Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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Prendre l'avion aujourd'hui, quelle que soit la compagnie, quelle que soit la destination, équivaut à être traité comme une merde pendant toute la durée du vol. Recroquevillé dans un espace insuffisant et même ridicule, dont il sera impossible de se lever sans déranger l'ensemble de ses voisins de rangée, on est d'emblée accueilli par une série d'interdictions énoncées par des hôtesses arborant un sourire faux. Une fois à bord, leur premier geste est de s'emparer de vos affaires personnelles afin de les enfermer dans les coffres à bagages – auxquels vous n'aurez plus jamais accès, sous aucun prétexte, jusqu'à l'atterrissage. Pendant toute la durée du voyage, elles s'ingénient ensuite à multiplier les brimades, tout en vous rendant impossible tout déplacement, et plus généralement toute action, hormis celles appartenant à un catalogue restreint: dégustation de sodas, vidéos américaines, achat de produits duty-free. La sensation constante de danger, alimentée par des images mentales de crashs aériens, l'immobilité forcée dans un espace limité provoquent un stress si violent qu'on a parfois observé des décès de passagers par crise cardiaque sur certains vols long-courriers. Ce stress, l'équipage s'ingénie à le porter à son plus haut niveau en vous interdisant de le combattre par les moyens usuels. Privé de cigarettes et de lecture, on est également, de plus en plus souvent, privé d'alcool. Dieu merci, les salopes ne pratiquent pas encore la fouille au corps ; passager expérimenté, j'avais donc pu me munir d'un petit nécessaire de survie: quelques Nicopatch 21 mg, une plaquette de somnifères, une fiasque de Southern Comfort. Je sombrai dans un sommeil pâteux au moment où nous survolions l'ex-Allemagne de l'Est.

Je fus réveillé par un poids sur mon épaule, et par un souffle tiède. Je redressai mon voisin de gauche sur son siège, sans ménagements excessifs: il émit un grognement doux, mais n'ouvrit pas les yeux. C'était un grand type d'une trentaine d'années, avec des cheveux châtain clair coupés au bol; il n'avait pas l'air très antipathique, ni très malin. Il était même assez attendrissant, enveloppé dans la couverture bleu tendre fournie par la compagnie, ses grosses mains de travailleur manuel posées sur ses genoux. Je ramassai le livre de poche tombé à ses pieds: un best-seller anglo-saxon merdique d'un certain Frédéric Forsyth. J'avais déjà lu un ouvrage de cet imbécile, rempli d'hommages appuyés à Margaret Thatcher et d'évocations grand-guignolesques de l'URSS comme empire du mal. Je me suis demandé comment il s'en était sorti après la chute du mur de Berlin. J'ai feuilleté son nouvel opus: apparemment, le rôle des méchants était cette fois tenu par les rouges-bruns, et autres nationalistes serbes; voilà un homme qui se tenait au courant de l'actualité. Quant à son héros favori, l'ennuyeux Jason Monk, il reprenait du service à la CIA, alliée pour la circonstance à la mafia tchetchène. Eh bien! me dis-je en reposant l'ouvrage sur les genoux de mon voisin, elle est belle, la moralité des auteurs de best-sellers anglo-saxons! La page était marquée par une feuille pliée en trois dans laquelle je reconnus la convocation Nouvelles Frontières: je venais donc de faire la connaissance de mon premier compagnon de voyage. Un brave garçon, j'en avais la certitude, certainement beaucoup moins égocentrique et névrosé que moi-même. Je jetai un œil sur l'écran vidéo qui retraçait le déroulement du vol: nous avions probablement dépassé la Tchetchénie, pour autant que nous l'ayons survolée; la température extérieure était de – 53 °C, l'altitude de 10 143 mètres, l'heure locale de 00: 27. Une carte vint remplacer ces indications: nous abordions le survol de l'Afghanistan. Par le hublot, on ne distinguait évidemment qu'un noir total. De toute façon les talibans devaient être couchés, et mariner dans leur crasse. «Bonne nuit, les talibans, bonne nuit… Faites de beaux rêves…» murmurai-je avant d'avaler un deuxième somnifère.

4

L'avion atterrit vers cinq heures du matin à l'aéroport de Don Muang. Je me réveillai avec difficulté. Mon voisin de gauche était déjà levé, et piaffait dans la file d'attente pour sortir de l'appareil. Je le perdis rapidement de vue dans le couloir qui menait au hall d'arrivée. J'avais les jambes en coton, la bouche pâteuse; mes oreilles étaient emplies d'un violent bourdonnement.

Sitôt les portes automatiques franchies, la chaleur m'enveloppa comme une bouche. Il faisait au moins 35 °C. La chaleur de Bangkok a ceci de particulier qu'elle est en quelque sorte graisseuse, probablement à cause de la pollution; on est toujours surpris, après un long séjour à l'extérieur, de ne pas se retrouver couvert d'une fine pellicule de résidus industriels. Je mis une trentaine de secondes pour adapter ma respiration. J'essayais de ne pas me faire distancer par l'accompagnatrice thaïe, dont je n'avais pas vu grand-chose, sinon qu'elle paraissait réservée et de bonne éducation – mais beaucoup de Thaïes peuvent produire le même effet.

Mon sac à dos me sciait les épaules; c'était un Lowe Pro Himalaya Trekking, le modèle le plus cher que j'aie pu trouver au Vieux Campeur; il était garanti à vie. C'était un objet impressionnant, gris acier, avec des mousquetons, des Velcro spéciaux – brevet déposé par la firme – et des fermetures éclair qui pouvaient fonctionner à une température de – 65 °C. Sa contenance était malheureusement très limitée: quelques shorts et tee-shirts, un maillot de bain, des chaussures spéciales permettant de marcher sur les coraux (125 F au Vieux Campeur), une trousse de toilette contenant les médicaments décrits comme indispensables par le Guide du Routard, un caméscope JVC HRD-9600 MS avec ses batteries et ses cassettes de rechange, et deux best-sellers américains que j'avais achetés un peu au hasard à l'aéroport.

Le car Nouvelles Frontières était garé une centaine de mètres plus loin. À l'intérieur du puissant véhicule – un Mercedes M-800 64 places – la climatisation était poussée à fond, on avait l'impression de pénétrer dans un congélateur. Je m'installai près d'une fenêtre sur la gauche, au milieu du car; je distinguais confusément une dizaine d'autres passagers, parmi lesquels mon voisin d'avion. Personne ne vint s'asseoir à mes côtés. J'avais manifestement raté ma première occasion de m'intégrer au groupe; j'étais également bien parti pour attraper un bon rhume.

Le jour n'était pas encore levé, mais, sur l'autoroute à six voies qui menait au centre de Bangkok, la circulation était déjà dense. Nous longions alternativement des buildings d'acier et de verre, avec de temps en temps une construction de béton massive évoquant l'architecture soviétique. Des sièges sociaux de banques, des grands hôtels, des compagnies d'électronique – le plus souvent japonaises. Après l'embranchement de Chatuchak, l'autoroute surplomba des voies radiales qui encerclaient le cœur de la ville. Entre les bâtiments illuminés des hôtels on commençait à distinguer des groupes de maisons, petites, à toits de tôle, au milieu de terrains vagues. Eclairées par des néons, des échoppes ambulantes proposaient de la soupe et du riz; on voyait fumer les marmites de fer-blanc. L'autocar décéléra légèrement pour prendre la sortie de New Petchaburi Road. Un moment nous aperçûmes un échangeur aux contours fantasmagoriques, dont les spirales de macadam semblaient suspendues au milieu des cieux, éclairées par des batteries de projecteurs d'aéroport; puis, après une longue courbe, l'autocar rejoignit la voie rapide.

Le Bangkok Palace H ôtel appartenait à une chaîne proche des hôtels Mercure, et qui partageait les mêmes valeurs sur le plan de la restauration et de la qualité de l'accueil; c'est ce que j'appris dans une brochure que je ramassai dans le hall en attendant que la situation se décante. Il était un peu plus de six heures du matin – minuit à Paris, pensai-je sans raison aucune – mais l'animation était déjà vive, la salle des petits déjeuners venait d'ouvrir. Je m'assis sur une banquette; j'étais étourdi, mes oreilles continuaient à bourdonner violemment et je commençais à avoir mal au ventre. À leur attitude d'attente, je parvins à reconnaître certains membres du groupe. Il y avait deux filles d'environ vingt-cinq ans, plutôt bimbos - pas mal roulées, au demeurant – qui promenaient un regard méprisant sur le monde. Un couple de retraités, au contraire – lui qu'on pouvait qualifier de sémillant, elle un peu plus morne – observait avec émerveillement la décoration intérieure de l'hôtel, composée de miroirs, de dorures et de lustres. Dans les premières heures de la vie d'un groupe, on n'observe en général qu'une sociabilité phatique, caractérisée par l'emploi de phrases passe-partout et par un engagement émotionnel restreint. Selon Edmunds et White (Sightseeing tours: a sociological approach, Annals of Tourism Research, vol. 23, p. 213-227, 1998.) la constitution de mini-groupes n'est repérable que lors de la première excursion, parfois lors du premier repas pris en commun.

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