Marc Levy - Les enfants de la liberté

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Page 98

Levy Marc - les enfants de la liberté Il faut faire attention au gardien. Il dort loin du bâtiment qu'on va brûler et l'explosion le fera sortir à temps pour qu'il ne risque rien, mais nous, que risquons-nous s'il nous voit ?

Mon frère se faufile déjà, il avance dans la bruine, je le suis, jusqu'à ce que nos chemins se séparent ; lui s'occupe de l'entrepôt, moi de l'atelier et des bureaux. J'ai son plan dans la tête et la nuit ne me fait pas peur. J'entre dans la bâtisse, longe la chaîne de montage et emprunte les marches de la passerelle qui conduit aux bureaux. La porte est fermée avec un croisillon d'acier, solidement verrouillé d'un cadenas ; tant pis, les carreaux sont fragiles. Je prends deux grenades, arrache les goupilles et les lance, une dans chaque main. Les vitres éclatent, juste le temps de m'accroupir, le souffle vient jusqu'à moi. Je suis projeté et retombe bras en croix. Sonné, les tympans qui bourdonnent, du gravier dans la bouche, les poumons enfumés, je crache tout ce que je peux. J'essaie de me relever, ma chemise est en feu, je vais brûler vif. J'entends d'autres explosions qui tonnent au loin, du côté des entrepôts. Moi aussi je dois finir le travail.

Je me laisse rouler sur les marches de fer et atterris devant une fenêtre. Le ciel est rougi par l'action de mon frère, d'autres bâtiments s'illuminent à leur tour, au fil des explosions qui les enflamment dans la nuit. Je puise dans ma musette, dégoupille et jette mes grenades, une à une, courant dans la fumée vers la sortie.

Dans mon dos, les déflagrations se succèdent ; à chacune d'entre elles, c'est mon corps tout entier qui vacille. Il y a tant de flammes qu'il fait comme en plein jour, et par instants, la clarté se masque, faisant place au noir le plus profond. Ce sont mes yeux qui m'abandonnent, les larmes qui en ruissellent sont brûlantes.

Je veux vivre, je veux m'évader de l'enfer, sortir d'ici. Je veux voir mon frère, le serrer dans mes bras, lui dire que tout n'était qu'un absurde cauchemar ; qu'au réveil j'ai retrouvé nos vies, comme ça, par hasard dans le coffre où maman rangeait mes affaires. Ces deux vies, la sienne, la mienne, celles où nous allions chaparder des bonbons chez l'épicier du coin, celles où maman nous attendait au retour de l'école, celles où elle nous faisait réciter nos devoirs ; juste avant qu'ils viennent nous l'enlever et nous voler nos vies.

Devant moi, une poutre de bois vient de s'effondrer, elle flambe et me barre le passage. La chaleur est terrible mais dehors, mon frère attend et, je le sais, il ne partira pas sans moi. Alors je prends les flammes entre mes mains et je repousse la poutre.

La morsure du feu, on ne peut l'imaginer tant qu'elle ne vous a pas saisi. Tu sais, j'ai hurlé, comme un chien qu'on tabasse, j'ai hurlé à la mort, mais je veux vivre, je te l'ai dit ; alors je continue ma route au milieu du brasier, en priant qu'on me coupe les poignets pour que la douleur cesse. Et devant moi, enfin apparaît la petite courette, comme mon frère l'avait dessinée. Un peu plus loin, l'échelle qu'il a déjà mise contre le mur. «Je me demandais ce que tu faisais, tu sais ? » me dit-il en me voyant la gueule noircie comme celle d'un charbonnier. Et il ajoute

« Tu t'es mis dans un drôle d'état ». Il m'ordonne de passer le premier, à cause de mes blessures. Je monte comme je peux, en m'appuyant sur les Page 99

Levy Marc - les enfants de la liberté coudes, les mains me font trop mal. En haut, je me retourne et l'appelle, pour lui dire que c'est son tour, il ne faut pas traîner.

À nouveau, Samuel s'est tu. Comme pour puiser la force de me raconter la fin de son histoire. Puis il ouvre les mains et me montre ses paumes ; ce sont celles d'un homme qui sa vie durant aurait travaillé la terre, un homme de cent ans ; Samuel n'en a que vingt.

- Mon frère est là, dans la cour, mais à mon appel, c'est la voix d'un autre homme qui répond.

Le gardien de l'usine met son fusil en joue et crie

« Halte, halte ». Je sors mon revolver de ma besace, j'en oublie la douleur dans mes mains, et je vise ; mais mon frère crie à son tour « Ne fais pas ça ! ». Je le regarde et l'arme glisse entre mes doigts. Quand elle tombe à ses pieds, il sourit, comme rassuré que je ne puisse pas faire de mal. Tu vois, je te l'ai dit, il a le cœur d'un ange. Les mains nues, il se retourne et sourit au gardien. « Ne tire pas, lui dit-il, ne tire pas, c'est la Résistance. » Il a parlé comme pour le rassurer, ce petit homme rondelet avec son fusil braqué, comme pour lui dire qu'on ne lui voulait pas de mal.

Mon frère ajoute « Après la guerre, ils te recons-truiront une usine toute neuve, elle sera encore plus belle à garder ». Et puis il se retourne et pose son pied sur le premier barreau de l'échelle. L'homme rondelet crie encore « Halte, halte », mais mon frère continue sa marche vers le ciel. Le gardien appuie sur la détente.

J'ai vu sa poitrine exploser, son regard se figer.

Il m'a souri et ses lèvres imbibées de sang ont murmuré « Sauve-toi, je t'aime ». Son corps est retombé en arrière.

J'étais là-haut sur le mur, lui en bas, baignant dans cette mare rouge qui s'étalait sous lui, rouge de tout l'amour qui foutait le camp.

Samuel n'a plus rien dit de la nuit. Quand il a fini de me raconter son histoire, je suis allé me coucher près de Claude, qui a râlé un peu parce que je le réveillais.

De ma paillasse, j'ai vu par-delà les barreaux quelques étoiles briller enfin dans le ciel. Je ne crois pas en Dieu, mais ce soir-là j'imaginais que sur l'une d'elles, scintillait l'âme du frère de Samuel.

26.

Le soleil de mai réchauffe notre cellule. Au milieu de la journée, les barreaux aux lucarnes tracent trois raies noires sur le sol. Quand le vent est favorable, nous pouvons sentir les premières odeurs des tilleuls venir jusqu'à nous.

- Il paraît que les copains ont récupéré une voiture.

C'est la voix d'Étienne qui brise le silence.

Étienne, je l'ai connu ici, il a rejoint la brigade quelques jours après que Claude et moi avons été arrêtés ; il est tombé comme les autres dans les filets du commissaire Gillard. Et pendant qu'il parle, j'essaye de m'imaginer dehors, dans une autre vie que la mienne. J'entends dans la rue les passants qui marchent sur les pas légers de leur liberté, ignorant qu'à quelques mètres d'eux, derrière un double mur, nous sommes prisonniers et attendons la mort.

Etienne chantonne, comme pour tuer l'ennui. Et puis il y a l'enfermement, il est comme un serpent qui nous enserre sans relâche. Sa morsure indolore, Page 100

Levy Marc - les enfants de la liberté son poison se diffuse. Alors les mots que chante notre ami nous rappellent à l'instant ; non, nous ne sommes pas seuls, mais tous ensemble ici.

Étienne est assis par terre, dos au mur, sa voix fragile est douce, c'est presque celle d'un enfant qui raconte une histoire, celle d'un môme courageux qui fredonne à l'espoir :

Sur c'te butte-là, y avait pas d'gigoktte, Pas de marions, ni de beaux muscadins.

Ah, c'était loin du moulin d'la Galette, Et de Paname, qu'est le roi despat'lins.

C'qu'elle en a bu, du beau sang, cette terre, Sang d'ouvrier et sang de paysan, Car les bandits, qui sont cause des guerres, N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents.

À la voix d'Étienne se mêle celle de Jacques ; et les mains des copains qui battaient leur paillasse continuent leur besogne, mais maintenant au rythme du refrain.

La Butte Rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin Qui boira d'ce vin-là, boira l'sang des copains.

Dans la cellule voisine, j'entends l'accent de Charles et celui de Boris qui se joignent au chant.

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