Michel Houellebecq - Plateforme
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Le deuxième samedi, au moment où Eucharistie, les yeux mi-clos, la bouche grande ouverte, recommençait à le branler avec enthousiasme, il aperçut soudain, passant la tête par la porte du salon, son fils. H tressaillit, détourna le regard; lorsqu'il leva de nouveau les yeux, l'enfant avait disparu. Eucharistie ne s'était rendu compte de rien; elle passa la main entre ses cuisses, lui pressa délicatement les couilles. Il eut alors une étrange impression d'immobilité. Quelque chose lui apparut, comme la révélation d'une impasse. La confusion des générations était grande, et la filiation n'avait plus de sens. Il attira la bouche d'Eucharistie vers son sexe; sans se l'expliquer vraiment il sentait que c'était la dernière fois, et il avait besoin de sa bouche. Dès qu'elle eut refermé ses lèvres il jouit longuement, à plusieurs reprises, poussant sa bite jusqu'au fond de sa gorge, le corps parcouru de soubresauts. Puis elle leva les yeux vers lui; il garda les mains posées sur la tête de la jeune fille. Elle conserva son sexe dans sa bouche pendant deux à trois minutes, passant lentement la langue sur le gland, les yeux clos. Peu avant qu'elle ne reparte, il lui dit qu'ils ne recommenceraient plus. Il ne savait pas très bien pourquoi; si son fils parlait ça lui ferait sûrement du tort, au moment du jugement de divorce; mais il y avait autre chose, qu'il ne parvenait pas à analyser. Il me raconta tout cela une semaine plus tard, sur un ton d'autoaccusation assez pénible, en me demandant de ne rien révéler à Valérie. Il m'ennuyait un peu à vrai dire, je ne voyais absolument pas où était le problème; par pure amabilité je fis cependant semblant de m'y intéresser, de peser le pour et le contre, mais je ne croyais pas du tout à la situation, je me sentais un peu comme dans une émission de Mireille Dumas.
Sur le plan professionnel par contre tout allait bien, il me l'apprit avec satisfaction. Un problème avait failli se poser quelques semaines plus tôt, concernant le club en Thaïlande: pour répondre aux attentes des consommateurs sur cette destination, il fallait impérativement prévoir au moins un bar à hôtesses et un salon de massage; tout cela était un peu difficile à justifier, dans le cadre du devis de l'hôtel. Il téléphona à Gottfried Rembke. Le patron de TUI trouva rapidement une solution: il avait un partenaire sur place, un entrepreneur chinois installé à Phuket, qui pourrait s'occuper de construire un complexe de loisirs juste à côté de l'hôtel. Le voyagiste allemand semblait de très bonne humeur, apparemment les choses s'annonçaient bien. Début novembre, Jean-Yves reçut un exemplaire du catalogue destiné au public allemand; ils n'y étaient pas allés de main morte, constata-t-il aussitôt. Sur toutes les photos les filles locales étaient seins nus, portaient des strings minuscules ou des jupes transparentes; photographiées à la plage ou carrément dans les chambres elles souriaient d'un air aguicheur, passaient la langue sur leurs lèvres: il était à peu près impossible de s'y tromper. Un truc pareil, fit-il remarquer à Valérie, ne serait jamais passé en France. Il était curieux de constater, soliloqua-t-il, qu'à mesure qu'on s’approchait de l'Europe, que l'idée d'une fédération d'États devenait de plus en plus présente, on n'observait pourtant aucune uniformisation dans le domaine de la législation sur les mœurs. Alors que la prostitution était reconnue en Hollande et en Allemagne, qu'elle bénéficiait d'un statut, nombreux étaient ceux en France qui demandaient son abolition, voire une sanction des clients, comme cela se pratiquait en Suède. Valérie le considéra avec surprise: il était bizarre en ce moment, il se lançait de plus en plus souvent dans des méditations improductives, sans objet. Elle-même abattait un travail énorme, méthodiquement, avec une sorte de détermination froide; elle prenait fréquemment des décisions sans le consulter. Elle n'y était pas vraiment habituée, et parfois je la sentais égarée, hésitante; la direction générale n'intervenait pas, elle leur laissait une complète initiative. «Ils attendent, c'est tout, ils attendent de voir si on va réussir ou si on va se casser la gueule» me confia-t-elle un jour avec une rage rentrée. Elle avait raison, c'était l'évidence, je ne pouvais pas la contredire; c'était ainsi qu'était organisé le jeu.
Moi-même, je ne voyais aucune objection à ce que la sexualité rentre dans le domaine de l'économie de marché. Il y avait beaucoup de manières d'obtenir de l'argent, honnêtes ou malhonnêtes, cérébrales ou au contraire brutalement physiques. On pouvait obtenir de l'argent par son intelligence, son talent, par sa force ou son courage, ou même par sa beauté; on pouvait aussi l'obtenir par un banal coup de chance. Le plus souvent l'argent vous venait par héritage, comme c'était mon cas; le problème était alors reporté à la génération précédente. Des gens très différents avaient obtenu de l'argent sur cette terre: d'anciens sportifs de haut niveau, des gangsters, des artistes, des mannequins, des acteurs; un grand nombre d'entrepreneurs et de financiers habiles; quelques techniciens aussi, plus rarement, quelques inventeurs. L'argent s'obtenait parfois mécaniquement, par accumulation pure; ou, au contraire, par un coup d'audace couronné de succès. Tout cela n'avait guère de sens, mais reflétait une grande diversité. À l'opposé, les critères du choix sexuel étaient exagérément simples: ils se réduisaient à la jeunesse et la beauté physique. Ces caractéristiques avaient certes un prix, mais pas un prix infini . La situation était bien sûr différente dans les précédents siècles, au temps où la sexualité était quand même essentiellement liée à la reproduction. Pour maintenir la valeur génétique de l'espèce, l'humanité devait alors tenir le plus grand compte des critères de santé, de force, de jeunesse, de vigueur physique – dont la beauté n'était qu'une synthèse pratique. Aujourd'hui, la donne avait changé: la beauté gardait toute sa valeur, mais il s'agissait d'une valeur monnayable, narcissique. Si décidément la sexualité devait rentrer dans le secteur des biens d'échange, la meilleure solution était sans aucun doute de faire appel à l'argent, ce médiateur universel qui permettait déjà d'assurer une équivalence précise à l'intelligence, au talent, à la compétence technique; qui avait déjà permis d'assurer une standardisation parfaite des opinions, des goûts, des modes de vie. Contrairement aux aristocrates, les riches ne prétendaient nullement être d'une nature différente du reste de la population; ils prétendaient simplement être plus riches. D'essence abstraite, l'argent était une notion où n'intervenait ni la race, ni l'apparence physique, ni l'âge, ni l'intelligence ou la distinction – ni rien d'autre, en réalité, que l'argent. Mes ancêtres européens avaient travaillé dur, pendant plusieurs siècles; ils avaient entrepris de dominer, puis de transformer le monde, et dans une certaine mesure ils avaient réussi. Ils l'avaient fait par intérêt économique, par goût du travail, mais aussi parce qu'ils croyaient à la supériorité de leur civilisation: ils avaient inventé le rêve, le progrès, l'utopie, le futur. Cette conscience d'une mission civilisatrice s'était évaporée, tout au long du xx esiècle. Les Européens, du moins certains d'entre eux, continuaient à travailler, et parfois à travailler dur, mais ils le faisaient par intérêt, ou par attachement névrotique à leur tâche; la conscience innocente de leur droit naturel à dominer le monde, et à orienter son histoire, avait disparu. Conséquence des efforts accumulés, l'Europe demeurait un continent riche; ces qualités d'intelligence et d'acharnement qu'avaient manifestées mes ancêtres, je les avais de toute évidence perdues. Européen aisé, je pouvais acquérir à moindre prix, dans d'autres pays, de la nourriture, des services et des femmes; Européen décadent, conscient de ma mort prochaine, et ayant pleinement accédé à l'égoïsme, je ne voyais aucune raison de m'en priver. J'étais cependant conscient qu'une telle situation n'était guère tenable, que des gens comme moi étaient incapables d'assurer la survie d'une société, voire tout simplement indignes de vivre. Des mutations surviendraient, survenaient déjà, mais je n'arrivais pas à me sentir réellement concerné; ma seule motivation authentique consistait à me tirer de ce merdier aussi rapidement que possible. Le mois de novembre était froid, maussade; je ne lisais plus tellement Auguste Comte, ces derniers temps. Ma grande distraction, pendant les absences de Valérie, consistait à observer le mouvement des nuages par la baie vitrée. D'immenses bancs d'étourneaux se formaient, en fin d'après-midi, au-dessus de Gentilly, et décrivaient dans le ciel des plans inclinés et des spirales; j'étais assez tenté de leur donner un sens, de les interpréter comme l'annonce d'une apocalypse.
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