François Mauriac - Le Désert de l'amour

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Un soir, dans un bar, Raymond Courrèges retrouve par hasard Maria Cross, une femme à laquelle, adolescent, il a témoigné une passion ardente et maladroite, qu'elle a repoussée.
Dans les souvenirs de Raymond, que le visage de Maria fait ressurgir, nous découvrons bientôt d ?autres ombres, d'autres blessures, telle la rivalité équivoque d'un père et d'un fils pour une même femme.
C'est à quarante ans que François Mauriac publia ce roman, constat désabusé de la stérilité des passions humaines, illustration mélancolique, dans le Paris noceur des années 1920, du thème pascalien de la misère de l'homme sans Dieu. «
, devait-il écrire, c'est le roman de mon renoncement. Ce pourrait être le titre de mon œuvre entière. »

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François Mauriac

Le Désert de l'amour

I

Pendant des années, Raymond Courrèges avait nourri l'espoir de retrouver sur sa route cette Maria Cross dont il souhaitait ardemment de tirer vengeance. Bien des fois il suivit dans la rue une passante, ayant cru que c'était elle qu'il cherchait. Puis, le temps avait si bien assoupi sa rancune que, lorsque son destin le remit en face de cette femme, il n'éprouva point d'abord la joie mêlée de fureur qu'une telle rencontre aurait dû susciter en lui. A son entrée, ce soir-là, dans un bar de la rue Duphot, il n'était que dix heures et le mulâtre du jazz chantonnait pour le plaisir d'un seul maître d'hôtel attentif. Dans la boîte étroite où, vers minuit, piétinaient les couples, ronflait, comme une grosse mouche, un ventilateur. Au portier qui s'étonnait : « On n'est pas habitué à voir Monsieur de si bonne heure… », Raymond n'avait donné d'autre réponse qu'un signe de la main pour qu'il interrompît ce bourdonnement. Le portier confidentiel voulut en vain le persuader que « ce nouveau système, sans faire de vent, absorbait la fumée », Courrèges l'avait considéré d'un tel air que l'homme battit en retraite vers le vestiaire ; mais au plafond le ventilateur se tut comme un bourdon se pose.

Le jeune homme, alors, ayant brisé la ligne immaculée des nappes, et reconnu dans les glaces sa tête des pires jours, s'était interrogé : « Qu'est-ce qui ne va pas ? » Parbleu, il détestait les soirées perdues et celle-ci le serait à cause de cet animal d'Eddy H… Il avait fallu presque forcer ce garçon, le prendre au gîte pour l'amener au cabaret. Pendant le repas, Eddy s'était excusé, sur une migraine, de son inattention, à peine assis au bord de sa chaise, le corps impatient, déjà tout occupé de quelque plaisir futur et proche ; le café bu, il avait fui, allègre, l'œil vif, l'oreille rouge, les narines ouvertes. Tout le jour, Raymond s'était fait une image charmante de cette soirée et de cette nuit ; mais à Eddy des joies sans doute s'étaient offertes, plus rafraîchissantes qu'aucune confidence.

Courrèges s'étonna de n'être pas seulement déçu et humilié, mais triste. Il était choqué de ce que le moindre camarade lui devenait précieux ; cela paraissait assez nouveau dans sa vie : jusqu'à trente ans, incapable de ce désintéressement que la camaraderie exige, d'ailleurs fort occupé des femmes, il avait méprisé tout ce qui ne lui semblait pas objet de possession et, enfant goulu, il aurait pu dire : « Je n'aime que ce qui se dévore. » Dans ce temps-là, il n'usait de ses camarades que comme de témoins ou de confidents : un ami lui était d'abord une paire d'oreilles. Il aimait aussi se prouver à soi-même qu'il les dominait, les dirigeait ; il avait la passion de l'influence et se flattait de démoraliser avec méthode.

Raymond Courrèges aurait su se faire une clientèle comme son grand-père le chirurgien, comme son grand-oncle jésuite, comme son père le docteur, s'il avait été capable d'asservir à une carrière ses appétits, et si son goût ne l'avait détourné toujours de rien poursuivre qu'une satisfaction immédiate. Pourtant il touchait à l'âge où, seuls, ceux qui s'adressent à l'âme peuvent asseoir leur domination : Courrèges, lui, ne savait qu'assurer à ses disciples le meilleur rendement de plaisir. Mais les plus jeunes souhaitent des complices de leur génération, et sa clientèle s'appauvrissait. En amour, le gibier longtemps pullule, mais la petite troupe de ceux qui ont commencé avec nous de vivre, se réduit chaque année. Les survivants aux coupes sombres de la guerre, qu'ils fussent enlisés dans le mariage, ou déformés par le métier, Courrèges, leur voyant le poil grison, cette bedaine, ce crâne, les haïssait d'avoir son âge ; il les accusait d'être les assassins de leur jeunesse et, avant qu'elle les renonçât, de la trahir.

Lui, il mettait son orgueil à compter parmi les garçons d'après-guerre ; — et, ce soir, dans le bar vide encore où ne bourdonne qu'une mandoline assourdie (la flamme de la mélodie meurt, renaît, vacille), il regarde ardemment, reflété par les glaces, son visage sous des cheveux drus — ce visage que la trente-cinquième année épargne encore. Il songea que le vieillissement avant de toucher son corps, touchait sa vie. Si c'était son orgueil d'entendre les femmes s'interroger : « Quel est ce grand jeune homme ? » il savait que les garçons de vingt ans, plus perspicaces, ne le comptaient plus parmi les enfants de leur race éphémère. Cet Eddy, peut-être avait-il eu mieux à faire que de parler de soi jusqu'à l'aube dans le vacarme du saxophone ; — mais peut-être aussi ne fait-il autre chose à cette heure, dans un autre bar, que d'expliquer son cœur à un garçon né en 1904 et qui sans cesse l'interrompt de « moi aussi » et de « c'est comme moi »…

Des jeunes gens survinrent qui avaient préparé, pour traverser la salle, un air de suffisance et de hauteur dont ils furent embarrassés, voyant cette solitude. Autour du barman, ils s'agglutinèrent. Cependant Courrèges n'acceptait jamais de souffrir à cause d'un autre, maîtresse ou camarade. Il s'exerça donc, selon sa méthode, à voir le défaut de proportion entre l'insignifiance d'Eddy H… et le trouble où le laissait un tel abandon. Il eut du plaisir à n'éprouver la résistance d'aucune racine, quand il essaya d'enlever en lui cette herbe de sentiment. Il s'enhardit jusqu'à concevoir qu'il pourrait demain mettre à la porte ce garçon et, sans frémir, envisagea de ne le plus revoir jamais. Ce fut même avec allégresse qu'il se dit : « Je vais le balayer… » Il soupira d'aise ; puis s'aperçut qu'une gêne subsistait en lui, dont Eddy n'était pas le principe. Ah ! oui, c'était cette lettre qu'il toucha dans une poche du smoking… Inutile de la relire : le docteur Courrèges n'usait avec son fils que d'un langage elliptique, facile à retenir :

Suis descendu au Grand-Hôtel pour la durée du Congrès de Médecine. A ta disposition, matin avant neuf hevres ; soir après onze heures. Ton père,

PAUL COURRÈGES.

Raymond murmura : « Plus souvent… », prit à son insu un air de défi. Il en voulait à ce père de ce qu'il ne lui était pas aussi facile de le mépriser que le reste de la famille. A trente ans, Raymond avait en vain réclamé la dot qu'avait reçue sa sœur mariée. Sur le refus de ses parents, il avait coupé les ponts ; mais la fortune appartenait à M meCourrèges ; Raymond savait bien que son père se fût montré généreux s'il en avait eu le droit, et que l'argent ne lui était rien. Il répéta : « Plus souvent… » mais ne put se défendre de percevoir un appel dans ce message sec. Il n'était point si aveugle que M meCourrèges, qu'irritaient la froideur et la brusquerie de son mari et qui avait coutume de répéter : « Qu'est-ce que ça me fait qu'il soit bon, si je ne m'en aperçois pas ? Jugez un peu ce que ce serait, s'il était méchant. »

Raymond est gêné par l'appel de ce père trop difficile à haïr. Non, certes, il ne lui répondra pas ; mais tout de même… Plus tard, lorsque Raymond Courrèges se remémora les circonstances de cette nuit, il se souvint de l'amertume dont il avait souffert à son entrée dans le petit bar vide, mais il en oublia les causes, qui étaient la défection d'un camarade appelé Eddy, et la présence à Paris de son père ; il crut que cette humeur âcre était née d'un pressentiment et qu'un lien existait entre l'état de son cœur, ce soir-là, et l'événement qui approchait de sa vie. Il a toujours soutenu, depuis, que le seul Eddy, ni le docteur Courrèges, n'auraient eu le pouvoir de l'entretenir dans une telle angoisse, mais qu'à peine assis devant un cocktail, son esprit et sa chair, d'instinct, avaient senti l'approche de celle qui, à la même minute, dans un taxi déjà au coin de la rue Duphot, fouillait son petit sac et disait à son compagnon :

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