Michel Houellebecq - Plateforme
Здесь есть возможность читать онлайн «Michel Houellebecq - Plateforme» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Plateforme
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Plateforme: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Plateforme»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Plateforme — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Plateforme», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Je sursautai, à la limite de l'évanouissement, allumai une cigarette pour me reprendre: ces somnifères étaient vraiment trop forts, ils me rendaient malade; mais les précédents ne parvenaient plus à m'endormir: il n'y avait pas d'issue évidente. Les retraités tournaient lentement sur eux-mêmes, j'eus l'impression que l'homme plastronnait un peu; dans l'attente d'une personne précise avec laquelle échanger un sourire, ils faisaient pivoter un sourire potentiel sur le monde extérieur. Ils avaient dû être petits commerçants dans une vie antérieure, c'était la seule hypothèse. Peu à peu les membres du groupe se dirigeaient vers l'accompagnatrice à l'appel de leur nom, recevaient leurs clefs, montaient vers leur chambre – ils se dispersaient, en somme. Il nous était possible, rappela l'accompagnatrice d'une voix bien timbrée, de prendre notre petit déjeuner dès maintenant; nous pouvions aussi nous reposer dans nos chambres; c'était entièrement libre. Quoi qu'il en soit, le rendez-vous pour la visite des klongs était fixé dans le hall à quatorze heures.
La baie vitrée de ma chambre donnait directement sur la voie rapide. Il était six heures et demie. La circulation était intense, mais le double vitrage ne laissait filtrer qu'un grondement faible. Les illuminations de la nuit étaient éteintes, le soleil ne faisait pas encore réverbérer l'acier et le verre; à cette heure de la journée, la ville était grise. Je commandai un double express au room service, que j'avalai avec un Efferalgan, un Doliprane et une double dose d'Oscillococcinum; puis je me couchai et tentai de fermer les yeux.
Des formes bougeaient avec lenteur dans un espace restreint; elles émettaient un bourdonnement grave; il s'agissait peut-être d'engins de chantier, ou d'insectes géants. Dans le fond, un homme armé d'un cimeterre de petite taille en estimait le tranchant avec précaution; il était vêtu d'un turban et d'un pantalon bouffant blancs. Tout à coup l'atmosphère devint rouge et poisseuse, presque liquide; aux gouttelettes de condensation qui se formaient devant mes yeux, je pris conscience qu'une vitre me séparait de la scène. L'homme était maintenant à terre, immobilisé par une force invisible. Les engins de chantier s'étaient regroupés autour de lui; il y avait plusieurs pelleteuses et un petit bulldozer à chenillettes. Les pelleteuses relevèrent leurs bras articulés et rabattirent avec ensemble leurs godets sur l'homme, tronçonnant aussitôt son corps en sept ou huit parties; sa tête, cependant, semblait toujours animée d'une vitalité démoniaque, un sourire mauvais continuait à plisser son visage barbu. Le bulldozer avança à son tour sur l'homme, sa tête éclata comme un œuf; un jet de cervelle et d'os broyés fut projeté sur la vitre, à quelques centimètres de mon visage.
5
En somme le tourisme, comme qu ête de sens, avec les sociabilités ludiques qu'il favorise, les images qu'il génère, est un dispositif d'appréhension graduée, codée et non traumatisante de l'extérieur et de l'altérité.
Rachid Amirou
Je me réveillai vers midi, la climatisation émettait un bourdonnement grave; j'avais un peu moins mal à la tête.
Allongé en travers du lit king size je pris conscience du déroulement du circuit, et de ses enjeux. Le groupe jusqu'alors informe allait se métamorphoser en communauté vivante; dès cet après-midi je devrai entamer un positionnement, et déjà choisir un short pour la promenade sur les klongs. J'optai pour un modèle mi-long, en toile bleu jean, pas trop moulant, que je complétai par un tee-shirt Radiohead; puis je fourrai quelques affaires dans un sac à dos. Dans le miroir de la salle de bains, je me considérai avec dégoût: mon visage crispé de bureaucrate jurait tragiquement avec l'ensemble; je ressemblais au total exactement à ce que j'étais: un fonctionnaire quadragénaire qui tentait de se déguiser en jeune pour la durée de ses vacances; c'était décourageant. Je marchai vers la fenêtre, tirai les rideaux en grand. Du 27 eétage, le spectacle était extraordinaire. La masse imposante de l'hôtel Mariott se dressait sur la gauche comme une falaise de craie, striée de traits noirs horizontaux par des rangées de fenêtres à demi dissimulées derrière les balcons. La lumière du soleil à son zénith soulignait avec violence les plans et les arêtes. Droit devant, les réflexions se multipliaient à l'infini sur une structure complexe de pyramides et de cônes de verre bleuté. À l'horizon, les cubes de béton gigantesques du Grand Plaza Président se superposaient comme les étages d'une pyramide à degrés. Sur la droite, surmontant la surface frissonnante et verte du Lumphini Park, on apercevait, comme une citadelle ocre, les tours angulaires du Dusit Thani. Le ciel était d'un bleu absolu. Je bus lentement une Singha Gold en méditant sur la notion d'irrémédiable.
En bas, l'accompagnatrice procédait à une sorte d'appel afin de distribuer les breakfast coupons. J'appris ainsi que les deux bimbos se prénommaient Babette et Léa. Babette avait des cheveux blonds frisés, enfin pas frisés naturellement, sans doute plutôt ondulés ; elle avait de beaux seins, la salope, bien visibles sous sa tunique translucide – un imprimé ethnique Trois Suisses, vraisemblablement. Son pantalon, du même tissu, était tout aussi translucide; on distinguait nettement la dentelle blanche du slip. Léa, très brune, était plus filiforme; elle compensait par une jolie cambrure des fesses, bien soulignée par son cycliste noir, et par une poitrine agressive, dont les bouts se tendaient sous un bustier jaune vif. Un diamant minuscule ornait son nombril étroit. Je fixai très attentivement les deux pouffes, afin de les oublier à tout jamais.
La distribution des coupons continuait. L'accompagnatrice, Son, appelait tous les participants par leurs prénoms; j'en étais malade. Nous étions des adultes, bordel de Dieu. J'eus un moment d'espoir quand elle désigna les seniors sous le nom de «monsieur et madame Lobligeois»; mais elle ajouta aussitôt, avec un sourire ravi: «Josette et René». C'était peu probable, et pourtant c'était vrai. «Je m'appelle René» confirma le retraité sans s'adresser à personne en particulier. «Ce n'est pas de chance…» grommelai-je. Sa femme lui jeta un regard las, du genre «tais-toi, René, tu embêtes le monde». Je compris soudain à qui il me faisait penser: au personnage de Monsieur Plus dans les publicités Bahlsen. C'était peut-être lui, d'ailleurs. Je m'adressai directement à sa femme: avaient-ils, par le passé, interprété en tant qu'acteurs des personnages de second plan? Pas du tout, m'informa-t-elle, ils tenaient une charcuterie. Ah oui, ça pouvait coller aussi. Ce joyeux drille était donc un ancien charcutier (à Clamart, précisa sa femme); c'est dans un établissement modeste, dévolu à l'alimentation des humbles; qu'il avait jadis fait étalage de ses pirouettes et ses saillies.
Il y eut ensuite deux autres couples, plus indistincts, qui semblaient reliés par une fraternité obscure. Étaient-ils déjà partis ensemble? Avaient-ils fait connaissance autour d'un breakfast ? Tout était possible, à ce stade du voyage. Le premier couple était également le plus déplaisant. L'homme ressemblait un peu à Antoine Waechter jeune, si la chose est imaginable; mais en plus châtain, et avec une barbe bien taillée; finalement il ne ressemblait pas tellement à Antoine Waechter mais plutôt à Robin des Bois, avec cependant quelque chose de suisse, ou pour mieux dire de jurassien. Pour tout dire il ne ressemblait pas à grand-chose, mais il avait vraiment l’air d'un con. Sans parler de sa femme, en salopette, sérieuse, bonne laitière. Il était invraisemblable que ces êtres ne se soient pas déjà reproduits, pensai-je; sans doute avaient-ils laissé l'enfant chez leurs parents à Lons-le-Saulnier. Le second couple, plus âgé, ne donnait pas une impression de sérénité aussi profonde. Maigre, moustachu et nerveux, l'homme se présenta à moi comme un naturopathe; devant mon ignorance il précisa qu'il soignait par les plantes, ou par d'autres moyens naturels si possible. Sa femme, sèche et menue, travaillait dans le secteur social, à l'insertion de je ne sais quels délinquants primaires alsaciens; ils donnaient l'impression de n'avoir pas baisé depuis trente ans. L'homme semblait disposé à m'entretenir des vertus des médecines naturelles; mais, un peu étourdi par ce premier échange, j'allai m'asseoir sur une banquette proche. D'où j'étais je distinguais mal les trois derniers participants, qui m'étaient à demi cachés par le couple de charcutiers. Une sorte de beauf d'une cinquantaine d'années, prénommé Robert, à l'expression étrangement dure; une femme d'âge idem, aux cheveux bouclés noirs encadrant un visage à la fois méchant, avisé et mou, qui se prénommait Josiane; une femme plus jeune enfin, presque indistincte, guère plus de vingt-sept ans, qui suivait Josiane avec une attitude de soumission canine, et se prénommait elle-même Valérie. Bon, j'aurais l'occasion d'y revenir; je n'aurais que trop l'occasion d'y revenir, me dis-je sombrement en marchant vers l'autocar. Je remarquai que Son fixait toujours sa liste de passagers. Son visage était tendu, des mots se formaient involontairement sur ses lèvres; on y lisait de l'appréhension, presque du désarroi. En la comptant, le groupe comportait treize personnes; et les Thaïs sont parfois très superstitieux, encore plus que les Chinois: dans les étages des immeubles, la numérotation des rues, il est fréquent qu'on passe directement du douze au quatorze, uniquement pour éviter de mentionner le chiffre treize. Je m'installai du côté gauche, à peu près au milieu du véhicule. Les gens prennent leurs repères assez vite, dans ce genre de déplacement de groupe: il s'agit pour être tranquille de prendre sa place très tôt, de s'y tenir, peut-être d'y disposer quelques objets personnels; de l'habiter activement, en quelque sorte.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Plateforme»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Plateforme» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Plateforme» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.