Michel Houellebecq - Plateforme
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«C'est bien toi, dis-je doucement, qui m'as expliqué que le capitalisme était dans son principe un état de guerre permanente, une lutte perpétuelle qui ne peut jamais avoir de fin.
– C'est vrai, convint-elle sans hésitation; mais ce ne sont pas forcément toujours les mêmes qui se battent.»
Une mouette s'envola, prit de l'altitude, se dirigea vers l'océan. Nous étions presque seuls à cette extrémité de la plage. Dinard était décidément une station tranquille, en cette saison tout du moins. Un labrador s'approcha, vint nous flairer, puis rebroussa chemin; je ne distinguais pas ses maîtres.
«Je t'assure, insista-t-elle. Si ça marche aussi bien qu'on l'espère, on pourra décliner le concept dans plein de pays. Rien qu'en Amérique latine il y a le Brésil, le Venezuela, le Costa-Rica. Ailleurs, on peut facilement ouvrir des clubs au Cameroun, au Mozambique, à Madagascar, aux Seychelles. En Asie, aussi, il y a des possibilités immédiates: la Chine, le Vietnam, le Cambodge. En deux ou trois ans, on peut devenir une référence indiscutable; et personne n'osera investir sur le même marché: cette fois on l'aura, notre avantage concurrentiel.»
Je ne répondis rien, je ne voyais rien à lui répondre; après tout, j'étais à l'origine de l'idée. La marée montait; des rigoles se creusaient dans le sable, mouraient à nos pieds.
«En plus, poursuivit-elle, cette fois on va vraiment demander un gros paquet d'actions. Si le succès est là, ils ne pourront pas nous le refuser. Et quand on est actionnaire, on ne se bat plus: ce sont les autres qui se battent à votre place.»
Elle s'arrêta, me regarda, hésitante. Ça se tenait, ce qu'elle disait, ça participait d'une certaine logique. Le vent se levait un peu; je commençais à avoir faim. Le restaurant de l'hôtel était délicieux: il y avait des fruits de mer d'une fraîcheur parfaite, des recettes de poisson savoureuses et fines. Nous revînmes en marchant sur le sable humide.
«J'ai de l'argent… dis-je soudain, il ne faut pas oublier que j'ai de l'argent.» Elle s'immobilisa et me regarda avec surprise; moi-même, je n'avais pas prévu de prononcer ces paroles.
«Je sais bien que ça ne se fait plus d'être une femme entretenue, poursuivis-je, un peu embarrassé; mais rien ne nous oblige à faire comme tout le monde.»
Elle me regarda calmement dans les yeux. «Quand tu auras touché l'argent de la maison, en tout, ça te fera au maximum trois millions de francs… dit-elle.
– Oui, un peu moins.
– Ça ne suffit pas; pas tout à fait. Il faut juste un petit complément.» Elle reprit sa marche, se tut un long moment. «Fais-moi confiance…» dit-elle au moment où nous pénétrions sous la verrière du restaurant.
Après le repas, juste avant d'aller à la gare, nous nous rendîmes chez les parents de Valérie. Elle allait avoir à nouveau énormément de travail, leur expliqua-t-elle; elle ne pourrait probablement pas revenir avant Noël. Son père la regarda avec un sourire résigné. C'était une bonne fille, me dis-je, une fille affectueuse et attentionnée; c'était aussi une amante sensuelle, caressante et audacieuse; et elle serait probablement, le cas échéant, une mère aimante et sage. «Ses pieds sont d'or fin, ses jambes comme les colonnes du temple de Jérusalem.» Je continuais à me demander ce que j'avais fait, au juste, pour mériter une femme comme Valérie. Probablement rien. Le déploiement du monde, me dis-je, je le constate; procédant empiriquement, en toute bonne foi, je le constate; je ne peux rien faire d'autre que le constater.
12
À la fin du mois d'octobre, le père de Jean-Yves mourut. Audrey refusa de l'accompagner à l'enterrement; il s'y attendait d'ailleurs, il ne lui avait demandé que pour le principe. Ce serait un enterrement modeste: il était enfant unique, il y aurait un peu de famille, pas vraiment d'amis. Son père aurait droit à une brève notice nécrologique dans le bulletin des anciens élèves de l'ESAT; puis ce serait tout, la trace se refermerait; ces derniers temps, il ne voyait vraiment plus personne. Jean-Yves n'avait jamais bien compris ce qui l'avait poussé à prendre sa retraite dans cette région sans intérêt, campagnarde au sens le plus navrant du terme, et où il n'avait même pas d'attaches. Sans doute une dernière trace de ce masochisme qui l'avait accompagné, plus ou moins, tout au long de sa vie. Après des études brillantes, il s'était enlisé dans une carrière terne d'ingénieur de fabrication. Bien qu'il ait toujours rêvé d'avoir une fille, il s'était volontairement limité à un seul enfant – dans le but, assurait-il, de lui donner une meilleure éducation; l'argument ne tenait pas, il avait plutôt un bon salaire. Il donnait l'impression d'être habitué à sa femme plutôt que de vraiment l'aimer; il était peut-être fier des succès professionnels de son fils – mais, à vrai dire, le fait est qu'il n'en parlait jamais. Il n'avait pas de hobby ni de divertissement véritable, mis à part l'élevage des lapins et les mots croisés de La République du Centre-Ouest . C'est sans doute à tort qu'on soupçonne chez tous les êtres une passion secrète, une part de mystère, une fêlure; si le père de Jean-Yves avait eu à témoigner sur ses convictions intimes, sur le sens profond qu'il donnait à la vie, il n'aurait probablement pu faire état que d'une déception légère. De fait sa phrase favorite, celle que Jean-Yves se souvenait le plus souvent lui avoir entendu prononcer, celle qui synthétisait le mieux son expérience de la condition humaine, se limitait à ces mots: «On vieillit».
Sa mère se montra raisonnablement affectée par le deuil – après tout, c'était quand même le compagnon de toute une vie – sans en avoir l'air réellement bouleversée. «Il avait beaucoup baissé…» commenta-t-elle. Les causes de la mort était tellement indistinctes qu'on aurait aussi bien pu parler de fatigue générale, voire de découragement. «Il n'avait plus de goût à rien…» dit encore sa mère. Telle fut, à peu près, son oraison funèbre.
L'absence d'Audrey fut bien entendu remarquée, mais sa mère s'abstint, pendant la cérémonie, d'en faire état. Le repas du soir fut frugal – de toute façon, elle n'avait jamais été bonne cuisinière. Il savait très bien qu'elle allait aborder le sujet, à un moment ou un autre. Compte tenu des circonstances il était assez difficile d'esquiver, en allumant la télévision par exemple, comme il avait coutume de le faire. Sa mère termina de ranger la vaisselle, puis se rassit en face de lui, les coudes posés sur la table.
«Comment ça va, avec ta femme?
– Pas terrible…» Il développa pendant quelques minutes, s'enlisant progressivement dans son propre ennui; il indiqua pour finir qu'il envisageait le divorce. Sa mère, il le savait, haïssait Audrey, qu'elle accusait de la priver de ses petits-enfants; ce n'était d'ailleurs pas faux, mais ses petits-enfants n'avaient pas très envie de la voir, eux non plus. Dans d'autres conditions, c'est vrai, ils auraient pu s'y habituer; tout du moins Angélique, dans son cas il n'était pas trop tard. Mais il se serait agi d'autres conditions, d'une autre vie, toutes choses difficiles à envisager. Jean-Yves leva les yeux vers le visage de sa mère, son chignon grisonnant, ses traits sévères: il était difficile d'éprouver un élan de tendresse ou d'affection pour cette femme; aussi loin qu'il s'en souvienne, elle n'avait jamais vraiment été portée sur les câlins ; il était tout aussi difficile de l'imaginer dans le rôle d'une amante sensuelle et salope . Il prit d'un seul coup conscience que son père avait probablement dû se faire chier toute sa vie. Il en éprouva un choc affreux, ses mains se crispèrent sur le bord de la table: cette fois c'était trop irrémédiable, trop définitif. Avec désespoir, il essaya d'évoquer un moment où il aurait pu voir son père épanoui, joyeux, sincèrement heureux de vivre. Il y avait peut-être une fois, quand il avait cinq ans, et que son père essayait de lui montrer le fonctionnement d'un Meccano. Oui, son père avait aimé la mécanique, il l'avait sincèrement aimée – il se souvenait de sa déception, le jour où il lui avait annoncé qu'il allait se tourner vers des études commerciales; c'était peut-être suffisant, après tout, pour remplir une vie.
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