Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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Après nous bavardâmes un peu, enlacés sur le lit; elle n'avait pas l'air très pressée de retourner sur scène. Elle n'avait pas beaucoup de clients, me dit-elle; c'était plutôt un hôtel destiné aux groupes en phase terminale, des gens sans histoires, à peu près revenus de tout, il y avait beaucoup de Français, mais ils semblaient rares à apprécier le body massage. Ceux qui venaient étaient gentils, mais il y avait surtout des Allemands et des Australiens. Quelques Japonais aussi, mais elle ne les aimait pas, ils étaient bizarres, ils voulaient toujours vous frapper ou vous ligoter; ou bien ils restaient là, à se masturber en regardant vos chaussures; ça n'avait aucun intérêt.

Et qu'est-ce qu'elle pensait de moi? Pas mal, mais elle aurait espéré que je tienne un peu plus longtemps. « Much need… » dit-elle en secouant gentiment mon sexe repu entre ses doigts. Par ailleurs, je lui faisais l'effet d'un homme gentil. « You look quiet…» dit-elle. Là elle se trompait un peu, mais enfin c'est vrai, elle m'avait bien calmé. Je lui donnai trois mille bahts, ce qui, d'après mon souvenir, était un bon prix. À sa réaction je vis que oui, effectivement, c'était un bon prix. «Krôp khun khât!» fit-elle avec un grand sourire en joignant les mains à hauteur de son front. Puis elle me raccompagna jusqu'à la sortie en me tenant la main; devant la porte, nous échangeâmes plusieurs bises sur les joues.

En montant l'escalier je me retrouvai en face de Josiane, qui, apparemment, hésitait à descendre. Elle avait revêtu pour la soirée une tunique noire aux liserés dorés, mais ça ne la rendait nullement plus sympathique. Son visage gras et intelligent me fixait sans ciller. Je remarquai qu'elle s'était lavé les cheveux. Elle n'était pas laide, non; elle aurait même pu être belle si on veut, j'avais apprécié des Libanaises dans son genre; mais son expression de base était nettement méchante. Je l'imaginais très bien exprimer des positions politiques quelconques; je ne distinguais en elle aucune pitié. Je n'avais rien à lui dire, non plus. Je baissai la tête. Peut-être un peu gênée, elle prit la parole: «Il y a quelque chose d'intéressant en bas?» Elle m'énervait tellement que j'ai failli répondre: «un bar à putes», mais finalement j'ai menti, c'était plus simple: «Non non, je ne sais pas, une sorte de salon de beauté…»

«Vous n'êtes pas allé au dîner-spectacle… fit observer la salope. – Vous non plus…» rétorquai-je du tac au tac. Cette fois elle traîna un peu sur sa réponse, elle faisait sa chochotte. «Oh non, je n'apprécie pas trop ce genre de choses… poursuivit-elle avec une ondulation quasi racinienne du bras. C'est un peu trop touristique…» Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là? Tout est touristique. Je me retins une fois de plus de lui foutre mon poing sur la gueule. Debout au milieu de l'escalier, elle me barrait le passage; il me fallait faire preuve de patience. Épistolier fougueux à l'occasion, saint Jérôme a également su, lorsque les circonstances l'exigeaient, manifester les vertus de patience chrétienne; voici pourquoi il est tenu pour un grand saint, et un docteur de l'Église.

Ce spectacle de «danses traditionnelles thaïes» était selon elle tout juste bon pour Josette et René, qu'elle qualifiait en son for intérieur de bidochons ; je compris avec malaise qu'elle cherchait en moi un allié. Il est vrai que le circuit allait bientôt bifurquer vers l'intérieur des terres, nous serions divisés en deux tables aux repas; il était temps de choisir son camp. «Eh bien…» dis-je après un long silence. À ce moment, surgi comme par miracle, Robert fut au-dessus de nous. Il cherchait à passer dans l'escalier. Je m'effaçai en souplesse, grimpant de plusieurs marches. Juste avant de me précipiter vers le restaurant, je me retournai: Josiane, restée immobile, fixait Robert, qui, d'un pas brusque, se dirigeait vers le salon de massage.

Babette et Léa étaient proches des bacs à légumes. Je hochai la tête en signe de reconnaissance minimal avant de me servir en liserons d'eau. Elles aussi avaient dû juger ringardes les danses traditionnelles thaïes. En revenant à ma table, je m'aperçus que les deux pétasses étaient assises à quelques mètres. Léa portait un tee-shirt Rage against the machine et un bermuda en jean très serré, Babette une espèce de chose déstructurée qui alternait des bandes de soie de différentes couleurs et des zones transparentes. Elles papotaient avec animation, évoquant apparemment différents hôtels new-yorkais. Épouser une de ces nanas, me dis-je, ça doit être l'épouvante radicale. Est-ce que je pouvais encore changer de table? Non, c'était un peu gros. Je m'installai sur une chaise en face pour, au moins, leur tourner le dos, j'expédiai mon repas et je remontai dans ma chambre.

Un cafard apparut alors que je m'apprêtais à pénétrer dans la baignoire. Justement c'était le moment d'apparaître, dans ma vie, pour un cafard; il ne pouvait pas tomber mieux. Il filait rapidement sur la céramique, le petit bougre; je cherchai des yeux une pantoufle, mais au fond je savais que j'avais bien peu de chances de l'écraser. À quoi bon lutter? Et que pouvait Oôn, malgré son vagin merveilleusement élastique? Nous étions d'ores et déjà condamnés. Les cafards copulent sans grâce, et sans joie apparente; mais ils copulent nombreusement, et leurs mutations génétiques sont rapides; nous ne pouvons absolument rien contre les cafards.

Avant de me déshabiller je rendis encore une fois hommage à Oôn, et à toutes les prostituées thaïes. Ce n'était pas un métier facile qu'elles faisaient, ces filles; il ne devait pas être si fréquent de tomber sur un brave garçon, doté d'un physique acceptable, et qui ne demandait honnêtement qu'à jouir de concert. Sans même parler des Japonais – je frissonnai à cette idée, et empoignai mon Guide du Routard. Babette et Léa, pensais-je, n'auraient pas été capables d'être des prostituées thaïes; elles n'en étaient pas dignes. Valérie, peut-être; il y avait quelque chose chez cette fille, à la fois un peu mère de famille et un peu salope, les deux potentiellement d'ailleurs, jusqu'à présent c'était surtout une gentille fille, amicale et sérieuse. Intelligente, aussi. Décidément, j'aimais bien Valérie. Je me masturbai légèrement pour aborder ma lecture avec sérénité; il y eut quelques gouttes.

S'il se proposait dans son principe de préparer au voyage en Thaïlande, le Guide du Routard émettait en pratique les plus vives réserves, et se sentait obligé dès sa préface de dénoncer le tourisme sexuel, cet esclavage odieux. En somme ces routards étaient des grincheux, dont l'unique objectif était de gâcher jusqu'à la dernière petite joie des touristes, qu'ils haïssaient. Ils n'aimaient d'ailleurs rien tant qu'eux-mêmes, à en juger par les petites phrases sarcastiques qui parsemaient l'ouvrage, du genre: «ah ma bonne dame, si vous aviez connu ça au temps des z'hippies!…» Le plus pénible était sans doute ce ton tranchant, calme et sévère, frémissant d'indignation contenue: «Ce n'est pas par pudibonderie, mais nous, Pattaya, on n'aime pas. Trop, c'est trop.» Un peu plus loin, ils en rajoutaient sur les «Occidentaux gras du bide» qui se pavanaient avec des petites Thaïes; eux, ça les faisait «carrément gerber». Des connards humanitaires protestants, voilà ce qu'ils étaient, eux et toute la «chouette bande de copains qui les avaient aidés pour ce livre», dont les sales gueules s'étalaient complaisamment en quatrième de couverture. Je projetai l'ouvrage avec violence dans la pièce, ratant de peu le téléviseur Sony, et ramassai avec résignation La firme , de John Grisham. C'était un best-seller américain, un des meilleurs; un des plus vendus, s'entend. Le héros était un jeune avocat plein d'avenir, brillant et beau garçon, qui travaillait quatre-vingt-dix heures par semaine; non seulement cette merde était préscénarisée jusqu'à l'obscène, mais on sentait que l'auteur avait déjà pensé au casting, c'était manifestement un rôle écrit pour Tom Cruise. La femme du héros n'était pas mal non plus, bien qu'elle ne travaille que quatre-vingts heures par semaine; mais là par contre Nicole Kidman n'allait pas, ce n'était pas un rôle pour une frisée; plutôt un rôle à brushing. Dieu merci les tourtereaux n'avaient pas d'enfant, ce qui allait permettre d'éviter quelques scènes éprouvantes. Il s'agissait d'un récit à suspense, enfin un suspense modéré: dès le deuxième chapitre il était clair que les dirigeants de la firme étaient des salauds, et il n'était pas question que le héros meure à la fin; non plus que sa femme, d'ailleurs. Seulement, dans l'intervalle, pour montrer qu'il ne plaisantait pas, le romancier allait sacrifier quelques sympathiques personnages de second plan; restait à savoir lesquels, ça pouvait justifier une lecture. Peut-être le père du héros: ses affaires étaient dans une mauvaise passe, il avait du mal à s'adapter au management à flux tendus; j'avais bien l'impression qu'on était en train d'assister à son dernier Thanksgiving.

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