Marc Levy - Les enfants de la liberté

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Touchin menace, il tente de bousculer Rubio, le saisit au bras et le secoue. Mais sous les pieds du gardien-chef, la dalle usée par les pas des prisonniers est bien glissante avec ce froid humide. Touchin se démène et tombe à la renverse. Les gardiens se pré-

cipitent pour le relever. Furieux, Touchin lève le bras sur Rubio, Boldados fait un pas en avant et s'interpose. Il serre les poings, mais il a juré aux autres de ne pas s'en servir, de ne pas saper leur stratagème par un accès de colère, même légitime.

- Moi non plus je ne l'enlèverai pas le caleçon, chef!

Touchin, écarlate, agite son bâton et crie à qui veut l'entendre :

- Une rébellion, c'est ça ? Vous allez voir ce que vous allez voir ! Au mitard tous les deux, un mois, je vais vous apprendre !

À peine a-t-il achevé sa phrase que les cinquante-cinq autres Espagnols font un pas en avant et prennent, eux aussi, le chemin du mitard. Le mitard, à deux, on y est déjà à l'étroit. Touchin n'est pas très fort en géométrie, mais il mesure quand même l'ampleur du problème auquel il est confronté.

Le temps de réfléchir, il continue d'agiter son bâton ; interrompre le mouvement serait comme reconnaître qu'il a perdu la face. Rubio regarde ses copains, il sourit, et à son tour se met à agiter les bras, sans jamais toucher un gardien pour ne pas donner de prétexte à l'envoi de renforts. Rubio ges-ticule, formant de grands cercles dans l'espace, et ses copains font comme lui. Cinquante-sept paires de bras tournoient et des étages inférieurs montent les clameurs des autres prisonniers. Par là on chante la Marseillaise, par ici l'Internationale, au rez-de-chaussée le Chant des partisans.

Le gardien-chef n'a plus le choix, s'il laisse faire, c'est toute la prison qui va se mutiner. Le bâton de Touchin retombe, immobile ; il fait signe aux prisonniers de rentrer dans leur cellule dortoir.

Tu vois, ce soir-là, les Espagnols ont gagné la guerre des caleçons. Ce n'était qu'une première bataille, mais quand Rubio, le lendemain dans la cour, m'en a raconté chaque détail, nous nous sommes serré la main au travers du grillage. Et quand il m'a demandé ce que je pensais de tout ça, je lui ai répondu :

- Il reste des bastilles à prendre.

Le paysan qui chantait la Marseillaise est mort un jour dans sa cellule, le vieux professeur qui voulait enseigner le catalan n'est jamais revenu de Mau-thausen, Rubio a été déporté mais il est quand même rentré, Boldados a été fusillé à Madrid, le maire du village des Asturies est retourné chez lui, et le jour où l'on déboulonnera les statues de Franco son petit-fils reprendra la mairie.

Quant à Touchin, à la Libération il a été nommé surveillant-chef de la prison d'Agen.

Page 82

Levy Marc - les enfants de la liberté 23.

Au petit matin du 17 février, les gardiens viennent chercher André. En quittant la cellule, il hausse les épaules et nous adresse un petit regard en coin. La porte se referme, il part entre deux matons vers la cour martiale qui siège dans l'enceinte de la prison. Il n'y aura pas de débat, il n'a pas d'avocat En une minute il est condamné à mort. Le peloton d'exécution l'attend déjà dans la cour.

Les gendarmes sont venus spécialement de Grenade-sur-Garonne, de là même où André était en mission quand ils l'ont arrêté. Il faut bien finir la besogne.

André voudrait dire adieu, mais c'est contraire au règlement. Avant de mourir, André écrit un petit mot à sa mère qu'il remet au surveillant-chef Theil qui remplace Touchin ce jour-là.

Maintenant on attache André au poteau, il demande quelques secondes de sursis, juste le temps d'enlever l'anneau qu'il porte au doigt. Le surveillant-chef Theil râle un peu mais accepte la bague qu'André lui confie en le suppliant de la restituer à sa mère. « C'était son alliance », explique-t-il, elle la lui avait offerte le jour où il était parti rejoindre la brigade. Theil promet, et cette fois, on attache les liens autour des poignets d'André.

Agrippés aux barreaux de nos geôles, nous avons imaginé les douze hommes casqués former le peloton. André se tient droit. Les fusils se relèvent, nous serrons les poings et douze balles déchi-quettent le corps maigre de notre copain qui se plie en deux et reste là, pantelant, à son poteau, la tête sur le côté, la gueule qui dégouline de sang.

L'exécution est terminée, les gendarmes s'en vont. Le gardien-chef Theil déchire la lettre d'André et range la bague dans sa poche. Demain, il s'occupera d'un autre de nos copains.

Sabatier, arrêté à Montauban, a été fusillé au même poteau. Dans son dos, le sang d'André séchait à peine.

La nuit, je vois encore parfois s'envoler dans la cour de la prison Saint-Michel les petits morceaux de papier déchirés. Dans mon cauchemar, ils virevoltent jusqu'au mur derrière le poteau des fusillés et se recollent les uns aux autres pour recomposer les mots qu'André avait écrits juste avant de mourir.

Il venait d'avoir dix-huit ans.

À la fin de la guerre, le gardien-chef Theil a été promu surveillant général à la prison de Lens.

Dans quelques jours viendrait le tour du procès de Boris et nous redoutions le pire. Mais à Lyon, nous avions des frères.

Leur groupe se nomme Carmagnole-Liberté.

Hier ils ont réglé son compte à un avocat général qui, comme Lespinasse, avait réussi à faire couper la tête d'un résistant. Le copain Simon Frid était mort, mais le procureur Fauré-Pingelli avait eu la peau trouée. Après ce coup-là, plus aucun magistrat n'oserait demander la vie d'un des nôtres. Boris, qui a écopé de vingt ans de prison, se moque bien de sa peine, son combat continue au-dehors. La preuve, les Espagnols nous ont fait savoir que la maison d'un milicien avait sauté hier au soir. J'ai réussi à faire passer un mot à Boris pour qu'il le sache.

Boris ignore que le premier jour du printemps 1945, il mourra à Gusen, dans un camp de concentration.

Page 83

Levy Marc - les enfants de la liberté

- Ne fais pas cette tête-là, Jeannot !

La voix de Jacques me sort de ma torpeur. Je redresse la tête, prends la cigarette qu'il me tend et fais un signe à Claude pour qu'il vienne près de moi tirer quelques bouffées. Mais mon petit frère, épuisé, préfère rester allongé contre le mur de la cellule.

Ce qui l'épuise, Claude, ce n'est pas le manque de nourriture, ce n'est pas la soif, ce ne sont pas les puces qui nous dévorent la nuit, pas plus que les brimades des matons ; non, ce qui rend mon petit frère si maussade, c'est de rester là, loin de l'action, et je le comprends puisque je ressens la même tristesse.

- Nous ne renoncerons pas, poursuit Jacques.

Au-dehors, ils continuent à se battre et les Alliés finiront bien par débarquer, tu verras.

Alors même qu'il me tient ces paroles pour me réconforter, Jacques ne se doute pas que les copains préparent une opération contre le cinéma des Variétés : on n'y projette que des films de propa-gande nazie.

Rosine, Marius et Enzo sont à l'action, mais pour une fois ce n'est pas Charles qui a préparé la bombe. L'explosion doit se produire une fois la séance terminée, quand le cinéma sera vide, pour éviter toute victime parmi la population civile.

L'engin que Rosine devra placer sous un fauteuil de l'orchestre est équipé d'un dispositif à retardement, et notre jardinier de Loubers n'avait pas le matériel nécessaire pour le fabriquer. Le coup devait avoir lieu hier soir ; au programme : LeJuifSùss. Mais, la police était partout, les entrées filtrées, les sacs et cartables fouillés, alors les copains n'ont pas pu entrer avec leur chargement.

Jan a décidé de remettre cela au lendemain.

Cette fois, pas de barrage au guichet, Rosine entre dans la salle et s'assied à côté de Marius, qui glisse le sac contenant la bombe sous son fauteuil. Enzo prend place derrière eux, pour surveiller qu'ils n'ont pas été repérés. Si j'avais eu vent de l'histoire, je l'aurais envié, Marius, de passer toute une soirée au cinéma à côté de Rosine. Elle est si jolie, avec son léger accent chantant et sa voix qui provoque des frissons incontrôlables.

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