Marc Levy - Les enfants de la liberté

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Levy Marc - les enfants de la liberté Normandie.

Nous sommes le 6 juin 1944, il est six heures.

À l'aube, dans la cour de la prison Saint-Michel, à Toulouse, Enzo et Antoine ont été fusillés.

29.

Pendant les trois semaines qui suivirent, les Alliés connurent l'enfer en Normandie. Chaque jour apportait son lot de victoires et d'espoir ; Paris n'était pas encore libéré, mais le printemps que Jacques avait tant attendu s'annonçait, et quand bien même il était en retard, personne ne pouvait lui en vouloir.

Tous les matins, au moment de la promenade, nous échangeons avec nos copains espagnols des nouvelles de la guerre. Maintenant, nous en sommes certains, on ne tardera pas à nous libérer. Mais l'intendant de police Marty, que la haine n'a jamais quitté, en a décidé autrement. À la fin du mois, il donne l'ordre à l'administration pénitentiaire de remettre tous les prisonniers politiques aux mains des nazis.

À l'aube, on nous réunit dans la galerie, sous la verrière grise. Chacun porte son paquetage, sa gamelle et ses maigres affaires.

La cour s'est emplie de camions et les Waffen-SS aboient pour nous faire mettre en rangs. La prison est en état de siège. On nous encadre. Les soldats hurlent, et nous font avancer à coups de crosse de fusil. Dans la file, je rejoins Jacques, Charles, François, Marc, Samuel, mon petit frère et tous les copains survivants de la 35e brigade.

Bras dans le dos, le surveillant-chef Theil, entouré de quelques gardiens, nous regarde, et ses yeux pétillent de hargne.

Je me penche à l'oreille de Jacques et murmure :

- Regarde-le, il est blafard. Tu vois, j'aime encore mieux être à ma place qu'à la sienne.

- Mais tu réalises où on va, Jeannot !

- Oui, mais nous irons la tête haute et lui vivra toujours à voix basse.

Tous, nous espérions la liberté et tous, nous partons en rang, enchaînés quand s'ouvrent les portes de la prison. Nous traversons la ville, sous escorte, et les rares passants, silencieux dans ce matin blême, regardent la cohorte de prisonniers qu'on emmène à la mort.

À la gare de Toulouse, où reviennent les souvenirs, un convoi de wagons de marchandises nous attend.

En s'alignant sur le quai, chacun de nous devine bien où ce train nous conduit. Il fait partie de ceux qui, depuis de longs mois, traversent l'Europe, ceux dont les passagers ne reviennent jamais.

Terminus à Dachau, Ravensbrûck, Auschwitz, Birkenau. C'est dans le train fantôme que l'on nous pousse, tels des animaux.

30.

Le soleil n'est pas encore bien haut dans le ciel, les quatre cents prisonniers du camp du Vernet attendent sur le quai pourtant déjà empreint de la tiédeur du jour. Les cent cinquante détenus de la prison Saint-Michel se joignent à eux. Au convoi, sont couplés entre les wagons de marchandises qui nous sont réservés quelques wagons de passagers. Y

embarquent des Allemands coupables de menus Page 114

Levy Marc - les enfants de la liberté délits. Ils retournent chez eux, sous escorte. Des membres de la Gestapo, qui ont obtenu d'être rapa-triés avec leurs familles, grimpent à leur tour. Les Waffen-SS s'asseyent sur les marchepieds, fusil sur les genoux. Près de la locomotive, le chef du train, le lieutenant Schuster, donne des ordres à ses soldats.

En queue de convoi, on arrime un plateau sur lequel sont montés un immense projecteur et une mitrailleuse. Les SS nous bousculent. La tête d'un prisonnier ne revient pas à l'un d'entre eux. Il lui assène un coup de crosse. L'homme roule à terre et se relève en se tenant le ventre. Les portes des bétaillères s'ouvrent. Je me retourne et regarde une dernière fois la couleur du jour. Pas un nuage, c'est une chaude journée d'été qui s'annonce, et je pars pour l'Allemagne.

Le quai est pourtant noir de monde, les files de déportés se sont formées devant chaque wagon, et moi, étrangement, je n'entends plus aucun bruit.

Alors qu'on nous pousse, Claude se penche à mon oreille.

- Cette fois, c'est le dernier voyage.

- Tais-toi !

- Combien de temps crois-tu que nous tiendrons là-dedans ?

- Le temps qu'il faudra. Je te défends de mourir !

Claude hausse les épaules, c'est à son tour de monter, il me tend la main, je le suis. Derrière nous, la porte du wagon se referme.

Il faut un peu de temps à mes yeux pour s'habituer à l'obscurité. Des planches entourées de barbelés sont clouées à la lucarne. Nous sommes soixante-dix entassés dans ce wagon, peut-être un peu plus. Je comprends que pour se reposer, il faudra s'allonger à tour de rôle.

Il est bientôt midi, la chaleur est intenable et le convoi ne bouge toujours pas. Si nous roulions, nous aurions peut-être un peu d'air, mais rien ne se passe.

Un Italien qui n'en peut plus de soif, pisse entre ses mains et boit sa propre urine. Le voilà qui vacille et s'évanouit. À trois, nous le soutenons sous le mince filet d'air qui passe par la lucarne. Mais pendant que nous le réanimons, d'autres perdent conscience et s'écroulent.

- Écoutez ! murmure mon petit frère.

Nous tendons l'oreille et le regardons tous, dubitatifs.

- Chut, insiste-t-il.

C'est le grondement de l'orage qu'il entend, et déjà de grosses gouttes éclatent sur le toit. Meyer se précipite, il tend les bras vers les barbelés et se blesse ; qu'importe, à son sang qui coule sur sa peau se mêle un peu d'eau de pluie, il la lèche. Sa place est disputée par d'autres. Assoiffés, épuisés, apeurés, les hommes sont en train de devenir des animaux ; mais après tout, comment leur en vouloir de perdre la raison, ne sommes-nous pas parqués dans des wagons à bestiaux ?

Une secousse, le convoi s'ébranle. Il parcourt quelques mètres et s'immobilise.

C'est mon tour d'être assis. Claude est à côté de moi. Dos à la paroi, genoux recroquevillés pour prendre le moins de place possible. Il fait quarante degrés et je sens sa respiration haletante, comme celle des chiens qui s'abandonnent à la sieste sur la pierre chaude.

Le wagon est silencieux. Parfois, un homme tousse avant de s'évanouir. Dans l'antichambre de la Page 115

Levy Marc - les enfants de la liberté mort, je me demande à quoi pense celui qui conduit la locomotive, à quoi pensent les familles allemandes qui ont pris place sur les banquettes confortables de leurs compartiments, à ces hommes et ces femmes qui, à deux wagons de nous, boivent à leur soif et mangent à leur faim. Y en a-t-il parmi eux quelques-uns qui imaginent ces prisonniers qui suffoquent, ces adolescents inanimés, tous ces êtres humains à qui l'on veut enlever leur dignité avant de les assassiner ?

- Jeannot, il faut se tirer d'ici avant qu'il ne soit trop tard.

- Et comment ?

- Je ne sais pas, mais je voudrais que tu y réflé-

chisses avec moi.

J'ignore si Claude a dit cela parce qu'il croit vraiment qu'une évasion est possible, ou bien simplement parce qu'il sentait que je désespérais.

Maman nous disait toujours que la vie ne tenait qu'à l'espoir qu'on lui accorde. Je voudrais sentir son parfum, entendre sa voix et me souvenir qu'il y a quelques mois encore, j'étais un enfant. Je revois son sourire se figer, elle me dit des mots que je n'entends pas. « Sauve la vie de ton petit frère, articulent ses lèvres, ne renonce pas, Raymond, ne renonce pas ! »

- Maman ?

Une gifle claque sur ma joue.

- Jeannot ?

Je secoue la tête et dans mon brouillard, je vois la bouille confuse de mon petit frère.

- Je crois que tu étais à deux doigts de tourner de l'œil, me dit-il en s'excusant.

- Arrête de m'appeler Jeannot, ça n'a plus de sens !

- Tant que nous n'aurons pas gagné la guerre, je continuerai de t'appeler Jeannot !

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