Marc Levy - Les enfants de la liberté

Здесь есть возможность читать онлайн «Marc Levy - Les enfants de la liberté» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les enfants de la liberté: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les enfants de la liberté»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Les enfants de la liberté — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les enfants de la liberté», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Jacques est déjà loin, boulevard Carnot, sa silhouette s'est fondue dans l'invisible, et Claude, sans comprendre pourquoi, l'imagine mort, la peur le reprend. Il pense au jour où l'un des deux dira « Ce soir-là, j'avais un ami », et il s'en veut de penser qu'il serait le survivant.

Rejoins-moi chez la mère Dublanc, petit frère.

Jacques sera demain au terminus du tramway 12 et quand tu le verras, tu seras enfin rassuré. Cette nuit, blotti sous ton drap, la tête enfouie dans l'oreiller, ta mémoire t'offrira en cadeau le parfum de maman, un petit bout d'enfance qu'elle garde encore au fond de toi. Dors, mon petit frère, Jacques est rentré du boulot. Et ni toi ni moi ne savons qu'un soir d'août 1944, dans un train qui nous déportera vers l'Allemagne, nous le verrons, allongé, le dos troué d'une balle.

J'avais invité ma logeuse à l'Opéra, non pour la remercier de sa relative bienveillance, pas même pour avoir un alibi, mais parce que d'après les recommandations de Charles, il était préférable qu'elle ne croise pas mon frère quand il arriverait chez moi en rentrant de mission. Dieu sait dans quel état il serait.

Le rideau se levait et moi, dans cette obscurité, assis au balcon du grand théâtre, je pensais sans cesse à lui. J'avais caché la clé sous le paillasson, il savait où la trouver. Pourtant, si l'inquiétude me ron-geait, et je ne suivais rien du spectacle, je me sentais étrangement bien d'être simplement quelque part.

Ça n'a l'air de rien, mais quand on est fugitif, être à l'abri est une guérison. Savoir que deux heures durant, je n'aurais ni à me cacher, ni à fuir, me plongeait dans une béatitude inouïe. Bien sûr, je pressentais que l'entracte passé, la peur du retour grignoterait cet espace de liberté qui m'était offert ; Page 67

Levy Marc - les enfants de la liberté à peine une heure que le spectacle se jouait, il suf-fisait d'un silence pour me ramener à cette réalité, à la solitude qui était mienne au milieu de cette salle emportée dans le monde merveilleux de la scène. Ce que je ne pouvais imaginer, c'est que l'irruption d'une poignée de gendarmes allemands et de miliciens ferait soudainement basculer ma logeuse du côté de la Résistance. Les portes s'étaient ouvertes avec fracas et les aboiements des Feldgendarmes avaient mis un terme à l'opéra. Et l'opéra, justement, c'était pour la mère Dublanc quelque chose de sacré.

Trois ans de brimades, de privations de liberté, d'as-sassinats sommaires, toute la cruauté et la violence de l'Occupation nazie n'avaient pas réussi à provoquer l'indignation de ma logeuse. Mais interrompre la première de Pelléas et Mélisande, c'en était trop ! Alors, la mère Dublanc avait murmuré

« Quels sauvages ! ».

En repensant à ma conversation de la veille avec Charles, j'ai compris ce soir-là que le moment où une personne prend conscience de sa propre vie res-terait, pour moi, à jamais un mystère.

Du balcon, nous regardions les bouledogues évacuer la salle dans une hâte que seule leur violence dépassait. C'est vrai qu'ils avaient l'air de bouledogues, ces soldats aboyant avec leur plaque qui pendait à une grosse chaîne autour du cou. Et les miliciens vêtus de noir qui les accompagnaient ressemblaient à des chiens de misère, de ceux que l'on croise dans les rues de villes abandonnées, la salive ruisselant aux babines, l'œil torve et l'envie de mordre, par haine plus que par faim. Si Debussy était bafoué, si les miliciens étaient en fureur, c'est que Claude avait réussi son coup.

- Allons-nous-en, avait dit la mère Dublanc drapée dans son manteau vermillon qui lui servait de dignité.

Pour me lever, encore fallait-il que je calme mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine, si fort qu'il dérobait mes jambes. Et si Claude s'était fait prendre ? S'il était enfermé dans une cave humide, face à ses tortionnaires ?

- On y va, oui ? avait repris la mère Dublanc, on ne va quand même pas attendre que ces animaux viennent nous déloger.

- Alors ça y est, enfin ? ai-je dit, un sourire au coin des lèvres.

- Ça y est quoi ? a demandé ma logeuse plus en colère que jamais.

- Vous aussi, vous allez vous mettre aux

« études » ? lui ai-je répondu en réussissant enfin à me lever.

17.

La file s'étire devant le magasin d'alimentation.

Chacun attend, ses tickets de rationnement dans la poche, violets pour la margarine, rouges pour le sucre, bruns pour la viande - mais depuis le début de l'année la viande a déserté les étals, on ne la trouve qu'une fois par semaine -, verts pour le thé ou le café, et depuis longtemps le café a été remplacé par de la chicorée ou de l'orge grillée. Trois heures d'attente avant d'arriver au comptoir, pour obtenir juste de quoi vivre, mais les gens ne comptent plus le temps qui passe, ils regardent la porte cochère en face de l'épicerie. Dans la queue, une habituée n'est pas là. « Une dame si brave », disent les uns, « Une femme courageuse », se Page 68

Levy Marc - les enfants de la liberté lamentent d'autres. En ce matin pâle, deux voitures noires sont garées devant l'immeuble où vit la famille Lormond.

- Ils ont emmené son mari tout à l'heure, j'étais déjà là, chuchote une ménagère.

- Ils retiennent Mme Lormond là-haut. Ils veulent attraper la petite, elle était absente à leur arrivée, précise la concierge de l'immeuble qui fait la queue, elle aussi.

La petite dont ils parlent s'appelle Gisèle. Gisèle n'est pas son vrai prénom, son vrai nom n'est pas non plus Lormond. Ici dans le quartier, tout le monde sait qu'ils sont juifs, mais la seule chose importante, c'était que la police et la Gestapo l'ignorent. Ils ont fini par le découvrir.

- C'est affreux ce qu'ils font aux juifs, dit une dame en pleurant.

- Elle était si gentille Mme Lormond, répond une autre en lui tendant son mouchoir.

Là-haut, à l'étage, les miliciens ne sont pourtant que deux, même nombre pour la Gestapo qui les accompagne. En tout, quatre hommes avec des chemises noires, des uniformes, des revolvers et plus de force que cent autres, immobiles dans la file qui s'étire au-devant de l'épicerie. Mais les gens sont terrorisés, ils osent à peine parler, alors agir...

C'est Mme Pilguez, la locataire du cinquième étage, qui a sauvé la petite fille. Elle était à sa fenêtre, quand elle a vu arriver les voitures au bout de la rue. Elle s'est précipitée chez les Lormond pour les prévenir de leur arrestation. La maman de Gisèle l'a suppliée d'emmener son enfant, de la cacher.

La petite n'a que dix ans ! Mme Pilguez a dit oui aussitôt.

Gisèle n'a pas eu le temps d'embrasser sa maman, ni son papa d'ailleurs. Mme Pilguez l'a déjà prise par la main et l'entraîne chez elle.

- J'ai vu partir beaucoup de juifs, aucun n'est revenu pour l'instant ! dit un vieux monsieur alors que la file avance un peu.

- Vous croyez qu'il y aura des sardines aujourd'hui ? demande une femme.

- Je n'en sais rien ; lundi il y avait encore quelques boîtes, répond le vieux monsieur.

- Ils n'ont toujours pas trouvé la petite et c'est tant mieux ! soupire une dame derrière eux.

- Oui, c'est préférable, répond dignement le vieux monsieur.

- Il paraîtrait qu'on les envoie dans des camps et qu'on en tue beaucoup là-bas ; c'est un collègue ouvrier polonais qui l'a dit à mon mari à l'usine.

- Je n'en sais rien du tout, mais vous feriez mieux de ne pas parler de ce genre de choses et votre époux non plus.

- Il va nous manquer, M. Lormond, soupire à nouveau la dame. Quand il y avait un bon mot dans la foule, c'était toujours lui qui le disait.

Aux premières heures du jour, le cou enveloppé dans son écharpe rouge, il venait faire la queue devant l'épicerie. C'est lui qui les réconfortait pendant la longue attente des petits matins glacés. Il n'offrait rien d'autre que de la chaleur humaine mais dans cet hiver-là, c'est ce qui manquait le plus.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les enfants de la liberté»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les enfants de la liberté» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Les enfants de la liberté»

Обсуждение, отзывы о книге «Les enfants de la liberté» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x