Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte

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Extension du domaine de la lutte: краткое содержание, описание и аннотация

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Des personnages luttent en quête d'amour, d'argent… Cette idée, Michel Houellebecq nous la transmet via une oeuvre amère : un homme dénué de toute ambition, cumulant les déceptions, qui risque de sombrer peu à peu dans la dépression.

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Face à lui il y a un type de ma boîte qui répond inlassablement à ses objections – à mon avis de manière assez maladroite – en feignant de croire que l'autre exagère volontairement, voire qu'il s'agit d'une pure plaisanterie. C'est un de mes supérieurs hiérarchiques; je crois qu'il s'appelle Norbert Lejailly. Je ne savais pas qu'il serait là, et je ne peux pas dire que je sois ravi de sa présence. Cet homme a exactement le faciès et le comportement d'un porc. Il saisit la moindre occasion pour rire, longuement et grassement. Quand il ne rit pas il se frotte lentement les mains l'une contre l'autre. Il est replet, voire obèse, et son autosatisfaction, que rien de solide ne semble venir appuyer, m'est habituellement insupportable. Mais ce matin je me sens vraiment très bien, à deux reprises je rirai même avec lui, en écho à ses bons mots.

Au cours de la matinée un septième personnage fera des apparitions épisodiques, venant égayer l'aréopage. Il s'agit du chef du service " Études informatiques " du ministère de l'Agriculture, celui que j'ai raté l'autre jour. L'individu semble s'être donné pour mission d'incarner une exagération survoltée du personnage du patron jeune et dynamique. Dans ce domaine, il bat de plusieurs longueurs tout ce que j'ai eu l'occasion d'observer auparavant. Sa chemise est ouverte, comme s'il n'avait vraiment pas eu le temps de la boutonner, et sa cravate penchée de côté, comme pliée par le vent de la course. En effet il ne marche pas dans les couloirs, il glisse. S'il pouvait voler il le ferait. Son visage est luisant, ses cheveux en désordre et humides, comme s'il sortait directement de la piscine.

À sa première entrée il nous aperçoit, moi et mon chef; en un éclair il est près de nous, sans que je comprenne comment; il a dû franchir les dix mètres en moins de cinq secondes, en tout cas je n'ai pas pu suivre son déplacement.

Il pose sa main sur mon épaule et me parle d'une voix douce, disant combien il est désolé de m'avoir fait attendre pour rien, l'autre jour; je lui fais un sourire de madone, je lui dis que ça ne fait rien, que je comprends très bien et que je sais que la rencontre, tôt ou tard, aura lieu. Je suis sincère. C'est un moment très tendre; il est penché vers moi et vers moi seul; on pourrait croire que nous sommes deux amants que la vie vient de réunir après une longue absence.

Dans la matinée il fera deux autres apparitions, mais à chaque fois il restera sur le pas de la porte, s'adressant uniquement au jeune type à lunettes. À chaque fois il commence par s'excuser de nous déranger, avec un sourire enchanteur; il se tient sur le pas de la porte, accroché aux battants, en équilibre sur une jambe, comme si la tension interne qui l'anime lui interdisait l'immobilité prolongée en station debout.

De la réunion en elle-même, je ne garde que peu de souvenirs; de toute façon rien de concret n'a été décidé, sinon dans le dernier quart d'heure, très vite, juste avant d'aller déjeuner, où l'on a mis en place un calendrier de formations pour la province. Je suis directement concerné, puisque c'est moi qui devrai me déplacer; je prends donc note à la hâte des dates et des lieux retenus, sur un papier que d'ailleurs je perdrai le soir même.

L'ensemble me sera réexpliqué dès le lendemain, au cours d'un briefing avec le théoricien. J'apprends ainsi qu'un système de formation sophistiqué, à trois niveaux, a été mis en place par le ministère (donc par lui, si je comprends bien). Il s'agit de répondre au mieux aux besoins des utilisateurs, à travers un emboîtement de formations complémentaires, mais organiquement indépendantes. Tout ceci porte évidemment la marque d'un esprit subtil.

Concrètement, je serai engagé dans un périple qui me conduira d'abord à Rouen pour une durée de deux semaines, puis à Dijon pour une semaine, et enfin à La Roche-sur -Yon pour quatre jours. Je partirai le 1er décembre et je serai rentré pour Noël, afin de me permettre de " passer les fêtes en famille ". L'aspect humain n'a donc pas été oublié. C'est splendide.

J'apprends également – et c'est une surprise – que je ne serai pas seul à effectuer ces formations. Ma société a en effet décidé d'envoyer deux personnes. Nous fonctionnerons donc en tandem. Pendant vingt-cinq minutes, dans un silence angoissant, le théoricien détaille les avantages et les inconvénients de la formation en tandem. Finalement, in extremis, les avantages semblent l'emporter.

J'ignore complètement l'identité de la seconde personne qui est censée m'accompagner. C'est probablement quelqu'un que je connais. En toute hypothèse, personne n'a jugé bon de m'avertir.

Tirant adroitement parti d'une remarque adjacente qu'il vient d'effectuer, le théoricien fait observer qu'il est bien dommage que cette seconde personne (dont l'identité restera jusqu'au bout un mystère) ne soit pas là, et que personne n'ait jugé bon de la convoquer. Poussant son argument, il en arrive à suggérer implicitement que, dans ces conditions, ma propre présence est elle aussi inutile, ou tout du moins d'une utilité restreinte. C'est bien ce que je pense.

X Les degrés de liberté selon J.-Y. Fréhaut

Ensuite, je retourne au siège de ma société. On m'y fait bon accueil; j'ai, semble-t-il, réussi à rétablir ma position dans l'entreprise.

Mon chef de service me prend à part; il me révèle l'importance de ce contrat. Il sait que je suis un garçon solide. Il a quelques mots, d'un réalisme amer, sur le vol de ma voiture. C'est une espèce de conversation entre hommes, près du distributeur automatique de boissons chaudes. Je discerne en lui un grand professionnel de la gestion des ressources humaines; intérieurement, j'en roucoule. Il me paraît de plus en plus beau.

Plus tard dans l'après-midi, j'assisterai au pot de départ de Jean-Yves Fréhaut. C'est un élément de valeur qui s'éloigne de l'entreprise, souligne le chef de service; un technicien de haut mérite. Sans doute connaîtra-t-il, dans sa future carrière, des succès au moins équivalents à ceux qui ont marqué la précédente; c'est tout le mal qu'il lui souhaite. Et qu'il repasse, quand il voudra, boire le verre de l'amitié! Un premier emploi, conclut-il d'un ton égrillard, c'est une chose qu'on a du mal à oublier; un peu comme un premier amour. Je me demande à cet instant si lui-même n'a pas un peu trop bu.

Brefs applaudissements. Quelques mouvements se dessinent autour de J.-Y. Fréhaut; il tourne lentement sur lui-même, l'air satisfait. Je connais un peu ce garçon; nous sommes arrivés en même temps dans l'entreprise, il y a trois ans; nous partagions le même bureau. Une fois, nous avions parlé civilisation. Il disait – et en un sens il le croyait vraiment – que l'augmentation du flux d'informations à l'intérieur de la société était en soi une bonne chose. Que la liberté n'était rien d'autre que la possibilité d'établir des interconnexions variées entre individus, projets, organismes, services. Le maximum de liberté coïncidait selon lui avec le maximum de choix possibles. En une métaphore empruntée à la mécanique des solides, il appelait ces choix des degrés de liberté.

Nous étions je me souviens assis près de l'unité centrale. La climatisation émettait un léger bourdonnement. Il comparait en quelque sorte la société à un cerveau, et les individus à autant de cellules cérébrales, pour lesquelles il est en effet souhaitable d'établir un maximum d'interconnexions. Mais l'analogie s'arrêtait là. Car c'était un libéral, et il n'était guère partisan de ce qui est si nécessaire dans le cerveau: un projet d'unification.

Sa propre vie, je devais l'apprendre par la suite, était extrêmement fonctionnelle. Il habitait un studio dans le 15e arrondissement. Le chauffage était compris dans les charges. Il ne faisait guère qu'y dormir, car il travaillait en fait beaucoup – et souvent, en dehors des heures de travail, il lisait Micro-Systèmes. Les fameux degrés de liberté se résumaient, en ce qui le concerne, à choisir son dîner par Minitel (il était abonné à ce service, nouveau à l'époque, qui assurait une livraison de plats chauds à une heure extrêmement précise, et dans un délai relativement bref).

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