Michel Houellebecq - Plateforme

Здесь есть возможность читать онлайн «Michel Houellebecq - Plateforme» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Plateforme: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Plateforme»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

Plateforme — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Plateforme», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Dix ans plus tard, elle n'avait pas vraiment repris, songea-t-elle avec tristesse en se réveillant dans sa chambre du Bangkok Palace. Le jour n'était pas encore levé. Elle alluma le plafonnier, considéra son corps dans la glace. Les seins étaient toujours aussi fermes, ils n'avaient pas bougé depuis qu'elle avait dix-sept ans. Son cul lui aussi était bien rond, sans aucune trace de graisse; indiscutablement, elle avait un très beau corps. Elle enfila pourtant un sweat-shirt large et un bermuda informe avant de descendre pour le petit déjeuner. Avant de refermer la porte, elle se regarda une dernière fois dans la glace: son visage était plutôt quelconque, agréable sans plus; ni ses cheveux noirs et plats, qui retombaient en désordre sur ses épaules, ni ses yeux très bruns ne lui apportaient réellement d'atout supplémentaire. Elle aurait sans doute pu en tirer mieux parti, jouer sur le maquillage, se coiffer différemment, consulter une esthéticienne. La plupart des femmes de son âge y consacraient au moins quelques heures par semaine; elle n'avait pas l'impression, dans son cas, que ça changerait grand-chose. Ce qui lui manquait, au fond, c'était surtout le désir de séduire.

Nous quittâmes l'hôtel à sept heures; la circulation était déjà dense. Valérie me fit un petit signe de tête et s'installa au même niveau que moi, de l'autre côté du couloir. Personne ne parlait dans l'autocar. La mégalopole grise s'éveillait lentement; des scooters occupés par des couples, avec parfois un enfant dans les bras de la mère, filaient entre les bus bondés. Une brume légère stagnait encore dans certaines ruelles proches du fleuve. Bientôt le soleil allait percer les nuages matinaux, il allait commencer à faire chaud. À la hauteur de Nonthaburi le tissu urbain s'effilocha, nous aperçûmes les prémières rizières. Des buffles immobiles dans la boue suivaient l'autocar du regard, exactement comme l'auraient fait des vaches. Je sentis quelques trépignements du côté des écologistes jurassiens; sans doute auraient-ils souhaité réaliser deux ou trois clichés de buffles.

Le premier arrêt eut lieu à Kanchanaburi, ville dont les guides s'accordent à souligner le caractère animé et gai. Pour le Michelin, c'est un «merveilleux point de départ pour la visite des contrées environnantes»; le Routard, quant à lui, la qualifie de «bon camp de base». La suite du programme impliquait un parcours de plusieurs kilomètres sur le chemin de fer de la mort, qui serpentait le long de la rivière Kwaï. Je n'avais jamais bien démêlé cette histoire de rivière Kwaï, aussi tentai-je d'écouter les explications de la guide. Heureusement René, muni de son guide Michelin, suivait au fur et à mesure, toujours prêt à rectifier tel ou tel point. En résumé les Japonais, après leur entrée en guerre en 1941, avaient décidé de construire un chemin de fer pour relier Singapour et la Birmanie – avec, comme objectif à long terme, l'invasion de l'Inde. Ce chemin de fer devait traverser la Malaisie et la Thaïlande. Mais que faisaient donc les Thaïs, au fait, pendant la Seconde Guerre mondiale? Eh bien, en fait, pas grand-chose. Ils étaient «neutres», m'apprit pudiquement Son. En réalité, compléta René, ils avaient conclu un accord militaire avec les Japonais, sans pour autant déclarer la guerre aux Alliés. C'était la voie de la sagesse. Ainsi, une fois de plus, ils avaient su faire preuve de ce fameux esprit de subtilité qui leur avait permis pendant plus de deux siècles, pris en étau entre les puissances coloniales française et anglaise, de ne céder à aucune, et de demeurer le seul pays d'Asie du Sud-Est à ne jamais avoir été colonisé.

En 1942, quoi qu'il en soit, les travaux avaient commencé sur le secteur de la rivière Kwaï, mobilisant soixante mille prisonniers de guerre anglais, australiens, néo-zélandais et américains, ainsi qu'une quantité «innombrable» de travailleurs forcés asiatiques. En octobre 1943 le chemin de fer était terminé, mais seize mille prisonniers de guerre avaient trouvé la mort – compte tenu de l'absence de nourriture, du mauvais climat et de la méchanceté naturelle des Japonais. Peu après, un bombardement allié avait détruit le pont de la rivière Kwaï, élément essentiel de l'infrastructure – rendant ainsi le chemin de fer inutilisable. En résumé il y avait eu pas mal de viande froide, pour un résultat à peu près nul. Depuis, la situation n'avait guère évolué – et il demeurait impossible d'avoir une liaison ferroviaire correcte entre Singapour et Delhi.

C'est dans un état de légère détresse que j'entamai la visite du JEATH Muséum, construit pour commémorer les souffrances épouvantables des prisonniers de guerre alliés. Certes, me disais-je, tout cela était bien regrettable; mais enfin il y avait tout de même eu pire, pendant la Seconde Guerre mondiale. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que, si les prisonniers avaient été polonais ou russes, on aurait fait moins d'histoires.

Un peu plus tard, il fallut subir la visite du cimeti ère des prisonniers de guerre alliés – ceux qui avaient, en quelque sorte, accompli l'ultime sacrifice. Il y avait des croix blanches, bien alignées, toutes exactement identiques; l'endroit dégageait un ennui profond. Ça me rappelait Omaha Beach, qui ne m'avait pas tellement ému non plus – qui m'avait plutôt, à vrai dire, fait penser à une installation d'art contemporain. «Ici, m'étais-je dit avec un sentiment de tristesse que je sentais insuffisant, ici, tout un tas d'imbéciles sont morts pour la démocratie.» Le cimetière de la rivière Kwaï, cela dit, était beaucoup plus petit, on pouvait même envisager de compter les tombes; je renonçai assez vite à l'exercice. «Il ne peut pas y en avoir seize mille…» conclus-je cependant à voix haute. «C'est exact!» m'informa René, toujours armé de son guide Michelin. «Le nombre de morts est estimé à seize mille; mais, dans ce cimetière, on ne trouve que cinq cent quatre-vingt-deux tombes. Ils sont considérés (il lisait en suivant les lignes avec son doigt) comme les cinq cent quatre-vingt-deux martyrs de la démocratie.»

Lorsque j'avais obtenu ma troisième étoile, à l'âge de dix ans, j'étais allé dans une pâtisserie pour me bourrer de crêpes au Grand Marnier. C'était une petite fête solitaire; je n'avais pas de camarades avec qui partager cette joie. Comme tous les ans à la même époque, je séjournais chez mon père à Chamonix. Lui-même était un guide de haute montagne, et un alpiniste confirmé. Il avait des amis dans son genre, des hommes courageux et virils; je ne me sentais pas bien parmi eux. Je ne me suis jamais senti bien parmi les hommes. J'avais onze ans la première fois qu'une fille m'avait montré sa chatte; tout de suite j'avais été émerveillé, j'avais adoré ce petit organe fendu, étrange. Elle n'avait pas beaucoup de poils, c'était une fille de mon âge, elle s'appelait Martine. Elle était restée longtemps les cuisses ouvertes, maintenant sa culotte bien écartée pour que je puisse voir; mais quand j'avais voulu approcher la main elle avait pris peur, elle s'était enfuie. Tout cela me paraissait récent, je n'avais pas l'impression d'avoir tellement changé. Mon enthousiasme pour les chattes n'avait pas décru, j'y voyais même un de mes derniers traits pleinement humains, reconnaissables; pour le reste, je ne savais plus très bien.

Peu après que nous fûmes remontés dans l'autocar, Son prit la parole. Nous nous dirigions maintenant vers l'hébergement de ce soir, qui serait, elle tenait à le souligner, de la qualité très exceptionnelle. Pas de TV, pas de vidéo. Pas d'électricité, des bougies. Pas de salle de bains, l'eau du fleuve. Pas de matelas, des nattes. Retour nature complet. Ce retour à la nature, je le notai mentalement, se manifestait d'abord sous l'aspect d'une série de privations; les écologistes jurassiens – qui, je l'avais appris malgré moi pendant le parcours en train, se prénommaient Eric et Sylvie – en bavaient d'impatience. «Cuisine française ce soir» conclut Son sans relation apparente. «Nous maintenant manger thaï. Petit restaurant aussi, bord rivière.»

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Plateforme»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Plateforme» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Plateforme»

Обсуждение, отзывы о книге «Plateforme» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x