Jean-Claude Mourlevat - Le chagrin du roi mort
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- Название:Le chagrin du roi mort
- Автор:
- Издательство:Gallimard Jeunesse
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:9782070623877
- Рейтинг книги:4.33 / 5. Голосов: 3
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Je suis allé au cimetière, sur la tombe de Rodione, j’ai marché dans les rues, j’ai fouillé l’endroit d’où il m’a semblé que venait ta voix quand tu m’as crié de m’enfuir. Ce sont les derniers mots que j’ai entendus de toi : « Aleks, sauve-toi ! » J’ai fouillé dans l’espoir de trouver je ne sais quoi, quelque chose d’infime qui me mettrait sur ta trace. Je n’ai rien trouvé.
Le lendemain, j’ai décidé de quitter ce village sans nom et cette étable où j’avais vécu tant d’événements. Imagine-toi : elle m’a servi de refuge alors que j’allais mourir, j’y ai appris l’amour avec toi et j’y ai retrouvé mon frère perdu depuis des années. Ça fait quelques petites choses qui comptent, non ?
Pour te retrouver, j’ai essayé de me mettre à ta place, seule avec Faxi, le jour où ils m’ont emmené. Tu aurais sans doute cherché ce village d’où Rodione avait rapporté des provisions. C’est ce que j’ai fait. J’ai attelé Veinard et nous avons exploré les environs, chaque jour une nouvelle direction, et nous rentrions le soir. J’ai réussi à notre troisième expédition. Il était temps, mes provisions diminuaient. Le village était caché dans un creux, de l’autre côté de la forêt, à trois heures de marche. Il était habité par une vingtaine de familles stupéfaites de me voir arriver là. J’ai montré le dessin à une femme. Elle a regardé et elle a dit : « Lia… » puis une longue phrase que je n’ai pas comprise. Mon cœur s’est mis à battre très fort. Pour la première fois depuis que je t’avais perdue, je rencontrais quelqu’un qui te connaissait.
— Lia boratch ? j’ai demandé. Lia est ici ?
— Net, a répondu la femme et elle a pointé son doigt vers le sud, Lia nyin… Lia est dans la ville…
— Non, j’ai dit, elle n’y est pas.
La femme a écarté les bras et les a laissés retomber. Elle n’en savait pas davantage. Le court bonheur d’avoir retrouvé ta trace a vite cédé la place au découragement. On me renvoyait là d’où je venais et où tu n’étais pas. Je suis resté deux jours dans ce village. Comme partout où je passais, je faisais le tour de tout ce qui était en bois, cassé ou bancal, et je réparais. J’ai aussi continué à apprendre ta langue, à écrire chaque mot nouveau, chaque tournure nouvelle que j’arrivais à comprendre. C’était difficile. Les gens parlent leur langue sans savoir comment elle fonctionne. Il faut tout démêler soi-même. Il y a des petits mots de rien du tout, qu’on entend à peine et qui changent tout. Il y en a d’autres qui prennent toute la place et qui ne servent à rien. Je me suis acharné à apprendre. J’avais l’intuition que j’en aurais grand besoin.
Ensuite a commencé ma course folle…
J’ai fait le projet insensé de te retrouver coûte que coûte, dans ce pays démesuré, avec pour seule aide un portrait de toi tracé sur mon carnet et les trois lettres de ton prénom : Lia. Et pour seul compagnon un vieux cheval fatigué pas si veinard que ça au fond.
À peine oublié, l’hiver était déjà revenu, sautant par-dessus l’automne, l’avalant.
Je me suis dit : « D’accord, d’accord… jusqu’au printemps prochain, Lia… je te cherche encore jusqu’au printemps prochain, six mois en tout, pas un jour de plus, et je rentre à Petite Terre… »
J’ai séjourné dans cent villages brûlés qu’on était en train de reconstruire. Chacun des cent aurait pu être le tien, où tu serais revenue. Aucun ne l’était.
— Pedyité souss maa ? Vous connaissez cette jeune fille ?
Je l’ai demandé un milliard de fois : « Souss maa, pedyité ? »
La page du carnet s’est froissée, à force. Mon dessin s’est abîmé. Je l’ai refait mais j’ai moins bien réussi et ça m’a rendu furieux, et triste. Est-ce que ton image s’éloignait déjà de ma mémoire ?
J’ai eu de faux espoirs aussi.
— Ta, oui, je connais cette fille… elle est là-bas, tenez, la voilà qui s’en va… vous la voyez, là-bas, de dos, qui s’en va ?
— Elle s’appelle Lia ?
— Ta, Lia…
Et c’est vrai que la silhouette te ressemblait vraiment. Je courais, près de défaillir, je dépassais la personne et je regardais son visage. Ce n’était jamais toi. Jamais. Certaines étaient jolies. Mais toi, tu n’es pas jolie. Tu es autre chose de plus, quelque chose que je ne sais pas dire, qui me fait fondre et prendre feu, qui me touche au cœur, qui me donne envie de vivre, de pleurer.
J’ai arpenté le pays du sud au nord, de l’est à l’ouest. Infatigablement. Ou plutôt si : fatigablement ! Épuisablement ! Mais impossible à arrêter. Il aurait fallu me tuer.
J’ai fini par revenir dans ce port où nous avions débarqué, un an plus tôt, mes camarades et moi, sur un grand navire militaire tout neuf, dans nos uniformes tout neufs, avec nos fusils tout neufs. Où étaient-ils maintenant, mes camarades ? Quelques-uns rentrés au pays. La plupart morts. Des cadavres dans la neige, tout neufs. Et moi un vagabond.
J’ai trouvé un bateau en partance pour Grande Terre. De là-bas, ensuite, j’aurais pu continuer le voyage, embarquer pour Petite Terre et retrouver mes parents sans nouvelles de moi depuis si longtemps. J’étais déjà à bord, le bateau allait partir. Alors j’ai changé d’avis. J’ai couru sur la passerelle et sauté à terre.
Je me suis dit : « D’accord, d’accord… deux années encore, Lia… je te cherche deux années encore… pas un jour de plus… et je rentre à Petite Terre… »
Je suis revenu à la capitale. Je t’y ai cherchée partout, pour la deuxième fois. J’y ai revu des gens que j’avais rencontrés l’année d’avant. Ils m’ont dit que j’étais pâle et maigre, que je devrais mieux m’alimenter et faire davantage attention à moi.
Je suis allé au bout des contrées de l’Est, là où il n’y a plus que des loups faméliques aux yeux de braise. On m’a dit qu’ils me mangeraient. Mais j’étais devenu tellement sauvage que c’est moi qui les ai mangés, je crois ! Avant, je leur ai montré mon dessin, et je leur ai demandé s’ils te connaissaient. Ils ne te connaissaient pas… J’ai été malade, là-bas, j’ai eu de la fièvre, tout s’est embrouillé.
Veinard est mort sous moi, dans la neige. Il est tombé et n’a pas pu se relever. J’ai essayé de l’aider. Je l’ai supplié, grondé, mais il avait une jambe fracturée je pense. Alors je me suis couché contre son flanc et je l’ai veillé jusqu’à ce qu’il meure. Je lui ai parlé, je l’ai remercié de m’avoir porté si loin, tiré si loin, sans jamais se plaindre, en obéissant toujours, en supportant ce que je lui infligeais : la faim, le froid et ma tristesse.
Quand ses yeux ont tourné et qu’il est mort, j’ai eu la tentation de ne plus bouger, de rester là avec lui, mon courageux compagnon de misère, et de me laisser partir aussi. Mais il est devenu froid, et moi j’étais bouillant, alors j’ai pensé qu’on n’allait plus si bien ensemble et que c’était mal de rester là. Je me suis levé, j’ai pris sa selle, j’ai caressé sa joue pour lui dire adieu, j’ai couvert sa tête avec de la belle neige blanche. La lune faisait briller ses cristaux. Et je suis parti à pied.
Je suis allé dans les villes du Sud, je suis allé sur les plateaux de l’Ouest, dans tous les villages, les uns après les autres. J’ai eu quatre autres chevaux pendant tout ce temps. Non, cinq avec celui que j’ai volé. Je ne sais plus. Tout se mélange. Le dernier est cette petite jument blanche que j’appelle Mona et qui trotte si bien.
Je suis revenu au port d’embarquement au bout de deux ans, comme prévu. Mais je ne suis même pas monté sur le bateau, cette fois. Je l’ai regardé manœuvrer, sortir du port et s’éloigner dans le ciel blanc comme du coton, sans moi. Et j’ai fait demi-tour, parce que monter à bord, c’était renoncer à toi pour toujours, te perdre. Et je ne veux pas te perdre.
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