Marc Levy - Les enfants de la liberté

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Profitant de la stupeur de Schuster, l'infirmière en chef ordonne à sa drôle de troupe d'avancer vers les wagons. Sur le quai, les soldats semblent s'amuser de son autorité. Peut-être sont-ils simplement soulagés que quelqu'un force leur chef à un peu d'humanité.

Elle est la première à ouvrir le loquet d'une porte, les autres femmes l'imitent.

L'infirmière en chef de la Croix-Rouge de Bordeaux pensait avoir tout vu dans sa vie. Deux guerres et des années à donner des soins aux plus démunis l'avaient convaincue que plus rien ne la surpren-drait. Pourtant, en nous découvrant, ses yeux s'écarquillent, elle a un haut-le-coeur et ne peut réprimer le « Mon Dieu » qui s'échappe de sa bouche.

Les infirmières, tétanisées, nous regardent ; sur leur visage les copains peuvent voir le dégoût et la révolte que notre condition leur inspire. Nous avions beau nous être rhabillés du mieux que nous le pouvions, nos figures émaciées trahissaient notre état.

Dans chaque wagon, une infirmière apporte un Page 128

Levy Marc - les enfants de la liberté seau, offre des biscuits et échange quelques mots avec les prisonniers. Mais Schuster hurle déjà pour que la Croix-Rouge se retire et l'infirmière en chef juge avoir suffisamment joué de sa chance aujourd'hui. Les portes se referment.

- Jeannot ! Viens voir, dit Jacques qui assure la distribution des biscuits et à chacun sa ration d'eau.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Il y a qu'il faut que tu te dépêches !

Se lever demande beaucoup d'effort et dans le flou où je vis depuis quelques jours, l'exercice est encore plus pénible. Mais je sens chez les copains une urgence qui me force à les rejoindre. Claude me prend par l'épaule.

- Regarde ! dit-il.

Il en a de bonnes, Claude ! À part le bout de mon nez, je ne vois pas grand-chose, quelques silhouettes parmi lesquelles je reconnais celle de Charles, et je devine Marc et François qui se tiennent derrière lui.

Je distingue les contours du seau que Jacques soulève vers moi, et soudain, au fond, j'aperçois la monture d'une paire de lunettes neuves. Je tends ma main qui disparaît dans l'eau, et saisis ce à quoi je ne veux croire encore.

Les copains, silencieux, attendent en retenant leur souffle que je pose les lunettes sur mon nez. Et tout à coup, le visage de mon petit frère redevient clair comme aux premiers jours, je vois l'émotion dans les yeux de Charles, la mine réjouie de Jacques, celles de Marc et François qui me serrent dans leurs bras.

Qui a pu comprendre ? Qui a su deviner le destin d'un déporté sans espoir, en découvrant dans le fond d'un seau des lunettes brisées ? Qui a eu le cœur d'en faire fabriquer de nouvelles, de suivre le train pendant plusieurs jours, de repérer sans erreur le wagon d'où elles provenaient et de faire le nécessaire pour qu'une paire neuve s'y retrouve ?

- L'infirmière de la Croix-Rouge, répond Claude.

Qui d'autre ?

Je veux revoir le monde, je ne suis plus aveugle, la brume s'est envolée. Alors je tourne la tête et regarde autour de moi. Le premier décor qui s'offre à ma vue recouvrée est d'une tristesse infinie. Claude m'entraîne vers la lucarne.

- Regarde comme il fait beau dehors.

- Oui, il a raison mon petit frère, il fait si beau dehors.

- Tu crois qu'elle est jolie ?

- Qui ça ? demande Claude.

- L'infirmière !

Ce soir-là, je me dis que, peut-être, mon destin se dessinait enfin. Les refus de Sophie, de Damira et, pour tout dire, de toutes les filles de la brigade à vouloir m'embrasser avaient finalement un sens. La femme de ma vie, la vraie, serait donc celle qui m'avait sauvé la vue.

En découvrant les lunettes au fond du seau, elle avait aussitôt compris l'appel au secours que je lui avais lancé du fond de mon enfer. Elle avait caché la monture dans son mouchoir, prenant un soin infini des éclats de verre qui s'y trouvaient accrochés. Elle s'était rendue en ville chez un opticien proche de la Résistance. Ce dernier avait cherché sans relâche des verres correspondant aux fragments qu'il avait étudiés. La monture reconstruite, elle était repartie à vélo, longeant les rails jusqu'à ce qu'elle repère le Page 129

Levy Marc - les enfants de la liberté convoi. En le voyant rebrousser chemin vers Bordeaux, elle sut qu'elle réussirait à livrer son colis.

Avec la complicité de l'infirmière en chef de la Croix-Rouge, elle choisit avant d'arriver sur le quai le wagon qu'elle reconnaissait aux éclats de balles qui striaient son flanc. C'est ainsi que mes lunettes me revinrent.

Il avait fallu à cette femme tant de cœur, de générosité et de courage, que je me promettais, si je m'en sortais, de la retrouver dès la fin de la guerre et de la demander en mariage. Je m'imaginais déjà, roulant cheveux au vent, sur une route de campagne, à bord d'une Chrysler décapotable, ou pourquoi pas sur une bicyclette, ce qui n'en aurait que plus de charme. Je frapperais à la porte de sa maison, je frapperais deux petits coups, et quand elle m'ouvrirait, je lui dirais «Je suis celui à qui tu as sauvé la vie et ma vie désormais t'appartient ». Nous dînerions devant l'âtre, et nous nous raconterions chacun les dernières années écoulées, tous ces mois de souffrance sur ce long chemin où nous avions enfin fini par nous rencontrer. Et nous refermerions ensemble les pages du passé pour écrire à deux les jours à venir. Nous aurions trois enfants ou plus si elle le souhaitait et nous vivrions heureux. Je prendrais des cours de pilotage comme Claude me l'avait promis et quand je serais diplômé, je l'emmènerais le dimanche, survoler la campagne française. Voilà, tout était désormais logique ; maintenant, la vie pour moi avait enfin un sens.

Compte tenu du rôle qu'avait joué mon petit frère dans mon sauvetage, et vu la relation qui nous liait, il était tout à fait normal que je lui demande aussitôt d'être mon témoin.

Claude m'a regardé en toussotant.

- Écoute, mon vieux, je n'ai rien contre le principe d'être témoin à ton mariage, j'en suis même honoré, mais il faut quand même que je te dise quelque chose avant que ta décision ne soit définitive.

L'infirmière qui a rapporté tes lunettes est mille fois plus myope que toi, enfin, vu l'épaisseur des verres qu'elle portait sur le nez. Bon, ça, tu vas me dire qu'on s'en fiche ; mais il faut aussi que je te dise, puisque tu étais encore dans le brouillard quand elle est repartie : elle a quarante ans de plus que toi, elle doit déjà être mariée et avoir au moins douze enfants. Je ne dis pas que dans notre état nous ayons les moyens d'être exigeants, mais enfin, là...

Nous sommes restés trois jours parqués dans ces wagons immobiles sur un quai de la gare de Bordeaux. Les copains suffoquaient, parfois l'un d'entre eux se levait, à la recherche d'un peu d'air, mais il n'y en avait pas.

L'homme s'habitue à tout, c'est l'un de ses grands mystères. Nous ne sentions plus notre propre puanteur, personne ne se souciait de celui qui se penchait au-dessus du minuscule trou dans le plancher pour s'y soulager. La faim était oubliée depuis longtemps, seule durait l'obsession de la soif ; surtout quand une nouvelle boursouflure se formait sur nos langues. L'air se raréfiait non seulement dans le wagon mais aussi dans nos gorges ; il était de plus en plus difficile de déglutir. Mais nous avions pris l'habitude de cette souffrance du corps qui ne nous quittait plus ; nous nous accoutumions à toutes les privations, y compris à celle du sommeil. Et les seuls qui, par courts instants, trouvaient une déli-Page 130

Levy Marc - les enfants de la liberté vrance, c'était dans la folie qu'ils s'évadaient. Ils se levaient, se mettaient à gémir ou à hurler, parfois certains pleuraient avant de s'écrouler, inanimés.

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