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Daniel Pennac: Chagrin d'école

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Daniel Pennac Chagrin d'école

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C’était idiot, bien sûr, idiot, méchant, répréhensible, impardonnable… Et inefficace, avec ça : le genre de sévices qui n’améliore pas le caractère du corps enseignant… Pourtant, je mourrai sans arriver à regretter mes poules, mon hareng et mes pauvres bœufs à la langue tranchée. Avec mes petits bonshommes fous, ils faisaient partie de ma bande.

9

Une constante pédagogique : à de rares exceptions près, le vengeur solitaire (ou le chahuteur sournois, c’est une question de point de vue) ne se dénonce jamais. Si un autre que lui a fait le coup, il ne le dénonce pas davantage. Solidarité ? Pas sûr. Une sorte de volupté, plutôt, à voir l’autorité s’épuiser en enquêtes stériles. Que tous les élèves soient punis — privés de ceci ou de cela — jusqu’à ce que le coupable se livre ne l’émeut pas. Bien au contraire, on lui fournit par là l’occasion de se sentir partie prenante de la communauté, enfin ! Il s’associe à tous pour juger « dégueulasse » de faire « payer » tant d’« innocents » à la place d’un seul « coupable ». Stupéfiante sincérité ! Le fait qu’il soit le coupable en question n’entre plus, à ses yeux, en ligne de compte. En punissant tout le monde l’autorité lui a permis de changer de registre : nous ne sommes plus dans l’ordre des faits, qui regarde l’enquête, mais sur le terrain des principes ; or, en bon adolescent qu’il est, l’équité est un principe sur lequel il ne transige pas.

— Ils ne trouvent pas qui c’est, alors ils nous font tous payer, c’est dégueulasse !

Qu’on le traite de lâche, de voleur, de menteur ou de quoi que ce soit d’autre, qu’un procureur tonitruant déclare publiquement tout le mépris où il tient les affreux de son espèce qui « n’ont pas le courage de leurs actes » ne le touche guère. D’abord parce qu’il n’entend là que la confirmation de ce qu’on lui a mille fois répété et qu’il est d’accord sur ce point avec le procureur (c’est même un plaisir rare, cet accord secret : « Oui, tu as raison, je suis bien le méchant que tu dis, pire même, si tu savais… ») et ensuite parce que le courage d’aller accrocher les trois soutanes du préfet de discipline au sommet du paratonnerre, par exemple, ce n’est pas le procureur qui l’a eu, ni aucun autre élève ici présent, c’est bien lui, et lui seul, au plus noir de la nuit, lui dans sa nocturne et désormais glorieuse solitude. Pendant quelques heures, les soutanes ont fait au collège un noir drapeau de pirate et personne, jamais, ne saura qui a hissé ce pavillon grotesque.

Et si on accuse quelqu’un d’autre à sa place, ma foi, il se tait encore, car il connaît son monde et sait très bien (avec Claudel, qu’il ne lira pourtant jamais) qu’« on peut aussi mériter l’injustice ».

Il ne se dénonce pas. C’est qu’il s’est fait une raison de sa solitude et qu’il a enfin cessé d’avoir peur. Il ne baisse plus les yeux. Regardez-le, il est le coupable au regard candide. Il a enfoui dans son silence ce plaisir unique : personne ne saura, jamais ! Quand on se sent de nulle part, on a tendance à se faire des serments à soi-même.

Mais ce qu’il éprouve, par-dessus tout, c’est la joie sombre d’être devenu incompréhensible aux nantis du savoir qui lui reprochent de ne rien comprendre à rien. Il s’est découvert une aptitude, en somme : faire peur à ceux qui l’effrayaient ; il en jouit intensément. Personne ne sait ce dont il est capable, et c’est bon.

La naissance de la délinquance, c’est l’investissement secret de toutes les facultés de l’intelligence dans la ruse.

10

Mais on se ferait une fausse idée de l’élève que j’étais si on s’en tenait à ces représailles clandestines. (D’ailleurs, les trois soutanes, ce n’était pas moi.) Le cancre joyeux, ourdissant nuitamment des coups de main vengeurs, l’invisible Zorro des châtiments enfantins, j’aimerais pouvoir m’en tenir à cette image d’Épinal, seulement j’étais aussi — et surtout — un gosse prêt à toutes les compromissions pour un regard d’adulte bienveillant. Quémander en douce l’assentiment des professeurs et coller à tous les conformismes : oui, monsieur, vous avez raison, oui… hein, monsieur, que je ne suis pas si bête, pas si méchant, pas si décevant, pas si… Oh ! l’humiliation quand l’autre me renvoyait, d’une phrase sèche, à mon indignité. Oh ! l’abject sentiment de bonheur quand, au contraire, il y allait de deux mots vaguement gentils que j’engrangeais aussitôt comme un trésor d’humanité… Et comme je me précipitais, le soir même, pour en parler à mes parents : « J’ai eu une bonne conversation avec monsieur Untel… » (comme s’il s’agissait d’avoir une bonne conversation, devait se dire mon père, à juste titre…).

Longtemps, j’ai traîné derrière moi la trace de cette honte.

La haine et le besoin d’affection m’avaient pris tout ensemble dès mes premiers échecs. Il s’agissait d’amadouer l’ogre scolaire. Tout faire pour qu’il ne me dévore pas le cœur. Collaborer, par exemple, au cadeau d’anniversaire de ce professeur de sixième qui, pourtant, notait mes dictées négativement : « Moins 38, Pennacchioni, la température est de plus en plus basse ! » Me creuser la tête pour choisir ce qui ferait vraiment plaisir à ce salaud, organiser la quête parmi les élèves et fournir moi-même le complément, vu que le prix de l’affreuse merveille dépassait le montant de la cagnotte.

Il y avait des coffres-forts dans les maisons bourgeoises de l’époque. J’entrepris de crocheter celui de mes parents pour participer au cadeau de mon tortionnaire. C’était un de ces petits coffres sombres et trapus, où dorment les secrets de famille. Une clef, une molette à chiffres, une autre à lettres. Je savais où mes parents rangeaient la clef mais il me fallut plusieurs nuits pour trouver la combinaison. Molette, clef, porte close. Molette, clef, porte close. Porte close. Porte close. On se dit qu’on n’y arrivera jamais. Et voilà que soudain, déclic, la porte s’ouvre ! On en reste sidéré. Une porte ouverte sur le monde secret des adultes. Secrets bien sages en l’occurrence : quelques obligations, je suppose, des emprunts russes qui dormaient là en espérant leur résurrection, le pistolet d’ordonnance d’un grand-oncle, dont le chargeur était plein mais dont on avait limé le percuteur, et de l’argent aussi, pas beaucoup, quelques billets, d’où je prélevai la dîme nécessaire au financement du cadeau.

Voler pour acheter l’affection des adultes… Ce n’était pas exactement du vol et ça n’acheta évidemment aucune affection. Le pot aux roses fut découvert lorsque, durant cette même année, j’offris à ma mère un de ces affreux jardins japonais qui étaient alors à la mode et qui coûtaient les yeux de la tête.

L’événement eut trois conséquences : ma mère pleura (ce qui était rare), persuadée d’avoir mis au monde un perceur de coffres (le seul domaine où son dernier-né manifestait une indiscutable précocité), on me mit en pension, et ma vie durant je fus incapable de faucher quoi que ce soit, même quand le vol devint culturellement à la mode chez les jeunes gens de ma génération.

11

À tous ceux qui aujourd’hui imputent la constitution de bandes au seul phénomène des banlieues, je dis : vous avez raison, oui, le chômage, oui, la concentration des exclus, oui, les regroupements ethniques, oui, la tyrannie des marques, la famille monoparentale, oui, le développement d’une économie parallèle et les trafics en tout genre, oui, oui, oui… Mais gardons-nous de sous-estimer la seule chose sur laquelle nous pouvons personnellement agir et qui, elle, date de la nuit des temps pédagogiques : la solitude et la honte de l’élève qui ne comprend pas, perdu dans un monde où tous les autres comprennent.

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