François Mauriac - Le Désert de l'amour

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Le Désert de l'amour: краткое содержание, описание и аннотация

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Un soir, dans un bar, Raymond Courrèges retrouve par hasard Maria Cross, une femme à laquelle, adolescent, il a témoigné une passion ardente et maladroite, qu'elle a repoussée.
Dans les souvenirs de Raymond, que le visage de Maria fait ressurgir, nous découvrons bientôt d ?autres ombres, d'autres blessures, telle la rivalité équivoque d'un père et d'un fils pour une même femme.
C'est à quarante ans que François Mauriac publia ce roman, constat désabusé de la stérilité des passions humaines, illustration mélancolique, dans le Paris noceur des années 1920, du thème pascalien de la misère de l'homme sans Dieu. «
, devait-il écrire, c'est le roman de mon renoncement. Ce pourrait être le titre de mon œuvre entière. »

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— C'est ça, racontez-moi des histoires de lycée de filles. »

L'idée fixe vieillissait sa figure. Maria n'osait pas lâcher la grosse main qu'elle sentait devenir humide ; elle en éprouva quelque dégoût : c'est cette même main dont l'attouchement, il y a dix minutes, la faisait pâlir. Cette seule main, une seconde retenue, l'obligeait naguère à fermer les yeux, à détourner la tête. Maintenant c'est une main molle et mouillée.

« Si ! je veux vous apprendre à connaître le docteur : je suis entêtée ! »

Il l'interrompit pour affirmer qu'il était têtu lui aussi :

« Ainsi, tenez, je me suis juré qu'aujourd'hui je ne serais pas manœuvré. »

Il dit cela à voix si basse, en balbutiant, qu'elle put feindre de n'avoir pas entendu. Mais elle élargit l'espace entre leurs deux corps ; puis se leva, ouvrit une fenêtre :

« On ne dirait pas qu'il a plu ; il fait étouffant. D'ailleurs j'entends encore l'orage… A moins que ce ne soit le canon de Saint-Médard. »

Au-dessus des feuilles, elle lui montrait la tête tourmentée d'un nuage profond, sombre, frangé de soleil. Mais il saisit à deux mains ses avant-bras, la poussa vers la chaise longue. Elle se força à rire : « Lâchez-moi donc ! » — et plus elle se débattait, plus elle riait pour signifier que cette lutte n'était rien qu'un jeu, et qu'elle l'entendait ainsi : « Sale gosse que vous êtes, lâchez-moi… » Son rire tournait à la grimace ; ayant trébuché contre le divan, elle vit de tout près mille gouttes de sueur sur un front bas ; les ailes du nez piquées de points noirs ; elle respira une haleine aigre. Mais ce faune maladroit avait la prétention de retenir, dans une seule main, les poignets de la jeune femme ; d'une secousse, Maria eut vite fait de se rendre libre. Il y avait entre eux, maintenant, la chaise longue, une table, un fauteuil. Elle haletait un peu, s'obligeait à rire :

« Alors vous croyez, mon petit, qu'on prend une femme de force ? »

Il ne riait pas, jeune mâle humilié, furieux de sa défaite, atteint au plus vif de cet orgueil physique déjà démesuré en lui — et qui saignait. Toute sa vie, il devait se souvenir de cette minute où une femme l'avait jugé repoussant (ce qui n'eût rien été) mais aussi grotesque. Tant de victoires futures, toutes ses victimes réduites et misérables n'adouciraient jamais la brûlure de cette humiliation première. Longtemps, à ce seul souvenir, il blesserait de ses dents sa lèvre ; mordrait, la nuit, son oreiller. Raymond Courrèges retient des pleurs de rage, — à mille lieues d'imaginer que ce sourire de Maria puisse être une feinte et qu'elle ne cherche pas à blesser un enfant ombrageux, mais qu'elle voudrait ne rien trahir de ce désastre en elle, de cet écroulement. Ah ! d'abord qu'il s'éloigne ! Qu'elle demeure seule !

Naguère Raymond s'étonnait de sentir à sa portée la fameuse Maria Cross ; il se répétait : « Cette petite femme si simple, c'est Maria Cross. » Et il n'aurait eu qu'à tendre la main : elle était là, soumise, inerte, il aurait pu la prendre, la laisser tomber, la ressaisir ; — et tout à coup le geste de ses bras tendus avait suffi pour éloigner cette Maria vertigineusement. Ah ! elle était là encore ; mais il savait d'une science sûre que désormais il ne la toucherait pas plus qu'une étoile. Ce fut alors qu'il vit qu'elle était belle : tout occupé de savoir comment cueillir et manger le fruit, sans mettre une seconde en doute que ce fruit lui fût destiné, il ne l'avait jamais regardée ; — cela te reste maintenant de la dévorer des yeux.

Elle répétait, avec douceur, de peur qu'il s'irritât, mais avec une terrible obstination : « J'ai besoin d'être seule, Raymond… comprenez-moi : il faut me laisser seule… » Le docteur avait souffert de ce que Maria ne souhaitait pas sa présence ; Raymond, lui, connaissait une pire douleur : ce besoin de ne plus nous voir que l'être aimé ne dissimule plus, qu'il ne peut plus cacher ; il nous rejette, il nous vomit. Notre absence est nécessaire à sa vie ; il brûle de nous précipiter dans l'oubli : « Dépêche-toi de sortir de ma vie… » Il ne nous bouscule pas : c'est qu'il redoute notre résistance. Maria Cross tendait à Raymond son chapeau, poussait la porte, s'effaçait devant lui qui ne souhaitait que de disparaître et qui balbutiait de nigaudes excuses, submergé de honte, redevenu un adolescent plein d'horreur pour soi-même. Mais le garçon, à peine sur la route, et le portail refermé, trouva soudain les mots qu'il aurait fallu jeter à la figure de cette catin… Trop tard ! Et la pensée, pendant des années, le tortura, « qu'il était parti sans lui avoir servi son paquet ».

Tandis que, sur la route, ce cœur se déchargeait de toutes les injures dont il n'avait pas su accabler Maria Cross, la jeune femme, ayant fermé la porte, puis la fenêtre, s'était étendue. Au-delà des arbres, quelque oiseau parfois jetait un appel interrompu comme la parole confuse d'un homme endormi. La banlieue retentissait de tramways et de sirènes ; les chants avinés du samedi retentissaient sur les routes. Pourtant Maria Cross étouffait de silence — d'un silence qui ne lui était pas extérieur, qui montait du plus profond de son être, s'accumulait dans la pièce déserte, envahissait la maison, le jardin, la ville, le monde. Et au centre de ce silence étouffant, elle vivait, regardant en elle cette flamme à qui tout aliment soudain faisait défaut mais tout de même inextinguible. De quoi se nourrissait ce feu ? Elle se souvint que parfois, au déclin de ses veillées solitaires, une dernière lueur jaillissait des débris noirs dans l'âtre et qu'elle eût pu croire éteints. Elle chercha la face adorable de l'enfant dans le tramway de six heures et ne la trouva plus. Rien n'existait plus qu'un petit voyou hérissé, fou de timidité et qui s'éperonne ; — image aussi différente du vrai Raymond Courrèges que le pouvait être celle qu'avait embellie son amour. Contre celui qu'elle avait transfiguré, divinisé, elle s'acharnait : « C'est pour ce gamin sale que j'ai été tour à tour souffrante et bienheureuse… » Elle ignorait que, sur cet informe enfant, son regard avait suffi pour qu'il devînt un homme dont beaucoup d'autres allaient connaître les ruses, subir les caresses, les coups. Si elle l'avait créé par son amour, elle achevait son œuvre, en le méprisant : elle venait de lâcher dans le monde un garçon dont ce serait la manie de se prouver à soi-même qu'il était irrésistible, bien qu'une Maria Cross lui eût résisté. Désormais, dans toutes ses intrigues futures se glisserait une inimitié sourde, le goût de blesser, de faire crier la biche à sa merci ; ce seraient les larmes de Maria Cross que toute sa vie il ferait couler sur des figures étrangères. Et sans doute était-il né avec cet instinct de chasseur, mais, sans Maria, il l'eût adouci de quelque faiblesse.

« Pour ce voyou… » Quel dégoût ! Et pourtant l'inextinguible flamme brûlait au-dedans d'elle sans que plus rien ne la nourrît. Aucun être au monde n'aurait le bénéfice de cette lumière, de cette chaleur. Où aller ? A la Chartreuse, où est le corps de François ? Non, non ; avoue que tu ne cherchais, près de ce cadavre, qu'un alibi. Elle n'avait été si fidèle à visiter l'enfant du cimetière que pour les retours si doux aux côtés d'un autre enfant vivant. Hypocrite ! Rien à faire, rien à dire sur une tombe ; elle s'y heurtait chaque fois comme à une porte sans serrure et condamnée pour l'éternité. Autant se mettre à genoux dans la poussière de la rue… Petit François, poignée de cendres, toi qui étais plein de rire et de larmes… Qui désirer auprès d'elle ? Le docteur ?… ce raseur ? non, pas un raseur… Mais à quoi bon cet effort vers la perfection lorsque c'est notre destin de ne rien tenter qui ne soit louche en dépit de notre bon vouloir ? Tous les buts que Maria s'était glorifiée d'atteindre, le pire d'elle-même savait y trouver son profit.

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