Marc Levy - Les enfants de la liberté

Здесь есть возможность читать онлайн «Marc Levy - Les enfants de la liberté» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les enfants de la liberté: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les enfants de la liberté»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Les enfants de la liberté — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les enfants de la liberté», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Les freins crissent, le train s'immobilise. Les Allemands interdisent aux cheminots de s'approcher. Personne ne doit savoir ce qui se passe à l'intérieur des wagons, nul ne doit témoigner de l'horreur. Schuster redoute de plus en plus une attaque. La peur des maquisards est devenue chez lui obsessionnelle. Il faut dire que depuis notre embarquement, le train n'a jamais pu parcourir plus de cinquante kilomètres par jour et le front de la bataille de la Libération avance vers nous.

Il nous est strictement défendu de communiquer d'un wagon à l'autre, mais les nouvelles circulent quand même. Surtout celles qui parlent de la guerre et de l'avancement des Alliés. Chaque fois qu'un cheminot courageux réussit à approcher le convoi, chaque fois qu'un civil généreux vient, à la faveur de la nuit, nous apporter un peu de réconfort, nous glanons des informations. Et chaque fois, renaît l'espoir que Schuster ne réussisse pas à gagner la frontière.

Nous sommes le dernier train à partir pour l'Allemagne, le dernier convoi de déportés, et certains veulent croire que nous finirons par être libérés par les Américains ou par la Résistance. C'est grâce à elle que nous n'avançons pas, c'est grâce à elle que les voies sautent. Au loin, les Feldgendarmes prennent à partie deux cheminots qui tentent de venir vers nous. Désormais, pour ce bataillon en retraite, l'ennemi est partout. En chaque civil qui veut nous venir en aide, en chaque ouvrier, les nazis voient des terroristes. Pourtant, ce sont eux qui hurlent fusil au poing, grenades à la ceinture, eux qui tabassent les plus faibles d'entre nous, brutalisent les plus vieux, juste pour se défouler de la tension qui les harcèle.

Aujourd'hui, nous ne repartirons pas. Les wagons restent fermés sous bonne garde. Et toujours cette chaleur qui ne cesse d'augmenter et nous tue lentement. Dehors, il fait trente-cinq degrés ; dedans, personne ne peut le dire, nous sommes presque tous inconscients. Le seul réconfort dans cette horreur est d'entrevoir le visage familier des copains. Je devine le sourire qu'esquisse Charles quand je le regarde, Jacques semble toujours veiller sur nous.

François reste à ses côtés, comme un fils auprès d'un père qu'il n'a plus. Moi, je rêve de Sophie et de Marianne ; j'imagine la fraîcheur du canal du Midi et je revois le petit banc où nous nous asseyions pour échanger des messages. En face de moi, Marc semble si triste ; pourtant c'est lui qui a de la chance. Il songe à Damira, et je suis certain qu'elle aussi pense à lui, si elle est encore en vie. Aucun geôlier, aucun tortionnaire ne pourra retenir prisonnières ces pensées-là. Les sentiments voyagent à travers les bar-Page 126

Levy Marc - les enfants de la liberté reaux les plus étroits, ils s'en vont sans peur de la distance, et ne connaissent ni les frontières des langues, ni celles des religions, ils se rejoignent au-delà des prisons inventées par les hommes.

Marc a cette liberté-là. Je voudrais croire que là où se trouve Sophie, elle pense un peu à moi ; quelques secondes suffiraient, quelques pensées pour l'ami que j'étais... à défaut d'être pour elle davantage.

Aujourd'hui, nous n'aurons ni eau ni pain. Certains d'entre nous ne peuvent plus parler, ils n'en ont plus la force. Claude et moi ne nous quittons pas, vérifiant à chaque instant que l'un ou l'autre ne s'est pas évanoui, que la mort n'est pas en train de l'emporter, et de temps en temps, nos mains se rejoignent, juste pour vérifier...

9 juillet

Schuster a décidé de rebrousser chemin. La Résistance a fait sauter un pont, interdisant notre passage. Nous repartons vers Bordeaux. Et pendant que le train s'éloigne d'Angoulême et de sa gare dévastée, je repense à un seau où j'ai laissé filer ma dernière chance d'y voir clair. Déjà deux jours dans la brume et la nuit toujours devant moi.

Nous arrivons au début de l'après-midi. Nuncio et son ami Walter ne pensent qu'à s'évader. Le soir, pour passer le temps, nous faisons la chasse aux puces et aux poux qui rongent le peu de chair qui nous reste. Les parasites se logent dans les coutures de nos chemises et de nos pantalons. Il faut beaucoup d'adresse pour les déloger, et à peine une colonie chassée, une autre prolifère. À tour de rôle, les uns s'allongent pour essayer de se reposer tandis que d'autres s'accroupissent pour leur faire de la place. C'est au milieu de cette nuit-là, que me vient cette drôle de question : si nous survivons à cet enfer, pourrons-nous un seul jour l'oublier ? Aurons-nous le droit de revivre comme des gens normaux ? Peut-on gommer la part de mémoire qui trouble l'esprit ?

Claude me regarde étrangement.

- A quoi penses-tu ? me demande mon frère.

- À Chahine, tu te souviens de lui ?

- Je crois. Pourquoi penses-tu à lui maintenant ?

- Parce que ses traits ne s'effaceront jamais.

- À quoi penses-tu vraiment, Jeannot ?

- Je cherche une raison de survivre à tout cela.

- Tu l'as en face de toi, imbécile ! Un jour, nous retrouverons la liberté. Et puis, je t'ai promis que tu volerais, ça tu t'en souviens j'espère ?

- Et toi, qu'est-ce que tu voudras faire après la guerre ?

- Faire le tour de la Corse à moto, avec la plus belle gonzesse du monde accrochée à ma taille.

Le visage de mon frère se penche vers moi pour que je distingue mieux ses traits.

- J'en étais sûr ! J'avais repéré ton petit ricanement. Quoi? Tu me crois incapable de séduire une fille et de l'emmener en voyage ?

J'ai beau tout faire pour me contenir, je sens le rire qui me gagne et mon frère qui s'impatiente.

Charles rigole à son tour, même Marc se joint à nous.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous ? demande Claude, agacé.

- C'est terrible ce que tu pues, mon vieux, si tu voyais ton allure ! Je doute que dans ton état, même un cafard veuille te suivre où que ce soit.

Page 127

Levy Marc - les enfants de la liberté Claude me renifle et se joint à ce fou rire absurde qui ne nous quitte pas.

10 juillet

Aux premières heures du jour, la chaleur est déjà intenable. Et ce fichu train qui ne bouge toujours pas. Pas le moindre nuage à l'horizon, pas l'espoir d'une goutte de pluie qui viendrait apaiser les souffrances des prisonniers. On dit que les Espagnols chantent quand ça va mal. Une mélopée s'élève, c'est la belle langue de Catalogne qui s'évade par les planches du wagon voisin.

- Regardez ! dit Claude qui s'est hissé à la lucarne.

- Qu'est-ce que tu vois ? demande Jacques.

- Les soldats s'agitent le long de la voie. Des camionnettes de la Croix-Rouge arrivent, des infirmières en descendent, elles portent de l'eau et viennent vers nous.

Elles avancent jusqu'au quai mais les Feldgendarmes leur ordonnent de s'arrêter, de déposer leurs seaux et de se retirer. Les prisonniers viendront les chercher dès qu'elles seront parties. Aucun contact avec les terroristes n'est autorisé !

L'infirmière en chef repousse le soldat d'un geste de la main.

- Quels terroristes ? demande-t-elle outrée. Les vieux ? Les femmes ? Les hommes affamés dans ces wagons à bestiaux ?

Elle l'invective et lui dit qu'elle en a assez des ordres. Dans quelque temps, il faudra rendre des comptes. Ses infirmières iront porter le ravitaillement jusqu'aux wagons, c'est ainsi et pas autrement ! Et elle ajoute que ce n'est pas parce qu'il porte un uniforme qu'il va l'impressionner.

Et quand le lieutenant brandit son revolver en lui demandant si cela l'impressionne un peu plus, l'infirmière en chef toise Schuster et sollicite courtoi-sement une faveur. S'il avait le courage de tirer sur une femme, et de surcroît de dos, elle le prierait d'avoir l'amabilité de viser le centre de la croix qu'elle porte sur son uniforme. Elle ajoute que par chance, cette dernière est suffisamment grande pour que même un imbécile comme lui soit capable d'ajuster le tir. Cela lui fera de beaux états de service quand il rentrera chez lui, et de meilleurs encore s'il venait à être arrêté par les Américains ou la Résistance.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les enfants de la liberté»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les enfants de la liberté» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Les enfants de la liberté»

Обсуждение, отзывы о книге «Les enfants de la liberté» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x