François Mauriac - Le Désert de l'amour

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Le Désert de l'amour: краткое содержание, описание и аннотация

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Un soir, dans un bar, Raymond Courrèges retrouve par hasard Maria Cross, une femme à laquelle, adolescent, il a témoigné une passion ardente et maladroite, qu'elle a repoussée.
Dans les souvenirs de Raymond, que le visage de Maria fait ressurgir, nous découvrons bientôt d ?autres ombres, d'autres blessures, telle la rivalité équivoque d'un père et d'un fils pour une même femme.
C'est à quarante ans que François Mauriac publia ce roman, constat désabusé de la stérilité des passions humaines, illustration mélancolique, dans le Paris noceur des années 1920, du thème pascalien de la misère de l'homme sans Dieu. «
, devait-il écrire, c'est le roman de mon renoncement. Ce pourrait être le titre de mon œuvre entière. »

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Lorsqu'elle entendit se fermer au premier étage la porte du docteur, M meCourrèges versa dans la tasse le café brûlant ; un sourire éclaira son visage barbouillé d'insomnie, raviné par la lente pluie des jours besogneux et pareils, — sourire vite éteint dès que parut le docteur, et déjà elle le toisait, méfiante :

« Tu as ton chapeau haut de forme et ta redingote ?

— Tu le vois bien.

— Tu vas à un mariage ?

— A un enterrement ?

— Oui.

— Qui est mort ?

— Quelqu'un que tu ne connais pas, Lucie.

— Dis-le-moi tout de même.

— Le petit Cross.

— Le fils de Maria Cross ? Tu la connais ? Tu ne me l'avais pas dit, tu ne me dis rien. Pourtant, depuis que nous parlons à table de cette drôlesse… »

Le docteur, debout, buvait son café. Il répondit de sa voix la plus douce, qui témoignait chez lui d'une exaspération à son comble, mais jugulée :

« Après vingt-cinq ans, tu n'as pas encore compris que je parle de mes clients le moins possible. »

Non, elle ne comprenait pas et s'obstinait à trouver stupéfiant d'apprendre au hasard de ses visites que telle dame était soignée par le docteur Courrèges :

« C'est bien agréable pour moi, lorsque les gens s'étonnent : “Comment ? vous ne le saviez pas” et je suis obligée de répondre que tu n'as aucune confiance en moi, que tu ne me dis jamais rien… C'était le petit que tu soignais ? De quoi est-il mort ? Tu peux bien me le dire, à moi, je ne répète rien ; et d'ailleurs, c'est sans importance, pour des gens comme ça… »

Le docteur, comme s'il n'avait pas entendu, comme s'il ne la voyait pas, mit son pardessus, cria à Raymond : « Dépêche-toi, sept heures ont sonné il y a longtemps. » M meCourrèges trottait derrière eux :

« Qu'est-ce que j'ai encore dit ? Tout de suite, tu te hérisses. »

La portière claqua, un massif de fusains masquait déjà le vieux coupé, le soleil commençait de déchirer la brume ; M meCourrèges, s'adressant à soi-même des paroles confuses, revint vers la maison.

Dans la voiture, l'écolier observait son père avec une curiosité ardente, avec le désir de recevoir une confidence. Voici la minute où ils eussent pu se rapprocher, peut-être. Mais le docteur était alors en esprit bien loin de ce garçon dont il avait si souvent voulu la capture ; la jeune proie s'offrait à lui, maintenant, et il ne le savait pas ; il marmonnait dans sa barbe, comme s'il eût été seul : « J'aurais dû faire venir un chirurgien… On peut toujours tenter la trépanation… » Il rejeta en arrière son haut-de-forme hérissé, baissa une vitre, tendit sa face pileuse vers la route pleine de carrioles. A la barrière, le père répéta distraitement : « A ce soir », mais il ne suivit pas Raymond des yeux.

III

L'été qui vint alors fut celui où Raymond Courrèges eut dix-sept ans. Il se le rappelle torride, sans eau, et tel que depuis nul autre n'accabla de ce ciel intolérable la ville pierreuse. Et pourtant il se souvient de ces étés à Bordeaux, que des collines défendent contre le vent du nord et qu'assiègent jusqu'à ses portes les pins et le sable où la chaleur se concentre, s'accumule, — Bordeaux, ville pauvre en arbres, hors ce Jardin public où il semblait aux enfants mourant de soif que, derrière les hautes grilles solennelles, achevait de se consumer la dernière verdure du monde.

Mais, dans son souvenir, peut-être Courrèges confond-il le feu du ciel, cette année-là, et la flamme intérieure qui le dévastait, lui et soixante garçons de son âge, entre les barrières d'une cour séparée des autres cours par un mur de latrines. Il fallait deux surveillants pour tenir tête à ce troupeau d'enfants près de mourir, et d'hommes près de naître. Sous la poussée d'une germination douloureuse, la jeune forêt humaine s'étirait en quelques mois, grêle et souffrante. Mais tandis que le monde, ses usages, émondaient presque tous ces baliveaux de bonnes familles, Raymond Courrèges, lui, jetait sans vergogne tout son feu. Il faisait peur et horreur à ses maîtres qui séparaient le plus possible des autres ce garçon au visage déchiré (parce que sa chair d'enfant supportait mal le rasoir). Il était, aux yeux des bons élèves, le sale type dont on raconte qu'il cache dans son portefeuille des photographies de femmes et qu'il lit à la chapelle, sous une couverture de paroissien, Aphrodite. « Il avait perdu la foi… » Cette parole terrifiait le collège comme si, dans un asile de fous, le bruit eût couru que le plus furieux, ayant rompu sa camisole, errait tout nu à travers les jardins. On savait que, les rares dimanches où il échappait à la retenue, Raymond Courrèges jetait aux orties l'uniforme et la casquette qu'ornait le monogramme de la Vierge, qu'il revêtait un pardessus acheté tout fait chez Thierry et Sigrand, se coiffait d'un melon ridicule de policier en civil, et courait les baraques louches de la foire : on l'avait vu au « manège-salon », avec une catin sans âge.

Lorsque, le jour de la distribution solennelle des prix, il fut notifié à une assemblée abrutie de chaleur sous les feuilles déjà grillées, que l'élève Courrèges était définitivement reçu avec la mention « assez bien », lui seul connaissait la raison de cet effort qu'il avait soutenu, en dépit du désordre apparent de sa vie, pour ne pas échouer à l'examen. Une idée fixe l'avait occupé, diverti de toute persécution, lui avait rendu courtes les heures d'arrêt contre le mur crépi du préau : l'idée du départ, de la fuite, dans une aube d'été, sur la grand-route d'Espagne qui passe devant la propriété des Courrèges — route comme alourdie de pavés énormes, souvenir de l'Empereur, de ses canons et de ses convois. Ivresse d'avance savourée de chaque pas l'éloignant un peu plus du collège et de la morne famille ! Il avait été entendu que, si Raymond était reçu, son père et sa grand-mère lui donneraient chacun cent francs ; comme déjà il en possédait huit cents, ainsi détiendrait-il le billet de mille, grâce auquel il se flattait de pouvoir courir le monde et dérouler, entre lui et les siens, une route indéfinie. C'est pourquoi, sans que le troublât le jeu des autres, il travaillait durant ses punitions. Parfois il fermait son livre, revenait goulûment à sa rêverie : des cigales chantaient dans les pins des routes futures ; l'auberge était fraîche et sombre où il s'asseyait, harassé, dans un village sans nom ; le clair de lune éveillait les coqs et l'enfant repartait à la fraîche avec le goût du pain dans les dents ; et parfois il dormait sous une meule, une paille lui cachait une étoile, la main mouillée du petit jour l'éveillait…

Et pourtant, il n'avait pas fui, ce garçon que ses maîtres et ses parents s'accordaient pour juger capable de tout ; ses ennemis, à leur insu, avaient été les plus forts : la défaite d'un adolescent vient de ce qu'il se laisse persuader de sa misère. A dix-sept ans, il arrive que le garçon le plus farouche accepte bénévolement l'image de soi-même que les autres lui imposent. Raymond Courrèges était beau et ne doutait point d'être un monstre de laideur, de saleté ; il ne discernait pas les lignes pures de sa face, mais était assuré de ne pouvoir rien exciter chez autrui que le dégoût. Il se faisait horreur et croyait qu'il n'atteindrait jamais à rendre au monde l'inimitié qu'il y faisait naître. Et c'est pourquoi, plus fortement que le désir d'évasion, il éprouvait celui de se cacher, de dérober son visage, de ne point essuyer la haine des inconnus. Ce débauché, dont les enfants de la Congrégation redoutaient de toucher la main, autant qu'eux-mêmes il ignorait la femme et ne se fût point jugé digne de plaire à la plus misérable souillon. Il avait honte de son corps. Cette ostentation dans le désordre et dans la saleté, parents ni maîtres ne surent y voir une bravade misérable de l'adolescent pour leur faire croire que sa misère était voulue : pauvre orgueil de cet âge, humilité désespérée.

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