Marc Levy - Les enfants de la liberté

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Je crois qu'à ce moment-là, Sophie m'aurait dit :

«Jeannot, je veux bien t'embrasser si tu changes cette horrible couleur de cheveux », non seulement je l'aurais bien pris, mais je me serais fait teindre dans la seconde. Mais bon, la question ne s'est pas posée, je suis toujours rouquin et Sophie continue son récit de plus belle.

- Le train arrive donc en gare de Carmaux et patatras, un contrôle ! Par la fenêtre, je vois les Allemands ouvrir tous les bagages sur le quai ; cette fois, je me dis que je suis vraiment fichue !

- Mais tu es là ! se hasarde Claude en trempant son doigt, à défaut de morceau de sucre, dans ce qui reste de café au fond de sa tasse.

- Les gendarmes se marrent en voyant ma tête, ils me tapotent sur l'épaule et disent qu'ils vont m'accompagner jusqu'au-dehors. Et devant mon étonnement, leur brigadier ajoute qu'il préfère que ça soit une fille comme moi qui profite des jambons et des saucissons que j'ai planqués dans ma valise, plutôt que quelques soldats de la Wehrmacht. Elle n'est pas géniale, cette histoire ? conclut Sophie en éclatant de rire.

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Levy Marc - les enfants de la liberté Nous, son histoire nous glace le dos, mais notre copine est hilare, alors nous sommes heureux, heureux d'être simplement là auprès d'elle. Comme si tout cela finalement n'était qu'un jeu d'enfants, un jeu d'enfants où elle aurait pu être fusillée dix fois... pour de vrai.

Sophie a eu dix-sept ans cette année. Au début, son père qui est mineur à Carmaux n'était pas très chaud pour qu'elle rejoigne la brigade. Quand Jan l'a prise dans nos rangs, il est même allé lui passer un savon. Mais le père de Sophie est un résistant de la première heure, alors difficile pour lui de trouver un argument valable pour interdire à sa fille de faire comme lui. Son coup de gueule avec Jan, c'était plus pour la forme.

- Attendez, le meilleur est à venir, enchaîne Sophie, encore plus enjouée.

Claude et moi écoutons la fin de son récit de bonne grâce.

- À la gare, Emile m'attend au bout du quai, il me voit venir vers lui, encadrée de huit gendarmes, dont l'un porte la valoche qui contient les mitraillettes. Vous auriez vu la tête d'Emile !

- Comment il a réagi ? demande Claude.

- Je lui ai fait de grands signes, je l'ai appelé

« chéri » de loin, et je me suis littéralement jetée à son cou pour qu'il ne fiche pas le camp. Les gendarmes lui ont remis mon bagage et ils sont partis en nous souhaitant une bonne journée. À l'heure qu'il est, je crois qu'Emile en tremble encore.

- Je vais peut-être arrêter de manger kascher si le jambon porte bonheur à ce point-là, râle mon petit frère.

- C'étaient des mitraillettes, imbécile, rétorque Sophie, et puis les gendarmes étaient juste de bonne humeur, voilà tout.

Claude ne pensait pas à la chance que Sophie avait eue avec les gendarmes, mais à celle d'Emile...

Notre copine a regardé sa montre, elle s'est levée d'un bond en disant « Il faut que j'y aille », puis elle nous a embrassés tous les deux et elle est repartie. Mon frère et moi sommes restés assis l'un à côté de l'autre, sans rien dire, pendant une bonne heure. On s'est quittés au début de l'après-midi, et chacun savait à quoi l'autre pensait.

Je lui ai proposé que l'on remette notre tête-à-

tête au lendemain soir, pour qu'on puisse se parler un peu.

- Demain soir ? Je peux pas, a dit Claude.

Je ne lui ai pas posé de questions, mais à son silence, je savais qu'il partait en opération, et lui, à ma tête, voyait bien que l'inquiétude commençait de me ronger depuis qu'il s'était tu.

- Je passerai chez toi après, a-t-il ajouté. Mais pas avant dix heures.

C'était très généreux de sa part, parce que sa mission accomplie, il lui faudrait encore pédaler un long moment pour me retrouver. Mais Claude savait que sans cela, je ne fermerais pas l'œil de la nuit.

- Alors à demain, frérot.

- A demain.

Ma petite conversation avec la mère Dublanc me tracassait toujours. Si j'en parlais àjan, il m'obli-gerait à quitter la ville. Pas question pour moi de m'éloigner de mon frère... ni de Sophie. D'un autre côté, si je n'en parlais à personne et que j'étais pris, j'aurais commis une erreur impardonnable. J'en-fourchai mon vélo et filai vers la petite gare de Page 63

Levy Marc - les enfants de la liberté Loubers. Charles était toujours de bon conseil.

Il m'accueillit avec sa bonne humeur habituelle et m'invita à venir lui donner un coup de main dans le jardin. J'avais passé quelques mois à travailler le potager du Manoir avant de rejoindre la Résistance et j'avais acquis un certain savoir-faire en matière de binage et de sarclage. Charles appréciait mon coup de main. Très vite, nous avons engagé la conversation. Je lui ai répété les mots que la mère Dublanc m'avait tenus et Charles m'a rassuré aussitôt.

D'après lui, si ma logeuse ne voulait pas de problèmes, elle n'irait pas me dénoncer, par peur d'être inquiétée d'une façon ou d'une autre ; et puis sa petite phrase sur le mérite qu'elle accordait aux

« étudiants » laissait croire qu'elle n'était pas si mauvaise que ça. Charles a même ajouté qu'il ne fallait pas méjuger les gens trop vite. Beaucoup ne font rien, simplement parce qu'ils ont peur, cela ne fait pas d'eux des balances pour autant. La mère Dublanc est comme ça. L'Occupation ne change pas sa vie au point de lui faire courir le risque de la perdre, voilà tout.

Il faut une véritable prise de conscience pour se rendre compte que l'on est en vie, a-t-il expliqué en arrachant une botte de radis.

Charles a raison, la plupart des hommes se contentent d'un boulot, d'un toit, de quelques heures de repos le dimanche et ils s'estiment heureux comme ça ; heureux d'être tranquilles, pas d'être en vie ! Que leurs voisins souffrent, tant que la peine ne pénètre pas chez eux, ils préfèrent ne rien voir ; faire comme si les mauvaises choses n'existaient pas. Ce n'est pas toujours de la lâcheté. Pour certains, vivre demande déjà beaucoup de courage.

- Évite de ramener des amis chez toi pendant quelques jours. On ne sait jamais, a ajouté Charles.

Nous avons continué à biner la terre en silence.

Lui s'occupait des radis, moi des salades.

- Il n'y a pas que ta logeuse qui te tracasse, n'est-ce pas ? a demandé Charles en me tendant un sarcloir.

J'ai attendu un peu pour lui répondre, alors il a enchaîné.

- Une fois, une femme est venue ici. C'est Robert qui m'avait demandé de l'héberger. Elle avait dix ans de plus que moi, elle était malade et venait se reposer. J'ai dit que je n'étais pas médecin, mais j'ai accepté. Il n'y a qu'une chambre là-haut, alors qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Nous avons partagé le lit ; elle d'un côté, moi de l'autre, l'oreiller au milieu. Elle a passé deux semaines dans ma maison, nous rigolions tout le temps, on se racontait des tas de choses et je m'étais habitué à sa présence. Un jour, elle était guérie, alors elle est repartie. Je n'ai rien demandé, mais j'ai dû me réhabituer à vivre avec le silence. La nuit, quand le vent soufflait, on l'écoutait à deux. Seul, il ne fait plus la même musique.

- Tu ne l'as jamais revue ?

- Elle a frappé à ma porte deux semaines plus tard et m'a dit qu'elle voulait rester avec moi.

- Et alors ?

- J'ai dit que c'était mieux pour nous qu'elle retourne auprès de son mari.

- Pourquoi me racontes-tu ça, Charles ?

- De quelle fille de la brigade es-tu tombé amoureux ?

Je n'ai pas répondu.

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Levy Marc - les enfants de la liberté

- Jeannot, je sais combien la solitude nous pèse, mais c'est le prix à payer quand on est dans la clandestinité.

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