Pierre Rey - Palm Beach

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Palm Beach: краткое содержание, описание и аннотация

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Sans moyens financiers, quelle revanche prendre sur une société aussi puissante que la Hackett Chemical quand elle « vire » ses employés sous prétexte de marasme économique ? Aucune.
Alan Pope, le premier « viré », le dit avec raison à son ami Sammy Bannister qui est le second. Supposons à présent que la banque chargée de verser l'indemnité de licenciement, la Burger, crédite Alan de plus d'un million de dollars.
C'est une erreur évidemment mais aussi la fortune qui va leur permettre de ruiner la firme et ils ont deux semaines pour y parvenir avant que l'erreur soit découverte, décrète Sammy qui expédie Alan au Majestic de Cannes où séjourne Arnold Hackett, l'homme à abattre. Comment ? Que Alan se fie à la chance en jouant les riches à chèques, yacht et Rolls.
Peu à l'aise dans ce rôle, il débute mal : le magot reste sur le tapis vert à cause d'une flambeuse aux yeux violets et son banco attire sur lui l'attention du patron de la Burger.
Alan s'attend à être démasqué et arrêté. Pas du tout. Une O.P.A. illégale et un achat d'armement qui ne l'est pas moins vont l'entraîner, en compagnie de requins d'affaires et de poupées de luxe, dans une aventure à couper le souffle.

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— Vous comprenez qu'il m'est difficile de me passer de vos services après les confidences que je vous ai faites. Ce genre d'affaire exige la plus rigoureuse discrétion.

— Vous avez ma parole… commença Alan.

— Vous l'avez déjà trahie en me disant oui hier soir et non maintenant, remarqua doucement Ham Burger. Dans ces conditions, pourquoi vous croirais-je ?

— Je me moque de Hackett et de toutes les O.P.A. que vous pouvez bien lancer contre lui ! s'énerva Alan. J'ai tiré un trait sur ce qui nous opposait, je vous prie de m'excuser, je dois partir. »

Le visage de Price-Lynch devint un masque de pierre.

« Votre prix ? »

Alan le regarda avec stupéfaction.

« Je vous répète…

— Votre prix ! Tout homme a un prix, je veux savoir le vôtre !

— Je vous dis que je refuse !

— Il est trop tard pour vous retirer, monsieur Pope !

— Trop tard ? Que voulez-vous dire ?

— Je ne vais pas risquer l'existence de ma banque sur les caprices d'un homme qui reprend sa parole comme il la donne !

— Votre banque me sort autant par les trous de nez que la Hackett ! J'ai déjà oublié vos tripatouillages ! Sortez !

— Pour la dernière fois, combien ? »

Alan le bouscula, se précipita dans la salle de bain, prit son maillot et sortit en le laissant planté dans le salon.

« Monsieur Pope ! » hurla Price-Lynch.

Il se rendit sur le palier pour voir en un éclair la silhouette d'Alan s'engouffrer dans les escaliers. Pendant quelques secondes, il ne bougea pas davantage que s'il eût été paralysé : non seulement, l'affaire ratait, mais ce petit con venait de signer son arrêt de mort !

Las de rester les yeux grands ouverts dans l'obscurité, Bannister alluma la lampe de chevet. Il se sentait coupable envers tout le monde, à commencer par Christel et Alan. Pourtant, il n'agissait que pour leur bonheur. Il s'agita dans son lit, déplora qu'il ne fût que trois heures du matin et décida qu'il ne dormirait plus. Son avion était à sept heures. Il se leva, se rendit dans la cuisine pieds nus et but un grand verre d'eau. Il retourna à pas de loup dans sa chambre pour ne pas réveiller Christel, sortit sa valise de l'armoire et se mit à y ranger quelques vêtements. Quand il en eut terminé, il resta assis sur le bord de son lit, les bras ballants. Il aurait bien voulu ne pas quitter sa femme sur la querelle de la veille, lui faire admettre qu'il ne pouvait pas laisser tomber Alan. Il supportait difficilement la présence de Christel mais sentit son cœur se serrer à la pensée qu'il allait en être séparé pendant quelques jours. Vingt-cinq ans de mariage avaient créé des habitudes déplorables. Il se demanda une fois de plus si le nouveau virement de la Burger à Alan était dû lui aussi à une erreur d'ordinateur. Si oui, pendant combien de temps allait continuer la manne ? Il écarta pensivement les rideaux de la fenêtre. La nuit était noire et étouffante. Il se sentit oppressé. Il passa dans la salle de bain, se rasa, prit une douche, s'habilla, vérifia que son passeport et son billet pour Nice étaient bien dans sa poche. Alors, incapable d'attendre plus longtemps dans ce silence pesant, il empoigna sa valise, sortit sur le palier et referma la porte du palier avec précaution. Plus tard, il appellerait Christel de l'aéroport pour un dernier adieu. Il appuya sur le bouton de l'ascenseur, bourrelé de remords dont il ignorait l'origine.

« Pouvez-vous accélérer ? Je suis très en retard. »

Le chauffeur lui coula un regard indulgent par-dessus son épaule.

« Aussi vrai que je m'appelle Albert, ça sert à quoi de vous presser ? Ou elle se fiche de vous et elle est déjà partie, ou elle tient à vous et vous pouvez revenir dans un an, elle vous attend ! »

Avec ses jeans et son tee-shirt qui accentuaient son côté juvénile, il prenait Alan pour ce qu'il avait l'air d'être, un étudiant amoureux qui va à son premier rendez-vous. Avec un soupir, Alan laissa errer son regard sur la Croisette où aux petites heures du matin, il avait déambulé à pied avec Sarah. Il avait préféré prendre un taxi plutôt qu'utiliser sa voiture et son chauffeur. D'instinct il savait que cela eût été une faute aux yeux de Terry. Il se souvint avec malaise du regard chargé de haine et de menace que lui avait jeté Hamilton Price-Lynch et bénit le ciel d'être sorti du cauchemar dans lequel il s'était débattu jusqu'à présent en aveugle. L'insistance du banquier l'avait troublé. Il n'avait aucune estime particulière pour Arnold Hackett mais jugeait choquant que son propre banquier s'apprête à le trahir.

Si tel était le prix de la richesse, mieux valait mille fois rester pauvre.

« A quel endroit, dans Juan ?

— Vous suivez la route qui longe la mer, je vous arrêterai. Vous pourrez m'attendre cinq minutes ?

— Pour aller où ensuite ? »

La question déconcerta Alan.

« Je ne sais pas encore. On verra… »

Depuis des heures, il ne pensait en filigrane qu'à son rendez-vous avec Terry, à la journée qu'ils allaient passer ensemble, une journée parfaite au soleil. Où allait-il l'emmener ?

Cesare di Sogno ouvrit les yeux et vit avec épouvante la femme allongée dans son lit à ses côtés. Il ne la connaissait pas. Il constata qu'elle était blonde et rabattit doucement les draps pour vérifier autrement que par la couleur de ses cheveux si elle l'était réellement. Elle l'était. Par lambeaux cotonneux, des bribes de souvenirs lui revinrent. Il avait profité de l'invasion du Beach pour filer en douceur avant que ne revienne le calme, et la présentation des additions.

Il avait fait des tas de boîtes, toutes bourrées d'amis à lui, et bu des masses de mélanges.

Apparemment, il avait dû rencontrer une foule de gens pour ne même pas se rappeler le nom, le visage ou le corps de la femme avec qui il avait fini la nuit. Où l'avait-il draguée ? Il la secoua doucement.

« Hé !… »

Elle émit un borborygme, lui tourna le dos et enfouit sa tête sous les draps. Cesare lui tapota les fesses.

« C'est l'heure ! » dit-il gentiment.

La voix qui lui parvint de dessous les draps n'était pas désagréable et s'exprimait en français avec des intonations voilées de sommeil.

« L'heure de quoi ?

— Je m'appelle Cesare.

— Que voulez-vous que ça me fasse ? »

Il en resta interloqué.

« Je veux du café, un jus d'orange, des œufs au bacon bien grillé, poursuivit la voix.

— C'est quoi, votre nom ?

— Marion.

— On se connaît ?

— Je ne sais pas. Je ne vous ai pas encore vu.

— Je vous ferai remarquer que vous êtes dans mon lit.

— Soyez gentil, commandez mon café.

— Écoutez, s'impatienta Cesare, si vous le preniez au bar ? Je suis pressé, j'ai des rendez-vous… la salle de bain est à côté…

— Après le café, je veux encore dormir. J'ai sommeil. »

Il se dirigea vers la baie, ouvrit en grand les stores. Le soleil entra à flots dans la chambre.

« Marion, vraiment, j'ai besoin de ma chambre. J'attends des gens. Marion !… »

Il tira sur les draps d'un coup sec. A la vue de son corps, il estima qu'il n'avait pas dû s'ennuyer si toutefois il en avait profité.

« Dites, Marion… Vous et moi ?… »

Il lui saisit le menton entre les doigts et la força à le regarder. Non, vraiment, il ne l'avait jamais vue, il ne se souvenait de rien.

« Laissez-moi dormir. Je suis crevée.

— Une question : on a fait l'amour ? »

Le grelot du téléphone le fit sursauter.

« Oui ?

— Cesare ?

— Oui.

— Vous me reconnaissez ?

— Hamilton Price-Lynch !

— Oui.

— J'ai un service à vous demander.

— J'écoute.

— Comme la dernière fois. Vous vous souvenez ? » Cesare respira doucement, marqua un temps d'arrêt.

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