Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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L'endroit était charmant. Des arbres ombrageaient les tables. Près de l'entrée il y avait un bassin ensoleillé, avec des tortues et des grenouilles. Je restai longtemps à observer les grenouilles; une fois de plus, j'étais frappé par l'extraordinaire prolifération de la vie sous ces climats. Des poissons blanchâtres nageaient entre deux eaux. Plus haut, il y avait des nénuphars et des puces d'eau. Des insectes se posaient continûment sur les nénuphars. Les tortues observaient tout cela avec la placidité qu'on reconnaît à leur espèce.

Son vint me prévenir que le repas avait commencé. Je me dirigeai vers la salle près de la rivière. On avait dressé deux tables de six; toutes les places étaient prises. Je jetai autour de moi un regard légèrement paniqué, mais René vint très vite à mon secours. «Pas de problème, venez à notre table! lança-t-il avec largesse, on va rajouter un couvert au bout.» Je m'installai donc à la table qui était apparemment celle des couples constitués: les écologistes jurassiens, les naturopathes – qui, je l'appris à cette occasion, répondaient aux prénoms d'Albert et Suzanne – et les deux seniors charcutiers. Cet arrangement, j'en eus vite la conviction, ne répondait à aucune affinité réelle, mais à la situation d'urgence qui avait dû se présenter lors de l'attribution des tables; les couples s'étaient regroupés instinctivement, comme dans toute situation d'urgence; ce déjeuner n'était en somme qu'un round d'observation.

La conversation roula d'abord sur le sujet des massages, qui semblait cher aux naturopathes. La veille au soir, Albert et Suzanne, délaissant les danses traditionnelles, avaient bénéficié d'un excellent massage du dos. René eut un léger sourire égrillard; l'expression d'Albert lui apprit vite que son attitude était complètement déplacée. Le massage traditionnel thaï, s'enflamma-t-il, n'avait rien à voir avec on ne sait quelles pratiques; c'était la manifestation d'une civilisation centenaire, voire millénaire, qui d'ailleurs rejoignait parfaitement l'enseignement chinois sur les points d'acupuncture. Eux-mêmes le pratiquaient, dans leur cabinet de Montbéliard, sans pouvoir naturellement atteindre à la dextérité des praticiens thaïs; ils avaient pris la veille au soir, conclut-il, une belle leçon. Eric et Sylvie les écoutaient, fascinés. René toussota avec embarras; le couple de Montbéliard n'évoquait en effet aucune image lubrique. Qui avait bien pu accréditer cette idée que la France était le pays de la gaudriole et du libertinage ? La France était un pays sinistre, entièrement sinistre et administratif.

«Moi aussi on m'a massé le dos, mais la fille a terminé par les couilles…» intervins-je sans conviction. Comme j'étais en train de mastiquer des noix de cajou personne n'entendit, à l'exception de Sylvie, qui me jeta un regard horrifié. J'avalai une gorgée de bière et soutins son regard sans gêne: est-ce que cette fille était au moins capable de s'occuper correctement d'une bite? Ça n'avait rien de démontré. Dans l'intervalle, je pouvais attendre mon café.

«C'est vrai qu'elles sont mignonnes, les petites… » remarqua Josette en attrapant une tranche de papaye, ajoutant ainsi au malaise général. Le café se faisait attendre. Que faire, en fin de repas, si on n'a pas le droit de fumer de cigarettes? J'assistais tranquillement à la montée de l'ennui mutuel. Nous conclûmes la conversation, avec difficulté, par quelques considérations sur le climat.

Je revoyais mon père cloué dans son lit, terrassé par une dépression subite – terrifiante chez un homme si actif; ses amis alpinistes l'entouraient, gênés, impuissants devant ce mal. S'il avait fait tant de sport, m'avait-il expliqué une fois, c'était pour s'abrutir, pour s'empêcher de penser. Il avait réussi: j'étais persuadé qu'il avait réussi à traverser la vie sans jamais ressentir de réelle interrogation sur la condition humaine.

7

Dans l'autocar, Son reprit la parole. La région frontalière que nous allions aborder était en partie peuplée de réfugiés birmans, d'origine karen; ce n'était nullement un inconvénient. Karens bien, estima Son, courageux, enfants travaillent bien à l'école, pas de problème. Rien à voir avec certaines tribus du Nord, que nous n'aurions pas l'occasion de rencontrer au cours de notre périple; et, d'après elle, nous ne perdions pas grand-chose. En particulier dans le cas des Akkhas, contre qui elle semblait avoir une dent. Malgré les efforts du gouvernement, les Akkhas semblaient incapables de renoncer à la culture du pavot, leur activité traditionnelle. Ils étaient vaguement animistes et dévoraient des chiens. Akkhas mauvais, souligna Son avec énergie: à part culture pavot et cueillette fruits, savent rien faire; enfants travaillent pas à l'école. Argent beaucoup dépensé pour eux, résultat aucun. Ils sont complètement nuls, conclut-elle avec un bel esprit de synthèse.

En arrivant à l'hôtel j'observai donc avec curiosité ces fameux Karens, qui s'activaient au bord du fleuve. Vus de près, je veux dire sans mitraillette, ils n'avaient pas l'air tellement méchants; le point le plus évident est qu'ils semblaient adorer leurs éléphants. Se baigner dans la rivière et brosser le dos de leurs éléphants, ça paraissait être leur plus grande joie. Il est vrai qu'il ne s'agissait pas de rebelles karens, mais de Karens ordinaires - ceux qui, justement, avaient fui la zone des combats parce qu'ils étaient las de toutes ces histoires, et qu'ils restaient à peu près indifférents à la cause de l'indépendance karen.

Un prospectus, dans la chambre, me donna quelques indications sur l'histoire du resort, qui s'identifiait avant tout à une très belle aventure humaine: celle de Bertrand Le Moal, routard avant la lettre, qui, tombé amoureux de l'endroit, y avait «posé son sac» dès la fin des années 60. Avec acharnement, et aussi avec l'aide de ses amis karens, il avait peu à peu édifié ce «paradis écologique», dont pouvait maintenant bénéficier une clientèle internationale.

L'endroit, c'est vrai, était splendide. De petits chalets en bois de teck très finement sculpté, reliés par une coursive fleurie, surplombaient la rivière – qu'on sentait battre sous ses pieds. L'hôtel était situé au fond d'une vallée très encaissée, aux pentes recouvertes d'une jungle dense. Au moment où je sortais sur la terrasse, il se fit un profond silence. Je mis quelques secondes à en comprendre la raison: tous les oiseaux venaient de s'arrêter de chanter d'un seul coup. C'était l'heure où la jungle se prépare à la nuit. Qu'est-ce qu'il pouvait y avoir, comme grands prédateurs, dans cette forêt? Sans doute pas grand-chose, deux ou trois léopards; mais les serpents et les araignées, ça ne devait pas manquer. Le jour baissait rapidement. Un singe isolé bondissait entre les arbres, sur l'autre rive; il poussa un cri bref. On le sentait anxieux, et pressé de rejoindre son groupe.

Je rentrai dans la chambre, allumai les bougies. L'ameublement était sommaire: une table en teck, deux châlits de bois rustique, des sacs de couchage et des nattes. Je passai un quart d'heure à me frictionner méthodiquement de Cinq sur Cinq. Les rivières c'est sympa, mais on sait ce que c'est, ça attire les moustiques. Il y avait aussi un pain de citronnelle, qu'on pouvait faire fondre; la précaution ne me paraissait pas inutile.

Lorsque je sortis pour le dîner, la nuit était tout à fait tombée; des guirlandes d'ampoules multicolores couraient entre les maisons. Il y avait donc bien l'électricité dans ce village, notai-je; simplement, on n'avait pas jugé nécessaire de l'installer dans les chambres. Je m'arrêtai un instant et m'appuyai à la rambarde pour observer la rivière; la lune s'était levée et miroitait sur les eaux. On distinguait confusément, en face, la masse sombre de la jungle; de temps à autre s'en élevait le cri rauque d'un oiseau nocturne.

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