on servait. Qu’ils n’aillent pas croire qu’on le faisait volontiers ! On était des prisonnières avant d’être des cantinières. Tous les regards étaient tournés vers les combattants, tous sauf les nôtres, qui se sont croisés et qui sont restés accrochés. On était déjà à contre-courant, tous les deux, à l’envers de tout, à l’envers de l’histoire aussi… Deu x fetsat ! Je suis tombée amoureuse de toi en quatre secondes. Dès ce premier soir, tu aurais pu obtenir de moi tout ce que tu voulais, toute ma personne. Tu aurais pu me dire : « Viens, on part tous les deux, à pied, au hasard dans la nuit glacée, sans doute qu’on va mourir… » Je l’aurais fait.

Mais attends, j’y pense, je l’ai fait, non ?

Où es-tu, Aleks ?

Je t’ai cherché pendant des semaines. J’ai osé des folies : je me suis remise en route avec Faxi et me suis jointe à la débâcle, pour te retrouver. J’ai accosté ces hordes de soldats en déroute qui s’enfuyaient vers l’ouest. Je m’enlaidissais autant que possible pour qu’ils me laissent tranquille, je m’habillais comme un sac, j’enfonçais mon bonnet jusqu’aux yeux, je barbouillais de terre ce qui me restait de visage dans l’espoir de passer pour un garçon. Je les approchais et je demandais : « Aleks Johansson ? » Avec ma plus grosse voix : « Vous connaissez Aleks Johansson ? » Ils me regardaient à peine. Ils me prenaient pour une folle, un fou.

Ils m’ont fait pitié. Beaucoup n’avaient plus la force de suivre. Les bords des routes étaient parsemés de leurs cadavres, dont les corbeaux venaient picorer les yeux. Les autres avançaient comme des spectres hallucinés. On m’a montré au moins quatorze Johansson, et même un Aleksander Johansson ! Il faisait la moitié de ta taille et il louchait.

Le pont sur le fleuve était brisé, ils ont tenté de passer sur la trop fine glace de printemps qui a cédé sous leur poids. J’en ai vu des centaines se noyer. Un cauchemar.

Ils ont installé un camp au bord du fleuve et entrepris de reconstruire le pont. Ce qui restait de leur armée est venu s’entasser ici. En voyant leurs joues creuses, leurs yeux hagards et leurs dents pointues, j’ai compris qu’ils finiraient par abattre mon Faxi pour le manger. J’ai eu peur de ça. J’ai renoncé. J’ai fait demi-tour.

Où es-tu, Aleks ?

On me dit qu’ils exécutaient une fois par semaine seulement. Et l’attaque a eu lieu deux jours après qu’ils t’ont repris. Ils n’ont pas eu le temps de te faire ça, dis-moi ?

Je suis revenue à notre village brûlé, j’y ai retrouvé ma mère et ma grand-mère. Tous les hommes étaient morts chez nous, mon père et mes deux frères. Mon père dès le début de la guerre, mes frères lors de la grande attaque. Nous avons porté leur deuil ensemble, et commencé à reconstruire notre maison avec l’aide de nos voisins.

Un an s’est passé. Pas un jour sans que je pense à toi. Et puis, un matin, je me suis réveillée dans un état d’exaltation incroyable, comme si j’avais bu. Je me suis dit : « Ce pays est trop grand, on n’y retrouve jamais personne, mais le tien est minuscule, je vais aller là-bas, à Petite Terre, je monterai sur un rocher plus haut que les autres, je mettrai mes mains en porte-voix autour de ma bouche et j’appellerai : “Aleks, tu m’entends ? C’est Lia ! Je suis là !” »

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