Marc Levy - Les enfants de la liberté

Здесь есть возможность читать онлайн «Marc Levy - Les enfants de la liberté» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les enfants de la liberté: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les enfants de la liberté»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Les enfants de la liberté — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les enfants de la liberté», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

23 décembre, vingt jours maintenant, nous n'avons toujours pas parlé. Fou de rage, le commissaire Fourna signe enfin notre mandat de dépôt. Au terme d'une ultime journée de tabassage en règle, Jacques et moi sommes transférés.

Dans le fourgon qui nous conduit vers la prison Saint-Michel, je ne sais pas encore que dans quelques jours, les cours martiales seront mises en place, j'ignore qu'on exécutera dans la cour aussitôt les jugements prononcés puisque c'est le sort promis à tous les résistants qui seront arrêtés.

Il est bien loin le ciel d'Angleterre, sous mon Page 74

Levy Marc - les enfants de la liberté crâne meurtri, je n'entends plus le ronronnement du moteur de mon Spitfire.

Dans ce fourgon qui nous conduit vers la fin du voyage, je repense à mes rêves de gamin. C'était il y a huit mois à peine.

Et un 23 décembre, en 1943, le gardien de la prison Saint-Michel refermait dans mon dos la porte de notre cellule. Difficile de voir quelque chose dans cette semi-clarté. La lumière filtrait à peine sous nos paupières tuméfiées. Elles étaient si gonflées que nous pouvions à peine les entrouvrir.

Mais dans l'ombre de ma cellule à la prison Saint-Michel, je m'en souviens encore, j'ai reconnu une voix fragile, une voix qui m'était familière.

- Joyeux Noël.

- Joyeux Noël, petit frère.

19.

Impossible de s'accoutumer aux barreaux de la prison, impossible de ne pas sursauter au bruit des portes qui se ferment sur les cellules, impossible d'endurer les tours de garde des matons. Tout cela est impossible, quand on est épris de liberté.

Comment trouver un sens à notre présence entre ces murs ? Nous avons été arrêtés par des policiers français, nous comparaîtrons bientôt devant une cour martiale, et ceux qui nous fusilleront dans la cour, juste après, seront français eux aussi. S'il y a un sens à tout cela, alors je n'arrive pas à le trouver du fond de ma geôle.

Ceux qui sont là depuis plusieurs semaines me disent qu'on s'habitue, qu'une nouvelle vie s'organise au fil du temps qui passe. Moi, je pense au temps perdu, je le compte. Je ne connaîtrai jamais mes vingt ans, mes dix-huit ont disparu, sans que jamais je ne les vive. Bien sûr, il y a la gamelle du soir, dit Claude. La nourriture est infecte, une soupe aux choux, parfois quelques haricots déjà bouffés par les charançons, pas de quoi nous redonner la moindre force, nous crevons de faim. Nous ne sommes pas que quelques compagnons de la MOI(1) ou des FTP(2) à partager l'espace de la cellule. Il faut aussi cohabiter avec les puces, les punaises et la gale qui nous rongent.

La nuit, Claude reste collé à moi. Les murs de la prison sont luisants de glace. Dans cette froideur, nous nous serrons l'un contre l'autre pour gagner un peu de chaleur.

Jacques n'est déjà plus le même. Dès son réveil, il fait les cent pas, silencieux. Lui aussi compte ces heures perdues, foutues à jamais. Peut-être pense-t-il aussi à une femme, au-dehors. Le manque de l'autre est un abîme ; parfois, la nuit, sa main se lève et tente de retenir l'impossible, la caresse qui n'est plus, la mémoire d'une peau dont la saveur a disparu, un regard où la complicité vivait en paix.

Il arrive qu'un gardien bienveillant nous glisse un feuillet clandestin imprimé par les copains francs-tireurs partisans. Jacques nous le lit. Cela compense pour lui ce sentiment de frustration qui ne le quitte pas. Son impuissance à agir le ronge un peu plus chaque jour. Je suppose que l'absence d'Osna aussi.

C'est en le regardant muré dans son désespoir, ici même, au milieu de cet univers sordide, que j'ai 1. MOI (Main-d'œuvre immigrée).

2. FTP (Francs-tireurs et partisans).

Page 75

Levy Marc - les enfants de la liberté pourtant vu l'une des plus justes beautés de notre monde : un homme peut se résoudre à l'idée de perdre sa vie, mais pas à l'absence de ceux qu'il aime.

Jacques s'est tu un instant, il reprend sa lecture et nous donne des nouvelles des amis. Quand nous apprenons qu'une paire d'ailes d'avion a été sabotée, qu'un pylône gît couché, arraché par la bombe d'un copain, quand un milicien s'écroule dans la rue, quand dix wagons sont mis hors d'usage, l'usage étant de déporter des innocents, c'est un peu de leur victoire que nous partageons.

Ici, nous sommes au fond du monde, dans un espace obscur et exigu ; un territoire où seule la maladie règne en maître. Mais au milieu de ce terrier infâme, au plus noir de l'abîme, réside encore une infime parcelle de lumière, elle est comme un murmure. Les Espagnols qui occupent les cellules voisines l'appellent parfois le soir en la chantant, ils l'ont baptisée Esperanza.

20.

Le jour de l'an, il n'y avait eu aucune célé-

bration, nous n'avions rien à fêter. C'est ici, au milieu de nulle part, que j'ai rencontré Chahine.

Janvier avançait, déjà, quelques-uns d'entre nous étaient amenés devant leurs juges et pendant qu'un semblant de procès se déroulait, une camionnette venait déposer leurs cercueils dans la cour. Ensuite il y avait le bruit des fusils, la clameur des prisonniers, et le silence retombait sur leur mort et la nôtre à venir.

Je n'ai jamais connu le véritable prénom de Chahine, il n'avait plus la force de le prononcer. Je l'ai surnommé ainsi parce que les délires des fièvres qui agitaient ses nuits le faisaient parfois parler. Il appelait alors à lui un oiseau blanc qui viendrait le libérer. En arabe, Chahine est le nom que l'on donne au faucon pèlerin à robe blanche. Je l'ai cherché après la guerre, dans la mémoire de ces moments.

Enfermé depuis des mois, Chahine mourait un peu plus chaque jour. Son corps souffrait de multiples carences et son estomac devenu trop petit ne tolérait même plus la soupe.

Un matin, alors que je m'épouillais, ses yeux ont croisé les miens, son regard m'appelait en silence. Je suis venu vers lui, et il lui fallut réunir bien des forces pour me sourire ; à peine, mais c'était un sourire quand même. Son regard s'est détourné vers ses jambes. La gale y faisait des ravages. J'ai compris sa supplique. La mort ne tarderait pas à l'enlever d'ici, mais Chahine voulait la rejoindre dignement, aussi propre qu'il soit encore possible. J'ai déplacé ma couche vers la sienne, et la nuit revenue, je lui ôtais ses puces, arrachais dans les pliures de sa chemise les poux qui s'y logeaient.

Parfois, Chahine m'adressait un de ses sourires fragiles qui lui demandaient tant d'efforts, mais qui disaient merci à sa façon. C'est moi qui voulais tant le remercier.

Quand la gamelle du soir était distribuée, il me faisait signe de donner la sienne à Claude.

- À quoi bon nourrir ce corps, puisqu'il est déjà mort, murmurait-il. Sauve ton frère, il est jeune, il a encore à vivre.

Chahine attendait que le jour s'en aille pour échanger quelques mots. Il lui fallait probablement Page 76

Levy Marc - les enfants de la liberté que les silences de la nuit l'entourent pour retrouver un peu de force. Ensemble dans ces silences, nous partagions un peu d'humanité.

Le père Joseph, l'aumônier de la prison, sacri-fiait ses tickets de rationnement pour lui venir en aide. Chaque semaine, il lui apportait un petit colis de biscuits. Pour nourrir Chahine, je les émiettais et le forçais à manger. Il lui fallait plus d'une heure pour grignoter un biscuit, parfois le double. Épuisé, il me suppliait de donner le reste aux copains, pour que le sacrifice du père Joseph serve à quelque chose.

Tu vois, c'est l'histoire d'un curé qui se prive de manger pour sauver un Arabe, d'un Arabe qui sauve un Juif en lui donnant encore raison de croire, d'un Juif qui tient l'Arabe au creux de ses bras, tandis qu'il va mourir, en attendant son tour ; tu vois, c'est l'histoire du monde des hommes avec ses moments de merveilles insoupçonnées.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les enfants de la liberté»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les enfants de la liberté» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Les enfants de la liberté»

Обсуждение, отзывы о книге «Les enfants de la liberté» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x