Marc Levy - Les enfants de la liberté

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Et me voilà qui réconforte l'infirmier ! C'est moi, le juif, roux et binoclard, en guenilles, la peau décharnée, couverte des cloques que me laissent les puces chaque matin en souvenir de leur nuit ; c'est moi, le prisonnier qui guette la mort comme on attend son tour chez le médecin, moi dont le ventre gargouille, moi qui le rassure sur son avenir !

Entends-moi lui dire tout ce à quoi je crois encore : les Russes à Stalingrad, les fronts de l'Est qui se dégradent, le débarquement qui se prépare et les Allemands qui tomberont bientôt du haut des miradors, comme les pommes à l'automne.

Et l'infirmier m'écoute ; il m'écoute comme un enfant qui n'a presque plus peur. À la fin du récit, nous voilà tous les deux, un peu complices, liés dans notre sort. Quand je sens son amertume passée, je lui redis qu'entre ses mains se trouve la vie d'un gamin qui n'a que dix-sept ans.

- Écoute-moi, dit l'infirmier. Demain, ils vont le descendre dans la cellule des condamnés ; d'ici là, s'il est d'accord, je lui ferai une bandelette autour de sa plaie, avec un peu de chance, l'infection reviendra et ils le remonteront ici. Mais dans les jours à venir, il faudra vous débrouiller pour entretenir le stratagème.

Dans ses armoires on trouve du désinfectant, mais le produit infectant, ça n'existe pas. Alors, cette chance dont parle l'infirmier, c'est d'uriner sur le pansement.

- Sauve-toi maintenant, me dit-il en regardant à la fenêtre, la promenade se termine.

J'ai rejoint les prisonniers, les matons n'ont rien vu et Jacques, pas à pas, s'est approché de moi.

- Alors ? m'a-t-il demandé.

- Alors, j'ai un plan !

Et le lendemain, le surlendemain et tous les jours suivants, au moment de la promenade, j'organisais la mienne, à l'écart des autres. En passant devant le sas, je m'éclipsais vite fait de la file des prisonniers. Je n'avais qu'à tourner la tête et voir Enzo, dans la cellule des condamnés à mort, qui dormait sur sa couche.

- Tiens, t'es encore là, Jeannot ? disait-il toujours en s'étirant.

Et chaque fois il se redressait, inquiet.

- Mais qu'est-ce que tu fous encore, t'es dingue, s'ils te piquent, tu vas te faire dérouiller.

- Je sais, Enzo, Jacques me l'a dit cent fois, mais faut refaire ton pansement.

- C'est bizarre votre histoire avec l'infirmier.

- T'inquiète de rien, Enzo, il est avec nous, il Page 106

Levy Marc - les enfants de la liberté sait ce qu'il fait.

- Alors ? Vous avez des nouvelles ?

- De quoi ?

- Ben du débarquement ! Ils en sont où les Américains ? a questionné Enzo, comme un gamin demande au sortir d'un cauchemar si tous les monstres de sa nuit sont bien rentrés sous le plancher.

- Écoute, les Russes ont mis le paquet, les Allemands sont en déroute, on raconte même qu'ils seraient en train de libérer la Pologne.

- Ah dis donc, c'est drôlement chouette.

- Mais sur le débarquement, on n'en sait rien pour l'instant.

J'ai dit cela la voix triste et Enzo l'a senti ; ses yeux se sont plissés, comme si la mort tirait son drap vers lui, réduisant les distances.

Et le visage de mon copain se ferme pendant qu'il compte les jours.

Enzo a relevé la tête, à peine, juste de quoi me lancer un petit regard.

- Faut vraiment que tu t'en ailles, Jeannot, si tu te fais piquer, tu te rends compte ?

- Je veux bien me tirer, mais où tu veux que j'aille ?

Enzo a rigolé et c'était bon de voir mon ami sourire.

- Et ta jambe ?

Il a regardé sa guibole et a haussé les épaules.

- Ben, je peux pas te dire que ça sente très bon !

- Bien sûr, ça va te faire de nouveau mal, mais c'est mieux que le pire, non ?

- T'inquiète pas, Jeannot, je sais ; et puis ça sera toujours moins douloureux que les balles qui me feront éclater les os. Maintenant va-t'en avant qu'il ne soit trop tard.

Son visage devient blême, et je sens un coup de pied qui explose dans mes reins. Il a beau hurler que ce sont des salauds, les gardiens me tabassent, je suis plié en deux, mon épaule est au sol et les talonnades continuent. Mon sang se répand sur la dalle. Enzo s'est redressé, les mains accrochées aux barreaux de son cachot il supplie qu'on me laisse.

- Ben tu vois que tu tiens debout, ricane le gardien.

Je voudrais m'évanouir, ne plus sentir les coups qui pleuvent sur ma figure comme une averse d'août. Qu'il est loin le printemps dans ces jours froids de mai.

27.

Je m'éveille lentement. Ma figure me fait mal, mes lèvres sont collées par du sang séché. J'ai les yeux trop gonflés pour savoir si l'ampoule au plafond du mitard est déjà allumée. Mais j'entends des voix par le soupirail, je suis encore en vie. Les copains sont à la promenade dans la cour.

Un filet d'eau coule au robinet fiché sur un mur à l'extérieur. Les copains s'y succèdent. Les doigts glacés retiennent à peine la savonnette qui sert à se laver. La toilette achevée, ils échangent quelques mots et vont se réchauffer là où un rai de soleil s'étire sur le sol de la cour.

Les gardiens regardent l'un des nôtres. Ils portent dans leurs yeux le regard des vautours. Le môme a les jambes qui se mettent à trembler, les prisonniers se serrent autour de lui, l'encerclent pour faire rempart.

Page 107

Levy Marc - les enfants de la liberté

- Allez, viens avec nous ! dit le chef.

- Qu'est-ce qu'ils veulent ? demande le môme Antoine, la peur au visage.

- Viens, on te dit ! ordonne le maton en traçant son chemin au milieu des détenus.

Les mains se tendent pour serrer celles d'Antoine qu'on enlève à la vie.

- T'inquiète pas, murmure l'un des copains.

- Mais qu'est-ce qu'ils me veulent ? répète sans fin l'adolescent qu'on tire par les épaules.

Tous ici savent bien ce que veulent les vautours, et Antoine comprend. En délaissant la cour, il regarde ses amis, muet ; son au revoir est silencieux, mais les prisonniers immobiles entendent son adieu.

Les gardiens le reconduisent jusqu'à sa cellule.

En entrant, ils lui ordonnent de prendre ses affaires, toutes ses affaires.

- Toutes mes affaires ? supplie Antoine.

- T'es sourd ? Qu'est-ce que je viens de dire !

Et pendant qu'Antoine roule sa paillasse, c'est sa vie qu'il emballe ; dix-sept ans de souvenirs, le paquetage est vite fait.

Touchin se balance sur ses jambes.

- Allez, viens, dit-il, un rictus dégueulasse à ses lèvres grossières.

Antoine s'approche de la fenêtre, prend un crayon pour griffonner un mot à ceux qui sont encore dans la cour, il ne les reverra plus.

- Et puis quoi encore, dit le chef en lui frappant les reins.

On tire Antoine par les cheveux, si fins qu'ils s'arrachent.

Le gamin se relève et prend son balluchon, le serre contre son ventre et suit les deux gardiens.

- On va où ? demande-t-il la voix frêle.

- Tu verras quand t'y seras !

Et quand le gardien-chef ouvre la grille de la cellule des condamnés à mort, Antoine relève les yeux et sourit au prisonnier qui l'accueille.

- Qu'est-ce que tu fiches là ? demande Enzo.

- Je ne sais pas, répond Antoine, je crois qu'ils m'ont envoyé ici pour que tu sois moins seul. Qu'est-ce que ça pourrait bien être d'autre ?

- Ben oui, Antoine, répond doucement Enzo, qu'est-ce que tu veux que ce soit d'autre ?

Antoine ne dit plus rien, Enzo lui tend la moitié de son pain mais le môme n'en veut pas.

- Faut que tu manges.

- À quoi bon ?

Enzo se lève, sautille en grimaçant et va s'asseoir par terre, contre le mur. Il pose sa main sur l'épaule d'Antoine et lui montre sa jambe.

- Tu crois vraiment que je me donnerais tout ce mal, s'il n'y avait pas d'espoir ?

Les yeux écarquillés, Antoine regarde la plaie d'où suinte le pus.

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