Daniel Pennac - Chagrin d'école

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Chagrin d'école: краткое содержание, описание и аннотация

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Chagrin d’école
Comme un roman

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10

Réactionnaire, la dictée ? Inopérante en tout cas, si elle est pratiquée par un esprit paresseux qui se contente de défalquer des points dans le seul but de décréter un niveau ! Avilissante, la notation ? Certes, quand elle ressemble à cette cérémonie, vue il y a peu à la télévision, d’un professeur rendant leurs copies à ses élèves, chaque devoir lâché devant chaque criminel comme un verdict annoncé, le visage du professeur irradiant la fureur et ses commentaires vouant tous ces bons à rien à l’ignorance définitive et au chômage perpétuel. Mon Dieu, le silence haineux de cette classe ! Cette réciprocité manifeste du mépris !

11

J’ai toujours conçu la dictée comme un rendez-vous complet avec la langue. La langue telle qu’elle sonne, telle qu’elle raconte, telle qu’elle raisonne, la langue telle qu’elle s’écrit et se construit, le sens tel qu’il se précise par l’exercice méticuleux de la correction. Car il n’y a pas d’autre but à la correction d’une dictée que l’accès au sens exact du texte, à l’esprit de la grammaire, à l’ampleur des mots. Si la note doit mesurer quelque chose, c’est la distance parcourue par l’intéressé sur le chemin de cette compréhension. Ici comme en analyse littéraire, il s’agit de passer de la singularité du texte (quelle histoire va-t-on me raconter ?) à l’élucidation du sens (qu’est-ce que tout cela veut dire exactement ?), en transitant par la passion du fonctionnement (comment ça marche ?).

Quelles qu’aient été mes terreurs d’enfant à l’approche d’une dictée — et Dieu sait que mes professeurs pratiquaient la dictée comme une razzia de riches dans un quartier pauvre ! — , j’ai toujours éprouvé la curiosité de sa première lecture. Toute dictée commence par un mystère : que va-t-on me lire là ? Certaines dictées de mon enfance étaient si belles qu’elles continuaient à fondre en moi comme un bonbon acidulé, longtemps après la note infamante qu’elles m’avaient pourtant coûtée. Mais, ce zéro en orthographe, ou ce moins 15, ce moins 27 ! j’en avais fait un refuge dont personne ne pouvait me chasser. Inutile de m’épuiser en corrections puisque le résultat m’était connu d’avance !

Combien de fois, enfant, ai-je affirmé à mes professeurs ce que mes élèves me répéteraient à leur tour si souvent :

— De toute façon j’aurai toujours zéro en dictée !

— Ah bon, Nicolas ? Qu’est-ce qui te fait croire ça ?

— J’ai toujours eu zéro !

— Moi aussi, m’sieur !

— Toi aussi, Véronique ?

— Et moi aussi, moi aussi !

— C’est une épidémie, alors ! Levez le doigt, ceux qui ont toujours eu zéro en orthographe.

C’était une conversation de début d’année, pendant notre prise de contact, avec des quatrièmes par exemple ; elle ouvrait systématiquement sur la première dictée d’une longue série :

— D’accord, on va bien voir. Prenez une feuille, écrivez Dictée.

— Oh, non m’sieueueueur !

— Ça ne se négocie pas. Dictée. Écrivez : Nicolas prétend qu’il aura toujours zéro en orthographe… Nicolas prétend…

Une dictée non préparée, que j’imaginais sur place, écho instantané à leur aveu de nullité :

Nicolas prétend qu’il aura toujours zéro en orthographe, pour la seule raison qu’il n’a jamais obtenu une autre note. Frédéric, Sami et Véronique partagent son opinion. Le zéro, qui les poursuit depuis leur première dictée, les a rattrapés et avalés. À les entendre, chacun d’eux habite un zéro d’où il ne peut pas sortir. Ils ne savent pas qu’ils ont la clé dans leur poche.

Pendant que j’imaginais le texte, y distribuant un petit rôle à chacun d’eux, histoire d’émoustiller leur curiosité, je faisais mes comptes grammaticaux : un participe conjugué avec avoir, COD placé derrière ; un présent singulier précédé d’un pronom complément pluriel et d’un pronom relatif sujet ; deux autres participes avec avoir, COD placé devant ; un infinitif précédé d’un pronom complément, etc.

La dictée achevée, nous entamions sa correction immédiate :

— Bon, Nicolas, lis-nous la première phrase.

— Nicolas prétend qu’il aura toujours zéro en orthographe.

— C’est la première phrase ? Elle s’arrête là, tu es sûr ?

— …

— Lis attentivement.

— Ah ! non, pour la raison qu’il n’a jamais obtenu une autre note.

— Bien. Quel est le premier verbe conjugué ?

— Prétend ?

— Oui. Infinitif ?

— Prétendre.

— Quel groupe ?

— Euh…

— Troisième, je t’expliquerai tout à l’heure. Quel temps ?

— Présent.

— Le sujet ?

— Moi. Enfin, Nicolas.

— La personne ?

— Troisième personne du singulier.

— Troisième personne de prétendre au présent, oui. Faites attention à la terminaison. À toi, Véronique, quel est le deuxième verbe de cette phrase ?

a !

a ? Le verbe avoir ? Tu en es sûre ? Relis.

— …

— …

— Non, pardon, m’sieur, c’est a obtenu. C’est le verbe obtenir !

— À quel temps ?

Une correction qui reprend tout de zéro puisque c’est de là que nous affirmons partir. En quatrième ? Eh oui ! tout reprendre de zéro en quatrième ! Jusqu’en troisième il n’est jamais trop tard pour repartir de zéro, quoi qu’on pense des impératifs du programme ! Je ne vais quand même pas entériner un perpétuel manque de bases, renier systématiquement la patate chaude au collègue suivant ! Allez, on repart de zéro : chaque verbe interrogé, chaque nom, chaque adjectif, chaque lien, pas à pas, une langue qu’ils ont mission de reconstruire à chaque dictée, mot à mot, groupe à groupe.

Raison, nom commun, féminin singulier.

— Un déterminant ?

— La !

— Qu’est-ce que c’est, comme déterminant ?

— Un article !

— Quel genre d’article ?

— Défini !

Raison a-t-il un adjectif qualificatif ? Devant ? Derrière ? Loin ? Près ?

— Devant, oui : seule. Derrière… aucun. Pas d’adjectif derrière. Juste seule.

— Faites l’accord si vous avez oublié de le faire. Ces dictées, quotidiennes, des premières semaines se présentaient sous la forme de brefs récits où nous tenions le journal de la classe. Elles n’étaient pas préparées. Dès leur point final elles ouvraient sur cette correction immédiate, millimétrique et collective. Puis venait la correction secrète du professeur, la mienne, chez moi, et la remise des copies le lendemain, la note, la fameuse note, histoire de voir la tête que ferait Nicolas en sortant pour la première fois de son zéro. La bouille de Nicolas, de Véronique ou de Sami le jour où ils brisaient la coquille de l’œuf orthographique. Affranchis de la fatalité ! Enfin ! Oh, la charmante éclosion !

De dictée en dictée, l’assimilation des raisonnements grammaticaux déclenchait des automatismes qui rendaient les corrections de plus en plus rapides.

Les championnats de dictionnaire faisaient le reste. C’était la partie olympique de l’exercice. Une sorte de récréation sportive. Il s’agissait, chronomètre en main, d’arriver le plus vite possible au mot recherché, de l’extraire du dictionnaire, de le corriger, de le réimplanter dans le cahier collectif de la classe et dans un petit carnet individuel, et de passer au mot suivant. La maîtrise du dictionnaire a toujours fait partie de mes priorités et j’ai formé de prodigieux athlètes sur ce terrain, des sportifs de douze ans qui vous tombaient sur le mot recherché en deux coups, trois maximum ! Le sens du rapport entre la classification alphabétique et l’épaisseur d’un dictionnaire, voilà un domaine où bon nombre de mes élèves me battaient à plate couture ! (Tant que nous y étions, nous avions étendu l’étude des systèmes de classification aux librairies et aux bibliothèques en y recherchant les auteurs, les titres et les éditeurs des romans que nous lisions en classe ou que je leur racontais. Arriver le premier sur le titre de son choix, c’était un défi ! Parfois, le libraire offrait le livre au gagnant.)

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