Michel Houellebecq - Plateforme
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En ce qui me concerne, curieusement, je n'avais pas peur, n est vrai que j'avais peu de contact avec les hordes barbares , sinon occasionnellement lors de la pause déjeuner, lorsque j'allais faire un tour au forum des Halles, où la subtile imbrication des forces de sécurité (compagnies de CRS, policiers en tenue, vigiles payés par l'association des commerçants) éliminait en théorie tout danger. Je circulais donc, dans la topographie rassurante des uniformes; je me sentais un peu comme à Thoiry. En l'absence des forces de l'ordre, je le savais, j'aurais constitué une proie facile, quoique peu intéressante; très conventionnel, mon habillement de cadre moyen n'avait rien qui puisse les séduire. Je ne ressentais de mon côté aucune attirance pour ces jeunes issus des classes dangereuses ; je ne les comprenais pas, ni ne cherchais à les comprendre. Je ne sympathisais nullement avec leurs engouements, ni avec leurs valeurs. Je n'aurais pas pour ma part levé le petit doigt pour posséder une Rolex, des Nike ou une BMW Z3; je n'avais même jamais réussi à établir la moindre différence entre les produits de marque et les produits démarqués. Aux yeux du monde, j'avais évidemment tort. J'en avais conscience: ma position était minoritaire, et par conséquent erronée. Il devait y avoir une différence entre les chemises Yves Saint Laurent et les autres chemises, entre les mocassins Gucci et les mocassins André. Cette différence, j'étais le seul à ne pas la percevoir; il s'agissait d'une infirmité, dont je ne pouvais me prévaloir pour condamner le monde. Demande-t-on à un aveugle de s'ériger en expert de la peinture post-impressionniste? Par mon aveuglement certes involontaire, je me mettais en dehors d'une réalité humaine vivante, suffisamment forte pour provoquer des dévouements et des crimes. Ces jeunes, à travers leur instinct demi-sauvage, pressentaient sans nul doute la présence du beau; leur désir était louable, et parfaitement conforme aux normes sociales; il suffisait en somme de rectifier son mode d'expression inadéquat.
À bien y réfléchir, pourtant, je devais convenir que Valérie et Marie-Jeanne, les deux seules présences féminines un tant soit peu consistantes de ma vie, manifestaient une indifférence totale aux chemisiers Kenzo et aux sacs Prada; en réalité, pour autant que je puisse le savoir, elles achetaient à peu près n'importe quelle marque. Jean-Yves, l'individu que je connaisse bénéficiant du plus haut salaire, optait préférentiellement pour des polos Lacoste; mais il le faisait en quelque sorte machinalement, par ancienne habitude, sans même vérifier si sa marque favorite n'avait pas été dépassée en notoriété par un challenger plus récent. Certaines fonctionnaires du ministère de la Culture, que je connaissais de vue (si l'on peut dire, car j'oubliais régulièrement, entre chaque rencontre, leur nom, leur fonction et jusqu'à leur visage) achetaient des vêtements de créateur ; mais il s'agissait invariablement de créateurs jeunes et obscurs, distribués dans une seule boutique à Paris, et je savais qu'elles n'auraient pas hésité à les abandonner si d'aventure ils avaient connu un succès plus large.
La puissance de Nike, Adidas, Armani, Vuitton, était ceci dit indiscutable; je pouvais en avoir la preuve concrète, chaque fois que nécessaire, en parcourant Le Figaro et son cahier saumon. Mais qui exactement, en dehors des jeunes de banlieue, faisait le succès de ces marques? Il devait y avoir des secteurs entiers de la société qui me demeuraient étrangers; à moins qu'il ne s'agisse, plus banalement, des classes enrichies du tiers-monde. J'avais peu voyagé, peu vécu, et il devenait de plus en plus clair que je ne comprenais pas grand-chose au monde moderne.
Le 27 septembre eut lieu une réunion avec les onze chefs de village Eldorador, venus pour l'occasion à Évry. C'était une réunion habituelle, qui avait lieu tous les ans à la même époque pour faire le bilan des résultats de l'été et envisager les améliorations à apporter. Mais, cette fois, elle avait une signification particulière. D'abord, trois des villages allaient changer de main – le contrat avec Neckermann venait d'être signé. Ensuite, pour quatre des villages restants – ceux qui passaient sous l'appellation «Aphrodite» – le chef de village devait se préparer à licencier la moitié de son personnel.
Valérie n'assistait pas à la réunion, elle avait rendez-vous avec un représentant d'Italtrav pour lui présenter le projet. Le marché italien était beaucoup plus émietté que celui de l'Europe du Nord: Italtrav avait beau être le premier tour-opérateur italien, sa puissance financière ne représentait pas le dixième de celle de TUI; un accord avec eux pourrait cependant constituer un appoint de clientèle utile.
Elle revint de son rendez-vous vers dix-neuf heures. Jean-Yves était seul dans son bureau; la réunion venait de se terminer. «Comment est-ce qu'ils réagissent?
– Mal. Je les comprends, d'ailleurs; ils doivent sentir qu'ils sont eux-mêmes sur la sellette.
– Tu as l'intention de remplacer les chefs de village?
– C'est un projet nouveau; il vaut mieux le démarrer avec des équipes nouvelles.»
Sa voix était très calme. Valérie lui jeta un regard surpris: ces derniers temps, il avait gagné en assurance – et en dureté.
«Je suis sûr qu'on va gagner, maintenant. À la pause de midi, j'ai pris à part le chef du village de Boca Chica, à Saint-Domingue. Je voulais en avoir le cœur net: je voulais savoir comment il faisait pour avoir un taux de remplissage de 90 %, quelle que soit la saison. Il a tergiversé, il a eu l'air gêné, il m'a parlé de leur travail d'équipe. J'ai fini par lui demander carrément s'il laissait monter les filles dans les chambres des clients; j'ai vraiment eu du mal à le lui faire admettre, il avait peur d'une sanction. J'ai été obligé de lui dire que ça ne me gênait pas, qu'au contraire je trouvais l'initiative intéressante. Alors, il a avoué. Il trouvait ça idiot que les clients aillent louer des chambres à deux kilomètres de là, souvent sans eau courante, et avec le risque de se faire arnaquer, alors qu'ils avaient tout le confort sur place. Je l'ai félicité, et je lui ai promis qu'il garderait sa place de chef de village, même s'il devait être le seul.»
La nuit tombait; il alluma la lampe de son bureau, garda un moment le silence.
«Pour les autres, reprit-il, je n'ai aucun remords. Ils ont tous à peu près le même profil. Ce sont d'anciens GO, ils sont rentrés à la bonne époque, ils se sont tapé toutes les nanas qu'ils voulaient sans jamais avoir à en foutre une rame, et ils se sont imaginé qu'en devenant chefs de village ils pourraient continuer à glander au soleil jusqu'à leur retraite. Leur époque est terminée, tant pis pour eux. Maintenant, j'ai besoin de vrais professionnels.»
Valérie croisa les jambes, le regarda sans un mot. «Au fait, ton rendez-vous avec Italtrav?
– Oh, bien. Sans problème. Il a tout de suite compris ce que j'entendais par "tourisme de charme", il a même essayé de me draguer… C'est ça qui est bien avec les Italiens, au moins ils sont prévisibles… Enfin il m'a promis d'inscrire les clubs à son catalogue, mais il m'a dit de ne pas me faire trop d'illusions: Italtrav est surtout une grosse entreprise parce qu'elle est le conglomérat de nombreux voyagistes spécialisés, en elle-même la marque n'a pas vraiment d'identité forte. En fait, il agit un peu comme un distributeur: on peut s'ajouter à la liste, mais ce sera à nous de nous faire un nom sur le marché.
– Et l'Espagne, on en est où?
– On a un bon contact avec Marsans. C'est un peu pareil, sauf qu'ils sont plus ambitieux, depuis quelque temps ils essaient de s'implanter en France. J'avais un peu peur qu'on fasse concurrence à leur offre, mais en fait non, ils estiment que c'est complémentaire.»
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