Mathias Enard - Boussole
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- Название:Boussole
- Автор:
- Издательство:Actes Sud
- Жанр:
- Год:2015
- Город:Paris
- ISBN:978-2330053123
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La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche — Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… —, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux.
Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer,
est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue — comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
Mathias Enard est notamment l’auteur de
(2008), de
(2010) et de
(2012), tous parus chez Actes Sud.
est son sixième roman.
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C’est fou que je mourrai du reste,
Mais oui, Madame, j’en suis sûr,
Et d’abord… de ton moindre geste,
Fou… de ton passage céleste
Qui laisse un parfum de fruit mûr,
De ton allure alerte et franche,
Oui, fou d’amour, oui, fou d’amour,
Fou de ton sacré… coup de hanche,
Qui vous fiche au cœur la peur… blanche,
Mieux qu’un roulement de tambour.
Le pauvre il est effectivement mort fou, fou d’amour et fou du Christ, et Sarah pense, avec raison peut-être, que ses mois beyrouthins et son pèlerinage à Jérusalem ont été (tout comme la “rencontre” de saint Benoît Labre, son patron et celui de Verlaine) les débuts de ce trouble mélancolique qui conduisirent à la crise de 1891 : il traçait des signes de croix sur le sol avec la langue, marmonnait d’incessantes prières, se défaisait de ses vêtements. En proie à des hallucinations auditives, il ne répondait plus aux sollicitations extérieures. On l’interna. Et soit qu’il prît sur lui de dissimuler le mieux possible les marques de sa sainteté, soit que l’effet de l’absinthe passât, quelques mois plus tard on le relâcha — il attrapa alors son sac et son bâton et s’en fut à Rome à pied, comme saint Benoît Labre au XVIII esiècle :
C’est Dieu qui conduisait à Rome,
Mettant un bourdon dans sa main,
Ce saint qui ne fut qu’un pauvre homme,
Hirondelle de grand chemin,
Qui laissa tout son coin de terre,
Sa cellule de solitaire,
Et la soupe du monastère,
Et son banc qui chauffe au soleil,
Sourd à son siècle, à ses oracles,
Accueilli des seuls tabernacles,
Mais vêtu du don des miracles
Et coiffé du nimbe vermeil.
La pratique de la misère : voilà comment Sarah appelle la règle de saint Germain le Nouveau. Les témoins racontent qu’au cours de ses dernières années à Paris, avant de partir pour le Sud, il vivait dans une mansarde, où il dormait sur un carton ; que plus d’une fois on le vit, armé d’un crochet, chercher sa nourriture dans les poubelles. Il enjoignit à ses amis de brûler ses œuvres, intenta des procès à ceux qui les publièrent malgré lui ; il passa les dix dernières années de son existence en prière, à jeûner plus que de raison, à se contenter du pain que lui donnait l’hospice : il finit par mourir d’inanition, d’un trop long carême, juste avant la Pâque, sur son grabat, avec les poux et les araignées pour seule compagnie. Sarah trouvait extraordinaire qu’on ne connût de son grand œuvre, La Doctrine de l’amour , uniquement ce qu’un admirateur et ami, le comte de Larmandie, en avait appris par cœur. Aucun manuscrit. Larmandie disait : Comme les explorateurs des villes mortes, j’ai dérobé et caché dans mon cœur, pour les restituer au soleil, les joyaux d’un roi disparu. Cette transmission, avec toutes les ombres d’incertitudes qu’elle projetait sur l’œuvre (Nouveau n’écrivit-il pas à Larmandie, lorsqu’il découvrit “son” recueil ainsi piraté : “Vous me faites dire n’importe quoi !”), rapprochait Nouveau des grands textes anciens, des mystiques des premiers temps et des poètes orientaux, dont les vers étaient retenus oralement avant d’être écrits, souvent des années plus tard. Sarah m’expliquait, dans ces fameux fauteuils, devant un thé, à l’étage, l’amour qu’elle portait à Nouveau, sans doute car elle avait le pressentiment qu’elle-même, un peu plus tard, allait à son tour choisir l’ascèse et la contemplation, même si la tragédie qui serait responsable de ce choix n’avait pas encore eu lieu. Elle s’intéressait déjà au bouddhisme, suivait des enseignements, pratiquait la méditation — ce que j’avais du mal à prendre au sérieux. Est-ce que j’ai quelque part le “Germain Nouveau au Liban et en Algérie” de Sarah, j’ai sorti hier soir la plupart des tirés à part de ses articles — centre de la bibliothèque, rayon de Sarah. Reposer le Pessoa sur son lutrin, ranger Nouveau à côté de Levet, les textes de Sarah sont placés au milieu de la critique musicale, pourquoi, je ne m’en souviens plus. Peut-être pour que ses œuvres soient derrière la boussole de Bonn, non c’est idiot, pour que Sarah soit au centre de la bibliothèque comme elle l’est de ma vie, c’est tout aussi idiot, à cause du format et des jolies couleurs des tranches de ses livres, c’est bien plus probable. On regarde au passage l’Orient portugais, la photo encadrée de l’île d’Hormuz, Franz Ritter bien plus jeune assis sur le fût du vieux canon ensablé, près du fort ; la boussole dans sa boîte, juste devant Orients féminins , premier livre de Sarah, Désorients , la version abrégée de sa thèse et Dévorations , son ouvrage sur le cœur mangé, le cœur révélateur et toutes sortes de saintes horreurs du cannibalisme symbolique. Un livre presque viennois, qui mériterait d’être traduit en allemand. Il est vrai qu’en français on parle d’une passion dévorante , ce qui est tout le propos du livre — entre passion et ingestion gloutonne. Le mystérieux article du Sarawak n’est d’ailleurs qu’un prolongement de ce bouquin, un peu plus avant dans l’atroce. Le vin des morts. Le jus de cadavre.
Cette photo de l’île d’Hormuz est vraiment belle. Sarah est douée pour la photographie. De nos jours c’est un art galvaudé, tout le monde photographie tout le monde, avec des téléphones, avec des ordinateurs, avec des tablettes — cela donne des millions d’images affligeantes, des flashs disgracieux qui écrasent les visages censés être mis en valeur, des flous très peu artistiques, des contre-jours navrants. À l’époque de l’argentique on avait plus de soin, me semble-t-il. Mais peut-être pleuré-je encore sur des ruines. Quel incurable nostalgique je suis. Il faut dire que je me trouve plutôt séduisant, sur ce cliché. À tel point que Maman en a encadré un agrandissement. La chemise bleue à carreaux, les cheveux courts, les lunettes de soleil, le menton bien appuyé sur le poing droit, un air de penseur face au bleu clair du golfe Persique et au cyan du ciel. Tout au fond, on aperçoit la côte et sans doute Bandar Abbas ; à ma droite, le rouge et ocre des murs effondrés de la forteresse portugaise. Et le canon. Dans mon souvenir il y avait un second canon qui n’apparaît pas sur le cliché. C’était l’hiver, et nous étions contents d’avoir quitté Téhéran — il avait neigé abondamment pendant quelques jours, et ensuite une vague de froid avait pris la ville dans la glace. Les djoub , ces canaux au bord des trottoirs, étaient invisibles, recouverts de neige, et faisaient d’excellents pièges à piétons, et même à voitures : on voyait çà et là des Paykan renversées, deux roues enfoncées dans ces petites rivières au détour d’un virage. Au nord de Vanak, les immenses platanes de l’avenue Vali-Asr se déchargeaient sur les passants de fruits douloureux de neige glacée, au gré du vent. À Shémiran régnait un silence calmé, dans des parfums de feu de bois et de charbon. Place Tadjrish, on se réfugiait dans le petit bazar pour échapper au courant d’air gelé qui semblait couler des montagnes par la vallée de Darband. Même Faugier avait renoncé à fréquenter les parcs ; toute la moitié nord de Téhéran, depuis l’avenue Enqelâb, était engourdie par la neige et le gel. L’agence de voyages se trouvait sur cette avenue, d’ailleurs, près de la place Ferdowsi ; Sarah avait pris les billets, avion direct pour Bandar Abbas par une nouvelle compagnie au nom chantant d’Aria Air, dans un magnifique Iliouchine de trente ans d’âge réformé par Aeroflot où tout était encore écrit en russe — je lui en ai voulu, quelle idée, des économies de bouts de chandelles, gagner quelques centaines de rials sur la différence de prix mais risquer sa peau, je me revois la sermonner dans l’aéroplane, de bouts de chandelles, tes économies, tu me la copieras, tu me copieras cent fois “Je ne voyagerai plus jamais dans des compagnies loufoques utilisant de la technologie soviétique”, elle riait, mes sueurs froides la faisaient rire, j’ai eu une trouille bleue au décollage, l’engin vibrait tout ce qu’il pouvait comme s’il allait se disloquer sur place. Mais non. Pendant les deux heures de vol j’ai été très attentif aux bruits ambiants. J’ai eu de nouveau une belle suée quand ce fer à repasser a fini par se poser, aussi légèrement qu’une dinde sur sa paille. Le steward a annoncé vingt-six degrés Celsius à l’arrivée. Le soleil cognait, et Sarah a vite commencé à pester contre son manteau islamique et son foulard noir — le golfe Persique était une masse de brume blanchâtre légèrement bleutée à la base ; Bandar Abbas une ville plate, qui se jetait sur une très longue plage, où un large môle en béton, très haut, s’enfonçait loin dans la mer. Nous sommes passés déposer nos bagages à l’hôtel, un bâtiment qui paraissait tout récent (ascenseur flambant neuf, peintures éclatantes) mais dont les chambres étaient, elles, totalement en ruine : vieilles armoires défoncées, tapis élimés, dessus-de-lit mouchetés de brûlures de cigarettes, tables de nuit branlantes et lampes de chevet cabossées. Nous eûmes un peu plus tard le fin mot de l’histoire : l’hôtel se trouvait certes dans un bâtiment neuf, mais son contenu (le chantier ayant dû consumer entièrement l’argent de son propriétaire) avait été tout simplement déplacé tel quel de l’établissement antérieur et, nous apprit le réceptionniste, le mobilier avait en plus quelque peu souffert du déménagement. Sarah y vit immédiatement une magnifique métaphore de l’Iran contemporain : nouvelles constructions, mêmes vieilleries. Moi j’aurais aimé un peu plus de confort, voire de beauté, cette dernière qualité semblant totalement absente du centre-ville de Bandar Abbas : il fallait beaucoup d’imagination (beaucoup) pour y retrouver le port antique où passa Alexandre le Grand en route pour le pays des Ichtyophages, l’ancien Porto Comorão des Portugais, le débarcadère des marchandises des Indes, la cité portuaire reprise avec l’aide des Anglais, nommée Port Abbas en hommage à Shah Abbas, le souverain qui reconquit pour la Perse cette porte sur le détroit d’Hormuz en même temps que l’île du même nom, mettant ainsi fin à la présence lusophone dans le golfe Persique. Les Portugais avaient appelé Bandar Abbas “le port de la crevette”, et une fois nos bagages déposés dans nos horribles chambres nous nous mîmes en quête d’un restaurant où déguster ces immenses crevettes blanches de l’océan Indien que nous voyions débarquer, toutes brillantes dans la glace, chez le poissonnier du bazar de Tadjrish à Téhéran. Le tchelow meygou , ragoût de ces décapodes nageurs, était effectivement délicieux — entretemps Sarah avait enfilé un manteau islamique plus léger, de coton crème, et caché ses cheveux sous un foulard fleuri. La promenade au bord de l’eau nous confirma qu’il n’y avait rien à voir à Bandar Abbas à part une enfilade d’immeubles plus ou moins modernes ; sur la plage, on apercevait çà et là des femmes en tenue traditionnelle, avec le masque de cuir décoré qui leur donnait un air assez inquiétant, monstrueux personnages d’un bal masqué morbide ou d’un roman d’Alexandre Dumas. Le bazar croulait sous les dattes de toutes sortes, de Bam ou de Kerman, des montagnes de dattes, séchées ou fraîches, noires ou claires qui alternaient avec les pyramides rouges, jaunes et brunes de piment, de curcuma et de cumin. Au milieu de la jetée se trouvait le port de passagers, un ponton qui s’avançait droit dans la mer sur une centaine de mètres — le fond était sableux et en pente très douce ; les embarcations les plus volumineuses ne pouvaient s’approcher du bord. Le plus curieux étant que des embarcations volumineuses, il n’y en avait pas, juste de petites vedettes, des canots automobiles assez étroits, équipés d’énormes moteurs hors-bord, le même genre d’esquifs que les Gardiens de la Révolution, me semblait-il, utilisaient pendant la guerre pour attaquer pétroliers et cargos. Pour embarquer, il fallait donc descendre une échelle de métal depuis le ponton jusqu’au canot en contrebas : le quai ne servait, en réalité, qu’à rassembler les passagers potentiels. Du moins pour ceux qui souhaitaient (et ils n’étaient pas nombreux) se rendre dans l’île d’Hormuz : les voyageurs pour Kish ou Qeshm, les deux grandes îles voisines, prenaient place sur des ferrys confortables, ce qui me fit lâchement insinuer à Sarah “tiens, pourquoi n’irions-nous pas plutôt à Qeshm ?” : elle ne prit même pas la peine de répondre et s’engagea, aidée par un marin, dans la descente de l’échelle vers la barcasse qui se balançait sur les flots trois mètres en contrebas. Pour me donner du courage je pensai au Lloyd autrichien, dont les fiers navires quittaient Trieste pour sillonner les mers du globe, et aussi aux dériveurs que j’avais, une fois ou deux, barrés sur le lac de Trauen. L’unique avantage de la vitesse démesurée de notre barcasse, dont seul l’axe du moteur et l’hélice touchaient l’eau, la proue pointant inutilement vers le ciel, fut de raccourcir le temps de la traversée, que je passais agrippé au plat-bord, en essayant de ne pas tomber ridiculement en arrière, puis en avant, chaque fois qu’une minuscule vague menaçait de nous transformer en une forme insolite d’hydravion. Il était certain que le capitaine et seul membre d’équipage avait autrefois piloté un engin suicide et que l’échec de sa mission (le suicide) le hantait encore vingt ans après la fin du conflit. Je n’ai aucun souvenir de notre atterrissage à Hormuz, preuve de mon émotion ; je revois le fort portugais, objet des convoitises de Sarah — une large tour presque carrée, au sommet effondré, des pierres rouges et noires, deux murets assez bas, des voûtes à arcs brisés et de vieux canons rouillés, face au détroit. L’île était un gros rocher sec, un roc qui paraissait désertique — il y avait pourtant un petit village, quelques chèvres et des Gardiens de la Révolution : contrairement à ce que nous redoutions, ces Pasdaran en tenue sable n’allaient pas nous accuser d’espionnage, ils étaient au contraire enchantés de pouvoir échanger quelques mots avec nous, et de nous indiquer le chemin qui permettait de contourner le fort. Imagine, disait Sarah, les marins portugais du XVI esiècle qui se retrouvaient ici, sur ce caillou, à garder le détroit. Ou en face, à Porto Comorão, d’où provenaient toutes les denrées nécessaires aux soldats et aux artisans, y compris l’eau. C’est sans doute ici qu’a été utilisé le mot nostalgie pour la première fois. Des semaines de mer pour se retrouver sur cet îlot, dans la canicule humide du Golfe. Quelle solitude…
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