Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte
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Michel Houellebecq
Extension du domaine de la lutte
Première partie
I
" La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. "
Romains, XIII, 12
Vendredi soir, j'étais invité à une soirée chez un collègue de travail. On était une bonne trentaine, rien que des cadres moyens âgés de vingt-cinq à quarante ans. À un moment donné il y a une connasse qui a commencé à se déshabiller. Elle a ôté son T-shirt, puis son soutien-gorge, puis sa jupe, tout ça en faisant des mines incroyables. Elle a encore tournoyé en petite culotte pendant quelques secondes, et puis elle a commencé à se resaper, ne voyant plus quoi faire d'autre. D'ailleurs c'est une fille qui ne couche avec personne. Ce qui souligne bien l'absurdité de son comportement.
Après mon quatrième verre de vodka j'ai commencé à me sentir assez mal, et j'ai dû aller m'étendre sur un tas de coussins derrière le canapé. Peu après, deux filles sont venues s'asseoir sur ce même canapé. Ce sont deux filles pas belles du tout, les deux boudins du service en fait. Elles vont manger ensemble et elles lisent des bouquins sur le développement du langage chez l'enfant, tout ce genre de trucs.
Aussitôt elles se sont mises à commenter les nouvelles du jour, à savoir qu'une fille du service était venue au boulot avec une minijupe vachement mini, au ras des fesses.
Et qu'est-ce qu'elles en pensaient? Elles trouvaient ça très bien. Leurs silhouettes se détachaient en ombres chinoises, bizarrement agrandies, sur le mur au-dessus de moi. Leurs voix me paraissaient venir de très haut, un peu comme le Saint-Esprit. En fait je n'allais pas bien du tout, c'est clair.
Pendant quinze minutes elles ont continué à aligner les platitudes. Et qu'elle avait bien le droit de s'habiller comme elle voulait, et que ça n'avait rien à voir avec le désir de séduire les mecs, et que c'était juste pour se sentir bien dans sa peau, pour se plaire à elle-même, etc. Les ultimes résidus, consternants, de la chute du féminisme. À un moment donné j'ai même prononcé ces mots à voix haute: " les ultimes résidus, consternants, de la chute du féminisme ". Mais elles ne m'ont pas entendu.
Moi aussi j'avais bien remarqué cette fille. Difficile de ne pas la voir. D'ailleurs, même le chef de service était en érection.
Je me suis endormi avant la fin de la discussion, mais j'ai fait un rêve pénible. Les deux boudins se tenaient bras dessus, bras dessous dans le couloir qui traverse le service, et elles levaient haut la jambe en chantant à tue-tête:
" Si je me promène cul nu,
C'est pas pour vous sédui-re!
Si je montre mes jambes poilues,
C'est pour me faire plaisi-re! "
La fille à la minijupe était dans l'embrasure d'une porte, mais cette fois elle était vêtue d'une longue robe noire, mystérieuse et sobre. Elle les regardait en souriant. Sur ses épaules était perché un perroquet gigantesque, qui représentait le chef de service. De temps en temps elle lui caressait les plumes du ventre, d'une main négligente mais experte.
En me réveillant, je me suis rendu compte que j'avais vomi sur la moquette. La soirée touchait à sa fin. J'ai dissimulé les vomissures sous un tas de coussins, puis je me suis relevé pour essayer de rentrer chez moi. Alors, je me suis aperçu que j'avais perdu mes clefs de voiture.
II Au milieu des Marcel
Le surlendemain était un dimanche. Je suis retourné dans le quartier, mais ma voiture est restée introuvable. En fait, je ne me souvenais plus où je l'avais garée; toutes les rues me paraissaient convenir, aussi bien. La rue Marcel-Sembat, Marcel-Dassault… beaucoup de Marcel. Des immeubles rectangulaires, où vivent les gens. Violente impression d'identité. Mais où était ma voiture?
Déambulant entre ces Marcel, je fus progressivement envahi par une certaine lassitude à l'égard des voitures, et des choses de ce monde. Depuis son achat, ma Peugeot 104 ne m'avait causé que des tracas: réparations multiples et peu compréhensibles, accrochages légers… Bien sûr les conducteurs adverses feignent la décontraction, sortent leur formulaire de constat amiable, disent: " OK d'accord "; mais au fond ils vous jettent des regards pleins de haine; c'est très déplaisant.
Et puis, si l'on voulait bien y réfléchir, j'allais au travail en métro; je ne partais plus guère en week-end, faute de destination vraisemblable; pour mes vacances j'optais le plus souvent pour la formule du voyage organisé, parfois pour celle du séjour-club. " À quoi bon cette voiture? " me répétais-je avec impatience en enfilant la rue Émile-Landrin.
Pourtant, ce n'est qu'en débouchant dans l'avenue Ferdinand-Buisson que l'idée me vint d'établir une déclaration de vol. Beaucoup de voitures sont volées de nos jours, surtout en proche banlieue; l'anecdote serait aisément comprise et admise, aussi bien par la compagnie d'assurances que par mes collègues de bureau. Comment, en effet, avouer que j'avais perdu ma voiture? Je passerais aussitôt pour un plaisantin, voire un anormal ou un guignol; c'était très imprudent. La plaisanterie n'est guère de mise, sur de tels sujets; c'est là que les réputations se forment, que les amitiés se font ou se défont. Je connais la vie, j'ai l'habitude. Avouer qu'on a perdu sa voiture, c'est pratiquement se rayer du corps social; décidément, arguons du vol.
Plus tard dans la soirée, ma solitude devint douloureusement tangible. Des feuilles parsemaient la table de la cuisine, légèrement maculées d'un reste de thon à la catalane Saupiquet. Il s'agissait de notes relatives à une fiction animalière; la fiction animalière est un genre littéraire comme un autre, peut-être supérieur à d'autres; quoi qu'il en soit, j'écris des fictions animalières. Celle-ci s'intitulait Dialogues d'une vache et d'une pouliche; on pourrait la qualifier de méditation éthique; elle m'avait été inspirée par un bref séjour professionnel dans le pays de Léon. En voici un extrait significatif:
" Considérons en premier lieu la vache bretonne: tout au long de l'année elle ne songe qu'à brouter, son mufle luisant s'abaisse et se relève avec une régularité impressionnante, et nul frémissement d'angoisse ne vient troubler le regard pathétique de ses yeux brun clair. Tout cela semble de fort bon aloi, tout cela semble même indiquer une profonde unité existentielle, une identité à plus d'un titre enviable entre son être-au-monde et son être-en-soi. Hélas, en l'occurrence, le philosophe se trouve pris en défaut et ses conclusions, quoique fondées sur une intuition juste et profonde, se verront frappées d'invalidité s'il n'a auparavant pris la précaution de se documenter auprès du naturaliste. En effet, double est la nature de la vache bretonne. À certaines périodes de l'année (précisément spécifiées par l'inexorable fonctionnement de la programmation génétique), une étonnante révolution se produit dans son être. Ses meuglements s'accentuent, se prolongent, leur texture harmonique elle-même se modifie jusqu'à rappeler parfois de manière stupéfiante certaines plaintes qui échappent aux fils de l'homme. Ses mouvements se font plus rapides, plus nerveux, parfois elle trottine. Il n'est jusqu'à son mufle, lequel semblait pourtant, dans sa régularité luisante, conçu pour refléter la permanence absolue d'une sagesse minérale, qui ne se contracte et se torde sous l'effet douloureux d'un désir assurément puissant.
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